Réalisation Divine Vol 14.1 (Été 2004)

Invocation au Guru


Mysticisme Catholique à la lumière du Kriya Yoga par Teresa L. Norman

Sri samancitamavyayam paramaprakasha magokaram bhedavariita maprameyam anantamadya makalmasham nirmalam nigamartham advaya mapratarka mabhodhakam pratarevahi manasantar bhavayet guru padukam.

Aux premières heures du jour, je m’incline aux pieds de lotus sacrés du gourou, symboles de l’état prometteur d’où la discrimination est absente, qui est à l’origine de la création, immortel, pur, sans comparaison, au delà de toute logique et incompréhensible par l’intellect impur.

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Homélie de Noël le 25 décembre 2000

Paramahamsa Hariharananda – Ashram, Miami,

Baba chante:
« Amour amour amour amour amour, amour amour amour amour amour.
Dieu Dieu Dieu Dieu Dieu, Dieu Dieu Dieu Dieu Dieu. »

Bonjour, c’est une belle journée, une journée divine, une rare journée.

Vous pensez, donc c’est divin. Si vous ne pensez pas, vous ne ressentez pas la réalité. Dieu imprègne tout, Il est omniprésent, omniscient, Il est en vous, si vous y pensez.

Je suis l’enfant nouveau-né. C’est une belle journée, une journée spirituelle si vous le ressentez. Le souffle court, le souffle court, le souffle le plus court. Cherchez-le ici. C’est le jour de Noël. Jésus, le fils de Dieu est arrivé.

Gabriel a dit que Mère Marie ne veut pas se marier. Gabriel dit à Mère Marie qu’il n’est pas nécessaire de se marier. Jésus, le Seigneur Suprême et Tout Puissant sera votre fils.

Ne perdez de temps avec personne d’autre que Dieu. Jésus est là. Il se cache dans la tête de chacun. C’est si bon, les fleurs dansent dans le vent. Amour. Le souffle court, le souffle faible ne vous apportera pas de colère, d’orgueil, de cruauté, d’hypocrisie.

Un souffle, une libération. C’est Noël, la veillée de Noël est finie. Je ne recherche plus que Jésus, le Seigneur Suprême et Tout Puissant. Vous me suivez? Reprenez tous votre souffle, votre souffle le plus court. Avec amour, le souffle ira droit à la fontanelle, au sommet de la tête, à l’endroit où le crâne du bébé est encore mou, là où le Seigneur Suprême et Tout Puissant se cache. Un souffle, une libération, faites très attention. Noël, une journée rare.

En Inde, il y a beaucoup de personnes spirituelles, innombrables. Mais je n’en parlerai pas. Prenez votre souffle court et sentez une lourdeur, là. Aimez, libérez-vous. Le silence est d’or. Aimez.

Vous n’êtes pas vous. Vous êtes le vrai vous. Tant de joie. Tant de joie. Tant de douceur. Au delà de toute imagination, au delà de toute imagination.

Prenez un très petit souffle, cherchez-le dans la tête, prenez un souffle court. C’est Noël, vous revenez de loin. Vous verrez cette lumière, la lumière solaire.

Vous êtes votre propre ami, vous êtes votre propre ennemi. C’est un jour spécial. Le souffle est court. Il y a ce son au sommet de votre tête. C’est là que réside Jésus, le Seigneur Suprême et Tout Puissant.

A cet instant, vous allez atteindre l’état de Samadhi. Faites très attention. Vérité, réalité, sincérité, à ce moment précis c’est votre libération. Si vous n’atteignez pas le souffle lent, c’est très dommage, si vous ne le cherchez pas ici, c’est très dommage. Ce qui se meut au sommet se meut dans votre centre de l’argent, dans la région lombaire, l’épine dorsale. Observez, aimez, soyez sincère.

C’est si doux, vous êtes libéré, vous êtes Jésus, c’est le jour de Jésus. Vous voyez Jésus ici (au sommet de la tête). Vous voyez Jésus au dedans de vous. Libération, maintenant. Ne vous endormez pas. Gardez le regard fixé au sommet, dans la fontanelle. Une journée rare. Je suis toujours en vie, je suis toujours votre ami et votre ennemi. Car, au moindre déraillement, je vous réprimande. Amour, amour, amour.

C’est une journée unique si vous en avez le désir. Demeurez là, au sommet de la tête. Une journée unique. Vous allez sentir une lourdeur, là, et vous allez entendre le son du conque. C’est si bon. Faites très attention. Voyez Dieu en tous et en tout.

Prenez un souffle court, cherchez le au dedans de la tête, aimez, aimez, aimez.

Sentez que vous êtes le vrai vous, c’est le jour de Noël, le jour de Jésus. Je suis si heureux, il y a tant d’arbres, tant de fleurs.

Le jour de Jésus, vous êtes Jésus, cherchez le constamment. Tant de douceur. C’est le jour de Noël, un jour rempli de Joie. Un jour heureux, un jour divin. Plein de Jésus, d’Amour.

La vie est Dieu, vous êtes Dieu. Allez au sommet de la tête. Vous sentez la pulsation, le son et la lumière. Le son tout autour du monde. Je n’en dirai pas plus. Soyez réalisé, c’est un jour tout spécial. Votre corps tout entier est Jésus, la pièce toute entière est remplie de Jésus.

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Homélie du jour de l’an 2001


Paramahamsa Hariharananda – Ashram, Miami.

C’est le jour de l’An.
Tout est nouveau.
Chaque souffle est heureux.
Chaque souffle est nouveau.
Chaque son est nouveau.
Chaque sensation du toucher est nouvelle.
Chaque odeur est nouvelle.
Chaque vision est nouvelle.
Si vous demeurez ici (dans la fontanelle)
Chaque moment est nouveau
Tout est nouveau.

Considérez l’époque de ma naissance. Depuis lors tout est nouveau, n’est-ce pas?

Tant de fleurs nouvelles. En Inde, on dit: Oh Seigneur, viens à moi sous une forme nouvelle, toujours nouvelle, toujours nouvelle. Baba se met à chanter… « Viens dans mon cœur sous toutes les formes nouvelles. »

Bref, vous avez de la chance, vous êtes toujours vivant,

Un
Un souffle, une libération, c’est le jour de l’an.
Un souffle, un nouvel an.
Une vision, un nouvel an,
Un son venant de Lui, caché ici (au sommet de la tête)

Il est toujours caché, toujours caché, et tout est fait par Lui.

Un souffle, une lourdeur,
Un souffle un son… entendez-vous le son divin?

J’ai une vision nouvelle, nouvelle, nouvelle. Bonjour maman, tu es assise ici, tu me vois et je suis toujours vivant:

Celui qui voit.

Le voyant, voyez le voyant, c’est le Jour de l’An.

Vous devez vivre la vie complètement. Nouveau, nouveau, nouveau, constamment. A chaque souffle vous êtes un nouveau-né et à chaque expiration vous êtes mort. N’en est-il pas ainsi? Alors nouveau. Joie, joie, joie.

(Baba fredonne imitant le son du conque.) Nouvelle vision, nouvel an. A chaque instant, aimez-le. Vous avez de la chance d’être vivant. Il inhale depuis le sommet. Merci.

Nouvelle Année

Une vie nouvelle
Une nouvelle année
Une nouvelle épouse, n’est-ce pas?
Vous êtes vivant au jour de l’an, c’est votre nouvelle épouse.
Aujourd’hui, c’est votre mariage.

Comme il est doux
Le jour de l’an,
Oh Dieu, au jour de l’an, permets-moi de te réaliser dans chacun de mes instants,
Dans chacun de mes instants.

Un jour divin, le Jour de l’An, une année a passé. Hier soir vous avez entendu un son, garam, garam… vous l’avez entendu.

(Baba sings, Hmmm, hmmm, hmmmm.) Ici (au sommet), Il se cache, vous devez observer votre mouvement, c’est Son mouvement, pas votre mouvement.

La parole, ce n’est pas votre parole. Voyez, voyez celui qui voit, suivez-moi.

Pour le jour de l’an, asseyez-vous tous et fixez votre attention au sommet. Aimez ainsi Dieu à chaque souffle, observez Dieu ici (Baba montre du doigt la fontanelle).

Ne te cache pas Oh Seigneur Suprême et Tout Puissant. Vous devez observer à chaque souffle. Oh Seigneur Suprême et Tout Puissant, je t’en prie, ne te cache pas, révèle-toi.

Bhuteshu bhuteshu vicintya dhiraah pretyasmanlokaat amritaah bhavanti… (Kenopanishad).

Lorsqu’on perçoit constamment la présence de Dieu dans chaque nom et dans chaque forme, on atteint l’immortalité.

Lorsque , calmement, vous regardez tous les gens, vous voyez qu’il y a un grand nombre de types de Dieu. A chaque souffle, vous L’observez, vous L’aimez. Vos joues sont si douces.

Le Seigneur Suprême et Tout Puissant est présent dans le monde entier. A chaque souffle, vous observez. C’est si doux, si beau, je vois votre troisième œil. A chaque souffle vous observez. Oh Seigneur, ne te joue pas de lui, ne l’entraîne pas dans le mal. Il y a 49 types de souffles, n’utilisez que le souffle court et cherchez là.

Oh Seigneur, ne fais pas semblant, révèle-toi, constamment, constamment, constamment. C’est le jour de l’an, à chaque instant.

Vous pratiquerez la technique du Kriya yoga. Vous avez de la chance, la technique la plus facile, la technique la plus simple, la technique la plus rapide, la technique la plus sûre. Pratiquez-la, soyez réalisé.

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Méditation et Kriya Yoga


Par Parmahamsa Hariharananda ( extrait du Kriyaban Vol.4 1982)

« L’être humain est né uniquement pour la réalisation du Soi, la pureté, la perfection, l’amour et la vie divine qui ne sont possibles qu’à travers la méditation. »

Le mot méditation vient du mot mental. Lorsqu’il n’y a pas de mental, de pensée d’intellect ni d’ego, alors la méditation devient possible. Mais lorsqu’on s’assoit pour méditer, à ce moment-là, tant de pensées se présentent à nous qu’elles entravent notre concentration. Si nous n’atteignons pas cet état de concentration, le résultat de notre méditation est alors pratiquement nul. La question est donc de savoir comment libérer notre mental pendant la méditation.

Lorsqu’on dort, on n’a pas d’attachement au monde. On n’a pas de passion, de colère, d’aversion, etc…, on ne fait que dormir. Alors, on est presque dans un état d’inaction. Mais, la question se pose: comment faisons-nous pour dormir? Lorsqu’on dort, on inspire profondément.

Le Kriya yoga est un processus unique. Lorsqu’on pratique la technique du Kriya yoga, en l’espace de dix minutes on peut libérer son mental de la pensée matérielle.

La maîtrise du souffle étant la maîtrise de soi, le contrôle du souffle étant le contrôle de soi, et l’état d’absence de souffle étant l’état d’absence de mort, le Kriya yoga repose sur l’inspiration profonde correcte et scientifique. Par la pratique du Kriya yoga on peut atteindre yoga-nidra. Yoga-nidra veut dire qu’on ne dort pas mais qu’on est dans l’état de superconscience où on ne perçoit aucune pensée matérielle.

Je vais maintenant expliquer ce qu’est le Kriya yoga. Dans le terme Kriya yoga il y a deux syllabes, l’une est Kri et l’autre est Ya. Kri veut dire que vous faites votre travail, tout travail qui vous vient à l’esprit et Ya veut dire Âme. C’est l’Âme qui fait tout dans le corps car sans l’Ame le corps est un cadavre. Observer l’Âme dans chacune de nos actions est Kriya. Si l’on perçoit cela, alors tout travail est un culte rendu à Dieu. Personne ne peut rester sans penser ni travailler. En conséquence j’affirme que quiconque pratique la technique scientifique du Kriya yoga en retirera le développement simultané du corps, du mental de l’intellect et de l’Âme.

Comme il vaut mieux prévenir que guérir, le Kriya yoga contient une technique qui maintient notre corps et nos organes en bon état et nous évite la maladie. Il confère habileté et tact dans la vie pratique et apporte le succès dans le monde. Nous en retirerons une mémoire claire, une compréhension rapide, l’esprit d’à-propos, un pouvoir de décision instantané et notre capacité cérébrale augmentera. Nous n’aurons jamais de diabète, de problèmes gastriques, notre cœur trouvera du repos et nous vivrons donc plus longtemps.

Dans la Bhagavad Gita il est écrit que c’est Dieu qui marche avec vos pieds, voit avec vos yeux, parle par votre bouche et travaille avec vos mains. Si vous ne l’observez pas à travers vos cinq organes des sens et votre corps tout entier, votre vie est donc inutile.

Ce que je veux dire c’est que, si vous ne cultivez pas la terre, vous ne pouvez pas espérer en tirer une récolte. De même, si votre champ de l’épine dorsale n’est pas cultivé par la technique scientifique du Kriya yoga vous ne pouvez pas atteindre la divinité.

L’huile est dans le grain de moutarde, le beurre clarifié est dans le lait. Si on ne le cultive pas ou ne le baratte pas on ne peut pas le faire tourner en crème. En barattant le pouvoir divin dans votre épine dorsale, vous pouvez donc facilement sentir que tout ce que vous faites est fait par Dieu.

Ainsi, si vous pratiquez le Kriya yoga, dans chacune de vos actions vous sentirez que c’est le pouvoir de Dieu qui fait tout à travers votre corps. Si vous demeurez constamment conscient de l’Âme dans chaque action, vous en retirerez la libération constante, c’est à dire kaivalya samadhi.

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Message du Maître

Paramahamsa Hariharananda

Le Soi est la manifestation de l’esprit dans la forme humaine à travers le corps et le mental. C’est le produit final et le plus élevé du processus créatif émergeant de l’évolution.

La réalisation consciente de l’unité de l’humanité avec l’esprit est le but de la vie et, consciemment ou inconsciemment, tout le monde essaye d’avancer vers ce but. L’esprit d’une personne brille constamment en elle. Lorsqu’elle réalise son unité avec le soi universel, c’est à dire sa propre existence spirituelle, une personne devient un avec l’univers.

La méditation est la voie de l’auto-découverte. Pour connaître la Vérité, nous devons approfondir. Il n’y a qu’une seule méthode pour acquérir la connaissance. De la personne ordinaire au yogi le plus avancé, tous doivent utiliser la même méthode et cette méthode est la concentration. C’est le coup asséné sur les portes de la nature qui les ouvre pour laisser s’écouler les flots de lumière. La concentration est la seule clé des trésors de la connaissance. Le pouvoir du mental humain est illimité. Le secret nous appartient si l’on sait frapper, donner la poussée nécessaire. La force et la puissance de la poussée vient de la concentration.

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Signification du Jyoti Mudra

Par Paramahamsa Hariharananda
(nouvelle édition de Kriya yoga, Souvenir de Rourkela, 1987)

Il est écrit au livre de « Durga, Saptashati » aussi connu sous le nom de « Chandi », que tous les dieux furent vaincus par les démons. Après leur défaite, les dieux méditèrent profondément ensemble au sommet de la montagne.

De ce rassemblement de dieux plongés en méditation émergea une grande masse d’énergie d’une luminosité éblouissante, un grand pouvoir. C’est la signification de yoni mudra ou jyoti mudra.

Dans notre corps cinq unités de pouvoir divin résident dans les cinq grands éléments c’est à dire les cinq chakras inférieurs de l’épine dorsale. Ils représentent les cinq instruments de la connaissance à savoir l’ouïe, le toucher, la vue, le goût et l’odorat.

Le Seigneur du sens de l’ouïe est Shiva. Grâce aux oreilles on peut entendre les sons mais nous nous laissons accaparer par les sons extérieurs. Cette énergie biologique qui s’échappe vers l’extérieur est le pouvoir démoniaque. A cause d’elle on oublie la force de L’Âme. C’est la signification réelle de la défaite du dieu ou Seigneur Shiva devant les démons. Le dieu du toucher est Vishnu. Le Seigneur Vishnu est célébré sous des noms divers, Rama, Krishna, Jagannath, etc… Nous sommes accaparés par le désir, la colère et les émotions et nous ne pouvons pas percevoir L’Âme ou le Soi au dedans. Vishnu, le dieu du toucher, est donc vaincu par la force animale et la force démoniaque.

Nos yeux sont attirés par la beauté extérieure. Nous avons oublié l’œil des yeux, l’atma surya (l’Ame Soleil) qui habite en nous. Nous avons été aveuglés par le voile des splendeurs de la nature. C’est ce que représente la défaite du dieu Soleil devant l’animalité et les démons. Dans notre langue réside le pouvoir personnifié de la parole, ce grand pouvoir, cette grande énergie. Absorbés que nous sommes par la nature inférieure, nous devenons des moulins à parole inutiles. Nous oublions que ce pouvoir d’expression verbale est la déesse de la parole personnifiée. C’est la signification de la défaite des dieux devant les pouvoirs maléfiques des démons. Dans notre nez et l’organe de l’odorat, il y a le Seigneur Ganesh. C’est ce qui nous permet de percevoir les odeurs. C’est aussi ce qui nous permet d’inspirer et d’expirer. Mais, attirés et éblouis par tous ces parfums et ces odeurs, nous avons oublié le Seigneur Ganesh qui est l’Ame personnifiée. Le dieu de l’odorat est donc vaincu par le pouvoir négatif et démoniaque du mental.

Par nature ces cinq organes des sens sont des forces dirigées vers l’extérieur ou centrifuges. Ils sont sous l’emprise des forces démoniaques, des forces du mal, et sont devenus impurs. Pour replonger au dedans ces tendances centrifuges, ces cinq organes extérieurs des sens, on les ferme avec les cinq doigts. Grâce à cette technique, la sagesse lumineuse de Ganesh au muladhara chakra, l’effulgence de la déesse Kali au swadtisthana chakra, la lumière du Dieu Soleil au manipura chakra, la lumière éclatante de Prana Krishna au anatha chakra, la manifestation lumineuse du Seigneur Shiva au vishuddha chakra et la lumière blanche extrêmement brillante et incandescente de Dieu, Parambrahman, Paramatma au sahasrara mahachakra, se fondent pour ne former qu’une lumière unique d’une extrême clarté. Il s’agit d’un type particulier d’apparition ou de matérialisation de ce grand pouvoir divin, le destructeur des démons connu sous le nom de Mère Durga.

D’après Shriyukteshwarji, les six chakras de notre épine dorsale représentent six mois dans l’ordre ascendant de bas au haut de la clone vertébrale et six mois dans l’ordre descendant. Dans ces douze mois on trouve douze groupements particuliers d’étoiles du zodiaque, neuf planètes et vingt-sept étoiles. Par la pratique correcte du Jyoti mudra du Kriya Yoga, les effets négatifs des étoiles et des planètes des êtres humains sont détruits par la lumière divine de chaque chakra. Si cette technique est pratiquée avec le plus profond amour et la foi et la dévotion la plus grande, le brahmajyoti ou le Seigneur auto-radiant se manifeste. Il en est fait mention dans les écritures:

« ayahi varade devi tryakshyare brahmavadine, gayatri chhandasamata brahmayoni namastute. »

Par la pratique du jyoti mudra, celui qui écarte les dangers et les difficultés, l’éclatant pouvoir divin auto-radiant se manifeste. C’est pourquoi il y a cette prière dans les écritures: « Oh, radiante Mère Divine, nous t’en prions, manifeste-toi et détruis notre animalité et nos mauvaises tendances. Accorde-nous l’expression de A.U.M. ou AUM (OM) grâce à laquelle nous serons absorbés dans le son Om pendant le jyoti mudra. Tu es la manifestation de parambrahman, issue du conglomérat des sons dans le vide. Nous percevons tes signaux dans tes sons infinis. En nous se manifestera le Gayatri ou les triple qualités divines. Les manifestations de ces triple qualités divines sont le son divin, la lumière divine et la vibration divine. Ces trois pouvoirs divins se manifesteront toujours en nous. Oh, source et soutien des dieux, nous te prions de nous accorder la conscience intérieure permanente de l’âme. Nous nous inclinons devant toi avec une humilité et un amour extrêmes, encore et encore, des millions de fois. »

C’est ce que les écritures appellent le rituel de sandhya. Après avoir accompli ce sandhya ou samyak dhyaan avec succès, on atteint la perfection du jyoti mudra et du premier Kriya. Alors, « pratibodha viditam matam amritattwamhi vindate », dans chaque perception on réalise Son immortalité et sa propre immortalité, « karmadhakhya kevalam sarbantaryami, sakhi, chetah, kevalam nirgunascha », le véritable et seul auteur de toutes les actions, celui qui connaît les pensées les plus profondes de tous, le témoin, l’inspirateur de la conscience, le pur dénué de tout attribut. On réalise alors cet enseignement des Upanishads. Le Kriya Yoga sadhak peut alors déclarer avec conviction: « Oh lumière éclatante, Mère Divine, Tu es mon Troisième Oeil. Je t’en prie, deviens en moi le connaisseuse de toutes les pensées. »

Le travail ou l’activité ou la fonction est ‘Kri’ ou ‘Kru’ et l’âme omnisciente qui demeure au dedans est ‘Ya’: c’est Kriya Yoga. Par sa pratique on éveille la connaissance de l’âme ou atma jagaran ou l’éveil du Soi. Le résultat ou le fruit qu’on en tire est le passage de l’état de « je fais des choses, j’obtiens des résultats » a l’état de témoin. Cheta veut dire qu’on réalise l’existence absolue, la connaissance absolue et la béatitude absolue. On atteint kaivalya ou kevala mukti ou la liberté ultime grâce à la réalisation de Dieu dans chaque action. Ceci est également connu comme l’état de libération des qualités, c’est à dire la perception de la présence dans ce corps assujetti aux qualités du pranakrishna absolu, qui a toujours existé et ne connaît ni naissance ni mort. On réussit dans ce processus de réalisation du Soi ou culture de l’Ame en perfectionnant la pratique du premier degré du Kriya Yoga original de Babaji Maharaj, de Lahiri baba, de Shriyukteshwarji tel qu’il est enseigné par Swami Hariharananda Giri et ses disciples autorisés.

Par la pratique du jyoti mudra on peut percevoir le brahmajyoti ou le sein de l’univers où la création toute entière prend sa naissance. C’est pourquoi cette conscience du Divin est connue comme la lumière des lumières. Pendant cette période, on fait l’expérience complète de la perception de l’Ame en pratiquant toutes les techniques, la technique du khechari, du pranayama ou contrôle du souffle et de la visualisation de l’éclatante lumière divine qui est l’expression complète du jyoti mudra. Différentes écritures le décrivent de façons variées. En pratiquant cette technique, le mental extroverti et errant est redirigé vers l’intérieur et introverti.

Paramahamsa Yoganandaji dit que nos deux yeux extérieurs ne voient que de fausses images et des illusions mais que notre œil intérieur ou troisième œil voit l’Âme. Le but de la pratique du jyoti mudra est de voir, de percevoir le Seigneur omniprésent, omnipotent, omniscient, Dieu. La perception du troisième œil ou de l’œil de la sagesse est une question d’expérience directe et non pas d’imagination ou d’hallucination. Lorsque le mental du yogi devient introverti, une brillante et éclatante illumination du troisième œil se produit. En pratiquant le jyoti mudra on atteint l’union avec l’Âme. C’est pourquoi Jésus Christ a dit dans l’évangile de Luc: « Lorsque tes yeux ne seront plus qu’un, ton corps deviendra éclatant et plein de lumière. » Dans nos muscles et les différentes parties et organes de notre corps les courants électro-magnétiques d’énergie vitale demeurent solidifiés et condensés. A l’aide de jyoti mudra, il devient possible de les percevoir. Pour voir cette lumière divine de l’Âme, on doit contrôler l’extériorisation, la dispersion vers l’extérieur des Énergies Vitales des cinq sens. Elles doivent être concentrées et centralisées dans l’ajna chakra et de nouveau perçues dans tous les chakras. Les procédures et techniques à utiliser ont été apprises directement du guru. Essayer de les apprendre en étudiant des livres est hasardeux et erroné et on ne devrait pas perdre son temps à les apprendre dans les livres.

(Traduction Française d’un extrait du livre écrit en Oriya – Vaigyanik Kriyayoga Padhati par Paramahamsa Hariharananda.)

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Yoga, voie du Divin

Extrait du livre de de Paramahamsa Prajnanananda

Chapitre 2 (suite): Définition de Yoga et des Quatre Instruments Intérieurs

QUESTIONS ET RÉPONSES

1- Qu’est-ce que l’intuition et qu’est-ce que l’instinct?

Si vous poussez la main d’un enfant vers la flamme d’une bougie, l’enfant va retirer sa main. Qui a dit au bébé que ça pouvait lui faire mal? C’est l’instinct qui est naturel chez l’homme et les animaux.

L’intuition est un état intermédiaire entre le mental ordinaire et un état de réalisation. Lorsque le mental est concentré, déterminé et s’élève, un état de claire perception apparaît. C’est l’intuition.

2- Comment samskara fonctionne dans nos vies?

Le mot samskara désigne une tendance ou une habitude qui se développe en nous. Pour vous donner un exemple, je n’avais jamais été au cinéma jusqu’à l’âge de seize ou dix-sept ans, et sous l’influence d’un bon ami je suis finalement allé voir un film. Après cela je pris la décision de ne plus voir de film. Trois mois plus tard, passant devant un cinéma en vélo, je m’arrêtais. L’habitude ou samskara me dit: « Pourquoi ne pas y aller et voir le film? » Buddhi, la faculté de décision me rappela que j’avais décidé de ne plus voir de film. Samskara risqua: « Mais c’est un film sur le Mahabharata, une histoire spirituelle. Tu peux aller le voir. » Buddhi répondit: « Tu connais déjà l’histoire du Mahabharata. Il n’y a par conséquent aucun besoin d’aller la voir. »

C’est ainsi que samskara fonctionne. Une fois formée, l’habitude se renforce. Si vous tracez une ligne à plusieurs reprises sur une pierre avec un morceau de métal jusqu’à ce qu’un sillon se forme, il devient très difficile de l’effacer. Petit à petit les habitudes se créent. Nous créons nos propres habitudes. Pour changer une habitude il faut changer sa façon de voir. Réalisez que les objets extérieurs ne peuvent que vous procurer un bonheur éphémère et après avoir joui de ce bonheur, vous vous retrouvez de nouveau malheureux. Pour avoir le bonheur éternel il faut aller au dedans.

3- Pourquoi ce drame de la vie humaine?

Après l’avoir reconnue comme une mise en scène dramatique, acceptez-la. Supposons que vous soyez seuls pendant un mois sans votre femme ni vos enfants, sans télévision ni téléphone. Seriez vous heureux? Généralement non. Vous allez avoir besoin de quelqu’un à qui parler, avec qui vous pouvez échanger vos sentiments, etc… Un jour j’étais dans un Ashram en forêt observant le silence pendant deux mois (Mai – Juin 1986). L’endroit où je me trouvais n’avait ni électricité ni téléphone. L’un de mes amis, un Swami qui me rendait visite me dit: « Pourquoi te tortures-tu ici dans la chaleur de l’été? Viens à l’Ashram de Puri. Tu pourras y observer le silence. » Mais si j’y étais allé, il serait venu me parler tous les jours.

La création de Dieu est une pièce dramatique montée pour notre divertissement. Dans un drame il y parfois des situations pénibles. Dans le drame de la vie humaine on expérimente plaisir et souffrance. La création est pour le bien, le progrès et l’évolution. Mais dans ce jeu dramatique de la vie, on se crée des problèmes en n’écoutant pas les suggestions du metteur en scène, Dieu, et en créant nos propres dialogues qui sont la cause de nos souffrances.

4- Comment pouvons nous être plus spirituels dans notre vie professionnelle?

Vous devez rester équilibrés et jouer votre rôle en sachant qu’il s’agit d’une mise en scène dramatique. Soyez conscients intérieurement qu’il s’agit d’une mise en scène dramatique. N’essayez pas de réformer ou de changer les autres. Soyez spirituels au dedans.

5- Qu’est-ce que Prarabdha?

Hier, de bonne heure le matin, où étiez-vous? A Fort Wayne. A onze heures du matin , où étiez-vous? A Hudson. A dix heures du soir, où étiez-vous? Au centre de retraite. Maintenant où êtes-vous? Tous vos efforts d’hier vous ont donc amené ici. Prarabdha est l’effet accumulé du karma passé ou des actions passées. Aujourd’hui vous jouissez du fruit de votre karma d’hier. Si vous n’aviez pas reçu l’initiation hier, vous serait-il permis d’être ici? Hier veut dire le passé. Combien d’années, nous ne savons pas. La vie passée influence le présent et le présent influence l’avenir. Soyez donc prudent aujourd’hui. Si vous restez tout le temps dans la conscience divine, tout ira bien.

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Approches du yoga: Ashtanga yoga de Patanjali et Kriya Yoga

CHAPITRE 3

APPROCHES DU YOGA: ASHTANGA YOGA DE PATANJALI ET KRIYA YOGA

Om bhadram karnebhih srnuyama devah
bhadram pasyemaksabhir yajatrah
sthirairangai stustuvamsa stanubhih
vyasema devahitam yadayuh

Svasti na indro vrddhasravah
svasti nah pusa visva vedah
svasti nastarksyo aristanemih
svasti no brhaspatirdadhatu

Om santih santih santih (Upanishad 6)

Cette invocation se trouve au début du Prasna, Mundaka et du Mandukya Upanisads.

OM! Dieu, que mes oreilles entendent des sons prometteurs. Que mes yeux voient des choses prometteuses. Que mes paroles soient pleines de vérité et d’amour. Puis-je me servir de mes sens avec amour pour ma propre réalisation. Que la paix se répande partout. Oh Dieu, je me prosterne devant toi. Bénis moi et bénis le monde entier. Om, paix paix, paix.

Significations Du Mot Yoga

Nous pratiquons tous le yoga et on peut nous appeler yogis. Nous avons déjà parlé de la signification du mot yoga. Il y a en Sanscrit d’autres mot de la même famille tels que: viyoga, samyoga, duryoga, suyoga, anuyoga et abhiyoga. Tous ces mots ont des significations différentes mais ils ont en commun la racine yoga.

Le mot yoga a trente et une significations dans la littérature Sanscrite. En Inde, ce mot est utilisé de maintes façons. Si une chose fâcheuse arrive, les gens disent: aujourd’hui mon yoga n’est pas bon. La malchance se dit yoga. Tricher se dit également yoga. En astronomie, la conjonction de planètes dans l’espace est aussi appelée yoga. En astrologie le rassemblement de deux planètes ou davantage se dit encore yoga. Dans l’ayurveda, le mélange de plusieurs herbes dans un but thérapeutique s’appelle yoga. Une opportunité dans la vie s’appelle suyoga. Se plaindre de quelqu’un se dit abhiyoga. La séparation est viyoga. La signification étymologique d’un mot ou le dérivé d’un mot s’appelle aussi yoga,

Dans le domaine de la spiritualité, ce mot yoga est très souvent utilisé. La philosophie Indienne a six branches dont la cinquième est yoga. Ces six branches sont:

  1. Nyaya (logique)
  2. Vaisesika (analyse des origines)
  3. Samkhya (reconnaissance de la création comme étant un produit des principes mâle et femelle)
  4. Mimamsa (aspect ritualistique de la tradition védique)
  5. Yoga
  6. Vedanta (voie de la connaissance).

Yoga est donc un des systèmes de la philosophie Indienne et Maharshi Patanjali analyse ce système d’une façon merveilleuse et logique. Nous avons déjà vu ce qu’est le second aphorisme de Pantajali au sujet du yoga. Pour comprendre clairement le yoga et pouvoir le pratiquer dans la vie quotidienne, examinons quelque peu son contexte.

Les Approches Du Yoga

Il y a trois approches du yoga dans la spiritualité:

  1. Yoga en tant que maîtrise de soi
  2. Yoga en tant qu’union
  3. Yoga en tant que réalisation.

1- Que Signifie Maîtrise De Soi?

Il y a un texte védique traitant de la sagesse spirituelle appelé Kathopanisad. Dans ce texte, un jeune garçon en veut à son père car il sait que ce que fait son père est mal. Le garçon a tout juste dix ans, mais il croit fermement que son père fait fausse route. Dans la vie de tous les jours, si l’on voit que quelqu’un est dans l’erreur, que cette personne soit plus âgée ou plus jeune ou du même âge que nous, que devons nous faire? C’est notre devoir de l’aider et de faire en sorte qu’elle arrête de commettre cette erreur. Dans cette histoire upanisadic le garçon fait très humblement remarquer à son père qu’il fait fausse route. L’être humain a un ego. Lorsque quelqu’un nous fait remarquer une erreur, notre ego est blessé et au lieu d’admettre notre erreur, nous essayons de la cacher ou de nous en défendre. Une personne raisonnable accepte la remarque et s’examine pour voir si elle n’est pas en train de commettre une erreur. En corrigeant nos erreurs nous évoluons. Il y a une différence subtile entre une erreur et un crime. Une erreur répétée devient un crime. Une erreur est excusable la première fois, mais si on la répète, sachant que c’est une erreur, ce n’est plus une erreur. Vous pouvez faire une erreur, mais ne la commettez pas deux fois.

Lorsque le garçon de l’histoire fait remarquer son erreur à son père, celui-ci s’en trouve contrarié et envoie son fils au dieu de la mort, Yama. Un merveilleux dialogue s’engage entre le jeune garçon qui s’appelle Nachiketa et Yama, le dieu de la mort. Je ne vais pas entrer dans les détails de l’histoire, mais arrêtons nous au mot Yama, le dieu de la mort. Celui qui aime Yama atteint l’immortalité et celui qui a peur de Yama meurt. Nachiketa devient immortel pour avoir rencontré le dieu de la mort avec amour.

Yama signifie également contrôle, non pas le contrôle des autres mais le contrôle de soi-même. Celui qui mène sa vie dans la maîtrise de soi atteint l’immortalité ou l’amitié de Yama, alors que celui qui n’a pas la maîtrise de soi doit faire face à de nombreuses difficultés. Vous êtes également venus ici par choix, sacrifiant une partie de votre liberté et passant de longues heures à méditer et à suivre des cours. Vous vous astreignez à cette discipline par choix. D’autres disciplines ne vous imposeraient pas la maîtrise de soi. C’est une discipline d’amour pour améliorer votre corps, votre mental et vos pensées.

Si vous prenez une loupe et concentrez les rayons du soleil sur un morceau de papier, le papier brûle. Certains en ont fait l’expérience dans leur enfance. C’est ça la maîtrise de soi ou yoga. La lumière du soleil, lorsqu’elle est concentrée, peut s’enflammer. Dieu nous a donné une énergie énorme mais nous ne savons pas la concentrer et l’utiliser pour réussir. La discipline ou maîtrise de soi consistent à modeler notre vie de la meilleure façon possible, selon notre propre choix.

Aujourd’hui, alors que je faisais le tour de la propriété, j’ai vu une statue de Jésus représenté en charpentier avec un marteau à la main. Il n’était plus enfant mais jeune homme et portait la barbe. Je me demandais pourquoi Jésus était représenté de cette façon sachant qu’il n’était pas charpentier à cet âge. La réponse me vint alors à l’esprit. Il est le charpentier qui forme nos vies comme on sculpte un morceau de bois pour en faire une belle statue. Nous pouvons sculpter nos vies comme le charpentier par la maîtrise de soi. C’est la première signification de yoga

2- L’Union De Quoi?

Il y a d’abord l’union du corps et de l’âme. Une autre union est celle de l’âme et du soi suprême. Que veut dire cette union et qu’apporte-t’elle à nos vies?

L’union du corps et de l’âme: Dans la littérature yogique il est dit que le corps est femelle. Ceci est vrai pour tous les corps. Le corps est femelle et le Soi qui demeure au dedans est mâle. Nous sommes tous à la fois mâles et femelles. Nous sommes la création de Dieu toute entière. Cette union est yoga et se produit grâce au souffle. Réaliser que je suis l’âme et le corps est yoga.

L’union de l’âme et du soi suprême: Quelle est la relation entre l’âme individuelle et le soi suprême? La meilleure illustration en est l’exemple de l’océan et de la vague. La vague est une modification de l’océan mais n’a pas par elle même d’existence indépendante. La vague ne peut pas être séparée de l’océan. Elle est née, existe et se fond dans l’océan. De même nous sommes tous nés dans la conscience cosmique, en Dieu. Nous vivons tous dans les bras de Dieu et nous fondrons de nouveau en Lui.

L’océan est grand, la vague est petite. La vague est limitée et l’océan est illimité. Mais la nature de l’océan et celle de la vague est la même. Le problème vient de notre ego et de nos complexes. Nous nous percevons comme différentes vagues, petites et grosses, et oublions que nous sommes tous des vagues nées du même océan. Yoga consiste à comprendre la relation entre nous-mêmes et le soi suprême.

3- L’État De Réalisation

Samadhana qui veut dire état d’équilibre est la troisième signification de yoga. Je n’entrerai pas dans le détail de cet aspect.

Suite au prochain numéro…

Extrait du livre: Yoga, Voie du Divin par Paramahamsa Prajnanananda. Pour vous le procurer, consultez notre catalogue.

Copyright 1999 Prajnana Mission. Tous droits réservés.

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Mère Marie

Extrait d’une conférence de Paramahamsa Prajnanananda à l’Ashram de Miami, le jour de Noël 2002.

Il y a une prière en Sanscrit: « Tu es ma mère, Tu es mon père, Tu es mon ami et mon meilleur compagnon. Tu es ma richesse. Tu es ma sagesse. Tu es tout pour moi, Oh mon bien-aimé. »

Aimons Dieu, le Christ, Marie et les gurus de la même manière. Vous êtes tout pour moi. Je ressens le présence subtile de Gurudev en chacun de vous. Je m’incline devant vous tous. Om, Amen.

Depuis hier, la pensée de Mère Marie est si forte en moi et j’ai pensé qu’il serait bon de parler de Mère Marie, de sa vie et de l’exemple de vie qu’elle nous donne. Elle personnifie à la fois la pureté, la simplicité et l’amour. A travers ses souffrances et tous ses problèmes, elle resta si paisible, si calme et tranquille, si pleine de compassion.

De qui est-ce l’anniversaire?

Bonsoir. Un jour une mère s’approcha de moi et me demanda: « Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de mon fils. Pourriez-vous le bénir s’il vous plaît? »
Je lui demandai: « Est-ce l’anniversaire du fils ou l’anniversaire de la mère? » Elle me regarda sans comprendre ce que je voulais dire. Je lui demandai: « N’est-il pas vrai qu’en ce jour vous êtes devenue mère? » Elle dit: « Oui. » Je continuai: « Sans aucun doute c’est l’anniversaire de la naissance de votre fils, mais c’est aussi l’anniversaire de la naissance de votre état de mère. »

Aujourd’hui nous pensons au Christ, nous méditons sur Lui. Nous avons écouté le discours de Gurudev sur le Seigneur Christ, mais aujourd’hui, c’est aussi l’anniversaire du jour où Marie est devenue mère, une mère très particulière. Si nous aimons vraiment le Christ, nous devrions aimer Mère Marie avec la même intensité que celle qui l’a amenée à devenir mère. Combien de fois avons-nous entendu Gurudev parler de Paramahamsa Yoganandaji lorsqu’il disait:

« Nous devrions porter le Seigneur Christ dans nos cœurs. Il devrait naître en nous. »

Si nous voulons vivre dans la Conscience Christique, nous devrions être comme une mère. Nous devrions développer les qualités maternelles en nous pour pouvoir comprendre, ressentir et faire l’expérience de la présence du Christ dans notre mental et notre cœur. Ce soir, contemplons comment cette jeune fille, cette jeune femme nommée Marie, reçut le don d’être mère. Elle était la Mère choisie. Cela ne s’était pas produit par accident ou à la suite d’une simple coïncidence. Elle était l’élue, celle qui devait devenir la mère de l’enfant divin. Dieu la choisit pour devenir la mère de cet enfant qui allait sauver chacun d’entre nous.

Si nous voulons introduire le Christ dans notre mental et notre cœur, nous devons choisir le type de vie que nous voulons vivre. Voyons quel type de vie Mère Marie vécut. La signification du nom Marie ou Marian en Hébreux est  » celle qui avale l’amertume « , l’amertume de la vie. Souvenez-vous que ce monde n’est pas toujours agréable mais il deviendra agréable si nous apprenons à vivre. Malheureusement, la plupart des gens ne savent pas comment vivre dans le monde. Nous devons donc avaler beaucoup d’amertume dans la vie, il n’y a pas d’autre solution, mais nous devrions le faire avec le sourire. Nous devons digérer cette amertume de la vie, quel que soit ce qui arrive, et faire naître le bien. Si vous regardez notre Mère, la Terre, c’est la même chose. Elle assimile le fumier et la poussière pour faire naître de belles fleurs, des fruits et beaucoup de bonnes choses. C’est ça être mère. Le nom de Marie et de Mère vont bien ensemble. Depuis le jour où nous sommes entrés dans le sein de notre mère, nous nous sommes mis à la torturer. Elle a tant souffert. Elle en a passé des nuits blanches. C’est ça être mère: accepter tous les problèmes de la vie avec le sourire et donner toutes les bonnes choses aux enfants.

Position Sociale de Marie

Lorsque Marie fut choisie pour être la mère de l’enfant divin, imaginez-vous sa position sociale à l’époque? Dans quel désarroi intérieur elle a dû se trouver? Elle devait se demander si la société pouvait l’accepter. La société pouvait-elle croire que son enfant avait été conçu par l’Esprit Saint? Qu’allait en penser Joseph? Vous rendez-vous compte de sa position lorsqu’il découvrit que Marie était enceinte? On en parle dans la Bible. Joseph était noble. Il décida de ne pas l’accabler de la disgrâce publique car à l’époque la société était très stricte. Il était inacceptable d’être mère sans qu’il y ait un père et il décida donc de rester avec elle jusqu’à la naissance de l’enfant et de la quitter après cela. C’est ce qu’il avait en tête: « Après la naissance de l’enfant, je vais la quitter. Je ne la quitterai pas plus tôt pour éviter la disgrâce publique. »

Transformer la Souffrance en Prière.

On voit bien à quel point Marie a dû souffrir, mais examinons ce qu’elle fit lorsqu’elle souffrit. Elle ne prit pas la souffrance comme une souffrance mais comme une prière. Elle se rendit chez Elizabeth et y passa quelques mois simplement à prier, rien d’autre. Lorsqu’une difficulté se présente dans notre vie, quelle que soit la difficulté, sommes nous capables de passer cette période à prier vraiment intensément? « Oh Dieu, si je dois passer par cette épreuve, donne-moi la force, rien d’autre. Jamais je ne T’oublierai. Je ne T’oublierai jamais. Jamais je ne me laisserai aller. Je resterai toujours en Ta présence. » Et c’est ce qu’elle fit. Elle vécut une vie de prière. C’est l’état maternel divin qui accepte la volonté de Dieu et essaye de l’accomplir par la prière.

Dans la Bible, au chapitre 6, verset 46 de St. Matthieu, Jésus parlait avec ses disciples lorsque Mère Marie arriva avec ses enfants pour le voir. A l’époque Joseph était mort. Ce n’est pas mentionné dans ce passage mais c’était la situation. Elle était venue pour lui parler. Mais la maison était déjà pleine à craquer et elle s’assit donc dehors. Quelqu’un s’approcha de Jésus et lui dit: « Sais-tu que ta mère et tes frères t’attendent dehors pour te parler? »

Qui est ma mère?

Jésus répondit: « Qui est ma mère? Qui est mon frère? »
C’était la voix du moine qui a renoncé à tout, qui a renoncé à sa famille et qui peut dire « Qui est ma mère? Qui est mon frère? »
Puis il continua : « Celui qui veut accomplir la volonté du père qui est dans les cieux, c’est lui qui est ma mère, qui est mon frère, qui est ma sœur. »

Et c’est exactement ce que fit Marie. Elle voulait accomplir la volonté de Dieu. Nous sommes venus en ce monde. Pourquoi? Sommes-nous venus ici pour jouer avec notre ego, nos émotions, notre jalousie, notre haine? Ou sommes-nous venus avec une mission divine: accomplir la volonté de Dieu, vivre dans la conscience divine, vivre dans l’amour, vivre avec davantage de divinité, davantage de paix comme vous l’avez entendu dire dans le message de Noël de Baba. Il nous dit que nous devrions aimer davantage, être plus doux, plus divins.

Si nous sommes venus avec cette mission divine, être les enfants de Dieu, essayons-nous de la remplir? La vie n’est pas facile. La vie est souffrance et si nous sommes appelés à être mères au sens spirituel, nous devons tous être mères. Nous devons être la mère. Si nous devons être mère, nous devons alors développer cette qualité maternelle et laisser la divinité grandir en nous. Si nous avons conçu la divinité, alors quel genre de divinité devrait grandir, quel genre de mère devrais-je être?

Marie accepte la Volonté de Dieu

Observons de nouveau Marie. Elle voyage avec Joseph, mais il n’y a pas de place à l’hôtel. Oh Dieu, vous l’avez choisie mais il n’y a pas de place à l’hôtel. Se plaint-elle?

Joseph se posait des questions: « Voyons voir ». D’après le message de l’Ange elle devait donner naissance à un fils et Joseph se demandait: « Voyons voir si elle donne ou non naissance à un fils. » Il attendait de voir et avait encore quelques doutes à l’esprit. Quant à Mère Marie, elle se contentait de prier. Sa vie restait une vie de prière bien que les douleurs de l’enfantement divin s’amplifiaient. Elle n’avait pas d’endroit où loger, pas d’endroit où s’abriter en cette nuit d’hiver et elle acceptait. La vie d’une personne spirituelle est donc une vie d’acceptation.

L’attitude d’une personne spirituelle est: « D’accord, j’accepte. J’accepte la réalité de la vie et je vais aller de l’avant sans ronchonner, sans me plaindre. »

Et c’est ce que fit Mère Marie. Elle s’installa dans une étable et donna naissance à Jésus, en connaissance de cause. Dans le jeu divin, les incarnations divines savent et jouent le jeu. Si Jésus savait qu’il allait être crucifié, pourquoi n’est-il pas allé ailleurs? Si vous savez que le feu brûle, vous ne le touchez pas. Si je sais que le serpent mord, vais-je m’en approcher? Si je sais qu’un danger se présente devant moi, vais-je m’y précipiter? N’aurait-il pas été plus sage pour Jésus d’aller ailleurs? L’intelligence humaine normale aurait dit: « va-t’en », mais il n’était pas là comme un être humain ordinaire. Il était venu avec une mission, avec un but. Il savait ce qui allait arriver et il jouait le jeu. Nous, les gens ordinaires, nous ne savons pas ce qui va arriver. C’est pourquoi nous nous plaignons. Il savait ce qui allait se produire et il joua son rôle à la perfection. Le rôle que joua Jésus, que joua Krishna, que joua Marie, c’était le rôle de la perfection. Ils savaient exactement ce qu’ils allaient faire et le firent malgré la souffrance. Ainsi, cette crèche ou Jésus naquit en cette nuit d’hiver, à minuit, ce n’était vraiment pas un endroit pour l’enfant divin, mais d’un autre côté on pouvait y voir l’épanouissement du mental et du cœur. Marie pensait: « Que ta volonté soit faite, Oh Dieu. Si c’est ce que tu veux, qu’il en soit ainsi. » Et ayant mis l’enfant dans la mangeoire, elle s’assit et le regarda.

Un jour Baba m’appela et me dit: « Regarde, regarde l’image de Jésus. Il a taillé sa barbe. Pourquoi ne taillerais-tu pas un peu la tienne aussi? Ça porte bonheur. » Je répondis à Baba que ce n’était qu’une image. Il dit: « qui t’as dit que ce n’était qu’une image? » (Lahiri Mahasaya dit un jour la même chose: « Si vous croyez que c’est un bout de papier, c’est un bout de papier. Si vous croyez que c’est un bouclier, il vous protègera en cas de danger. » Dans la biographie de Lahiri Mahasaya, si vous l’avez lue, vous avez vu comment, lorsqu’il y avait du tonnerre et des éclairs, la pièce où il y avait sa photo au mur était protégée tandis que les autres pièces restaient dangereuses.) Donc, lorsque Gurudev disait: « Non, ce n’est pas une image, c’est réel, » la question se pose de savoir pourquoi c’est réel aux yeux d’un maître réalisé. C’est parce qu’il ne voit pas une image. Il voit la réalité de la vérité derrière elle.

Mère Marie regardait donc le bébé et elle n’avait même pas de chez soi. Plus tard, d’après la Bible, Jésus allait dire que les oiseaux ont leur nid et que le soir ils y reviennent pour la nuit, mais que le Fils de l’Homme n’a pas d’endroit à lui. En fait lorsque Jésus naquit, il n’avait pas d’endroit à lui et il vivait au milieu des animaux. Mais la mère l’accepta: « Que ta volonté soit faite, Oh Père. Je l’accepte. »

Jésus grandit et pour beaucoup de gens il était un enfant normal sauf pour ceux qui pouvaient percevoir le genre d’amour qui était en lui. On peut rapprocher l’histoire qui suivit de celle de Nanda et de Yashoda lorsqu’ils perdirent Krishna, lorsque Krishna les quitta. Il quitta Vrindavan pour Mathura pour faire ses études et il ne revint jamais. Krishna envoya son ami et cousin qui devait plus tard devenir un de ses étudiants, Uddhava, pour les consoler et leur dire qu’il était toujours avec eux. Uddhava qui était jeune et intelligent, se rendit donc chez Nanda et Yasodha et leur dit qu’ils n’avaient pas de raison d’être tristes car Krishna était divin et omniprésent. Yasodha répondit: « Si, comme vous le dites, Krishna est divin et omniprésent, nous devrions ressentir sa présence. Mais perdre Krishna, perdre sa main divine que nous tenions tendrement comme nous le tenions dans nos bras lorsqu’il était bébé, n’est-ce pas un grande perte dans nos vies? Qui allons-nous aimer? »

Vous pouvez expliquer la théorie intellectuellement, vous pouvez essayer de me faire comprendre que Krishna est là, présent avec Uddhava. Mais, « Je l’ai vu, Lui, la Divinité personnifiée. Je L’ai regardé. J’ai parlé avec Lui. Je L’ai touché. Je L’ai embrassé. Je L’ai serré dans mes bras. Je L’ai nourri. Parfois même je l’ai grondé lorsqu’il devenait un peu trop espiègle. Mais perdre la Divinité personnifiée, n’est-ce pas une grande perte pour moi? »

Vous pouvez dire que la divinité est omniprésente à l’état latent, qu’on peut sentir sa présence. Tout cela est vrai, mais le savoir théorique d’Uddhava ne pouvait pas aider Nanda et Yashoda. Il n’avait plus rien dire. Il s’assit avec Nanda et Yasodha et laissa couler ses larmes.

Lorsque Jésus se prépara à partir, il savait qu’il ne resterait pas avec sa famille et qu’il ne serait pas charpentier comme Joseph. Dans la Bible il y a l’histoire de Jésus au temple à douze ans. Tout le monde avait quitté le temple, mais il n’était pas sur le chemin du retour avec eux. Son père et sa mère pensaient qu’il devait faire route avec des parents. Mais ils ne le trouvaient nulle part. Ils durent retourner au temple. C’est là qu’ils le trouvèrent, assis parmi les érudits, discutant les écritures et posant des questions intelligentes. Ce n’était pas ce dont on aurait pu s’attendre de la part d’un si jeune garçon. Alors Mère Marie lui demanda: « Pourquoi agis-tu ainsi avec nous? Viens avec nous. »

Jésus répondit: « Ne savez-vous pas que je dois rester dans la maison de mon Père et que je suis venu avec une mission? Je dois rester avec eux. Préparez-vous pour la séparation, la séparation physique. »

On ne sait pas où il était pendant les années qui suivirent, mais il y a une période de séparation entre Mère Marie et Jésus. Pas de contact physique. Pouvez-vous imaginer combien il a dû lui manquer, elle qui l’avait mis au monde, qui s’était occupé de lui pendant douze ans. Si vous avez un tant soit peu de sentiment maternel, vous pouvez comprendre à quel point cette séparation a dû être pénible. Elle devait penser: « Je serai avec lui. Il peut enseigner, mais je le suivrai partout. Je veux être près de lui. »

Mais ce n’était pas possible. Il y a un proverbe indien qui dit : « Lorsque l’enfant s’arrête de téter, que reste il à faire à la mère? » Dorénavant, l’enfant est libre. Il se meut. La mère doit accepter cette séparation. Et Mère Marie l’accepta. Elle accepta la séparation lorsque Jésus dit : « Je dois rester chez mon Père et non pas avec toi. » Et la phrase suivante dans la Bible est :  » Elle le chérit en son cœur. » Elle comprit que Jésus était venu pour accomplir la volonté de Dieu, pour sauver l’humanité de la souffrance.

Signification du Mot Jésus

Le nom de Jésus ne lui fut pas donné par Joseph ou par Mère Marie. Il lui fut donné par Dieu. L’Ange avait dit: « Joseph, tu auras un fils et tu l’appelleras Jésus parce qu’il sauvera l’humanité de la souffrance. Il sauvera son peuple de la souffrance. »

La signification de Jésus est donc « sauver de la souffrance. »

Jésus sur la Croix

Mère Marie se prépara donc à accepter la séparation et pendant 18 ans, ils n’eurent pas de contact. Plus tard, elle retrouva Jésus. Pouvez-vous imaginer cela? Vous avez sans doute lu ou entendu parler du « Paradis Perdu » et du « Paradis Retrouvé ». C’était comme si le paradis était retombé dans ses mains, mais Jésus avait complètement changé. Il n’appelait plus Mère Marie « Mère ». Si vous vous reportez à l’Évangile de Jean, lorsque Jésus était sur la croix, trois femmes se trouvaient là et un jeune garçon, celui que Jésus préférait, dont le nom était Jean. L’une des femmes était Mère Marie, la deuxième était la sœur de Mère Marie dont le nom était aussi Marie et Marie Madeleine : trois Marie.

Et Jésus dit: « Femme voici ton fils » parlant de Jean, et posant son regard sur Jean il dit: « Voici ta mère. »

Imaginez-vous ce que Marie a dû ressentir lorsque Jésus s’adressa à elle comme si elle n’était pas sa mère et quelle souffrance elle a dû ressentir. Mais en dépit de la souffrance, elle accepta parce que c’était la volonté de Dieu. Pourquoi Jésus ne s’adressa-t-il pas à elle en tant que mère? Parce que Jésus disait constamment que Dieu était le Père. Si vous dites que Dieu est le Père et qu’elle est ma mère, vous allez créer la confusion dans les esprits. Il vivait en permanence dans la conscience divine et considérait Dieu comme son Père. Dans ce cas, qui est sa Mère? Dieu est sa Mère, Dieu est son Père, personne d’autre. C’est pourquoi il n’appelait pas Marie sa mère, les gens n’auraient pas compris. Mais bien qu’il ne l’appela pas sa mère, Jésus, l’incarnation de l’amour, aimait sa mère et il savait que lorsqu’il aurait disparu de ses yeux pour toujours, il serait très dur pour elle de survivre. Il voulait donc qu’il y ait là quelqu’un qui pourrait l’aimer comme un fils. Bien que Marie ait eu d’autres enfants avec Joseph, Jésus voulait que Jean l’aime plus que quiconque et laisse les autres recevoir d’elle cet amour maternel.

Pouvez-vous imaginer ce que cela a dû être pour Mère Marie que d’assister à la crucifixion de son fils? Jésus pouvait le tolérer, il était une incarnation divine. Il savait qu’il n’était pas dans la conscience corporelle. Mais une mère s’inquiète ne serait-ce que d’une petite épine dans le pied de son enfant et Mère Marie voyait ces clous dans les mains et les pieds de son fils. Quelle peine devait-elle ressentir. Combien de larmes devait-elle verser intérieurement. Quelle souffrance devait lui transpercer le cœur. Pour grandir dans l’amour, vous devriez être une mère pour votre propre spiritualité. Vous devez prendre soin de votre propre croissance spirituelle. Vous devez prendre soin de vous propres qualités divines. Comme une mère qui fait la toilette de son enfant, nous devons faire la toilette de notre vie, personne d’autre. Vous êtes votre ami. Vous êtes votre mère. Vous devez vous discipliner. Vous êtes votre père, mais soyez aussi votre mère, la mère de votre divinité. Si vous devez être la mère de votre divinité, vous devriez prendre le plus grand soin de vous-même, en particulier de votre qualité de spiritualité divine. Nous devrions aussi prendre soin d’éviter les qualités négatives, les fléchettes de la vie. Nous connaissons nos faiblesses. Nous sommes le meilleur juge de nous-mêmes. Ne jugeons pas les autres, jugeons-nous nous-mêmes, faisons notre toilette.

Soyez la mère de votre Spiritualité

Aujourd’hui nous avons reçu un fax de Shuddhanandaji. Il écrit une chose très belle. Il dit: « Maintenant nous sommes entrés dans la troisième phase de notre vie. La première phase était la période avant que nous rencontrions Gurudev. La deuxième était la période où nous avions fait sa connaissance, où nous le voyions, où nous vivions avec lui. Et maintenant, nous sommes dans la troisième phase de notre vie où nous ne voyons pas sa présence physique, où nous devrions essayer de grandir et où chacun d’entre nous devrait être sa propre mère. »

Vous devriez être votre propre mère. Je devrais être ma propre mère. Et nous devrions nous demander comment grandir, faire le ménage dans notre vie. Comment pouvons-nous répondre à l’attente de Baba qui inconditionnellement a tant aimé? Comment pouvons-nous nous hisser à un tel niveau? Nous devons nous changer et transformer notre vie.

Aujourd’hui, c’est Noël. Nous sommes tous ici. Si nous voulons vraiment grandir, pensons à Mère Marie. Pensons à sa pureté. Pensons à sa simplicité. Comme elle était simple et innocente. Elle accepta. Le monde peut bien continuer à tourner, mais elle savait que Dieu était avec elle et elle essaya d’accomplir sa volonté sans compromis. Rien ne pouvait l’éloigner de sa route. Elle suivrait son chemin, qu’on l’accepte ou qu’on la rejette. Son amour allait à Dieu son sauveur et à personne d’autre. Elle savait que si Dieu la protégeait, personne ne pourrait rien lui faire. Dieu est tout pour elle. Pouvons nous accepter cela pour nous mêmes comme Mère Marie l’accepta pour elle même?

Pensez à Mère Marie, pensez au Seigneur Christ et en même temps pensez à Gurudev avec qui nous avons également vécu. Comprenez leur vie et leur message et vivez avec cette pureté, avec cet amour et avec cette transformation du mental et du cœur. Disciplinez-vous.

Le temps passe et il passe si vite. Si nous ne sommes pas vigilants, si nous ne mettons pas chaque souffle, chaque instant à profit, ils s’évanouiront. Dieu nous a donné une telle opportunité et tant d’amour à ressentir. Ne pouvons-nous pas vivre de cette façon? Ne pouvons-nous pas vivre le regard fixé sur le Christ, sur Mère Marie, sur Gurudev, ressentant cet amour maternel, cette compassion maternelle, ces soins maternels, cette attention maternelle? Ils nous regardent avec ce regard maternel, pour nous aider, mais nous devons porter notre regard sur nous-mêmes, sur notre vie intérieure au dedans de nous. Que cachons-nous? Suis-je vraiment ce que je parais être au dehors ou est-ce que je cache quelque chose? Souvenez-vous, si votre vie est vraiment spirituelle, il n’y a pas deux poids deux mesures, pas d’hypocrisie, de duplicité. Le dedans et le dehors devraient être le même. Tout devrait être très clair. Tout devrait être transparent, rien à cacher. Dieu, le Christ, Mère Marie et les gurus sont tous omniprésents. Ils connaissent donc la chose la plus profondément enfouie en nous. Nous ne pouvons rien cacher. Ils savent. Accordons-nous une vie nouvelle, avec une promesse nouvelle, avec un espoir nouveau, avec une compréhension toute neuve. Je vais être stricte avec moi-même. Je vais être mon propre père. Je vais me discipliner. Personne ne peut me discipliner à moins que je ne veuille être discipliné. Je vais être ma propre mère. Personne ne peut prendre soin de moi. Je vais être la mère de ma spiritualité, de mes bonnes qualités, qui nettoiera toutes les impuretés noires de ma vie. Je vais être mon ami. Personne n’est mon ami. Dieu est mon ami. Je suis mon propre ami. Gurudev répète souvent: « Vous êtes votre propre ami, vous êtes votre propre ennemi. Vous savez ce qui est bien en vous. Vous savez ce qui est mal en vous. »

Je vais être mon propre ami. Je vais être mon propre compagnon de route. Souvenez-vous que ce voyage au niveau spirituel n’est pas facile. La difficulté se présente à chaque pas. Il y aura l’émotion. Il y aura l’ego. Il y aura l’incompréhension. Un grand nombre de pensées négatives se présenteront pour nous éloigner du chemin. Si Satan essaye de tenter Jésus, le Fils de Dieu, combien plus de tours a-t-il pour nous dans son sac? Ce n’est pas difficile à imaginer. Que chacun de nos souffles soit donc dans la conscience divine, la conscience christique, la conscience du guru, la conscience de Mère Marie.

Ramakrishna et la compassion maternelle

Cela me rappelle l’histoire de la divine conjointe de Ramakrishna qui, lorsqu’un soir elle servait le dîner des jeunes disciples de Ramakrishna, leur disait: « reprenez-en, reprenez-en ». Ramakrishna vint superviser: « Qu’est-ce que tu fais? Tu leur donne trop à manger. Ils vont passer la nuit à dormir. Ils ne pourront pas rester éveillés et méditer. Ils ne pourront pas pratiquer la spiritualité pour laquelle ils sont venus ici. » Elle répondit par la simplicité de son regard, puis les regarda et regarda Ramakrishna et dit: « S’ils méditent, que va-t-il se passer? Ils seront réalisés. Mais, n’es-tu pas là pour leur donner la réalisation? Si tu n’es pas capable de leur donner la réalisation laisse les manger et dormir. » C’est l’assurance maternelle, la compassion maternelle.

Lorsque vous aimez vraiment Dieu comme une mère, Marie comme une mère, le guru comme une mère, ils sont toute compassion, tout amour. C’est tout le temps avec nous. On ne peut pas y échapper. Aimons Dieu, le Christ, Marie et le guru comme une mère, ressentons cet amour maternel. Aujourd’hui c’est non seulement la naissance du Christ. Aujourd’hui c’est la naissance de l’état maternel de Marie. Aujourd’hui c’est le jour de ressentir cet amour maternel, cet état maternel dans nos cœurs et nos esprits.

Prière à la Mère

Fermez les yeux. Concentrez vous au dedans et observez votre souffle, chaque inspiration et chaque expiration. A chaque souffle, ressentez cet amour de Dieu, dans la prière intérieure. Tout le monde sait qu’il est facile de toucher le cœur de sa mère : une petite larme, un petit signe, un pleurnichement. Intérieurement, prions Mère Marie :

Oh Mère divine, l’Élue de Dieu, je suis ton enfant. Instille cet amour dans mon mental et mon cœur. Aide-moi à surmonter toutes mes qualités négatives. Aide-moi à grandir comme une mère qui donne à téter au bébé pour qu’il puisse grandir. Nourris-moi de vérité, comme la mère qui donne un médicament à son enfant même si ça n’a pas bon goût. Nourris-moi de simplicité. Simplicité, honnêteté, force intérieure. Parfois je manque de force. J’essaye de grandir. Bénis-moi, oh Mère divine. Je t’aimerai à chaque souffle. Il n’y aura plus de problème, de souffrance, j’accepterai tout avec le sourire, mais en échange, je veux grandir. Guide-moi, Oh Mère Marie. Tu donnas le Seigneur Christ au monde. Ne peux-tu faire naître la Conscience Christique dans mon mental et dans mon cœur?

Oh divin Guru, tu es ma Mère, tu as tellement pris soin de moi. Tu m’as tant aimé. Malgré tout, j’ai toujours besoin de ton aide et de tes conseils. Ne peux-tu pas me guider? Que notre mental et nos cœurs soient saturés d’amour pour la mère, la Mère Divine. Que chaque pensée se dirige vers la Mère Divine. Que chaque souffle soit une offrande aux pieds de la Mère Divine. Que chacune de nos activités soient dédiée à la Mère Divine.

Baba disait: « Si vous méditez vraiment, restez au sommet et vos paroles seront douces, pleines d’amour et divines. »

Offrons donc chacun de nos discours, chacun de nos mots, chacune de nos paroles à la Mère Divine. Que notre vie soit pour la Mère Divine, pour cette union. Oh Mère Divine, Mère Marie, comme tu as tenu le Seigneur Christ par la main, serre-nous de ta main invisible. Ne laisse aucune faiblesse nous toucher. Nous sommes dans tes bras.

Comme le dit une chanson du Bengale: « Lorsque ma mère est là et que je suis là, il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Ma mère s’occupera de moi et je suis avec elle. Si a aucun moment un peu de peur s’insinue, j’appellerai ma mère et elle sera là pour me protéger. Je n’ai pas peur lorsque ma mère est près de moi. »

Le guru est la mère. Aimons Gurudev comme une mère, Mère Marie, la Mère Divine. Aimons-la en ce jour tout spécial. Le jour de la maternité de Mère Marie. Nous sommes tes enfants. Que les bénédictions de Dieu, de la Divine Mère Marie, du Seigneur Christ et de Gurudev reposent sur nous. Que leur amour infini, leur compassion infinie, leur pureté, leur divinité infinies transforment nos vies.

Om, Amen.

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Fleuve de compassion

Extrait d’une biographie de Paramahamsa Hariharananda par Paramahamsa Prajnanananda

Chapitre 2: Évolution Spirituelle

Un jour Bijoy Krishna encouragea Rabi à se marier et à mener une vie de famille tout en poursuivant en même temps sa pratique spirituelle. Mais Rabi déclina poliment en disant qu’il ne se sentait mentalement pas prêt à accepter une telle responsabilité. Au contraire, Rabi demanda à son Gurudev, Bijoy Krishna, comment atteindre l’état de Nirvikalpa Samadhi et s’il pouvait l’aider dans cette entreprise. Shri Bijoy Krishna était un Guru hors pair. Il n’avait ni vanité ni ego. Ecoutant la prière d’une âme en quête il répondit: « Rabi, je vais te dire quelque chose. Ecoute attentivement. Je connais un grand Yogi. Il n’est pas un homme ordinaire. C’est un surhomme, une personnalité divine. Il s’appelle Shri Yukteswar, un disciple de Shri Lahiri Mahasaya de Bénares. C’est un grand maître du Kriya Yoga. Essaye de le rencontrer. Il peut t’aider dans ta recherche. »

Dans les Écritures, le disciple sincère est comparé à une abeille. De même que l’abeille va d’une fleur à l’autre pour trouver le miel, le chercheur sérieux va d’un maître spirituel à l’autre pour atteindre l’expérience de la réalité transcendantale. C’était le début d’un chapitre nouveau dans la vie de ce jeune chercheur.

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Rencontre avec Sri Shriyukteswar

La chance sourit aux audacieux. Quand le désir est grand, rien n’est impossible. Le Guru Bijoy Krishna montra la voie et donna la permission à Rabi d’apprendre la technique scientifique du Kriya Yoga. Rabi fit ses préparatifs pour aller à Serampore et voir le grand maître. Serampore n’était pas loin de Calcutta.

Finalement l’occasion rêvée se présenta. Le jeune Rabi, alors âgé d’environ 25 ans, grand et beau, vêtu à l’occidentale, avec son unique teint doré, se rendit à la résidence ancestrale de Shriyukteswar appelée « priyadham », la demeure du bien aimé.

Shriyukteswar était un homme de tempérament sérieux et avait la réputation d’être parfois dur. Le jeune Rabi était donc un peu nerveux au départ, mais il se mit à penser: « Pourquoi avoir peur de rencontrer une personnalité divine? Si par peur des abeilles, on n’approche pas la ruche, comment peut-on goûter la douceur du miel? » D’un esprit résolu il approcha la résidence de Shriyukteswar.

C’était un bâtiment de grande dimension, vieux, négligé, en mal de réparations, et prêt à s’effondrer par endroits. Shriyukteswar était dans l’une des plus grandes pièces. Rabi s’approcha de la porte de cette pièce et regarda de loin Shriyukteswar. Il était assis jambes croisées dans la position du lotus avec un air calme et sublime. Son regard se fondait dans l’infini. Ses yeux ne clignaient pas. Il semblait complètement absorbé dans le soi. Debout en cette auguste présence, Rabi se sentit attiré par lui plus que jamais. Il avait le teint très clair, mesurait un mètre quatre vingt dix environ et pesait dans les cent kilos. Il était très beau avec un corps solide et bien fait. Les muscles de sa large poitrine poussés en avant et l’épine dorsale droite comme piquet, il était assis dans toute sa gloire. Rabi était très impressioné par sa personnalité. Il admira la beauté de ses pieds sacrés. Un rayonnement divin émanait de tout son corps. La peur de Rabi fondit peu à peu.

Sentant la présence de quelqu’un, le maître baissa le regard et fixa Rabi puis le tourna à nouveau vers sa vision intérieure. Rabi se sentit accepté et rassemblant ses forces entra dans la pièce. Shriyukteswar était seul dans la pièce. Avec grande dévotion, Rabi s’approcha et s’inclina deux fois devant lui, touchant chacun de ses pieds sacrés avec le point situé entre les sourcils. Prenant sa tête entre ses deux mains, Shriyukteswarji lui embrassa le front et le pria de s’asseoir par terre. Il lui offrit une sorte de sucrerie appelée « Chandrapuli », préparée avec du lait, du fromage, de la noix de coco et du sucre. Rabi cherchait un morceau de papier pour l’envelopper soigneusement et l’emmener avec lui afin de l’offrir en prasad à ses amis et parents. L’ayant remarqué, il sourit à Rabi et dit: « Tu peux tout manger. Je vais t’en donner d’autres pour tes proches et amis. » Avec sa bénédiction, Rabi mangea toute la sucrerie.

Puis Shriyukteswar le regarda et demanda: « Comment t’appelles-tu? »

« Rabindranath Battacharya, » répondit-il poliment.

« D’ou viens-tu? »

« Habibpur, Nadia. »

En entendant Habibpur il devint pensif. Il demanda de nouveau le nom de son père. Puis il continua: « Je connais Haripada Battacharya, un brahmane très respecté du village. Je suis allé à Habibpur deux ou trois fois et quoique je n’aie jamais parlé à ton père, je l’ai vu de loin et les villageois m’ont parlé de lui. Je suis impressionnépar sa personnalité. » Shriyukteswar avait des connaissances à Habibpur où il allait de temps en temps.

Puis il demanda à Rabi: « Comment as-tu entendu parler de moi? As tu des connaissances en astrologie? Te souviens-tu de ta charte astrologique? » Rabi parla de sa formation et avoua: « J’ai appris l’astrologie et la chiromancie, ainsi que les puja mantras avec mon père. Mon père est mon premier guide, guru et mentor. J’ai aussi reçu les conseils spirituels de Shri Bijoy Krishna de Howrah, qui m’a envoyé vers vous. »

Puis Rabi traça sa charte astrologique sur une feuille de papier et lui montra. Il fut très satisfait et prédit un nombre d’événements dont la pratique du sannyasa yoga. Il examina également ses lignes de mains et confirma sa prédiction. Avec hésitation, Rabi risqua: « Mais, mon père n’a jamais rien dit à propos de sannayasa yoga dans ma vie. »

Shriyukteswar répondit avec humour: « S’il t’en avait parlé, tu aurais pensé à te marier pour protester. » Il reconfirma encore sa prévision en se référant à un livre de chiromancie.

Rabi commençait à avoir peur et dit: « Mais je n’ai aucune des qualités d’un sannaysin. » Shriyukteswar était un grand guru doué de prévoyance et de vision. Il pouvait voir très clairement le futur de ce jeune homme. Il continua: « Rabi! Tu appartiens à une famille brahmin. Tu as une bonne connaissance des écritures et des cérémonies rituelles. Les brahmins ont une tournure d’esprit qui les prédispose à la spiritualité. Tu as donc un potentiel supérieur pour une évolution rapide sur la voie divine. »

Rabi se sentit un peu encouragé et dit: « Je suis venu à vos pieds sacrés pour apprendre le Kriya Yoga. Shri Bijoy Krishna m’a dit que vous êtes celui qui peut me conduire à l’état de nirvikalpa samadhi. Avec votre bénédiction et sous votre direction je serai capable d’atteindre la réalisation du soi. »

Shriyukteswar fit asseoir Rabi juste en face de lui. Il toucha les deux côtés de sa poitrine et son front en pratiquant le Kriya lui-même. Il purifia son corps qui se remplit tout entier d’effulgence divine.

Tandis que Rabi déposait à ses pieds un don, gurudaksina, il continua: « L’argent que tu me donnes n’est pas gurudaksina. Ton désir d’abandon aux pieds de ton Guru ainsi que de la sensation d’union éternelle avec ton Guru est le vrai gurudaksina. Respecte ce que dit ton Guru et en aucun cas ignore ses paroles. » Regardant l’air abattu de Rabi il éclata de rire et dit: « As tu peur? Qu’est ce que tu penses? Je ne te demande pas ta vie! Je ne vais pas te couper la tête ou le pouce! » (dans le Mahabharata, leurs maîtres demandèrent respectivement à Ekalavya son pouce et à Belalasem sa tête.)

Son rire et sa joie surprirent Rabi. Comment les gens pouvaient-ils dire qu’il était un homme de tempérament sérieux et qu’il était difficile de l’approcher? Puis il appela Swami Narayan Giri: « Narayan! Voici un jeune disciple, un jeune brahmin. Il va manger avec nous aujourd’hui. J’ai beaucoup de choses à discuter avec lui.

*

Swami Shriyukteswar était vraiment un grand yogi, un maître au stricte contrôle de soi. Son grand Guru, Shri Lahiri Mahasaya de Bénares l’avait initié au Kriya Yoga le 19 Août 1883. Il allait voir son divin maître fréquemment et pratiquait le Kriya sincèrement et sérieusement. Après le Mahasamadhi de son maître, il se concentra principalement sur la propagation du Kriya Yoga et sur le trésor spirituel de la Bhagavad Gita. Le 22 Mars 1903 il créa le Karar Ashram en bord de mer dans la ville sainte de Puri en Orissa. Il vécut principalement en trois endroits: Bénares, Serampore et Puri.

Il forma de nombreux disciples dans la voie du Kriya Yoga. Yogananda, son disciple bien-aimé, se rendit en Amérique en 1920 et s’y établit pour propager l’ancien trésor spirituel de l’Inde en Occident tandis que Swami Satyananda réalisait sa vision d’établissement du Bramacharya Vidyalay à Ranchi.

La plupart de ses disciples mariés et chefs de famille qui étaient avancés dans la pratique du Kriya et l’enseignaient en même temps, tels que Matilal Thakur, Bipin Bhayan, Amulya Santra, Bijay Krishna Chaterjee, s’occupaient de leurs familles tout en participant activement à la cause du Kriya. D’autres disciples qui étaient moines prenaient part à la gestion d’ashrams selon leurs capacités dans différentes parties du Bengale et notamment à Midnapur. Swami Narayan Giri, généralement connu sous le nom de Prabhuji, restait en permanence avec son Guru bien-aimé et prenait grand soin de lui, n’ayant aucun intérêt pour la gestion d’ashram ou l’enseignement du Kriya. Shriyukteswarji commençait à prendre de l’âge et il y avait deux ashrams dont il fallait s’occuper, l’un étant la maison de ses parents à Serampore, « Priyadham », un palace qui tombait en ruines faute d’entretien, et l’autre le Karar Ashram de Puri.

Sa rencontre avec Rabi qu’il commençait à mieux connaître donna à Shriyukteswar un renouveau d’espoir. Il continua: « Puri est un lieu saint. Je suis allé à Puri pour la première fois lorsqu’il n’y avait pas encore de voie ferrée. J’ai fondé le Karar Ashram en bord de mer, un endroit magnifique pour y méditer et y mener une vie spirituelle. En 1921 j’ai transféré l’Ashram à une société fiduciaire. Depuis lors je recherche la personne qui serait capable de prendre en charge cet Ashram et je n’ai pas vraiment réussi. Mais aujourd’hui, après avoir vu ton horoscope, les lignes de ta main et ton visage j’ai l’impression que le cher Karar Ashram de Priyanath a de l’avenir. Tu viens d’une famille brahmin et tu es un expert en écritures et en astrologie. Des gens cultivés et des fidèles du monde entier se rassemblent à Puri pour le darshan (communion) du Seigneur Jagannath. De plus les habitants de l’Orissa sont très satvik (spirituels). Les gens de l’Orissa, surtout ceux qui sont cultivés bénéficieraient grandement de la présence d’un sadhak (aspirant spirituel) de ton envergure.

De même que le Seigneur Krishna pouvait lire les pensées les plus profondes d’Arjuna sur son visage, de même Shriyukteswarji savait ce qui traversait l’esprit de Rabi. Avec un divin sourire éclairant son visage il dit: « Que penses tu de toi-même? N’as tu pas les qualités divines requises pour accomplir cette tâche? Ecoute moi bien. Il en est de toi comme d’une toute petite graine de banian qui contient en puissance un arbre énorme. Par la pratique sincère du Kriya tu seras un jour le plus grand des Kriya Yogis, non seulement en Inde mais dans le monde entier. Tu seras doté de pouvoirs surnaturels et atteindras le Nirvikalpa Samadhi, l’état le plus élevé qu’un yogi puisse atteindre. »

Il enjoignit Rabi de pratiquer la méditation sincèrement et de venir le voir de temps en temps. Il lui conseilla: « Introvertis les sens et demeure constamment dans la boîte crânienne pendant toutes tes activités. Tu trouveras en toi l’équilibre mental et la divinité. Tu n’es pas un garçon ordinaire. Ne reportes rien à demain. Les atermoiements sont très nuisibles. A tout moment ressens la présence du Divin en toi. Tu seras réalisé en très peu de temps. C’est mon désir le plus cher que tu ailles à Puri et vives à l’Ashram. Tu y trouveras la réclusion et tu pourras méditer davantage. »

*

La relation entre le disciple et le maître divin est éternelle. Elle est dénuée de motifs égoïstes et ne s’épanouit que par le lien de l’amour divin. Le disciple et le précepteur se complètent l’un l’autre comme l’arbre et le fruit. L’arbre donne tout ce qu’il a pour nourrir le fruit et le fruit porte la graine de l’arbre pour le propager encore et encore. Le maître divin en transmettant à son disciple son pouvoir spirituel le transforme complètement et l’aide à réaliser le potentiel divin qu’il a déjà en lui. C’est pourquoi, dans la tradition spirituelle de différentes religions, le maître et les disciples se rencontrent fréquemment pour une communion spirituelle.

Après cette première rencontre et son initiation sur la voie du Kriya Yoga, Shriyukteswarji encouragea Rabi, son jeune disciple, à venir le voir chaque fois qu’il en aurait le temps. La tâche qu’il lui confia avait quatre aspects: faire de son mieux au travail, pratiquer sa sadhana personnelle et sa méditation, étudier les écritures et se réserver le temps nécessaire pour profiter de la fréquentation de son divin guide, Shriyukteswar. Il attendait impatiemment le samedi pour aller voir son maître avec des paniers remplis de friandises, de fruits et de vêtements neufs.

Swami Shriyukteswar avait déjà 77 ans. Bien que physiquement solide il avait de l’asthme. Il ne se douchait pas régulièrement. Il passait la majeure partie de son temps en méditation et en shambhavi mudra. Chaque week-end, lorsque Rabi allait voir son Guru, il lui faisait un massage, le lavait à l’eau chaude, le séchait avec des serviettes, l’habillait de vêtements neufs et, lui offrant des fruits et des fleurs, il se prosternait aux pieds sacrés de son maître.

Parfois Shriyukteswarji faisait remarquer: « Rabi, pourquoi dépenses-tu tant d’argent pour tout ça? Je n’aime pas ce gaspillage. » Shriyukteswar était un saint au détachement extrême. Il ne dépensait jamais d’argent pour le luxe ou le confort. Rabi répondait en souriant: « Gurudev! C’est un plaisir pour moi d’être en votre sainte compagnie et de vous servir. »

Shriyukteswar était très heureux de voir chez Rabi l’attitude d’un vrai disciple, son amour, sa dévotion et son dévouement. Ce jeune disciple brahmin, instruit dans le domaine des sciences modernes, était plein de qualités divines et dénué d’ego. Lentement le lien divin entre le précepteur et l’étudiant se renforça. Auparavant les gens considéraient Shriyukteswar sérieux et d’une attitude rigide. Mais avec les visites régulières de Rabi, ils remarquèrent que la vie de Shriyukteswar changeait d’une façon importante. Il riait à gorge déployée lorsqu’il conversait avec Rabi. Il l’attendait impatiemment chaque week-end en surveillant l’horloge.

Un jour Swami Narayan Giri fit remarquer à Rabi: « Tu as apporté un changement remarquable dans la vie de Guru Maharaji. Tu es vraiment un bon magicien! »

*

Swami Shriyukteswar créa Gita Sabha renommé par la suite Satsanga Sabha dans plusieurs régions du Bengale, en particulier à Midnapur, pour encourager les gens à étudier la Gita et à comprendre son profond message spirituel. Bien qu’ayant réduit en grande partie ses déplacements vers la fin de sa vie, il allait à plusieurs endroits au moins une fois par an pour voir ses fidèles et disciples de longue date. Le soir, il parlait avec éloquence de la Gita, faisant frémir le cœur de ses auditeurs. Sa forte personnalité, son apparence et son discours énergiques étaient inoubliables.

Lorsqu’il faisait un discours, il sortait de sa poche un exemplaire condensé de la Bhagavad Gita qu’il utilisait comme référence. Mais notre jeune Rabi, assis au premier rang pour écouter attentivement les paroles divines de son Gurudev bien-aimé, citait immédiatement le verset avec la référence du chapitre et du verset à la grande surprise du Guru aussi bien que de l’auditoire.

Avec humour, Shriyukteswar disait à Rabi: « Mon enfant, les écritures sont dans ma poche, mais toi, tu les as mémorisées. Tu vois, encore si jeune, et déjà plus fort que moi. »
Souvent, il commençait une citation et laissait notre jeune Rabi finir le verset.

Parfois Shriyukteswarji murmurait des chants pieux en Bengali comme celui-ci:

kabe, bhave amar dube jabe mana
pavo parama tattva parama ratana
bhedaveda jabe aleheda ghumchive
atma paramatmay have sammelana

ce qui veut dire:

« Lorsque ce moment divin viendra,
lorsque le mental sera saturé de pensées sincères,
lorsque toutes les dualités et les différences auront disparu,
et qu’on se fondra dans le soi suprême. »

Rabi, de sa belle voix mélodieuse, reprenait en chantant en présence de son Gurudev.

A chaque rencontre, Shriyukteswar encourageait Rabi à accepter la vie monastique et à aller vivre à Puri. Il disait: « Ne pense pas que tu n’en es pas capable. Pense au contraire aux instructions de la Baghavad Gita. Arjuna n’avait pas confiance en lui-même, même en présence de son bien-aimé Krishna. Tu as un grand avenir. Tu es né dans une famille de yogis Brahmins orthodoxes qui considèrent la spiritualité comme la chose la plus importante dans la vie. Le bilan de ta dernière vie est merveilleux et il porte ses fruits maintenant. C’est pourquoi tu es venu à moi. Sans y paraître c’est une chance pour nous deux de nous être rencontrés et mes désirs seront comblés. N’en parle à personne. Simplement médite, fais ton devoir et sans aucun doute tu réalisera un jour que ma prédiction était correcte. » Mais Rabi n’était pas encore prêt. Il se demandait: « Suis-je capable de faire ça? »

A suivre

Extrait du livre Paramahamsa Hariharananda, Fleuve de Compassion, une biographie par Paramahamsa Prajnanananda. Pour vous le procurer, consultez notre catalogue.
Copyright O 1999 Prajnana Mission. Tous droits réservé.

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Sadhana Panchakam

Cinq Lignes Spirituelles par Adi Shankaracharya

Deuxième partie d’une série de quatre exposés de Swami Shuddhananda au Kriya Yoga Institute, le 20 Octobre 2000.

Om. Hari Om Sri Gurubhyo Namah Hari Om.

Hier nous avons entamé l’étude des cinq versets sur la spiritualité du Sadhana Panchakam par Shankaracharya et nous en avons commenté la première ligne: vedo nityamadhiyatam taduditam karmasvanusthityatam. Le conseil qui nous y est donné est d’étudier les écritures quotidiennement et d’accomplir notre tâche en suivant les instructions qu’elles contiennent (ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire). Il y a des choses à faire et des choses à ne pas faire. Les écritures indiquent qu’il y a deux types de travail. Le premier est pour votre développement spirituel, votre façon de rendre un culte, votre prière, votre méditation. L’autre se rapporte à votre activité dans la vie matérielle, votre vie sociale, votre vie avec les autres. Les écritures disent que tous les deux sont nécessaires pour réussir sa vie.

Cette première ligne donne donc deux conseils:

1- D’étudier les écritures quotidiennement et régulièrement.

2- D’accomplir notre tâche conformément aux écritures.

Souvenez-vous, le devoir le plus important de l’humanité est d’aller à la recherche de Dieu.

A la deuxième ligne, Shankaracharya nous dit deux choses:
Tenoshasya vidhiyatam, apachitih

C’est extrêmement important: dans la vie spirituelle, on ne peut pas méditer tout le temps. On ne peut pas pratiquer la discipline spirituelle ou la prière constamment. Nous sommes très occupés et nous avons beaucoup de choses à faire. Nous avons de nombreuses responsabilités.

Ici Shankaracharya explique très clairement comment accomplir sa tâche. Le troisième conseil est donc:

3- d’offrir à Dieu tout ce que nous faisons.

Maintenant, voyons comment nous devrions travailler, comment nous devrions pratiquer le Karma Yoga. Comment pratiquer le karma et ajouter le yoga à ce karma. Karma est l’action qui nous libère de l’asservissement. C’est le vrai karma. Les karmas qui nous asservissent à la vie matérielle ne sont pas des karmas; c’est akarma.

Comment pratiquer ce karma:

a) Soyez le témoin:
Le karma est l’action qui nous aide dans la vie spirituelle. Dans le Kriya Yoga, on dit que, quel que soit ce que l’on fait, faisons le avec vigilance. Ce qui se produit lorsque vous maintenez cette vigilance dont on a déjà parlé aux classes précédentes c’est qu’on prend conscience de notre personnalité infinie. Vous avez deux personnalités, l’une est votre personnalité infinie et l’autre votre personnalité finie. Cet ensemble corps-mental est la personnalité finie et tout travail que nous faisons est fait par ce corps, ce mental.

Lorsque nous nous identifions avec cette personnalité finie, que nous nous jugeons, que nous ressentons que nous sommes l’auteur de l’action, nous sommes aussi celui qui en jouit. Dans la vie spirituelle, c’est la même chose mais vous êtes conscient de votre personnalité infinie. C’est à dire que vous voyez que c’est votre corps et votre mental qui fonctionnent. On assiste au jeu de la nature, tous ces gunas qui font le travail. Vous vous contentez donc d’observer depuis le sommet. Vous n’agissez pas. Ce karma est accompli par votre personnalité finie. Lorsqu’on se détache du corps-mental fini et qu’on s’attache à la source infinie, à la personnalité infinie, bien qu’on continue à agir, on est libéré de l’asservissement au karma.

Ce n’est pas vous qui agissez. Vous ne créez pas le karma, le karma se crée à travers vous. C’est à dire que vous ne faites qu’observer. C’est ce qu’on appelle l’état de témoin. C’est donc la première chose, la manière de pratiquer le karma. Quel que soit ce que l’on fait, on se contente d’observer. J’observe le travail se faire. Lorsque vous vous rendez compte de cela, que vous pratiquez cette conscience constamment, de plus en plus profondément, vous réalisez que vous ne faites rien, que c’est la présence de Dieu qui agit. Grâce à Cela, tout s’accomplit.

b) Au début de toute action, offrez-la à Dieu:
Lorsque vous commencez quelque chose, commencez par l’offrir à Dieu: « Oh Seigneur, je ne sais pas si je suis capable de faire ce travail, mais je te l’offre. Si c’est ta volonté, il s’accomplira. » C’est être pratique. On fait beaucoup de projets dans la vie. Ils ne se matérialisent pas tous. Certains se réalisent, d’autres pas. Qu’est ce que cela veut dire? On peut faire des tas de projets, mais il y a le plan divin. Si votre projet coïncide avec le plan cosmique, alors ça marche. Si votre projet ne coïncide pas avec le plan divin, il ne se réalisera jamais.

Donc, au début de toute action, simplement offrez-la à Dieu et dites: « Oh Seigneur, si c’est ta volonté elle s’accomplira. » C’est ce qu’on appelle ishwara arpana buddhi, l’attitude d’offrande au début de l’action. C’est ce qu’on appelle le karma yoga.

c) Offrez le résultat de l’action lorsque le travail est accompli:
Restons pratiques. La plupart des gens n’arrivent pas à offrir l’action à Dieu au commencement de l’action. Les rishis, les sages, nous donnent donc une autre option. Si vous ne pouvez pas offrir l’action au commencement, vous allez travailler avec l’attitude de l’ego « c’est moi qui agis » et vous allez récolter le fruit de votre action. Acceptez-le comme une grâce divine. C’est ce qu’on appelle prasad buddhi, l’acceptation lorsque le travail est fini.

D’abord, on a arpana budhi, offrir le travail avant le commencement de l’action, puis on a l’offrande des fruits de l’action lorsque le travail est fini. Il y a trois types de fruits possibles:
I- A la fin du travail, on obtient le résultat espéré.
II- A la fin du travail, on obtient un résultat très en dessous de ce que l’on espérait.
III- On obtient un résultat complètement opposé à ce que l’on espérait.

Quelque soit le résultat, on devrait l’accepter, car Dieu est impartial, c’est la Loi Cosmique. En tant qu’êtres humains on enfreint parfois les lois humaines, mais Dieu n’enfreint jamais les lois divines. Donc, ce qui est bon pour nous, ce qui est bon pour la société, ce qui est bon pour le monde entier, ce qui est bon pour la création et même au delà, Dieu l’accomplit.

Par conséquent, on peut accepter ou non ce qui nous arrive en fonction de notre niveau mental, mais, quoiqu’il en soit, c’est bon pour nous. C’est très important dans la vie spirituelle. Il suffit de pratiquer, tout ce qui se produit dans la vie est bon. Vous n’êtes peut-être pas capable de le reconnaître, mais vous pouvez au moins voir que ce n’est pas mauvais. Il suffit de tout accepter. Lorsqu’on accepte tout, on accepte parfois à contre cœur, mais on accepte quand même. Lorsqu’on est capable de voir que tout ce qui nous arrive est bon, alors on accepte de plein gré.

En résumé, la première chose est d’observer le travail se faire, ensuite d’offrir l’action avant d’agir et enfin, lorsque l’action est accomplie, d’en accepter le résultat, de bon ou de mauvais gré, mais de l’accepter. Essayez de pratiquer.

Dans le Kriya Yoga, on dit la même chose: karma, bhakti et jnana. Les trois sont présents dans le Kriya. Les gens demandent dans quelle catégorie se situe le Kriya Yoga et on répond qu’il se situe dans les trois catégories à la fois. Baba dit: « Vous êtes un avec Dieu, vous êtes Dieu sous forme humaine, vous êtes le vrai vous. » Il y a donc union. C’est le véritable advaita, union avec Dieu. Lorsque je dis: « Oh Seigneur, bénis-moi, je ne sais rien. » La minute où je dis cela, il y a séparation d’avec Dieu, dualité. Donc, dans le Kriya on accepte tout. On pratique tout: karma, bhakti et jnana. Ils sont là tous les trois.

d) Voir l’inaction dans l’action.
Donc la deuxième ligne est tenesasya vidhiyatam, apachitih. Dans tout ce que vous faites, conservez une attitude dédicatoire. C’est un point très important. Dans la Bhagavad Gita (chapitre IV, verset 18), il est dit:

karmani akarmayah pashyed
akarmani ca karmayah
sa buddhimaan manushyesyu
sa yuktah kritsnakarmakrit

Cela veut dire qu’une personne spirituelle voit l’inaction dans l’action et l’action dans l’inaction. L’inaction dans l’action: bien qu’elle soit active, elle est consciente que « je ne suis pas actif, je suis inactif « . Détachement intérieur. Détachement de quoi? Détachement du corps-mental, la personnalité limitée. C’est un autre aspect qu’il faut pratiquer.

Dans la vie spirituelle, nous devrions faire de notre vie une chaîne de prière continue. La question se pose: comment peut-on prier incessamment, sans interruption, continuellement? Quel que soit ce que nous faisons dans la vie, restons conscients que c’est le pouvoir de Dieu qui agit. Lorsqu’on accomplit une action consciemment, dans l’amour de Dieu, cette action devient inaction.

Souvenez-vous donc que l’action consciente est inaction, que l’action consciente n’a pas de valeur karmique. L’action consciente ne laisse pas de germe de karma dans le corps causal, parce que vous êtes conscient du Cela. Et lorsqu’il n’y a pas de karma dans le corps causal, il n’y a plus de karma, vous êtes pur. Vous vivez une vie sans crédit ni débit. C’est ainsi que nous devrions accomplir nos actions.

Parlons maintenant de la pratique. Nous nous inclinons, puis nous pratiquons le mahamudra et la respiration kriya. Après le souffle kriya vous atteignez l’état de paravastha. Mais il y a un point de transition entre le kriya et le paravastha. Supposons que vous avez pratiqué plusieurs cycles de kriya, que vous êtes davantage au sommet et que vous sentez que le souffle est très lent et court. Vous n’avez plus envie de pratiquer davantage la respiration kriya, vous avez atteint l’état de saturation mais vous n’avez pas encore atteint l’état de paravastha, la méditation. Vous voyez alors que votre karma est fini. C’est ce qu’on appelle kriya karma qui est maintenant fini. Vous ressentez donc intérieurement que vous ne voulez plus pratiquer. Vous n’êtes pas encore en paravastha mais vous êtes ancrés au sommet. A ce moment-là, voila ce que vous devriez faire: il y a l’amour, la dévotion, et si vous ajoutez un peu plus d’amour pendant cette période de transition, bientôt vous atteindrez l’état de paravastha. Pratiquez donc avec un peu plus d’amour. C’est ainsi qu’on devrait accomplir les actions.

4- Puis vient la dernière partie de la deuxième ligne qui nous donne le quatrième conseil: kamye matistyajyatam, contrôlez tous les désirs du mental.

Le mental veut beaucoup de choses et il veut le bonheur et le plaisir sans limite à travers les organes des sens. Lorsque le mental vous suggère quelque chose et que vous suivez ses suggestions, vous pensez qu’en satisfaisant ses désirs il sera satisfait. Mais les désirs sont sans fin. Si vous donnez satisfaction à un des désirs du mental, vous verrez que lorsqu’il est satisfait, un autre désir survient. Il n’y a pas de fin aux désirs du mental, il s’agit d’un processus continu, les pensées se suivent sans interruption. Que se passe-t-il? Renoncez à tous les désirs du mental. Dans la vie spirituelle, tous les désirs devraient être réduits à un seul désir: je suis ici uniquement pour rechercher Dieu, pour rechercher la présence Divine. Cela devrait être notre seul désir dans la vie.

Lorsqu’on a beaucoup de responsabilités dans la vie matérielle comment peut-on mettre ce principe en application? C’est une question pratique. Supposons que vous faites la cuisine. Votre attitude devrait être: je cuisine et je peux rendre service aux autres. En même temps, vous vous observez: ce n’est pas mon travail, je ne le fais que pour rendre service. C’est l’attitude que vous devriez avoir. Lorsque vous rendez service aux autres au bureau ou dans les affaires vous devriez rester conscient que « bien que je fasse mon travail au bureau, il ne s’agit pas de mon travail. » Le travail est là mais une conscience supérieure devrait être maintenue: « Je ne fais cela que pour aider mon corps et ma famille. Mon désir n’est pas de gagner de l’argent mais de rechercher la présence du divin. » Vous voyez donc comment on transforme le désir. Même lorsque vous pratiquez les techniques, vous ne pratiquez pas les techniques pour pratiquer mais vous pratiquez avec le désir d’aller là, là où le divin est présent. Tout le temps, cette conscience supérieure devrait être maintenue. Vous ne devriez avoir qu’un seul désir, l’ultime, le seul désir. Tout désir qui vous vient du monde matériel devrait être transformé en ce désir unique du désir de Dieu.

Même lorsque vous faites la lessive vous pouvez penser: « Je lave le linge pour ma propre purification. Je devrais me laver intérieurement, à tout moment. » Intérieurement, vous pouvez transférer tous vos karmas, toutes vos actions, tous vos désirs, en un seul, celui de réaliser cette union. Cela ne se fait pas en forçant, mais avec vichara, par le discernement approprié. Quel que soit le travail que vous faites, vous êtes là, intérieurement. Les écritures vous y aident. Les paroles du maître vous y aident. La contemplation intérieure devrait donc être là constamment. C’est le quatrième d’un total de quarante conseils.

Nous passons maintenant à la troisième ligne du premier verset:
papaughah paridhuyatam bhavasukhe dosonusandhiyatam.

Papaughah paridhuyatam veut dire:

5- Quels que soient nos péchés, nous devons nous en laver.

La question qui se pose est qu’est-ce que le péché et comment peut-on s’en laver? Nous faisons beaucoup d’erreurs dans la vie, on ne peut pas l’éviter, les erreurs dans la vie sont inévitables. Il y a deux types d’erreurs, celles qu’on fait en connaissance de cause et celles qu’on fait sans s’en rendre compte. Si vous êtes sérieux concernant la vie spirituelle, vous ne devriez pas faire d’erreur sciemment. Celles que vous faites sans le savoir, vous ne pouvez pas les éviter. Lorsqu’on marche, on tue des insectes sans le savoir.

Donc, qu’est-ce qu’une erreur? Lorsqu’on est inconscient, on fait des erreurs. Lorsqu’on est conscient, on ne peut pas faire d’erreur parce que lorsqu’on est en contact avec la conscience supérieure, on est en contact avec Dieu et Dieu ne fait pas d’erreur. Seuls les humains font des erreurs.

Pourquoi faisons nous des erreurs dans la vie spirituelle? Baba dit: « Les erreurs ne sont pas pour les erreurs, mais pour la correction. » Lorsque vous savez que vous avez fait une erreur, ne la refaite pas. On dit qu’on peut faire autant d’erreurs qu’on veut mais on ne devrait pas en répéter une seule. Une erreur répétée est un péché, une erreur inconsciente est excusée. Une erreur consiste à errer, à prendre une chose pour une autre, à prendre les choses qui nous viennent par les organes des sens, les yeux, les oreilles, le nez, la bouche, le mental en oubliant la conscience.

Le Plus Grand Péché

Voyons maintenant quel est le plus grand péché. Une tâche nous a été confiée. Dieu nous a donné une vie humaine et ce corps pour Le réaliser. Lorsqu’on n’en est pas conscient, on commet le plus grand péché possible pour un être humain. Quiconque ne recherche pas Dieu commet le plus grand péché possible dans la vie.

Le Deuxième Plus Grand Péché

Tout appartient à Dieu. Lorsqu’on dit que quelque chose nous appartient, c’est ma maison, c’est ma voiture, il s’agit de notre ego. Rien ne nous appartient, tout est à Dieu. Dieu est omniprésent, omnipotent, il est tout. Donc, pour être pratique, lorsqu’on utilise quelque chose, comme cette chose appartient à Dieu, on devrait Lui en demander la permission. C’est la conscience divine.

Si j’ai besoin d’une chose qui vous appartient, avant de m’en servir je dois vous en demander l’autorisation. Si je n’ai pas votre permission et que j’utilise ce qui vous appartient, n’est-ce pas du vol? Donc tout appartient à Dieu. Cela devrait être très clair. Donc tout ce que vous utilisez dans la vie matérielle appartient à Dieu. Demandez lui la permission. Sans sa permission, chaque fois que vous faites quelque chose, vous commettez un péché. Nous utilisons notre vie, le souffle. Ce n’est pas notre vie. Dieu respire, « Il insuffle le souffle de Sa vie » (la Genèse). Il peut reprendre Sa vie quand Il le veut. Alors où est la question de l’ego, où est votre existence séparée? Nous devrions donc avoir sa permission pour utiliser quoique ce soit. Utiliser sa vie sans être conscient de Dieu est le deuxième plus grand péché.

Essayez donc d’éviter de commettre ces deux péchés et tous les autres seront lavés. Essayez de rester conscient que votre seul devoir est de réaliser Dieu. Si vous ne faites pas cela vous commettez un péché. Quelque soit ce que vous faites, quelque soit ce que vous utilisez, demandez la permission de Dieu, soyez conscient. Les autres péchés sont tout petits, mais ces deux-là sont les deux plus grands.

Grâce à la conscience et à un degré de vigilance plus élevé, essayez donc d’éviter le péché et de vous en laver. Si vous êtes conscient, il n’y a pas de péché. Vous ne faites qu’observer comment Il opère.

Dernière partie de la troisième ligne:
bhavasukhe dosonusandhiyatam

6- Prenez conscience que les plaisirs du monde matériel aboutissent à la souffrance.

Le bonheur et le plaisir que nous tirons du contact des organes des sens avec le monde matériel aboutissent à la souffrance. Toute impression de bonheur ou de plaisir qui nous viennent de ce monde matériel n’est qu’un bonheur passager suivi par le mécontentement.
Si vous voulez baigner continuellement dans le bonheur éternel, il faut rechercher la béatitude, l’ananda. La béatitude est un état d’âme, chitananda. Le plaisir appartient aux organes des sens, le bonheur au mental et la béatitude à l’âme.

Lorsque vous êtes conscient de la présence du Saint Esprit, vous réalisez alors votre propre identité: « Je ne suis pas ce corps et ce mental, je suis l’âme. » Restons pratiques, nous ne sommes pas réalisés. Oublions la réalisation, oublions l’état de samadhi ou l’acquisition de pouvoirs extraordinaires. Organisez votre vie pour vivre dans la conscience. Que votre but soit de vivre en permanence une vie de vigilance intérieure. « Mon but sera de vivre une vie de conscience. » Si vous tournez en permanence votre attention vers la présence de Dieu, vous êtes dans la béatitude intérieure. Vous vous rendez compte également que le mental erre à la recherche des plaisirs du monde matériel parce que vous n’avez pas encore goûté le nectar de la béatitude du Soi.

Par l’approfondissement de la méditation, par l’approfondissement de la pratique de la discipline spirituelle dans l’amour et la dévotion intenses, vous acquérez ce nectar de béatitude. Alors, vous ne ressentez plus aucun besoin de plaisir ou de bien-être du corps ou du mental, vous êtes simplement là (au sommet). Et tant que vous n’avez pas atteint cette béatitude, votre mental continuera à rechercher le plaisir et le bonheur à travers les organes des sens dans le monde matériel. Vous devriez donc rester conscient du fait que « Je ne trouve rien qui me donne le bonheur permanent. »

Supposons que vous aimez un certain type de nourriture. Combien pouvez-vous en manger? Si je vous en donne cinq kilos, pouvez-vous les manger? Vous ne pourrez pas tout manger. Vous n’en retirerez pas le bonheur. Vous aurez un peu de bonheur et de plaisir à certains endroits pendant un certain temps, mais ce ne sera pas permanent. Si vous voulez le bonheur qui est permanent, il est dans votre propre Soi, c’est ananda, c’est la béatitude. Le bonheur et le plaisir des sens ne sont donc que comme quelques sous, tandis que la béatitude est comme des milliards de Dollars. Lorsque vous l’aurez goûtée, courrez-vous toujours après quelques sous? Vous n’en aurez plus besoin.

Passons maintenant à la quatrième ligne:
Atmechha vyavasiyatam nigagrhatturnam vinirgamyatam.

Atmeccha vyavasiyatam:

7- Cherchez le Soi constamment

On en parle souvent: n’avoir en permanence qu’un seul désir, celui de connaître le Soi, atma karma, se demander qui suis-je, où suis-je, quel est le but de la vie? Vivez une vie d’auto-contemplaion. Qu’en résulte il? Vous vivez une vie spirituelle, vous maintenez une certaine discipline spirituelle selon les instructions de votre maître et vous essayez de vous maintenir dans un attitude d’auto-investigation « qui suis-je? » à la fois par la pratique spirituelle et la contemplation. Ainsi, lorsque vous pratiquez une technique, vous percevez quelque chose, de la lumière intérieure, des pulsations, de la sérénité, du calme, du silence et vous contemplez encore: « Qui suis-je? » Puis vous ne trouvez plus votre existence et lorsque vous réalisez que: « Je ne suis rien, je n’ai pas d’existence » il n’y a plus que la présence de Dieu. « Dieu respire, c’est Sa vie, rien ne m’appartient. Je ne peux pas contrôler ma vie. C’est Dieu qui contrôle ma vie. » Si vous ne pouvez pas contrôler votre vie, où est la question de l’ego? Lui seul fait tout, il n’y a que Sa présence.

Alors, dans l’état de contemplation le plus profond, lorsque vous réalisez: « Je ne suis rien, Oh Seigneur! C’est Vous, je ne sais rien, je n’ai rien », alors vous réalisez la vérité de la vie. Lorsque vous réalisez ce néant, à travers le néant vous réaliserez la réalité. Au delà de ce néant il y a quelque chose qui reste, quelque chose d’ineffable, que vous ne pouvez pas exprimer par des mots, c’est votre état, c’est votre conscience, c’est votre existence éternelle. Alors vous atteignez l’état de béatitude, sat-chit-ananda (existence, conscience, béatitude) qui n’est que l’existence de Dieu en nous. Et lorsque vous êtes conscient de cette existence, vous entrez dans la béatitude intérieure qu’on appelle ananda.

C’est ce qu’on appelle être là, atmecha, connaître le Soi, vyavasiyatam, tout le temps. Qui suis-je? La réponse est je ne suis rien, la réalisation est je suis tout.

Passons à la deuxième partie de la quatrième ligne:

nigagrhatturnam vinirgamyatam

8- Libérez vous de l’esclavage.

Nous devons être libres de l’esclavage. Qu’est-ce que l’esclavage? L’esclavage est l’attachement et qu’est-ce que l’attachement? L’attachement au corps, au mental, c’est ça l’attachement. Nous vivons dans ce corps, c’est notre domicile, notre domicile temporaire. Nous avons deux adresses, l’une est une adresse temporaire, l’autre est une adresse permanente. L’adresse temporaire est cette maison, ce corps, et l’adresse permanente est Dieu. Nous devrions toujours garder à l’esprit ces deux adresses. Vie après vie, nous changeons de domicile temporaire. Dans une vie nous avons un adresse, dans la vie suivante nous avons une autre adresse, le corps a changé. Tant de vies se sont écoulées et l’adresse temporaire a changé à chaque fois, mais l’adresse permanente est toujours la même, c’est Dieu.

Parfois je demande aux gens où ils vivent? Ils me donnent une adresse. Dans la vie, nous vivons tout le temps dans cette maison, notre corps. Pourquoi vivons nous dans cette maison? Pour réaliser notre maison éternelle, notre adresse permanente c’est à dire Dieu. Donc, ici on nous dit: essayez de vous libérer de cet attachement à votre maison c’est à dire votre corps. Dieu nous a donné ce corps, cette vie pour y vivre. Pourquoi vivons-nous dans ce corps? Un jour nous devrons quitter ce corps pour vivre en Dieu, quitter ce corps c’est à dire quitter l’attachement au corps. En réalité, nous vivons en Dieu tout en vivant dans ce corps.

Maintenant, en termes pratiques de méditation, après la pratique du Kriya on perd la conscience du corps. Pas de sensation corporelle, ça c’est concret. C’est une façon de quitter sa maison. C’est donc aussi quelque chose qu’il faut pratiquer. Bien que je vive dans ce corps, je vis constamment en Dieu. Restez conscient de cette adresse permanente. Si vous restez conscient de cette adresse permanente, vous serez libre. Vous vous détacherez de cette maison. C’est ce que Shankaracharya nous dit: essayez de vous libérer de votre domicile corporel. Emménagez à votre adresse permanente. C’était le premier verset. Les écritures sont si belles, si bien écrites. Vous n’avez même pas besoin de les lire entièrement. Il suffit de prendre une ligne, de la contempler profondément et vous aurez l’essence de toutes les écritures.

Je vous prie donc tous humblement d’étudier les écritures, les écritures originelles. Là, tout ce qui est écrit a une signification. Vous prenez la signification et la contemplez tout au long de la journée. C’est ce qu’on appelle étudier.

Shravana manana nididhyaasan: d’abord vous écoutez (shravana), puis vous contemplez (manana) profondément, puis vous méditez (nididhyaasan), puis vous réalisez et comprenez de l’intérieur. Dans la vie spirituelle, l’étude régulière des écritures est nécessaire. Vous devez les étudier, les contempler et méditer sur elles. Généralement la plupart des gens veulent être spirituels intellectuellement. Ils lisent beaucoup sans aucune contemplation, sans aucune réalisation. Ils lisent des livres écrits par des auteurs qui ne sont pas réalisés. La plupart des livres qu’on trouve sur le marché sont écrits par des auteurs non réalisés. Lorsque vous lisez ces livres vous en empruntez la pensée, vous ne développez pas la vôtre. Lorsque vous empruntez la pensée de quelqu’un d’autre vous ne vous développez pas. C’est comme mâcher sa nourriture avec les dents de quelqu’un d’autre.

Contemplez profondément la présence intérieure de Dieu. Quelque soit le travail que vous faites, maintenez cet état de conscience. L’action consciente est inaction. Toutes les actions devraient être accomplies dans cet état de conscience. Avant même d’accomplir une action, offrez-la à Dieu ou lorsque vous recevez les fruits de l’action, acceptez les joyeusement.

Restez conscients de votre personnalité infinie et observez votre personnalité finie au travail. Le travail s’accomplit à travers vous. Ne soyez pas si attachés au corps et au mental. Les désirs du mental sont innombrables. Mais vous n’avez qu’un désir, celui de réaliser votre Soi. Débarassez-vous du péché. Ne pas rechercher Dieu est le plus grand péché de l’humanité. Quelque soit ce que vous utilisez, demandez-en la permission à Dieu. Lavez les péchés avec l’eau de la conscience. Maintenez un état intérieur de curiosité sur vous-même: « Qui suis-je? Où est mon existence? » Alors, vous ne trouvez rien, seulement l’existence de Dieu. Pratiquez davantage, pratiquez avec toute votre attention. Soyez conscient que ce corps dans lequel vous vivez, cette maison, est une adresse temporaire. Soyez conscient de votre adresse permanente, Dieu. Vous vivez dans ce corps. Un jour vous devrez le quitter. Avant de quitter ce corps, vivez en Dieu. C’est le but de la vie humaine. Soyez consciemment actif et activement conscient. Vivez une vie d’amour et de vigilance intérieure. Conservez une attitude de vigilance intérieure dans la vie et lorsque vous vivez avec les autres, vivez dans l’amour.

Merci à tous.
Que Dieu vous bénisse tous.
Recevez tous mon amour.

Soyez conscients, soyez divins.
Om amen.

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Les béatitudes du Seigneur Jésus : Leur signification et leur importance.

Exposé de Swami Mangalananda le jour de Noël 2003 à l’Ashram de Miami.

Asseyons-nous calmement, fermons les yeux et écoutons au dedans.

Que les bénédictions de Dieu et des Gurus et de Jésus Christ reposent sur nous et l’humanité entière.
Om amen.

Où rechercher le Soi.

Vous connaissez peut-être l’histoire de la femme qui avait perdu son aiguille et la cherchait le soir sous un lampadaire. Un homme s’approcha et lui demanda: « Qu’est-ce que vous cherchez? » « Je cherche mon aiguille. » Il se mit à la chercher aussi. Au bout d’un moment il demanda à la femme « Où l’avez-vous perdue? » Elle répondit qu’elle l’avait perdue dans sa maison. L’homme lui demanda alors pourquoi elle la cherchait dehors. « Oh! c’est parce qu’ici, c’est mieux éclairé. »

C’est le problème. Au lieu de chercher le royaume de Dieu dans notre maison, notre temple, nous le cherchons à l’extérieur. Nous pouvons rechercher notre trésor perdu en écoutant des discours, en lisant des livres, mais en fait tout est à l’intérieur. On peut trouver l’inspiration en lisant ou en écoutant les autres ou en fréquentant des âmes plus évoluées. Mais ce n’est qu’en les écoutant vraiment, en écoutant vraiment les enseignements de Jésus qu’on va au dedans. Il faut se couper des organes des sens et descendre dans les profondeurs du dedans, dans le silence intérieur. C’est là que Dieu, Jésus et notre vrai Soi peuvent se révéler. Le Soi attend cette révélation intérieure et cette réalisation. Cela ne se produira pas en restant là sans rien faire. Ce n’est pas de ce genre d’immobilité dont on a besoin, mais de l’activité calmement orientée vers le but, Dieu.

Dans les évangiles, au chapitre des béatitudes, il est écrit « bénis soient les pauvres d’esprit. » J’ai lu récemment que « béni » pouvait aussi se traduire par « aller de l’avant, avancer, se dresser devant, combattre. » Krishna répète constamment à Arjuna qu’il faut se redresser et combattre. Nous ne devrions pas nous laisser aller et nous contenter des circonstances telles qu’elles sont. Nous devrions essayer. Nous devrions nous battre et devenir plus forts. C’est une invitation à se redresser, à se tenir debout et à aller de l’avant.

Dans la première béatitude il est écrit:

1- Bénis soient les pauvres d’esprit car le royaume des cieux leur appartient.

L’esprit est aussi le souffle et pauvre veut dire ceux qui sont humiliés dans leur souffle. Les êtres humains ordinaires ne sont pas libres de leurs propres émotions: la colère, le désir de possession, l’orgueil, la jalousie, la peur et la cruauté. A cause de ces émotions et de l’état intérieur qui en découle nous ne pouvons pas respirer librement et profondément. Ce sont ceux qui sont dans cet état qui devraient aller de l’avant et se battre. Nous savons reconnaître la peur parce que le cœur bat plus vite, la gorge se serre et le souffle n’est plus un souffle. Donc, ceux qui savent qu’ils sont humiliés dans leur souffle, en esprit, devraient aller de l’avant.

2- Bénis soient ceux qui sont en deuil car ils seront consolés.

Ceux qui sont en deuil, qui sont tristes, devraient aller de l’avant. Mais qui peut vraiment aller de l’avant et surmonter le passé ou les tribulations: seulement ceux qui acceptent que le passé est révolu. Que le passé passe et découvrez maintenant l’opportunité nouvelle sans vous laisser retenir par les impressions du passé. Libérez-vous et allez de l’avant avec une force nouvelle pour apprendre et grandir.

3- Bénis soient les doux.

Bénis soient ceux qui sont doux et humbles car la gentillesse est la vraie force. L’environnement dans lequel nous vivons résiste à la violence. A ceux qui sont gentils, doux et remplis de paix et de compassion, la terre et les autres donnent en abondance. C’est une loi naturelle. Si vous essayez de forcer quelqu’un à vous donner quelque chose, il va résister. Mais si vous vous approchez avec humilité, douceur, divinité, amour et vous lui demandez de vous aider, il le fera avec joie. Ne vous imposez pas avec violence et cruauté mais allez de l’avant avec une attitude d’amour et de compréhension intérieure.

4- Bénis soient ceux qui on faim et soif de justice car ils seront rassasiés.

Ne vous contentez pas des circonstances injustes dans lesquelles vous vivez. Nous devrions éviter la paresse et l’idée que tout va se produire comme par enchantement. Nous devons faire face à nos qualités négatives et les combattre pour pouvoir continuer à avancer sur le chemin.

Nous devrions cultiver notre désir, notre aspiration à la croissance. Comme le dit Gurudev : « Vous ne réussirez que si vous en avez le plus profond désir et pas avec de simples velléités. Elles vous apporteraient quelque chose mais pas le tout. »

Il faut toujours rechercher la vertu et la justice, non seulement pour vous-même mais pour l’humanité entière. Poursuivez la perfection dans votre propre vie et dans le monde entier. En soi il est déjà parfait mais qu’avons-nous fait? Dieu nous a donné le libre arbitre mais nous choisissons souvent le mensonge au lieu de la vérité. Les mauvaises actions en résultent qui ont pour conséquence le mécontentement et non la paix. A chaque instant une nouvelle opportunité s’offre à nous de choisir nos pensées, nos paroles , nos actions.

5- Bénis soient ceux qui pardonnent car ils seront pardonnés.

Ceux qui pardonnent seront pardonnés. Le pardon est la compassion pour tous nos semblables. Cela consiste à ne pas avoir le cœur dur, mais à avoir une place pour eux dans notre cœur et à faire de notre mieux pour les aider. C’est en voyant Dieu en tous que nous devrions contrôler nos organes des sens. Ce n’est pas en restant aveugle mais en voyant vraiment.

6- Bénis soient ceux qui ont le cœur pur car ils verront Dieu.

Relevez-vous, allez de l’avant et redressez-vous, vous qui êtes purs de cœur et d’esprit. Tant que le mental est préoccupé par le passé et par l’avenir, nous ne pouvons pas être dans le moment présent et ce n’est que dans le moment présent que nous trouverons Dieu.

Débarrassez votre cœur et libérez-le des impuretés de la colère, de l’orgueil et de la jalousie. Ces émotions ne devraient avoir aucune place dans notre vie. Elles nous affaiblissent et nous empêchent d’utiliser notre potentiel.

Dans la Bhagavad Gita il est écrit encore et encore que nous devrions nous libérer des préjugés et des attachements. Nous devrions aussi porter sur nous-mêmes un regard impartial, essayer d’avoir les idées claires. Lorsqu’on essaye de comprendre la vie des autres et ce par quoi ils sont passés, on peut alors découvrir les raisons pour lesquelles ils agissent comme ils le font. Cela nous permet de les comprendre et l’amour se développe. Cultiver la volonté de comprendre les autres est essentiel dans la vie spirituelle.

7- Bénis soient les pacifiques car on les appellera les enfants de Dieu

Jésus a dit: »Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix. » C’est le genre de paix que le monde ne peut pas vous offrir. C’est une paix spéciale. Elle vient de l’intérieur, du Jésus intérieur, par la réalisation de notre être véritable, c’est à dire Dieu. C’est un genre de paix qui se développe et que personne ne peut vous enlever que ce soit pendant les bons moments ou les mauvais quart d’heures. Lorsqu’on sait vraiment qui on est et qu’on vit en union avec Dieu son créateur, par quoi pourrait-on être dérangé?

Mais cela prend du temps, le temps de nous préparer à la vraie paix. Son père terrestre était charpentier. Beaucoup de statues de Jésus le représentent comme un charpentier. Que fait un charpentier? Il rabote le bois et le polit pour essayer de lui donner un bel aspect. De même, Jésus essaya d’aplanir, de polir et de rectifier la vie de ses disciples et de ses adeptes.

C’est comme l’histoire du roi qui fit venir tous les peintres et tous les artistes de son royaume pour choisir le meilleur. Il sélectionna deux finalistes et les invita à son palais pour un concours de peinture. Le roi fit diviser une grande galerie en deux avec un rideau. Les artistes devaient créer une peinture murale aux deux extrémités de la galerie et le rideau ne leur permettait pas de voir ce que l’autre faisait.

L’un des artistes fit une très belle peinture de la création toute entière, riche en couleurs. L’autre artiste se contenta de polir le mur sans peinture ni couleur. Le roi vint pour inspecter l’œuvre de cet artiste mais ne dit rien. Puis il alla voir l’autre artiste qui lui montra sa magnifique représentation de la création, une oeuvre particulièrement brillante. On retira le rideau qui séparait les deux artistes et la réflexion de la peinture de la création, encore plus belle que l’original, apparut sur le mur poli. Tout le monde était dans l’admiration.

Dieu a peint sur un mur la création toute entière, toutes ses beautés, et si nous nous polissons nous-mêmes nous, les êtres humains, nous pouvons refléter cette peinture de Dieu. Nous pouvons arriver à refléter la pureté, la perfection et la divinité du Seigneur Suprême et Tout Puissant.

C’est ce que nous devons faire pour cultiver notre champ et polir notre vie. Nous devons déraciner toutes les mauvaises herbes et retirer tous les cailloux pour refléter la lumière de l’âme, la lumière de Dieu au dedans de nous. C’est un processus de longue haleine mais nous sommes déjà sur la voie.

Lorsque Jésus disait: « Je suis la voie, la vérité et la vie », il le disait en tant que fils de Dieu et aussi en tant que fils de l’homme. Chacun de nous est la voie. Il nous suffit de devenir conscients de note propre potentiel et que notre vie est la voie de la vérité, de la Divinité. C’est nulle part ailleurs, c’est à nous qu’il appartient d’atteindre cet état de conscience et de connaissance. Par la pratique de la méditation et de la prière nous pouvons atteindre finalement la réalisation de Dieu.

8- Bénis soient ceux qui sont persécutés pour la justice car le royaume des cieux leur appartient.

Nous devons nous dresser et livrer bataille. Si nous savons que notre voie est la bonne, nous ne devrions pas capituler devant la calomnie et les paroles dures de ceux qui veulent nous entraîner dans une autre direction sachant qu’elle n’est pas la meilleure pour nous.

Nous devons nous battre pour la vérité. Le challenge est de grandir et de gagner de la force malgré des circonstances difficiles. Au bout du chemin, la joie et la béatitude nous attendent, c’est la promesse de Jésus et de Dieu. Lorsque Jésus envoya ses apôtres et ses disciples dans le monde il leur dit de ne pas avoir peur de ceux qui peuvent détruire le corps mais pas l’âme. Craignez celui qui peut détruire le corps et l’âme en enfer. Nous avons souvent peur de nous faire mal ou de tomber malade. Nous devrions prêter davantage attention à notre vraie vie, la vie de l’âme. Nous ne devrions pas avoir peur mais rester fermement ancrés dans notre foi en Dieu. Si l’on se trouve insulté ou confronté avec violence, que doit-on faire? En tant que yogis, nous devrions être complètement dénués de toute violence et remplis d’ahisma: ne blesser personne en parole, pensée ou action. Mais comment est-ce possible lorsque quelqu’un nous fait du mal? Jésus répond: « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tend lui la gauche. » Au lieu de retourner la gifle vous devriez tendre l’autre. Qu’est-ce que cela signifie? Nous ne devrions pas agir avec violence mais au contraire essayer de répondre à la violence par la compassion et la compréhension. Laissez passer la cruauté à travers vous sans en être affecté . Ceux qui pratiquent les arts martiaux savent rester calmes et conscients pendant la lutte. De cette manière, l’agresseur peut éventuellement se laisser influencer par votre calme, s’examiner et découvrir le problème.

Je voudrais dire deux mots des Pèlerins de la Paix qui marchent pour la paix. Une femme se déplaça à pied à travers les États Unis pendant plus de 20 ans. Elle n’avait pas d’argent, simplement les vêtements qu’elle portait sur le dos et quelques poches. Elle marchait pour la paix. C’était sa mission. C’était une femme bénite, sainte, dénuée de peur. Elle avait trouvé la paix intérieure dans son propre soi et elle la conservait même en face de situations violentes. L’absence de peur en elle la rendait si calme et si paisible en toute occasion que même ceux qui auraient voulu lui faire du mal devenaient aussi calmes et tranquilles comme des enfants. Ce n’est que lorsqu’on a trouvé cette paix intérieure qu’on peut réellement aider les autres à trouver la leur. C’est une autre façon d’agir dans le monde, par la conscience, l’attention, la vigilance. Rester à la fontanelle, ne pas en redescendre. C’est un travail difficile, c’est un challenge. On n’est vraiment libre que lorsqu’on n’est plus esclave de ses émotions et de ses réactions.

Vivre pour Montrer l’Exemple

Les disciples de Jésus furent donc envoyés dans le monde pour répandre l’évangile du royaume de Dieu qui est en nous-mêmes. Ils ne prêchèrent pas que par leurs paroles mais aussi par leurs actions. Montrer l’exemple en vivant c’est vivre avec une compréhension supérieure de la vérité. Dans un état de conscience différent, avec une vision nouvelle et à travers l’esprit, on peut également arriver à cet état de vigilance, de conscience et d’épanouissement intérieurs. Respirer librement et se mouvoir librement dans ce monde comme des enfants de Dieu dans la maison de leur Père est notre héritage.

Qu’est-ce que le Changement?

L’appel au changement que Jésus nous lance est de nous changer nous-mêmes. Tous les prophètes disent la même chose encore et encore. Mais qui écoute réellement? Jésus dit aussi que ceux qui ont des oreilles entendent et que ceux qui ont des yeux voient. Ce n’est pas facile et même les disciples de Jésus ne comprenaient pas parfois lorsqu’il leur parlait en paraboles.

Contemplez un verset des écritures quotidiennement. On a peut-être de mauvais souvenirs de l’époque où on devait lire la Bible a l’école et essayer de la comprendre, mais il y a beaucoup de trésors cachés dans la Bible. Nous devrions lire la Bible et la relire. Gurudev conseille de lire chaque jour un verset pris dans une des écritures et de le contempler toute la journée. Essayez et pratiquez cela de plus en plus. On peut voir que Dieu a envoyé son fils et qu’Il envoie des messagers constamment pour nous aider à nous débarrasser de notre souffrance, de notre ignorance et de nos illusions. C’est son désir et son aspiration profonde que nous nous libérions. Essayons donc.

Qu’est-ce que la Vie?

Gurudev s’était maintes fois demandé: « Qu’est-ce que la vie? » Puis un jour il alla planter un manguier dans le jardin d’un docteur. Sur le chemin du retour il était si heureux et il disait: « C’est ça la vie. » Il vivait vraiment au présent en pleine conscience, sans perdre un seul instant, un seul souffle, sentant constamment que le pouvoir vivant de Dieu agissait à travers lui à chaque instant. Nous avons peur de la mort parce que nous ne savons pas comment vivre au présent et nous n’apprenons jamais ce qu’est la vie.

Fermons les yeux. Il y a peu de gens en ce monde qui cherchent l’éveil intérieur. Il y en a beaucoup qui ne recherchent que les plaisirs physiques. Mais pour certains, ce n’est pas suffisant. Nous voulons trouver la vraie joie, la vraie béatitude et la vraie vie avec l’aide des enseignements. Mais, en dernier recours, il faut faire le voyage intérieur et entrer dans le silence interne où Dieu nous parle directement. Allez de l’avant, allez plus loin, allez à la source. Rien ne peut vous arrêter si votre détermination est ferme. Vivre, c’est choisir comment vivre et la direction à prendre.

Om saha nav avatu
saha nau bhunaktu
saha viryam karavavahai
tejasvi nav adhitam astu ma vidvisavahai

purnam adah purnam idam
purnat purnam udacyate
purnasya purnam adaya
purnam evavasisyate
Om santih santih santih

Que les bénédictions, la béatitude, la joie éternelle de Dieu et des gourous et de Jésus et de tous soient avec nous. Que Dieu vous bénisse tous.

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La Bhagavad Gita

Interprétation métaphorique de Paramahamsa Hariharananda

Suite du numéro précédent de Soul Culture Online, tiré de la Bhagavad Gita à la lumière du Kriya Yoga, troisième volume, par Paramahamsa Hariharananda, en vente au Kriya Yoga Institute.

Chapitre 7 – Verset 3 et 4

Verset 3:

sattvanurupa sarvasya
sraddha bhavati bharata
sraddhamayo yam puruso
yo yacchraddhah sa eva sah

Traduction:

La foi de tous les gens est liée à leur condition mentale (la nature). Oh, Bharata (Arjuna), l’homme est le produit de sa foi. Il est ce qu’est sa foi.

Interprétation Métaphorique:

Le Seigneur parle: « Arjuna! Tu t’appelles Bharata. Ton mental est constamment tourné vers la vérité, l’illumination divine. Tu as le désir le plus profond pour la réalisation divine. Tu veux rester en permanence dans l’état spirituel et tu me questionnes donc constamment.

Je suis le Soi impérissable et tout puissant qui demeure au dedans. J’ai créé l’homme et la femme. Je respire par les narines de tous les êtres humains. Sous l’effet du souffle, les triples qualités de la nature se manifestent dans leur vie. Selon leur hérédité, leur environnement, leur culture, leur traditions familiales et aussi leurs dispositions variées, les êtres humains accomplissent différents types de travaux en fonction de leur foi. Cette foi dépend de leur qualités intérieures (svabhava). »

Certains font un travail spirituel, d’autres sont extrêmement accaparés par les activités matérielles tandis que d’autres sont paresseux et fainéants. Selon leur nature innée, ils se meuvent dans le monde matériel en demeurant dans l’ida ou le pingala. Ceux qui sont spirituels maintiennent leur mental dans le canal du sushumna par un environnement propice, la compagnie du maître et la pratique spirituelle (méditation sincère). Mais le mental de la plupart des gens reste constamment engagé dans l’activité (pingala) ou la paresse (ida). Le père tout puissant se cache dans le corps de chaque être humain et les dirige d’une manière différente en fonction de leur foi et de leur activité.

Pensez à un miroir. Si quelqu’un porte des vêtements propres et religieux et se place devant le miroir, il a l’air religieux. S’il se tient devant le même miroir avec un costume cher, une cravate et des chaussures, il a l’air rajasique. S’il a des vêtements sales, déchirés, dépenaillés, le même miroir renvoie l’image d’un être tamasique, pauvre et méprisable, simplement à cause de l’apparence.

Dieu est comme un miroir. Le vêtement que chacun porte est sa nature innée et sa foi. L’homme est ce qu’est sa foi. La foi est la personnalité profonde de l’homme. Cette foi découle des qualités de la nature et ces qualités (sattvique, rajasique ou tamasique) dépendent des actions de l’individu.

Lorsqu’un homme s’introvertit et porte son regard au dedans même superficiellement, il peut facilement voir que le corps, les sens, le mental et les pensées changent constamment. Mais grâce à la foi, tout le monde peut accroître ses qualités sattviques en maintenant de bonnes fréquentations, en vivant avec le maître, en pratiquant la méditation profonde et en étudiant les écritures.

Verset 4:

vajante sattvika devan
yakaarakaamsi rajasaa
pretan bhutagaoamc ca nye
yajante tamasa janaa

Traduction:

Ceux qui ont des dispositions sattviques rendent un culte aux dieux. Ceux qui ont un tempérament rajasique rendent un culte aux yakshas et rakshasas (demi-dieux) tandis que ceux qui ont des qualités tamasiques rendent un culte aux esprits des morts et aux fantômes.

Interprétation métaphorique:

En Sanscrit « dieux » se dit devas qui vient de la racine div. Div veut dire éther, sans forme. Ceux qui se concentrent à la glande pituitaire et à la fontanelle, la racine de l’arbre-corps (voir la Bhagavad Gita chapitre 15, verset 1), expérimenteront le véritable amour de Dieu. Là réside le pouvoir sans forme de Dieu, mais personne ne peut Le voir. De là, il respire. Si on arrive à y maintenir son attention par la concentration profonde, la méditation et l’aide du maître réalisé, on peut atteindre l’état sans forme. C’est un état très spirituel qui ne peut pas être atteint par des discours, le chant des mantras, la suggestion, la magie, l’hallucination, la spéculation ou l’imagination. Cet état est la sagesse. Les cinq organes des sens ne peuvent pas percevoir la sagesse; elle ne peut être perçue qu’en concentrant son attention au point atomique, dans la fontanelle.

Il y a cinquante types de souffles, dont quarante-neuf sont extrovertis et agités. Le souffle introverti, calme et tranquille, udana vayu, est une souffle extrêmement court. Lorsqu’on pratique cet udana vayu par la technique scientifique du Kriya Yoga, on peut sentir le contact du père tout puissant, la pulsation, le son divin, l’aum. Il n’y a pas besoin de faire le son aum avec la bouche; on peut percevoir l’illumination divine en allant au dessus de la fontanelle et par là, on peut atteindre le contrôle du souffle. Le contrôle du souffle est le contrôle de soi, la maîtrise du souffle est la maîtrise de soi et l’état d’absence de souffle est l’état d’absence de mort. C’est l’état de spiritualité le plus élevé. A ce niveau, il n’y a plus de perception du monde matériel. C’est l’état de calme extrême (divinité) décrit dans les écritures.

Néanmoins, il y a des gens qui rendent un culte aux dieux (non pas au Dieu unique mais aux dieux ou déités), pour leur profit personnel. Les gens rendent un culte à Shiva, Krishna, Surya, Ganesha et Durga qui sont les déités qui président aux différents organes des sens.. Shiva est dans l’oreille, Rama, Krishna, Narayana ou Vishnou et ainsi de suite sont dans la peau; Surya est dans les yeux; Durga, Lakshimi, Kali, Jagaddhatri ou Shakti et ainsi de suite sont dans la langue; et Ganesha est dans le nez. Ceux qui rendent un culte à ces dieux le font formellement et cérémonieusement. Ils ne savent pas comment percevoir leurs pouvoirs divins dans le corps tout entier.

Les gens qui sont rajasiques s’affairent dans une multitude d’activités, et essayent constamment de gagner et d’amasser d’énormes sommes d’argent dans les affaires, l’industrie du service ou d’autres activités qui s’y rattachent. Ils rendent un culte aux yakshas et rakshasas (demi-dieux). Yaksha est le seigneur de la richesse et Rakshasa est le seigneur de toutes sortes de protections. Les gens qui rendent un culte à ces demi-dieux thésaurisent et amassent de l’argent de mainte façons. Ils rendent également un culte à d’autres demi-dieux pour leur satisfaction matérielle.

Les gens qui sont tamasiques sont toujours à la recherche d’avantages personnels sans faire d’effort sincère. Ils rendent un culte aux fantômes, aux sorcières et aux esprits par la magie noire. A travers ce culte, ils obtiennent des pouvoirs des esprits mauvais et essayent de satisfaire leurs mauvais désirs. Ils ont de mauvaises dispositions et entrent parfois dans des états d’extrême furie. Ils sont extrêmement agités et sont loin de la vérité.

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Les Yoga Sutras de Patanjali

Commentaires de Yogiraj Shri Shri Lahiri Mahasaya – Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Prajnanananda

Suite du numéro précédent de Soul Culture et extrait du livre à paraître bientôt « Les Yoga Sutras de Patanjali à la Lumière du Kriya Yoga » (titre provisoire), par Lahiri Mahasaya, interprété par Paramahamsa Prajnanananda en consultation avec Paramahamsa Hariharananda.

SUTRA 29:

tatah pratyak cetanaadhigamo pyantaraayaabhaavashca

tatah = alors/donc
pratyak = le plus intime, le plus profond
cetanah = Soi/Conscience
adhigamah = compréhension/connaissance
api = aussi
antaryaah = obstacles
abhaavshca = extinction/destruction

Traduction:

Alors vient la connaissance du Soi le plus profond ainsi que la destruction des obstacles (à cette connaissance, à la vie yogique).

Commentaire de Lahiri Mahasaya:

Alors la connaissance de Dieu en tant que conscience directe apparaîtra et alors les obstacles qui rendent le mental agité s’évanouiront.

Interprétation Métaphorique:

Toute action engendre une multitude de conséquences. La vie est la manifestation de ces fruits de la poursuite continuelle des ces actions. Généralement, personne ne peut y échapper. Ceux qui ignorent cette loi secrète de l’action sont même davantage asservis à ses fruits, parfois doux, parfois amères.

Un chercheur sincère, un yogi, par la maîtrise de soi et l’effort conscient, essaye de suivre les pas du maître et progresse sur la voie de la réalisation. Dans la sutra précédente, deux choses sont mentionnées au sujet de la pratique:

1) Ishvara pranidhana: s’abandonner au Seigneur
2) Pranava sadhana: pratiquer Omkara (Om).

Le premier mot de cette sutra, tatah, reflète le fruit de cette pratique. Grâce à la pratique, deux choses s’accomplissent:

1) L’éveil de la connaissance du Soi
2) L’élimination des obstacles de la voie spirituelle.

La signification profonde de pratyak cetanaa est le connaisseur de la connaissance de son contraire. L’âme étant pure conscience est capable de connaître le corps, les sens, le mental, les émotions et le monde extérieur. Mais ce monde matériel et ses attributs ne peuvent pas se connaître eux-mêmes car la capacité de conscience leur manque.

Lorsque le mental se purifie, la connaissance du Soi se manifeste progressivement. On apprend à connaître le jeu de la force vitale grâce à ce son divin et on sent la présence divine.

Par la pratique régulière de la discipline spirituelle, en particulier de la perception du son Om continuel et présent en tout, et par la réflexion sur sa signification profonde, l’éclat de la conscience spirituelle s’accroît lentement.

Lorsque la fleur se transforme en fruit et atteint graduellement la maturité, deux choses se produisent à la fois: le fruit mûrit et la fleur sèche. Finalement, le fruit se détache naturellement de l’arbre.

Lorsqu’on progresse sur la voie spirituelle avec l’aide du maître et de la pratique sincère et régulière, les obstacles sont perçus comme des ennemis puissants.

Oh chercheur! Ne perds pas espoir. Ces entraves au milieu du chemin sont naturelles. Tu as accepté cette voie d’évolution spirituelle. C’est le tranchant du rasoir. Aie la foi et poursuit ta pratique dans l’amour et la loyauté implicites.

Dans la deuxième partie de cette sutra, le Sage nous assure que ces obstacles qui paraissent inébranlables et insurmontables se dessécheront et s’évanouiront progressivement. Aucune obscurité ne peut subsister lorsque le Soleil lumineux se lève.

On trouvera une discussion plus approfondie sur ces obstacles dans les deux sutras suivantes.

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