Réalisation Divine Vol 14.3

Paramahamsa Hariharananda fait un signe de salut de la main
Paramahamsa Hariharananda

Sommaire

Message du Maître

Paramahamsa Hariharananda

L’âme unique joue le double rôle du disciple et du gourou-précepteur. Tout individu recherche le progrès. D’un côté on doute et on s’interroge et de l’autre, l’âme, en tant que gourou, guide et répond. Les écritures disent atmaiva gururekam, seule l’âme est le gourou. Lorsque le chercheur monte à la glande pituitaire par la méditation il fait des expériences spirituelles variées. Au cours de ces expériences, il reçoit les réponses à toutes les questions qu’il se pose intérieurement.

Le Seigneur, le soi intérieur, dit: « Je suis le temps éternel. Tout est créé dans le temps. Tout arrive à sa fin dans le temps. Je suis là pour annihiler tous les mondes, les lokas. Il y a sept lokas dans les sept centres. Ces sept lokas perdent leur existence séparée et ne font plus qu’un dans la méditation. Ainsi on est libéré de la sensation du corps et du monde. »

Le temps ou la durée de vie de chaque personne est mesuré par le souffle. A chaque souffle la durée de vie de la personne diminue progressivement, mais personne ne le remarque. Le souffle agité est la mort. En conséquence, ceux qui éprouvent de la colère, de l’ego, de la passion et de l’émotion font décroître leur durée de vie rapidement. Par la méditation et le contrôle du souffle on peut se libérer de l’agitation, atteindre la réalisation et posséder la vie éternelle.

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Un passage du livre : Gouttes de nectar

Par Paramahamsa Hariharananda
Rédigé par Paramahamsa Prajnanananda

Il vous faut entretenir deux choses, KRI (le travail que vous faites) et YA (le pouvoir de Dieu qui vous aide à faire ce travail).

Soyez conscient que vous êtes le pouvoir de Dieu

Un extrait du livre Gouttes de Nectar de Paramahamsa Hariharananda rédigé par Paramahamsa Prajnanananda. On peut se le procurer en anglais à « http/www/kriya.org » traduction en français en cours de rédaction

Copyright 1996 Paramahamsa Prajnanananda. Tous droits réservés.

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Fleuve de compassion

Extrait d’une biographie de Paramahamsa Hariharananda par Paramahamsa Prajnanananda.

Chapitre 3: En route pour Puri

Puri: La Demeure du Seigneur Jagannath

L’héritage et l’histoire de Puri, une petite ville sur la côte Indienne, remonte à des milliers d’années. L’histoire des civilisations ne fait aucune mention de sa fondation. Puri est une ville de temples, d’ashrams, d’ermitages et de monastères. Sa divinité protectrice
est le Seigneur Jagannath, dont le nom signifie littéralement ‘Seigneur de l’Univers’. Puri est l’une des quatre importantes teerthas de l’Inde. Au centre de la ville se trouve l’ensemble colossal de temples du Seigneur Jagannath. D’un côté l’océan et de l’autre le fleuve s’étalent dans toute leur gloire. Baigné par la beauté de la nature, Puri attire des gens du monde entier qui y viennent pour passer quelques temps dans la paix et la joie. Bien que la densité de population y soit relativement faible, la ville est constamment bondée et active de par le nombre fluctuant de pèlerins et de touristes.

Le climat est modéré, parfois humide, mais très propice à la méditation et à la pratique spirituelle. Du fait de sa situation sur la côte, Puri est considérée comme une station balnéaire.

Puri est une ville sainte où chaque mois sont célébrés des festivals religieux qui y créent un surcroît d’activité et renforcent sa beauté. Le Festival du Chariot du Seigneur et la cérémonie du Bain attirent des millions de visiteurs du monde entier. Bien que de petite taille, Puri est une ville cosmopolite.

Le temple offre le darshan de la forme  » sans forme  » du Seigneur de l’Univers, tel qu’il est décrit dans les Védas et d’autres Saintes Écritures. L’océan représente la gloire de la Nature en tant que Mère Divine et rappelle à l’homme sa propre nature intérieure. Voir l’océan ouvre l’esprit à l’amour et au calme.

Des saints et sages de différentes religions sont attirés à Puri pour y prêcher leur évangile. Les habitants y sont très tolérants et ont les idées larges. Ils honorent et aiment tout le monde. On y trouve des centaines d’ashrams et de monastères, petits et grands, et des milliers de moines pratiquant avec foi et amour les techniques reçues de leurs gourous.

Swami Shriyukteswar se rendit plusieurs fois à Puri pour y recevoir le darshan du Seigneur Jagannath et pour y discuter des Écritures et d’astrologie avec d’autres érudits. Il y avait en effet un grand nombre d’érudits renommés dans différentes branches de la philosophie et des sciences qui y résidaient. A l’époque il n’y avait pas de desserte directe par le chemin de fer et il prit donc un bateau à vapeur qui s’y rendait par la mer. Il logeait généralement dans un ermitage du nom de Vidura Math qui se trouvait près de l’océan.

A côté du Vidura Math se trouvait un terrain vague où il allait méditer à l’occasion. La vibration spirituelle qu’il ressentait à cet endroit l’incita à y créer un ashram. A l’époque, il n’avait pas encore été initié aux ordres monastiques et était connu sous le nom de Priyanath Karar.

Il se rapprocha donc de la municipalité locale pour proposer la création d’un ashram destiné à devenir un Centre de Méditation Kriya Yoga ainsi qu’un centre de discussion des Écritures, d’éducation et de pratique spirituelle. Il obtint l’autorisation de louer le terrain pour une durée de 99 ans. Étant un astronome et astrologue réputé, il considérait le 22 mars (le jour de l’équinoxe de printemps quand le jour et la nuit sont d’égale durée) comme un jour favorable et fonda l’historique Karar Ashram à cette date en l’an 1903.

Non seulement Karar était le nom de famille de Priyanath mais il signifie également sevaka ou serviteur. Le vrai service est celui qui rend un individu capable de réaliser son véritable état, le Soi, grâce auquel il trouve la paix et la béatitude. En vue d’implanter la graine de la spiritualité dès l’enfance, Shriyukteswar créa une école pour jeunes célibataires. Les activités régulières de l’ashram comprenaient prière quotidienne et méditation tôt le matin, étude et enseignement pendant la journée, satsanga l’après midi et méditation le soir. En plus il y avait des promenade sur la plage et des baignade, des visites au temple Jagannath et parfois du temple Loknath à la périphérie de la ville. Shriyukteswar encourageait ses étudiants à lire la Baghavad Gita et l’Evangile de Ramakrishna ainsi que d’autres écritures.

Une autre particularité de l’ashram était l’observation régulière du onzième jour de la quinzaine lunaire. En ce jour particulier, toutes les activités du centre se poursuivaient à l’exception de l’enseignement et de la cuisine. Dans l’après midi, de la nourriture en provenance du temple Jagannath arrivait à l’ashram et était servie aux résidents. Jeudi était le jour de repos. Les étudiants, les enseignants et autres résidents prenaient part au nettoyage, à la préparation des repas et au jardinage.

Dès le début le Karar Ashram devint un centre d’attraction pour les véritables chercheurs spirituels. Après le mahasamadhi de Shriyukteswar, le corps physique de ce grand yogi fut enterré dans l’enceinte de l’Ashram par son cher disciple Paramahamsa Yogananda dans la position du lotus comme le veut la tradition. Il y a maintenant à cet endroit un joli petit temple avec un autel, un Siva Linguam et un endroit réservé à la méditation silencieuse. Cet Ashram est chargé de vibrations spirituelles qui introvertissent et calment le mental facilement.

Après le mahasamadhi de Shriyukteswar, Paramahamsa Yoganandaji initia bramachari Sudhir de l’Ashram de Ranchi à l’ordre des swamis et lui confia la tâche d’entretenir la demeure de son Gourou avec soin et amour. Le nouveau swami fut connu sous le nom de Sevananda.

Réalisation de la prophétie de Swami Shriyukteswar

« Que tu le veuilles ou non » dit un jour Shriyukteswar au jeune Rabi,  » tu auras une grande destinée. Ta vie n’est pas comme celle des gens ordinaires qui passent leur temps et dépensent leur énergie dans les plaisirs matériels. Ta vie est destinée au renoncement et à la réalisation, si ce n’est pas tout de suite, cela arrivera plus tard à coup sûr. » Telle fut la prophétie du grand Gourou Shriyukteswar à son jeune disciple Rabi qui était à l’époque indécis sur son entrée dans l’ordre monastique et sa poursuite d’une vie à l’ashram.

Le temps est le juge éternel et le témoin de tout. A la fin, la vérité l’emporte. La séparation physique de son Divin Gourou était vraiment insupportable pour un disciple sincère comme Rabi et Paramahamsa Yogananda était loin en Occident, difficile à joindre même par courrier.

De plus en plus de méditation et de prière sincère rendirent Rabi de plus en plus introverti. Celui qui se serait arrêté à son aspect extérieur, ses vêtements à la mode et ses traits élégants, n’aurait pu imaginer qu’il y avait en lui cette flamme brûlante du renoncement, l’appelant à chaque moment de silence: « Debout, réveille-toi, fais des efforts sincères et atteins la réalisation. » Il approchait la trentaine. Les membres de sa famille voulaient le marier. Son père connaissant la destinée de son enfant depuis sa naissance attendait silencieusement que sa prédiction astrologique se réalise. Son gourou précédent, Shri Bijoy Krishna l’encourageait à fonder une famille tout en continuant la méditation et la pratique spirituelle. Mais l’âme était assoiffée de méditation plus profonde et d’entrer au royaume de la béatitude céleste, le samadhi.

Chez tout chercheur spirituel un combat s’engage entre d’un côté la sécurité d’une vie sociale et de l’autre le désir de la réalisation du Soi. Celui qui est sincère et sérieux met de côté toutes les tentations temporaires des plaisirs du monde et saute dans le feu du renoncement.

Finalement Rabi décida de prendre un congé d’environ deux mois et d’aller à Puri pour se changer les idées et méditer plus profondément. Il envoya l’un de ses proches amis en éclaireur pour trouver un logement convenable à louer dans les environs immédiats du Karar Ashram.

Le gourou immortel

Le Gourou est immortel. Son enveloppe mortelle peut décliner et mourir, mais l’esprit immortel du Gourou guide le disciple de maintes façons pour atteindre la finalité de la réalisation du Soi.

Paramahamsa Yoganandaji qui avait enterré le corps de son cher Gourou dans le sable du Karar Ashram eut la surprise de le voir à Bombay dans sa chambre d’hôtel, qui était fermée à clé. « Est-ce bien vous en chair et en os ! », s’écria t-il surpris et incrédule. La magnifique conversation entre le gourou immortel et le disciple divin est retranscrite dans son Autobiographie d’un Yogi. Tout le monde a lu la résurrection de Jésus dans la Sainte Bible. Au début beaucoup de ses disciples y compris Thomas ne pouvaient y croire, mais lentement la nuée de confusion et d’incrédulité se dissipa. L’âme est immortelle. On peut se matérialiser en fonction de son niveau spirituel pour accomplir la Volonté Divine. Shriyukteswar le démontra à plusieurs reprises.

L’ami de Rabi arriva à Puri. Après s’être rapidement renseigné, il atteignit le Karar Ashram. En cette saison, il n’y avait pas grand monde à Puri. Très peu de maisons et d’hôtels étaient directement en bord de mer. S’étant introduit dans l’enceinte de l’Ashram le jeune homme rencontra un vieux moine et une brève conversation s’ensuivit. Avant même qu’il ait pu énoncer le pourquoi de sa visite, le vieux moine lui dit: « Vous êtes venu de la part de Rabi pour trouver une maison convenable pour y passer quelques temps. Ne vous inquiétez pas. Il y a une maison bien meublée au sud de l’Ashram. La personne qui s’occupe de cette maison vit près d’ici. Si vous lui dites que vous venez de la part du Karar Ashram, il n’y aura aucun problème pour la louer. »

Le jeune homme était un peu surpris et se demandait comment ce vieux swami connaissait son ami Rabi. Il fit toutes les démarches nécessaires pour louer la maison au nom de Rabi et l’en informa. Rabi demanda un congé à son employeur pour raison de santé et se rendit à Puri par le train. C’était sa première visite à Puri. Le train approcha lentement la gare de Puri. L’excitation faisait battre le cœur de Rabi.

La gare de Puri est remplie de prêtres du temple et de leurs représentants qui essayent de faire affaire avec les pèlerins en leur offrant de les aider à trouver un logement à Puri et pour le darshan au temple Jagannath. Evitant la foule, Rabi sortit lentement de la gare. Il toucha le sol de Puri et s’en marqua le front. Le sable sacré de Puri fit vibrer le corps de Rabi. Il monta dans un pousse-pousse et donna l’adresse du Karar Ashram. Le pousse-pousse se dirigea lentement vers la mer.

C’était un matin de juin. La première fois qu’il vit l’immensité de la mer, Rabi fut transporté d’amour pour Dieu. Il sauta du pousse-pousse et courut vers la mer, oubliant ses bagages et tous ses objets de valeur. C’était l’appel de l’infini à l’âme du jeune chercheur.

Il était littéralement devenu fou d’amour pour Dieu et pour la Nature qui n’est rien d’autre qu’une de Ses manifestations. Un jour, Shri Chaitanya devint fou en regardant le bleu de la mer, ce qui lui rappelait son bien-aimé Krishna, et il se précipita dans l’eau inconscient de ce qui l’entourait. Les pêcheurs durent aller à plusieurs reprises à sa rescousse pour le sauver des eaux de la mer.

Rabi était captivé par la vision de l’océan et perdu dans l’extase divine. Le pauvre conducteur de pousse-pousse était déconcerté et attendait sur le bord de la route. Au bout d’un moment il apporta les bagages de Rabi près de la mer et dit: « Qu’est-ce que vous faites ? Je ne peux pas attendre toute la journée. Il faut que je retourne au travail. J’ai une famille à nourrir. »

Le jeune homme, absorbé dans sa vision de l’océan et en extase divine, lui prit les sacs des mains et lui donna une bonne somme d’argent. Le pauvre conducteur n’avait jamais vu une somme pareille de toute sa vie. Il dit: « Mais, Monsieur, c’est beaucoup plus que ce que vous me devez! Est-ce que vous êtes-vous fou? »

« Je vous en prie, gardez tout comme un cadeau d’ami, mais n’en dites rien à personne », répondit Rabi.

Le conducteur de pousse-pousse n’avait jamais vu un jeune homme aussi fou et si généreux, bien qu’il ait vu des centaines de touristes, de pèlerins, de moines et de saints hommes en visite à Puri. Inquiet pour Rabi, il resta sur la route et garda un œil sur lui. Au bout d’un moment Rabi revint dans son état normal et se souvint qu’il était en route pour sa nouvelle maison qu’il n’avait pas encore vue. Le conducteur de pousse-pousse l’amena à sa nouvelle maison située juste à côté de l’Ashram de son bien-aimé Gurudev. On pouvait voir l’Ashram depuis la terrasse de la maison.

Le jour de l’arrivée de Rabi à Puri était un jour de pleine lune, un jour de célébration spéciale au temple du Seigneur Jagannath. Les trois déités du temple principal sont amenées à l’extérieur vers un autel de bains pour la cérémonie spéciale du bain. Après la pleine lune personne ne peut plus voir le Seigneur pendant seize jours complets. Ensuite on célèbre le fameux rathayatra (festival des chariots) de Jagannath.

Le soir Rabi vint recevoir le darshan de Jagannath. Il flottait vraiment dans un océan d’extase, comblé par la triple vue de l’océan, du Seigneur Jagannath et entre les deux de la sainte demeure de Shriyukteswar. Il pria Dieu mentalement pour qu’il lui accorde la chance de rester à Puri plus longtemps.

Après sa méditation du soir Rabi se promenait sur la terrasse de sa résidence avec son ami. Il faisait presque noir mis à part la faible lueur de la lune suspendue dans le ciel. La brise rafraîchie par la mer caressait leurs corps. De la terrasse ils pouvaient voir l’océan d’un côté et l’Ashram de l’autre.

Sous la faible clarté de la lune l’Ashram était bien visible. Depuis la terrasse, Rabi aperçut Swami Shriyukteswar, son Gurudev bien-aimé, marchant dans les jardins de l’Ashram en direction de sa résidence! Il frissonna et ses cheveux se dressèrent sur sa tête tandis qu’il pensait: « Vous êtes grand! Vous êtes un précepteur éternel! »

Puis Rabi tendit le doigt vers Shriyukteswar et demanda à son ami: « Est-ce que tu vois quelqu’un qui marche dans le jardin et vient lentement dans notre direction? »

Son ami répondit: « Oui, c’est le vieux moine qui m’a indiqué cette maison et celui qui s’en occupe. »

Rabi répliqua: « C’est mon Gurudev bien-aimé, Swami Shriyukteswarji. » Surpris, son ami enchaîna: « Quoi? Ne m’as tu pas dit que ton Guruji n’est plus dans son corps? » « C’est exact », dit Rabi. Son ami était effrayé. Il avait rencontré et s’était entretenu avec un mort, sans doute un esprit. S’écriant « UN FANTÔME », il s’évanouit. Il fallut un bon moment à Rabi pour le ramener à son état normal.

Le divin maître a le pouvoir de prévoir le futur de son disciple. Mais au début le disciple ne peut comprendre la prophétie du gourou-précepteur. Lorsque l’étudiant s’en rend compte, il peut avoir perdu un temps précieux. Tel est le jeu Divin.

A la Kumbha Mela d’Allahabad où Priyanath (nom pré-monastique de Swami Shriyukteswarji) s’était rendu pour jouir de la sainte présence d’un grand nombre de moines, un jeune homme l’interpella: « Swamiji, Swamiji, venez, je vous en prie. Un mahatma veut vous parler. Priyanath ne comprenait pas pourquoi on l’appelait « Swamiji ». Lorsqu’il se trouva en la présence du moine qui voulait le voir, Priyanath demanda: « Je suis un père de famille. Pourquoi m’appelez-vous Swami? » Le moine répondit avec un sourire: « Je dis ce que je vois et ce que je dis se réalise. Pourquoi cela te chagrine-t-il? » Ce moine n’était autre que Babaji, le grand avatara et le bien aimé parama Gourou de Priyanath. Dix ans plus tard la prévision de Babaji se réalisa lorsque Priyanath reçut l’initiation monastique et devint Shriyukteswar. De même, Shriyukteswar encouragea Rabi à aller à Puri et à s’installer à l’Ashram pour y méditer en isolement et Rabi pensa qu’il n’était pas prêt. Mais la vision de Shriyukteswar était lentement en train de prendre forme et de devenir réalité. Chaque jour Rabi allait au Karar Ashram pour prier, méditer et passer du temps au samadhi de Shriyukteswar, une hutte de chaume et de bambou.

Pendant son séjour de quelques mois à Puri, le jeune Rabi attira l’attention de nombreuses personnes instruites et de personnages officiels de la ville, avec son apparence soignée, ses manières cultivées et sa personnalité plaisante. Ils étaient fascinés par ce jeune homme riche et bien éduqué et s’en firent un bon ami. Quelque temps s’écoula en méditation et à se faire de nouveaux amis.

Le mois de novembre 1937 arriva. C’était un jour de nouvelle lune dédié au culte de la Divine Mère Kali qui se célèbre à minuit. A l’époque un bon nombre de familles Bengalies vivaient le long de la côte dans les environs de Swargadwara. Tout était prêt pour la célébration des rites du culte de Kali, mais le prêtre qui devait jouer le rôle du tantra dharaka pour la lecture et les chants tirés des écritures n’était pas là. C’était l’heure de commencer la cérémonie et les organisateurs commençaient à s’inquiéter. Voyant leur détresse Rabi qui était présent s’approcha pour les aider.

Voyant ce jeune homme vêtu à l’occidentale, il lui demandèrent avec surprise: « Vous! Vous connaissez ces écritures compliquées? » « Je vous en prie, commencez la cérémonie et vous verrez », répondit humblement Rabi. La cérémonie commença. Tout le monde était étonné devant les compétences de Rabi en matière de rites du culte et de chants des mantras et par sa mémoire remarquable.

Durant cette période Rabi visita aussi d’autres ashrams et maths faisant connaissance avec des moines et observant leurs activités. Il eut également la chance de rencontrer des personnalités divines telles que Ananda Moyee Ma, la bienheureuse mère, Nanga Baba et bien d’autres.

A suivre au prochain numéro…

Extrait de Paramahamsa Hariharananda, Fleuve de Compassion, une biographie écrite par Pramahamsa Prajnanananda. On peut se la procurer en anglais à http://www.kriya.org/catalog_store/spg_books.htm , devrait être publiée en français en 2007
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Le yoga originel, chemin de vie , chemin d’amour

Extrait du livre de Paramahamsa Prajnanananda

Chapitre 4: Le Yoga et la Vie de famille

Om srnvantu visve amrtasya putrah
a ye dhamani divyani tasthuh
vedahametam purusam mahantam
aditya varnam tamasah parastat
tameva viditva atimrtyum eti
nanyah pantha vidyate ayanaya
(Svetasvatara Upanisad 2-5 & 3-8)

(Cette prière tirée du Svetasvatara Upanisad est composée de la deuxième moitié du cinquième verset du deuxième chapitre et du huitième verset du troisième chapitre qui sont communément récités ensemble.)

Nous sommes tous des enfants de l’immortalité. Nous devons percevoir la présence de Dieu en nous, en dehors de nous, partout. Si l’on arrive à le percevoir, nos vies seront alors plus belles, plus paisibles et plus divines. Si l’on n’arrive pas à le percevoir, la vie peut être pénible. Ce chant tiré des Upanisads est un appel à tous: « Oh, enfant de l’immortalité! Mène une vie divine et embellit ce monde. » Om, Amen.

La Spiritualité n’est Pas Que Pour Les Moines

Dans la mythologie indienne, il y a l’histoire d’un fils et de son père. Le père est un érudit réputé et un sage. Le fils est tout aussi intelligent et mène une vie de jeune célibataire dans la stricte discipline. Le père ordonne à son fils d’aller voir un gourou pour continuer son apprentissage des disciplines spirituelles. Lorsque le fils demande quel gourou il doit aller voir, le père répond qu’il devrait aller voir un certain roi pour recevoir son enseignement. Le fils est surpris d’entendre qu’un brahmachari comme lui doive aller voir un roi pour apprendre la spiritualité. Avec quelque hésitation, il suit les directives de son père et se met en route pour aller voir le roi. Lorsqu’il arrive au palais du roi, l’autorisation de le voir lui est refusée pendant trois jours pendant lesquels personne ne s’occupe de lui. Mais il attend patiemment. Finalement le roi le fait appeler et lui demande quel est le but de sa visite.

Au moment de cette rencontre, le roi est en partie dévêtu et de jolies filles lui font un massage. Le jeune brahmachari se met à penser: « Comment cet homme peut-il être mon gourou et quel genre de spiritualité peut-il m’enseigner? Pourquoi mon père m’a-t-il envoyé ici? » Ses pensées sont interrompues par le roi qui lui demande: « Ton père t’a-t-il envoyé ici pour méditer et continuer ton apprentissage de la vie spirituelle? » Il répondit que oui. Le roi lui demande alors s’il peut d’abord lui rendre un service, ce que le jeune homme accepte.

Le roi lui donne un pot rempli d’huile à ras bord et lui demande de faire le tour du palais avec le pot et de revenir le voir. Le roi donne ses ordres pour que de nombreuses distractions soient organisées le long de son périple, telles que de la musique et des danses. Un peu plus tard, le jeune brahmachari revient voir le roi avec son pot plein d’huile. Le roi lui demande: « As-tu renversé de l’huile? » Le jeune homme répond que non. Le roi lui demande alors: « N’as-tu rien remarqué en chemin? » Il répond que non. Le roi lui dit: « Il y avait plein de musique et de danses sur ton chemin. Ne l’as-tu pas remarqué? » Le jeune homme répond: « Mon attention était complètement concentrée sur le pot d’huile. A la moindre distraction j’aurais renversé de l’huile. Toute ma concentration était dirigée sur le pot. » Alors le roi lui dit: « Mon enfant, tu étais mécontent de voir mon entourage. Mais, de même que toute ton attention était concentrée sur le pot d’huile, sans que la musique ou la danse ne puisse t’en distraire, mon attention est entièrement concentrée sur Dieu uniquement et sur rien d’autre. »

A la suite de cela, le jeune brahmachari resta avec le roi pendant quelques temps en tant que disciple, engagé dans la pratique spirituelle, puis quitta le palais après avoir rendu au roi le respect qui convient. Ce jeune homme était Suka et son père le sage Vyasa, l’auteur de la Baghavad Gita, du Mahabharata et de nombreuses autres écritures. Le roi était Janaka. Je raconte cette histoire pour montrer que la spiritualité n’est pas le monopole des moines ni d’un certain groupe de gens, mais est pour tout le monde.

Un jour, lors d’une réunion en Inde où je devais prendre la parole sur la Gita, l’hôte était le Chef de la Justice, et il prit la parole avant moi. Dans son discours il dit que la Baghavad Gita était pour les moines, ceux qui ont renoncé à tout et les yogis. Prenant la parole après lui je dis: « Avec toutes les excuses que je lui dois, je me permets de contredire l’orateur qui vient de parler avant moi. C’est un chef de famille, Krishna, qui a enseigné la Baghavad Gita à un autre chef de famille, Arjuna, au milieu d’un bataille. Krishna et Arjuna étaient tous deux mariés avec plusieurs femmes et vivaient au sein du monde. Si un chef de famille peut enseigner la Baghavad Gita à un autre chef de famille, d’où viennent ces moines qui la pratiquent? La Baghavad Gita est pour tout le monde. » Dans la société, les moines et les célibataires viennent aussi d’une famille. Le chef de famille est la racine de la société toute entière et il assure la nourriture et le logis à ceux qui en ont besoin.

Dans le monde animal, lorsqu’une vache par exemple donne naissance à un veau, en quelques minutes le veau est capable de se tenir debout, de boire son lait et même de marcher. Mais un bébé humain a beaucoup moins de défenses et dépend beaucoup plus des soins de sa mère. L’enfant humain dépend de ses parents pendant plus longtemps au niveau physique, mental et intellectuel.

Les Yogis Chefs De Famille

Le yoga est pour tout le monde y compris les chefs de famille. Si vous considérez la lignée des Maîtres du Kriya, vous verrez que Lahiri Mahasaya était un père de famille. Shriyukteswar était au départ un père de famille et embrassa plus tard une vie de renoncement. Shri Sanyal Mahasaya fut aussi un chef de famille toute sa vie durant. Lorsqu’on observe la vie de ces Maîtres, on est encouragé à penser que le yoga est aussi pour les chefs de famille et que de vivre en famille n’est pas un obstacle à la vie spirituelle. Il est bon d’être un chef de famille et de dissimuler sa spiritualité. La spiritualité est un état d’esprit intérieur, un état d’équilibre. La vie indisciplinée d’une personne non mariée est moins bonne que celle d’un chef de famille discipliné. La plupart des sages de l’Inde ancienne étaient mariés. De grands sages comme Vyasa, Vasistha ou Atri, dont nous suivons toujours la splendide sagesse et les enseignements, étaient tous mariés, avaient des enfants et menaient une vie familiale idéale et disciplinée.

Comment peut-on mener une vie yogique tout en restant en famille et au sein de la société? Tout le monde ne doit pas devenir moine, ni ne peut devenir moine. On n’a pas besoin d’un grand nombre de moines. Ce qu’il nous faut, ce sont de meilleurs chefs de famille. Souvenez-vous que les moines ne viennent pas du ciel. Ils sont issus d’une famille. J’ai une mère et un père. Je ne suis pas tombé du ciel pour vous enseigner.

Il y avait un prince qui devint roi après la mort de son père. La reine, sa mère, savait que son fils était destiné à mourir un an plus tard. Un jour elle le fit appeler et lui dit: « Ton père avait de nombreuses épouses mais pendant longtemps il n’arriva pas à avoir d’enfant. Après des années de prière et de méditation j’ai fini par te concevoir. Mais je dois te dire que tu n’as plus qu’un an à vivre. Tu as le choix entre deux possibilités: tu peux soit jouir de la vie pendant un an et, à la fin, trouver la mort ou abandonner la jouissance pour prier et méditer pendant un an et voir ce qui arrive. »

Le fils, troublé par cette nouvelle répondit: « Si tu connaissais ce secret, pourquoi m’as tu laissé me marier avec toutes ces femmes? Après toute cette vie de luxe et de jouissance tu veux maintenant que je quitte tout et me mette à méditer? Je ne sais pas comment prier, ni comment méditer. Qui va m’apprendre et être mon gourou? »

La mère répondit: « Mon fils si tu veux ton propre bien, suis moi. » Elle l’emmena tard dans la nuit pour rencontrer un balayeur. L’histoire raconte que, lorsqu’ils arrivèrent, le balayeur était assis dans la rue et ordonnait aux balais de la balayer, ce à quoi ils obéissaient. Puis ils virent le jeune fils du balayeur s’approcher de son père et lui demander de l’eau de noix de coco verte. Le balayeur ordonna à un cocotier de se pencher vers le sol pour que son fils puisse cueillir une noix de coco verte. Le prince, impressionné par les pouvoirs magiques du balayeur vint se prosterner à ses pieds avec la reine. La reine demanda au balayeur d’enseigner la méditation à son fils et de l’aider à conquérir la mort, ce que le balayeur accepta et le jeune prince conquit la mort par la pratique de la méditation et du yoga.

Cette histoire a été reprise dans une très belle chanson écrite dans ma langue maternelle et que ma mère chantait. Je l’ai apprise d’elle. Un jour ma mère me demanda: « Ne vas-tu pas te marier? » Je lui répondis: « Ne serais-tu pas comme la mère de l’histoire que tu me chantais quand j’étais enfant? »

Un Rôle A Jouer

Nous devons vivre dans le monde de telle sorte que l’harmonie s’établisse entre nos vies spirituelle, sociale et familiale.

Examinons la vie de Lahiri Mahasaya. Il se maria jeune, n’avait pas de père, dut faire face à des disputes avec ses frères, travailla et prit soin de sa femme. En plus de son activité professionnelle principale, il fut forcé de prendre un travail supplémentaire de tuteur privé pour pouvoir entretenir sa famille. Après son initiation au Kriya alors qu’il avait la trentaine, il voulait rester avec son gourou, Babaji, et mener une vie monastique. Mais il fut renvoyé dans le monde pour démontrer par l’exemple qu’un chef de famille peut aussi être un yogi. Sa vie est un message pour tous. Après son initiation il eut cinq enfants. Ne pensez pas que pour méditer, maris et femmes ne peuvent pas être ensemble. Il suffit de pratiquer la modération. Lahiri Mahasaya fut confronté à de nombreuses situations pénibles au cours de sa vie. L’une de ses filles mourut et une autre était veuve, mais il y fit face d’une façon équilibrée et détachée.

Shriyukteswar était marié. Après le mariage de sa fille et la mort de sa femme, avec la permission de sa vieille mère, il se fit moine. Même après cela il continua à s’occuper de sa mère, faisant le nécessaire pour qu’elle puisse aller vivre à Bénarès comme elle le souhaitait.

Arjuna ne voulait pas faire la guerre et aurait préféré se faire moine, mais Krishna lui demanda de faire son devoir, et d’aller au combat. Nous ne devons pas fuir la vie mais lui faire face avec force et courage.

Un européen marié écrivit une lettre à Baba à propos du manque de coopération de sa femme avec sa pratique du Kriya Yoga. Je lus sa lettre à Baba mais il n’y répondit pas. Plus tard je me rendis en Europe et rencontrais le couple à un programme. Je demandais au mari s’il avait reçu une réponse à sa lettre. Il dit que non. Je dis alors que j’aimerais leur parler à tous les deux et je leur demandais s’ils vivaient vraiment ensemble. Immédiatement le femme répondit: « Nous vivons ensemble mais il dort dans une autre pièce parce qu’il ne peut pas méditer quand je suis près de lui.  » Je lui dis: « Vous n’êtes pas moine. Si vous voulez devenir moine, quittez tout et allez-vous en. » Il dit qu’il ne pouvait pas le faire car il avait une femme et un fils. Je lui dis alors: « Dieu vous a mis dans une certaine situation. Jouez donc votre rôle au mieux. Aimez vous et vivez ensemble. » C’était il y a un an et demi. Il sont maintenant si heureux et ils méditent ensemble. Lorsque je suis allé récemment en Allemagne, ils sont venus passer une semaine et lorsque je suis allé en Hollande, ils y étaient aussi. Ils rendent service à leur précepteur et pratiquent le Kriya ensemble.

Un autre jeune homme en Europe vint à moi avec le même problème. Il me dit que, dès qu’il s’asseyait pour méditer sa femme allumait la télévision, claquait les portes et faisait pleurer les enfants. Je lui dis qu’il fallait qu’il fasse savoir à sa femme qu’il l’aimait. Elle se sentait insécurisée et ressentait sa méditation comme un obstacle entre eux deux. Je lui conseillais de rentrer chez lui et d’être plus attentif envers sa femme et de méditer lorsqu’il en trouverait le temps. La pratique du souffle du Kriya est si belle que, même lorsque vous êtes occupés à autre chose, il est possible de concentrer votre attention sur le souffle. Un mois plus tard, il revint avec sa femme qui voulait être initiée. Nous devons vivre en société et en famille avec amour et modération. La vie de chef de famille nous fait grandir spirituellement.

Organiser Son Temps

Lahiri Mahasaya disait que Dieu ne nous avait donné que vingt quatre heures par jour et qu’il nous fallait un plan pour les organiser. Il établit un emploi du temps détaillé pour ces vingt-quatre heures. Il les divisa en trois périodes de huit heures chacune. Chacun de nous possède trois qualités, sattvique, rajasique et tamasique en quantité proportionnellement variée. Sattvique est calme, rajasique est active et agitée et tamasique est paresseuse, oisive et fainéante. Lahiri Mahasaya recommandait donc de passer huit heures à des activités sattviques, huit heures à des activités rajasiques et huit heures à des activités tamasiques. Il réservait donc huit heures ou un tiers pour le travail, pour gagner sa vie, un tiers pour le repos, pour les loisirs et un tiers pour la famille et la méditation.

Planifiez votre temps. Fixez-vous un horaire régulier pour méditer tous les jours. Si vous pratiquez régulièrement la méditation Kriya, votre temps de sommeil diminuera. Il fut un temps où je dormais entre 18 et 20 heures par jour. Je dormais même en classe. Je ne me levais que pour manger et prendre une douche. Plus tard, avec la pratique du Kriya tout se mit à changer.

Fixez-vous une période d’au moins un quart d’heure si possible pour lire ensemble avec votre famille des livres inspirés.

A suivre au prochain numéro…
Extrait de Le Yoga Originel, Chemin de Vie, Chemin d’Amour de Paramahamsa Prajnanananda, Editions du Dauphin.
Copyright 1999 Prajnana Mission. Tous droits réservés.

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La voie de l’amour

Conférence de Paramahamsa Prajnanananda le 12 Juillet 2003 à la Maison Mère en Floride. Deuxième et dernière partie d’une série.

Le Gourou est le Véritable Ami

Gurudev disait en Bengali:

Je pathe bandhura bandhura pathe chale bandhura sahte
ogo sathi mama sathi ami jobo tave sathe

Le mot est bandhu bandhu bandhura, la beauté dans le langage. Une des significations de bandhura est irrégulier, pénible. Si vous marchez sur une mauvaise route pleine de trous et de bosses et que vous devez emprunter un chemin de montagne rocailleux qui mène à un col, ce sera sans doute difficile. Mais ce sera plus facile si vous avez un bon compagnon.

Ce sera plus facile de marcher, il vous tiendra la main et vous ne tomberez pas.

Bandhura signifie également plein d’obstacles, et encore, ami. Qui est le véritable ami? Y a-t-il vraiment un ami dans ce monde? Je me souviens d’un poème que j’ai lu dans un de mes livres d’école: « La renommée et l’amitié que mange le mort ». C’était la première ligne de la chanson, renommée et amitié. Un mort ne peut pas avoir d’ami. La signification profonde est que la véritable amitié est très très rare. On pense que certaines personnes sont nos amis mais ce n’est pas de la véritable amitié.

L’oiseau vient dans l’arbre et y volette tant qu’il y a des fleurs, des fruits et des feuilles. Mais lorsque l’arbre a perdu ses feuilles, ses fruits et ses fleurs et qu’il meurt, l’oiseau va-t-il venir y chanter sa chanson? Il est écrit dans le Bhagavatam que les oiseaux aiment les arbres. L’intérêt qu’ils y portent vient de ce que l’arbre a des fleurs, des fruits et des feuilles qui l’abritent et le nourrissent. Mais lorsque tout cela disparaît, les oiseaux s’envolent dans un autre arbre. Une personne qui aime le vin s’agrippe à la bouteille tant qu’elle en contient. Mais lorsqu’elle est vide va-t-il encore embrasser la bouteille? Non, il la jettera. C’est le monde, le monde de l’égoïsme, ne l’oubliez pas. Ce monde est beau d’un certain côté, mais de l’autre c’est le monde de l’égoïsme. Comment peut-on donc trouver l’amitié véritable dans ce monde d’égoïsme? S’il y a quelqu’un en ce monde qui soit vraiment un ami, c’est bien Dieu et les Gourous et personne d’autre. Il n’y a pas d’autres véritables amis que Dieu et les Gourous. Là où il n’y aurait que de l’amitié et de l’amour véritables, il n’y aurait rien d’autre que l’union. Et lorsque Dieu et les Gourous sont actifs dans une relation, l’amitié s’en trouve améliorée. Dans les relations humaines, les relations mondaines, lorsque Dieu et les Gourous font partie du lien relationnel, cette relation durera plus longtemps, sera plus forte et plus saine. Le Gourou est donc le véritable ami.

pathar puje hari mile to me puju pahad
tulsi puje hari mile to me puju tulsi jhad…

Votre Régime Alimentaire ne vous Apportera pas la Réalisation de Dieu

Si le fait de manger des fruits ou de boire du jus de pamplemousse pouvait vous apporter la réalisation de Dieu, tous les singes seraient réalisés. En d’autres termes, ne soyez pas dogmatiques, ne faites pas étalage de votre spiritualité. En Inde vous verrez écrit à l’entrée de certains ashrams: « Ici, les moines ne mangent que des fruits, phalahari baba. » Il y a beaucoup de moines qui ne mangent que des fruits. De nos jours il n’est pas toujours facile de trouver des fruits et ils se sont donc mis à manger des légumes cuits à l’eau. Leur goût était fade et ils y ont ajouté du sel et des épices. Si bien que maintenant un grand nombre de ceux qui affichent phalahari baba mangent des légumes épicés et riches. Ce n’est plus qu’une façade. Où est l’amour?

Se Baigner dans un Fleuve Sacré ne vous Apportera pas la Réalisation de Dieu

Si le fait de se baigner dans une rivière sacrée pouvait vous apporter la réalisation de Dieu, tous les poissons et les animaux aquatiques seraient réalisés. Dirigez votre amour vers Dieu, faites tout ce que vous voulez mais ne soyez pas un suiveur dogmatique oublieux de la vérité, oublieux de l’amour.

Mira dit que si le fait de boire du lait pouvait vous faire réaliser Dieu, tous les veaux seraient réalisés. Les veaux boivent du lait et rien d’autre, les bébés boivent du lait et rien d’autre.

Mira kahe vina premse na mile nandalala

S’exprimant ainsi la poétesse Mira nous dit : vina premse na mile nandalala, sans amour, sans dévotion, vous ne pouvez pas atteindre Dieu.

Avez-vous de l’amour? Avez-vous de la dévotion? Combien d’amour? Combien de dévotion? A quel point sommes nous sincères dans nos vies? Examinez le monde, examinez votre vie, examinez votre mode de vie. Qu’est-ce que vous faites? Qu’est-ce que vous faites réellement? Quel changement avez-vous accompli? Imaginez que Baba vienne vous poser la question: « qu’avez-vous accompli depuis un an? » Nous nous créons nos propres problèmes, nous créons nos propres difficultés. Souvenez-vous que personne d’autre que nous-mêmes n’est responsable de notre réussite ou de notre échec. Nous créons nos propres problèmes, notre propre frustration, nos propres émotions, notre propre ego et nous imaginons des tas de choses. Souvenez-vous que ce que nous imaginons n’est pas toujours la réalité et que lorsqu’il y a une différence entre ce qu’on espère et la réalité, les problèmes commencent. Nous imaginons les choses d’une certaine façon et elles se produisent d’une autre. L’erreur est notre propre ego, nos propres émotions, nos propres attentes. Nous devrions nous occuper de nous-mêmes sincèrement, avec amour, dévotion, dans une attitude de prière. Ne perdez pas un seul instant comme Gurudev nous le rappelle encore et encore: « ne perdez pas votre temps, ne gâchez pas votre souffle, ne perdez pas un seul instant. » Mais que faisons-nous? Analysez-vous jour et nuit, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, analysez-vous. Qu’avez-vous fait? Pendant combien de temps êtes-vous resté conscient? Gurudev dit que même lorsque vous vous grattez le visage là où ça vous démange, faites-le avec amour, consciemment. Lorsque vous vous grattez quelque part sur le corps, le faites-vous consciemment? Nous vivons, nous parlons, nous agissons, nous réagissons mécaniquement et nous oublions la vérité.

Le Temps Passe

Le temps passe et nous disons, Ô Dieu qu’y puis-je?

Il était une fois un roi qui avant de mourir promulgua une nouvelle loi selon laquelle, après sa mort, on devrait promener son éléphant à l’extérieur du palais avec un pot rempli d’eau sur sa trompe. Celui sur lequel l’éléphant renverserait l’eau deviendrait le nouveau roi mais pour cinq ans seulement. L’éléphant choisirait donc le nouveau roi et cinq ans plus tard il en choisirait un autre. Le roi précédent serait envoyé en exil sur une île déserte et isolée. Mais celui qui fut choisi pour devenir le premier roi oublia qu’il n’était roi que pour cinq ans. Il profita de la vie et du prestige royal. La cinquième année arrivait à sa fin et il ne restait plus que quelques jours. Il commença à s’en inquiéter. Il se mit à pleurer. La nuit, il ne pouvait plus dormir car il savait qu’il devait tout quitter et partir en exil. Il mourut dans la nuit, sans doute d’une crise cardiaque. Les rois qui suivirent trouvèrent aussi la situation difficile et se lamentèrent de la perte du luxe et des richesses. Ainsi, de nombreux rois passèrent. Puis un autre roi arriva et lorsque la dernière année arriva à sa fin et qu’il fut temps d’aller en exil, il resta très paisible et heureux. Certains lui demandèrent comment il faisait pour être si heureux. « Les rois précédents étaient si frustrés, si déprimés, si tristes et ils ont tant pleuré, mais vous avez l’air si paisible et si heureux. » Il répondit:  » Vous voyez, il y a une chose que j’ai faite. Lorsque j’étais roi, j’avais autorité sur tout le monde mais je savais que je n’étais roi que pour cinq ans. Je savais ce que j’avais à faire pendant ces cinq ans, m’occuper de vous tous. » Et en fait, il avait été un bon roi et il était aimé de tous.  » Mais je savais aussi sur quelle île déserte et isolée vous m’enverriez. J’y ai donc envoyé quelques personnes et j’y ai déjà construit une maison et un jardin et je vais y aller pour méditer. J’ai donc eu une vie heureuse ici avec vous, j’ai été à votre service, et maintenant je m’en vais. J’ai un beau petit coin qui m’attend. » Les gens lui demandèrent alors de rester leur roi, non pas pour cinq ans mais jusqu’à sa mort.

La morale de l’histoire est que nous sommes en ce monde pour une courte durée. Qui sait quand la mort viendra? Qui sait quand son souffle s’arrêtera? Si donc mon souffle peut s’arrêter à tout moment, suis-je prêt à m’en aller dans l’amour, la joie et l’épanouissement? Si je ne suis pas heureux et content maintenant, comment pourrais-je être heureux et content dans l’instant qui suit? Si mon mental n’est pas paisible, n’est pas orienté vers le but, n’est pas conscient de Dieu, ne baigne pas dans l’amour maintenant comment pourra-t-il être heureux demain? Le mental ordinaire remet toujours à demain. Un mental spirituel agit maintenant. Je vais agir maintenant, je ne vais pas attendre et remettre au lendemain. Le mental ordinaire vous dit d’attendre tranquillement jusqu’à demain. Le mental spirituel vous dit d’agir maintenant parce que demain ne vient jamais. Qui sait ce qui se passera demain?

Je me souviens que lorsque j’étais à l’école primaire et qu’on apprenait l’alphabet on avait un livre pour débutants qui s’appelait Varna Bodha, ce qui veut dire l’approche des mots et de l’alphabet. C’était un livre pour débutants. L’auteur était un saint poète qui était inspecteur dans l’éducation. Il avait écrit quelque part dans ce livre : dès mon enfance je chérirai le trésor de la dévotion et de l’amour. Cette vie est incertaine. Qui sait quand la mort viendra? C’est l’enseignement de l’école primaire, c’est le premier enseignement de l’école. Dès mon enfance je vais essayer de garder le trésor de la dévotion, le trésor de l’amour. Il dit  » dès mon enfance  » parce que la vie est si incertaine. A tout moment le souffle peut s’arrêter et la mort peut venir à tout moment. Dès l’enfance je vais essayer… mais que nous arrive-t-il? Adi Shankara disait au sujet de l’enfance: « vala stavat krid sakta, l’enfant est très occupé avec ses jeux, avec ses jouets, tarumastavat taruni rakta… les jeunes gens sont très occupés avec leurs amis, les plaisirs, les amusements, vrddha stavat cintamagna, les personnes âgées sont pleines d’inquiétudes et de frustrations. »

Voulez-vous Réellement Dieu?

Parme brahmani ko’pinalagna… Qui aime Dieu réellement? Un maître était assis avec ses disciples et leur demanda s’ils voulaient réellement Dieu. Ils dirent tous qu’ils aimaient Dieu. Il prit aussitôt une craie, traça une ligne au sol et dit: « Que ceux qui veulent Dieu immédiatement se mettent de ce côté de la ligne. » Personne ne bougea. Ils se demandaient ce qui pourrait leur arriver. En parlant, nous disons : je t’aime, j’aime Dieu, je veux Dieu. Le voulons-nous vraiment du fond du cœur? Il avait juste tracé une ligne et il dit :  » venez de ce côté-là de la ligne et vous serez réalisés « , mais personne n’est venu. Je ne l’invente pas. Cela s’est produit au siècle dernier en Inde.

Le Prince et le Gourou

Il y avait un maître spirituel en Inde, il y a quatre cents ans, du nom de Samartha Ramdas. C’était un moine d’une grande beauté qui ne portait qu’un petit voile de lin. Il avait quelques disciples parmi lesquels se trouvait un prince pour qui il avait une préférence. Tout le monde pensait qu’il aimait le prince parce qu’il était issu de la famille royale. Tout le monde en était jaloux car ils pensaient que le gourou aurait dû être impartial. Un jour il décida de jouer un tour à ses disciples. Il dit qu’il avait mal quelque part et qu’il y avait une inflammation. Il pensait que ce devait être un abcès. Il était très gros et lui faisait très mal. Il dit qu’il était possible qu’il en meure et que pour en guérir il n’y avait qu’un seul remède. Pour le sauver, quelqu’un devait; après avoir ouvert la plaie; sucer tous le pus et l’avaler, mais cette personne en mourrait. C’était la consternation et ils se demandaient s’il y avait un remède ou un docteur ou une prière à Dieu qui pourrait le guérir. Mais Ramdas dit: « Écoutez, je vous ai dit quelle était la situation. » Alors le jeune prince s’avança aussitôt et dit : « je vais l’avaler. » Tout le monde était étonné. Le gourou prit un petit couteau, ouvrit un peu le furoncle et le jeune homme ouvrit sa bouche et le suça si délicieusement, comme si il buvait du nectar. Il appuya et suça jusqu’à ce que le gourou ouvre le linge et en sorte une peau de mangue et son noyau. Il avait caché une mangue et l’avait placée pour donner l’impression qu’il avait un abcès. Il avait pressé la mangue en dirigeant la pulpe dans la bouche du jeune prince qui l’avait dégustée alors que les autres disciples pensaient qu’il avalait le pus et qu’il allait mourir. Lorsque le gourou jeta la peau de la mangue les autres se sentirent remplis de honte. C’était une démonstration de grandeur : s’il faut mourir, je suis prêt à mourir. Si je dois vivre, je suis prêt à vivre. C’est la vie de dévouement.

Pratiquez avec Amour

Dans notre vie, quelle est la force de notre désir, quelle est la force de notre amour?

Mira kahe vena premse na mile nandalala

Sans amour, il n’y a rien. Méditez, mais s’il n’y a pas d’amour dans votre pratique, vous n’obtiendrez rien. Gurudev répétait toujours: « Méditez avec amour, observez avec amour, aimez-Le à chaque souffle. » Il n’a jamais mis l’amour de côté lorsqu’il disait de pratiquer. Non, pratiquez avec amour, méditez avec amour, agissez avec amour. Si vous retirez l’amour, il ne reste rien. Faites tout avec amour, vivez vote vie comme cela. Essayons.

Dieu nous a tant donné qu’il n’y a pas de mot pour l’exprimer. Ne vous plaignez pas de ne rien avoir, oubliant ainsi le don de Dieu. Nous voyons toujours ce que nous n’avons pas. C’est le problème.

Merci à tous, que Dieu vous bénisse tous. Soyez heureux, pleins d’amour. Aimez Dieu. Ne perdez pas votre temps.

Le Kriya Yoga est si pratique qu’il permet d’associer l’amour à tout, d’associer l’amour, d’associer la conscience divine à tout. Ceux qui suivent d’autres pratiques chantent, font le puja, font tout un tas de choses mais c’est toujours à temps partiel. Avec le Kriya Yoga, on ne peut pas y échapper, vous devez tout faire tout le temps. Quoi que vous fassiez, tout le temps, vous devez rester conscient. Tout le temps, vous aimez. Tout le temps, vous êtes éveillés. Kri et ya. Vous ne pouvez pas y échapper, vingt quatre heures par jour, jour et nuit, essayez et ne regardez pas en arrière. Ce qui est passé est passé, ce qui est fait est fait. Ne regardez pas en arrière, regardez en avant. Regardez avec amour, regardez avec dévotion et regardez dans la conscience divine.

Merci.

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La vie de Jésus – Première partie

Première partie d’une série de quatre exposés de Paramahamsa Prajnanananda à l’Ashram de Miami le 9 Avril 2004, le jour du Vendredi Saint.

Lorsque Jésus fut arrêté, il priait Dieu : « Ô Dieu, bénis les tous pour qu’ils ressentent ta présence. De même que tu es en moi, je suis en toi. Qu’ils ressentent tous qu’ils sont en nous et que nous sommes en eux. » Ressentons la présence de Jésus en nous dans notre amour et notre dévotion. Que les bénédictions de Dieu, du Christ et des maîtres reposent sur nous tous.

Aum, amen.

Dans le dixième livre de la bhagavatam, le samaskamba, il y a les chants des Gopis à la mémoire de Krishna. A l’un des versets on trouve:

Tabah katamritam tatahjivanam kabirvireritam kalmasapaham sravnamangalam
srimatarthatam bhubhidrinanatite bhuridajanah

Oh Seigneur, ta vie et tes enseignements sont contenus dans ton évangile au goût de nectar. Il est si beau. Lorsque les souffrances des tourments du monde envahissent la vie, il apporte la consolation et l’amour.

tabah katamritam tatahjivanam kabirvireritam

Lorsqu’on chante ta gloire, ta vie, tes enseignements, la beauté qu’ils contiennent est sans fin et ils font disparaître les impuretés et les souillures de la vie.

Sravnamangalam

Ils sont de bonne augure pour la vie de ceux qui les écoutent.

Srimatarthatam

Ils se rapprochent de toi à travers ton évangile, à travers ta vie, à travers tes enseignements.

bhubhidrinantite bhuridajanah

Sur cette terre, ceux qui t’aiment chantent ta gloire.

Dans la Baghavad Gita, il est dit:

Janakarma… divyam evam yo vete tatvatah

Ma naissance, ma vie, mes actions sont divines. Ceux qui le savent, qui en connaissent la signification profonde, tatvatah, pas l’histoire superficielle, la signification profonde, trouvent la joie et l’amour dans leur cœur et, au bout du compte, la libération.

Si l’on applique ces deux versets à la vie du Christ, si l’on comprend vraiment sa vie et ses enseignements, on peut voir comment ils s’appliquent aussi à notre vie.

La Vie est un Don

La vie est un don. Laissons notre vie grandir dans l’amour. Nous devrions vivre notre vie pour donner autant que nous pouvons. Nous devrions rendre service. Souvenez-vous, la vie n’est pas un chemin facile et tranquille. Elle ne l’est jamais. Lorsqu’on considère la vie des grands hommes, on voit bien que même ceux qui étaient dans l’état supérieur de conscience divine, durent faire face à de nombreux problèmes et à la souffrance. Que dire de ceux dont la vie est pleine d’erreurs, d’émotion, d’ego? Naturellement, leurs problèmes sont nombreux. Cela va de soi. Mais comment faire pour vivre dans ce monde malgré les problèmes et les difficultés?

Nous aimons ceux qui nous aiment, mais il nous est difficile d’accepter ceux qui essayent de nous trahir, de prier pour eux ou de les aimer. Dans la vie de tous les jours, il y a des gens à qui on peut faire confiance mais d’autres avec lesquels il est difficile de s’entendre. Comment se comporter avec eux? Dans la littérature spirituelle on trouve les deux types de personnalités. Il y avait un grand saint en Inde qui disait: « Je suis un pèlerin assis au bord de la route. Je vois du bien et du mal mais je ne suis ni bon ni mauvais. » C’est une très belle déclaration si on la comprend. Dans notre vie il y aura des bonnes et des mauvaises choses, certains nous aimeront, feront notre éloge tandis que d’autres nous feront des reproches ou nous critiqueront. Certains médiront de nous.

La Vérité est Difficile à Accepter

Même Jésus fut critiqué et finalement trahi. Le baiser de Judas est une expression bien connue. Elle signifie que nous sommes doux au dehors mais amers au dedans. Certains n’aimaient pas les enseignements de Jésus parce que la vérité n’est pas toujours agréable. Les gens ne peuvent pas accepter la vérité parce qu’ils ne veulent pas être dans la vérité. Lorsque Jésus parlait de la vérité, de la vérité hautement spirituelle, beaucoup ne pouvaient pas l’accepter. Ils cherchaient à trouver quel tort il pouvait avoir. C’est typique du mental humain, on essaye toujours de trouver ce qui ne va pas. Lorsqu’on n’aime pas quelqu’un, on se concentre toujours sur ses défauts. Les ennemis de Jésus cherchaient quelqu’un qui les aiderait à s’en emparer et à le punir. Ils trouvèrent Judas. C’est comme une chaîne avec de nombreux maillons: si l’un d’entre eux est plus fragile, c’est là qu’elle casse. De même Jésus avait des disciples extraordinaires, hommes et femmes. L’un d’entre eux était faible et nous savons par la Bible qu’il s’agissait de Judas. Beaucoup de gens appellent Judas le traître. Pourquoi Judas trahit-il Jésus? Etait-il vraiment contre Jésus, n’acceptait-il pas ses enseignements? Non. Il l’aimait, mais en même temps il avait une certaine cupidité. Si vous avez lu la Bible en détail, vous avez remarqué que Judas s’occupait des questions financières de Jésus. Bien que Jésus lui-même ne s’occupait pas d’argent, ils devaient payer des taxes au cours de leurs déplacements et lorsqu’ils se rendaient au temple. Ils avaient donc besoin d’argent et Judas s’en occupait. Il était le trésorier. Mais pour celui qui est responsable de l’argent, il y a deux attitudes possibles : être honnête ou être un peu intéressé. Judas était marié et il avait des obligations familiales. Parfois, sans que personne ne le sache, il envoyait à sa famille un peu d’argent prélevé sur l’argent de Jésus. Il avait donc une tendance à la malhonnêteté, à la cupidité. Il alla voir le grand prêtre et lui dit qu’il pouvait l’aider à s’emparer de Jésus, mais il voulait quelque chose en échange. L’histoire raconte que Satan était entré en lui et le faisait penser de cette façon. Satan peut venir à tout moment. Chaque fois que nous nous montrons faibles, à ce moment là, Satan est avec nous. Lorsque nous avons l’amour et la force, Dieu est avec nous. Et lorsque Judas eut une faiblesse et devint cupide, il alla voir le prêtre et accepta trente pièces d’argent en échange de Jésus. Il leur dit qu’il donnerait un baiser à Jésus en guise de signe et qu’ainsi les prêtres reconnaîtraient celui qu’ils devraient arrêter.

Dans les quatre évangiles, on trouve trois versions du baiser de Judas. Dans l’évangile de Matthieu et de Marc, il est dit qu’il s’approcha de Jésus, s’adressa à lui en disant « Rabbi » puis lui donna le baiser. Dans l’évangile de Luc, c’est Jésus qui s’adressa à lui le premier: « Judas, tu me donnera un baiser et me trahira. » Dans l’évangile de Jean, il s’agit d’une version complètement différente. Jésus s’avança vers ses ennemis et admit qu’il était Jésus. Il s’avança et se révéla lui même. Il devait être difficile de les distinguer et en agissant ainsi, Jésus évitait que quelqu’un d’autre ne sacrifie sa vie en prétendant être Jésus.

Chaque Personne Est Semblable à la Lune

Maintenant, revenons au Judas présent dans notre vie. Nous devrions analyser notre vie et nous poser la question de savoir à quel point nous sommes réellement honnêtes. Nous nous présentons sous des dehors très doux, très humbles, très gentils. Possédons-nous ou non cette honnêteté au-dedans? Ce n’est pas facile d’être le même au-dedans et au-dehors. La plupart d’entre nous entretiennent un double jeu. Mark Twain, l’écrivain américain, disait que nous sommes tous semblables à la lune, avec sa face brillante et sa face obscure. Tout le monde met en avant sa face brillante et cache sa face obscure. Qui est capable de dire: j’ai tel ou tel point faible, j’ai tel ou tel point fort? C’est très rare. Nous ne sommes peut-être pas ce que nous prétendons être. Lorsque Gandhi écrivit son autobiographie, il l’intitula: « Mes Expériences avec la Vérité. » C’est une très belle autobiographie et tout chercheur spirituel devrait la lire. Il écrit admirablement sur ses propres faiblesses. Il raconte même comment il se rendit chez une prostituée sous l’incitation de ses amis. Il essaya de tout raconter ouvertement.

Vivre une vie spirituelle, c’est essayer de faire naître l’amour pour Dieu dans notre cœur. Nous devrions au minimum essayer d’être honnêtes avec nous-mêmes. Oui, je connais mes points forts et je connais mes faiblesses et j’essaye de les surmonter. Mais souvent, nous ignorons nos faiblesses. Souvenez-vous qu’une maladie non traitée peut devenir fatale. Faites attention. Toute faiblesse est une maladie qui nous ronge.

Lorsqu’ils vinrent l’arrêter, Jésus leur dit: « Pourquoi voulez-vous m’arrêter? Suis-je un criminel? Est-ce que j’ai fait quelque chose de répréhensible? N’étais-je pas au milieu de vous dans le temple, en public? Tout ce que j’ai dit, je l’ai dit en public. Vous n’êtes pas venus m’y arrêter. Vous venez ici, au milieu de la nuit avec une torche, des lanternes, des bâtons et d’autres armes comme si je fomentais une révolte. » L’un de ses disciples essaya de s’opposer à son arrestation en s’attaquant à l’un des serviteurs du grand prêtre avec une épée. On pourrait se demander pourquoi un disciple de Jésus portait une épée. Un jour Jésus avait dit: « Allez vendre vos vêtements et achetez une épée. » Certains le prirent au sens littéral. N’oubliez pas que les enseignements spirituels ne sont pas toujours directs. Lorsque quelqu’un lui dit : « nous avons des épées, » Jésus ne répondit pas. Il devait penser: « encore une manifestation de cet aveuglement qui les empêche de me comprendre. Comment me comprendront-ils un jour? » Donc l’un des ses disciples brandit l’épée et trancha l’oreille droite du serviteur. Jésus lui dit: « Qu’est-ce que tu fais? Garde l’épée à sa place. N’oublie pas que celui qui se sert de l’épée périra par l’épée. Ne fais pas cela. » Il prit l’oreille, la remit bien à sa place et, si vous avez lu la Bible, vous savez que la blessure se cicatrisa instantanément. En dépit de cela et bien qu’il leur ait démontré sa gloire spirituelle, ces gens ne le comprirent pas et ils l’arrêtèrent.

La Vraie Vie c’est Accepter

Les prêtres menèrent une enquête sur Jésus. Les gens racontèrent tout un tas d’histoires sur ses enseignements et ses actions, mais ils n’y trouvèrent aucune raison de le punir ou de le condamner à mort. Certains vinrent porter de faux témoignages. Mais ce n’était pas suffisant. Alors le grand prêtre lui demanda: « Pourquoi tous ces gens disent-ils ces choses sur toi? Qu’as-tu à répondre? » Dans les différents évangiles les versions différent. Certains disent qu’il resta silencieux. D’après l’une des versions il dit: « J’ai tout dit publiquement. Vous pouvez vérifier ce que j’ai vraiment dit, » et l’un des prêtres s’approcha et le gifla en disant que ce n’était pas une façon de répondre au Grand Prêtre. Si l’on accepte les deux versions, on pourrait dire qu’au départ il n’a rien répondu.

Cela me rappelle une très belle histoire que je voudrais mettre en parallèle avec cette attitude de Jésus. Dans un village, une jeune fille tomba enceinte sans être mariée. Lorsqu’ils s’en aperçurent, les gens, y compris les membres de sa famille, l’interrogèrent sur la façon dont cela s’était produit. Elle dit que c’était le moine du village qui était responsable. Les villageois se rendirent en groupe chez le moine pour l’humilier et le traiter de tous les noms. Ils avaient aussi amené la jeune fille avec eux et ils dirent au moine de s’en occuper. Le moine ne dit rien malgré l’humiliation. Le temps passa. La jeune fille donna naissance à un enfant. Un jour, elle révéla la vérité: « J’ai menti. En fait le moine n’est pas coupable. J’avais une relation avec une jeune homme du village. Le moine est innocent. » Le jeune homme avoua lorsqu’on l’interrogea. Les gens se rendirent compte de leur erreur, allèrent voir le moine et lui demandèrent pourquoi il n’avait rien dit, alors qu’il n’était pas responsable de la grossesse de la jeune fille. Le moine ne répondit rien.

Pourquoi le moine a-t-il gardé le silence? S’il avait dit quelque chose, les gens l’auraient-ils cru? Il s’agissait d’une question de confiance. Le moine garda le silence et se contenta de tolérer la situation. Dans le Vivekacudamani, écrit par Adi Shankara, un livre merveilleux sur la vie spirituelle et un manuel pratique expliquant pas à pas comment changer sa vie, sa façon de penser, il est dit « Vivre pleinement c’est accepter. »

sahanam sarvadukhanam, apratikara purvakam

Acceptez toutes les souffrances, ne vous plaignez pas, ne ronchonnez pas, n’essayez pas de vous venger. Les gens médiront de vous. Celui qui médit pollue sa langue. Pourquoi en faire une affaire personnelle?

sahanam sarva dukhanam apritakara purvakam cinta vilaparahita, sapitiksha nigadhyate

Libre de toute anxiété, de toute peur, sans jamais vous plaindre, conservez votre sérénité. Je sais qui je suis. Je sais ce que je fais. Je ne vais pas me laisser troubler par toutes ces choses. Restez silencieux. Rien d’autre ne compte. Mais vivez intelligemment, dans la conscience, dans l’amour. Ne vivez pas votre vie stupidement.

Jésus ne répondit donc pas aux prêtres.

Jean , le Disciple le Plus Proche de Jésus

Dans l’autre évangile, l’évangile de Jean, nous en apprenons davantage. L’évangile de Jean est le plus récent. Beaucoup de gens pensent qu’il est moins authentique parce qu’il a été écrit plus tard. Et beaucoup pensent que comme Jean était très jeune à l’époque des évènements il n’avait peut-être même pas vu ni entendu toutes ces choses. Mais le contraire est aussi très possible. Jean était jeune, peut-être encore adolescent. Et grâce à son jeune âge il avait accès plus facilement à Jésus. Lorsqu’on vieillit, on se préoccupe des formalités. On demande la permission : puis-je venir? J’ai remarqué cela avec Baba. Je ne frappais jamais à sa porte. Je l’ouvrais, je jetais un coup d’œil et j’entrais. Il n’est pas nécessaire de frapper. Pour quoi faire? Lorsque vous allez voir votre père, frappez-vous à la porte? Lorsqu’il y a des formalités, une distance se crée. Tous ces disciples plus âgés étaient près de lui mais, à mon avis, Jean était beaucoup plus proche. Lorsque Jésus fut crucifié, aucun disciple mâle en dehors de Jean n’était présent.

Je pense que les écrits de Jean sont un témoignage plus direct des évènements. Dans son évangile, il écrit que Jésus répondit qu’il avait parlé publiquement au temple et non pas en privé, et qu’ils pouvaient vérifier tout ce qu’il avait enseigné.

Quelqu’un l’accusa d’avoir menacé de détruire le temple fait de main d’homme et qu’il le reconstruirait en trois jours. Jésus garda le silence. C’était vrai. C’est bien ce que Jésus avait dit, mais il parlait de lui-même, du temple de son corps. Rappelez-vous que ce corps est le temple ou réside le divin. De même, l’évangile de Jean ne semblera pas hors du contexte si vous lisez le passage qui suit la Scène, lorsque Jésus alla prier. Sa prière peut être divisée en trois parties. Tout d’abord il prie pour lui-même, il prie Dieu au sujet de sa relation avec Dieu. C’est sa prière pour le Seigneur. Sa seconde prière est pour ceux qui croient en lui, pour ceux qui le suivent, pour ses disciples. La troisième prière est pour tout le monde. Lorsqu’il pria pour lui-même, il demanda la force nécessaire pour apporter à l’humanité la gloire de Dieu. Il disait : « Tu es en moi et je suis en toi ». Cela montre son union complète avec le divin : tu es en moi, je suis en toi, nous sommes inséparables. Celui qui réalise cela est dans la Conscience Christique. Celui qui ne le réalise pas est dans la conscience corporelle.

Comprendre l’Eternité

On le comprendra mieux grâce à une comparaison donnée par Saint Kabir. Prenez un récipient. Plongez le dans l’eau. Où est l’eau? L’eau est à l’intérieur et à l’extérieur. Le récipient est dans l’eau et l’eau est dans le récipient. De même, lorsqu’on est à la recherche de Dieu, où est Dieu? N’oubliez pas que lorsqu’on vit dans ce monde, on est confronté à deux types de choses, ce qui est dans le temps et ce qui est éternel. On comprend facilement ce qui est conditionné par le temps. Une rose est conditionnée par le temps. Elle s’éclot en temps voulu et se fane et meurt avec le temps. Cet ashram est conditionné par le temps. Tout l’est. Ce qui est conditionné par le temps, limité par le temps, est facile à connaître, facile à comprendre. Dans nos vies, ce corps est conditionné par le temps, le mental est conditionné par le temps. Tout ce qui se passe autour de nous est limité par le temps. Mais n’oubliez pas que derrière tout ce qui se passe il y a l’esprit qui échappe au temps, l’âme au-dedans.

Lorsque nous disons :  » vous êtes l’âme « , la plupart des gens ne comprennent pas ce que c’est. Lorsqu’on parle de Dieu, c’est très difficile à comprendre parce que Dieu est éternel. Il en est de même pour l’âme. Comprendre, réaliser et accepter l’éternité n’est pas facile.
Jésus a dit : « Vous êtes en moi et je suis en vous. » Il prie pour lui-même. Il prie pour ses disciples. Il prie pour tout le monde. Trois types de prières. Nous devrions introduire ces prières dans nos vies. Priez pour votre transformation intérieure, priez pour ceux qui vous aiment. Priez pour tout le monde.

Jésus. l’Incarnation Divine

Lorsqu’ils lui demandèrent : « Pourquoi as-tu dit : détruisez ce temple fait de main d’homme et je le reconstruirai en trois jours? » Il ne répondit rien. Ce temple qu’est le corps est apparemment de conception humaine parce qu’il vient d’un père et d’une mère. Mais n’oubliez pas qu’en derniers recours, tout vient de Dieu. La cause de la vie dans le corps est l’esprit, Dieu.( Gurudev disait; « Si le père ne prend pas son souffle, s’il n’y a pas de souffle dans la mère, peuvent-ils concevoir et donner naissance à un enfant? ») Alors le Grand Prêtre se leva et demanda: « Qui es-tu? Es-tu le Christ, le messie, le fils de Dieu? » Les autres évangiles disent qu’à ce moment-là il répondit : « Oui, je le suis. » Arrêtons-nous là un instant et contemplons la scène un peu plus longtemps. Lorsqu’une incarnation divine vient sur Terre, elle sait exactement qui elle est, elle a la connaissance complète. Les incarnations viennent avec la connaissance complète. Si vous prenez la Bhagavad Gita au début du chapitre 4 vous y verrez que le Seigneur Krishna dit : « Regarde, ce yoga est impérissable et je l’ai enseigné à Vivasvan et de là il s’est propagé. Au fil du temps, il s’est perdu. Les gens oublièrent cet art de la méditation, cet art du yoga. Maintenant, je te l’enseigne. » Assis près de lui, Arjuna demande : « Comment peux-tu dire cela? Tu es né comme je suis né, nous avons le même âge. Vivasvan est né il y a des milliers d’années et tu me dis que tu lui a enseigné le yoga. Je n’arrive pas à le croire. » Krishna répondit : « Regarde, non seulement j’étais là à l’époque mais tu y étais aussi, lorsque j’enseignais. Mais moi, je m’en souviens et toi, tu l’as oublié. Tu es tellement captivé par ta conscience corporelle et ton ego que tu te crois limité et tu te limites toi-même avec ton corps, ton mental et ton ego. A présent tu souffres à cause du passé et du futur. Mais je fus, je suis et je serai. Je le sais. » Telle fut la réponse de Krishna. Donc, lorsque le prêtre demanda à Jésus : « Es-tu le Christ, le messie, le fils de Dieu? » Il répondit : « Oui, je le suis et le moment viendra où tu me verras assis à la droite de mon père dans la gloire des cieux. » Alors le prêtre s’écria : « C’est un blasphème. Il n’y a pas besoin d’autre preuve! Il doit être puni. »

Le Jeu de Rama

Qui peut répondre à la question : « Qui suis-je? » Et celui qui le sait et qui dit ce qu’il est réellement, n’est généralement pas cru. En fait il n’y a pas besoin que les gens l’acceptent. La vérité est la vérité. Connaître « Qui suis-je? » est le but de la vie. Les incarnations divines viennent avec cette connaissance d’elles-mêmes mais la plupart du temps elles la cachent. Si vous lisez le Ramayana, vous verrez que le Seigneur Rama utilise de nombreux moyens pour rester dans l’incognito et faire comme s’il ne savait rien. Lorsque Sita fut enlevée par exemple, Rama rentra à la maison et découvrit que Sita avait disparu. Alors Rama se mit à pleurer et à sangloter amèrement, les larmes roulèrent sur ses joues et il s’agrippait aux arbres en disant : « avez-vous vu Sita, ma bien-aimée? » Il regardait les oiseaux et demandait : « Pouvez-vous me donner des nouvelles de Sita? Ô Sita, où es-tu? Que fais-tu? Comment peux-tu vivre sans moi? Comment puis-je vivre sans toi? » Shiva et Parvati, qui voyageaient dans l’espace, regardèrent en bas et ils virent la scène. Shiva dit: « Ô Dieu, comme ton jeu est merveilleux. Tu sais tout et tu joues le rôle de celui qui ne sait rien. » Parvati demanda : « Quel est ce Dieu dont tu admires le jeu? S’agit-il de ce prince frustré, brisé par l’émotion, qui pleure, sanglote et se lamente ? Et qui ne sait même pas ce qui est arrivé à sa femme. Il se comporte comme un insensé et appelle à l’aide les arbres et les oiseaux. Est-ce là ce que tu appelles le jeu divin? » Shiva répondit : « Parvati, ne parle pas ainsi. Si tu ne me crois pas, va donc tester par toi-même s’il a la connaissance ou non. » Parvati imagina donc un stratagème pour déterminer si Rama était ou non une manifestation divine. Elle prit la forme de Sita. Sa version de Sita, avec les mêmes vêtements, la même apparence, avec sa volonté. Elle alla à la rencontre de Rama et se mit en face de lui. Rama ne regardait pas. Il avait promis qu’il ne poserait les yeux sur personne d’autre que sa femme. Pas d’échange de regard, telle était sa promesse. Parvati pensa qu’il n’avait peut-être pas remarqué sa présence. Elle éleva la voix empruntant la voix de Sita : « Mon bien-aimé, je suis là. » Rama répondit: « Ô mère divine, pourquoi jouez-vous ce jeu avec moi sous cette forme? Où est le Seigneur Shiva? »

Les incarnations divines, bien qu’elles sachent tout, jouent leur jeu comme si elles ne savaient rien. C’était le cas du Seigneur Jésus. Jésus fit de nombreux miracles, de nombreuses guérisons, et enseignait d’une façon merveilleuse mais il essayait en même temps d’adopter un profil discret. Une fois il dit : « Si j’en priait Dieu, il enverrait des milliers d’anges pour me protéger. » Mais il n’en fit pas la demande. Au contraire il dit : « Que les prophéties des écritures s’accomplissent. » Alors les prêtres l’envoyèrent au gouverneur Pilate.

Le Reniement de Pierre

Jésus avait dit à Pierre qu’il le renierait trois fois avant que le coq ne chante. Pierre suivit Jésus lorsqu’ils l’emmenèrent à la résidence du grand prêtre. Pierre était dans la cour, il faisait froid et les gardes étaient assis autour du feu pour se réchauffer. Pierre s’assit au milieu d’eux pour voir ce qui se passait et il vit comment Jésus fut emmené et humilié. Une servante du grand prêtre vit Pierre et lui demanda: « N’es-tu pas l’homme qui était avec Jésus? » Pierre répondit: « Je ne sais pas de quoi tu parles. » Il s’éloigna du feu et des gardes et comme il s’en allait une autre femme le reconnut : « J’en suis sûre, c’est bien toi qui es le disciple de Jésus. » Pierre dit : « Je le jure, je ne suis pas cet homme. » On lui demanda une troisième fois et il répondit encore : « Je ne le connais pas. » Remarquez le changement dans ses réponses. La première fois il dit: « Je ne comprends pas ce que tu dis. » La deuxième fois il dit: « Je ne suis pas l’homme dont tu parles. » La troisième fois il dit: « Je ne le connais pas. » Il n’avait pas plutôt prononcé cette phrase que le coq se mit à chanter. Pierre s’assit, se repentit et se mit à pleurer. « Comment chaque mot des êtres divins se réalise… »

Vivekananda fit la même découverte avec son gourou Ramakrishna. Ramakrishna lui dit : « Observe le jeu de la Mère Divine. Si elle le veut, elle te donnera un lit épais, aussi épais que la longueur de ma main. Mais si elle ne le veut pas, tu ne trouveras pas d’endroit pour dormir. » Vivekananda l’entendit mais il ne le prit pas au sérieux. Plusieurs années après le mahasamadhi de Ramakrishna, il arriva pour la première fois aux Etats Unis. La première nuit, il ne pouvait pas trouver d’endroit où dormir. Il passa la nuit dans un wagon de marchandises à la gare. C’était le mois de septembre et il faisait froid à Boston. Le lendemain matin il était exténué après une nuit sans sommeil. Il avait froid et il avait faim et bien qu’il ait de l’argent pour payer, il ne trouvait pas de restaurant pour lui servir quelque chose. Il frappa à la porte d’une maison. Une femme ouvrit et découvrit un homme dans un accoutrement bizarre, mais rempli de calme. Lorsqu’elle réalisa qu’il s’agissait d’un délégué au parlement des religions, elle l’invita à entrer. Elle lui servit quelque chose à manger. Elle vit qu’il avait l’air fatigué et lui offrit une chambre. C’était une belle chambre bien meublée. Il regarda le lit. Le matelas était très épais. Il le mesura avec sa main. Il avait l’épaisseur de la longueur de sa main et il se souvint de la prophétie de son gourou. Elle s’accomplissait à la lettre. Il pleura et ne put dormir. Dans l’Autobiographie d’un Yogi il y a une histoire similaire. Shiyukteshwarji prédit qu’on servirait à Yoganandaji des fraises à la crème. Et lorsque Yoganandaji alla en Occident on lui servit des fraises à la crème et il se souvint des mots de son gourou.

Revenons à Pierre. Il pleurait amèrement. « Je suis si faible. Je ne suis pas capable de l’accepter et de me déclarer l’un de ses disciples. » Lorsque Pierre fut crucifié il refusa de l’être comme son Seigneur et demanda à être crucifié la tête en bas. Et c’est ce qui se produisit. La vie est un jeu; nous devons jouer notre rôle.

Judas se Repent

Revenons maintenant à Judas, qui est à l’origine de toute l’histoire. Lorsque Judas vit les humiliations et les tortures infligées à Jésus, les mensonges proférés à son sujet, lorsqu’il vit que Jésus allait être martyrisé, il se repentit. Il se lamenta à grand bruit, prit la bourse de 30 pièces et dit au grand prêtre: « J’ai péché. J’ai trahi mon Maître. Il est innocent. Reprends tes pièces, je n’en ai que faire. » Le prêtre répondit: « Nous n’avons rien à voir avec ces pièces. Va-t’en! » Judas jeta les pièces et s’enfuit en courant. Le prêtre ordonna que ces pièces ne soient pas remises dans le trésor du temple parce qu’elles étaient le prix du sang. « Avec cet argent achetons un terrain pour en faire un cimetière pour les étrangers. » Alors Judas courut se pendre. Il se suicida par repentance.

La morale de cette histoire est que, lorsque la tentation se présente, nous devrions être un peu plus fort, nous devrions prier pour surmonter les faiblesses de notre vie. Jésus dit que personne n’est parfait mais que nous devrions essayer d’être parfaits comme notre père céleste est parfait. Nous devrions essayer encore et encore malgré nos millions d’erreurs. Si nous essayons en priant sincèrement, avec un amour et une dévotion sincères, nous grandirons lentement.

Aujourd’hui, en ce jour très spécial où nous pensons au Christ, contemplons notre vie, nos points forts et nos faiblesses. Un guerrier s’engage sur le champ de bataille conscient de ses faiblesses et de ses points forts. Mais lorsqu’il est au milieu de la bataille, il ne pense qu’à sa force parce que la pensée de ses faiblesses l’affaiblirait. Repentez-vous mais allez de l’avant avec détermination. Confessez vos faiblesses à Dieu mais soyez forts et avancez. Dites : « Oui, je suis un enfant de Dieu, je vais surmonter mes faiblesses. Je vais les combattre. » Ainsi lorsque Jésus parlait de porter une épée, il parlait de l’épée de la discrimination, l’épée de la connaissance. Vendez vos vêtements signifiait abandonnez votre conscience corporelle pour faire de votre corps le temple de Dieu, le temple de l’amour, le temple de la divinité. Alors notre vie sera belle.

Redressez-vous, fermez les yeux.

A minuit, Jésus pria en disant : « Je suis en toi et tu es en moi. Et que tous ceux qui m’aiment réalisent qu’ils sont en nous et que nous sommes en eux. » Ressentez la présence de Dieu dans le corps, dans la fontanelle, dans le centre de l’âme, le centre de la conscience christique. Lorsqu’on va là, on devrait ressentir la présence du Christ, la présence de Dieu en nous, et que non seulement Dieu et le Christ sont en moi mais que je suis eux, une existence inséparable. Nous devons le réaliser. Et pour le réaliser nous devons être libéré de la conscience corporelle, nous devons porter l’épée de la discrimination. Je vais avoir de l’amour pour le Christ, l’amour pour Dieu. Dans notre vie, les gens vont essayer de nous trahir, mais pardonnons leur. Ceux qui font quelque chose de mal payeront le prix. Je n’adopterai pas une attitude de revanche dans ma vie. Ce qu’on sème, on le récolte. Selon ce que l’on fait, on reçoit en retour. Faites attention. Une personne récoltera le fruit si elle agit sans ego et sans attachement. Judas trahit Jésus, mais Jésus l’aimait. Restez dans la vérité. Nous sommes tous des enfants du divin. Aimez Dieu, aimez le Christ, aimez les Gourous. Ne perdez pas de temps, aimez à chaque souffle. Concluons avec un chant de Yoganandaji qu’il aimait chanter le jour de Pâques:

Ô mon Christ, Ô mon Christ, Jésus Christ, viens!
Ô mon Christ couleur de nuage, viens!

Chantons avec un profond amour pour le Christ, un profond amour pour Dieu
Que les bénédictions de Dieu, du Christ et des Maîtres reposent sur nous tous.

Aum amen.

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Sadhana Panchakam

Cinq lignes sur la spiritualité par Adi Shankaracharaya
Dernière partie d’une série de quatre entretiens sur le texte ci-dessus avec Swami Shuddhananda au Kriya Yoga Institute le 22 Octobre 2000.

Om. Je m’incline devant mon maître, je m’incline devant mon gourou et je m’incline encore et encore, toute ma vie durant, vie après vie, éternellement.

Continuons avec le troisième verset du Sadhana Panchakam et tout d’abord passons en revue les quatre mahavakyas dont nous avons parlé la dernière fois, les quatre grands enseignements des Védas qu’on trouve dans le Védanta et les Upanishads. Le premier mahavakya vient du rigveda : prajnanam brahma. Il signifie : « la Conscience est Dieu ». Qu’est-ce que l’état de conscience? Par la pratique régulière on atteint un état de vigilance continu, en tous lieux, en tous temps, on est un avec lui. Dans cet état, on ne peut pas oublier Dieu, même si on le voulait, parce qu’oublier Dieu est devenu plus difficile que de s’en souvenir. Cet état de conscience est Dieu.

Dans le samaveda on trouve : tat tvam asi, « Tu es Cela ». Lorsque le disciple pratique et se maintient dans la conscience, il est tout le temps conscient. Alors le gourou lui dit qu’il est ce dont il est conscient, tat tvam asi. Vous êtes la conscience elle-même. C’est le deuxième mahavakya.

Le troisième mahavakya tiré du yajurveda est aham brahmasmi. C’est l’état de la réalisation que « le ‘Je’ en moi est Dieu ». Dans les Psaumes il est dit : « Reste immobile et sache que je suis Dieu ». C’est l’état de réalisation.

Et dans l’athurveda on trouve: ayam atma brahma. « Je suis l’Ame qui est Dieu. » Je suis conscient de ma propre identité, je suis l’âme au dedans de moi et cette âme est la présence de Dieu, cette âme est Dieu. Contemplez les quatre mahavakyas. Ces quatre mahavakyas sont des enseignants directs, des maîtres directs. Ils sont Dieu.

Commençons la ligne suivante:

Dustarkat suviramytam

19. Eviter Les Disputes.

Dans la vie spirituelle on se querelle souvent avec les autres, pas forcément ouvertement, mais au dedans. On peut penser : « Tu suis ce maître, ce n’est pas un bon maître, le mien est le meilleur. Tu suis cette voie; elle n’est pas bonne. » On critique les autres. On le fait fréquemment et on a tort. Tout est bien. Ce qu’on devrait dire c’est : « Je suis ma voie selon les directives de mon maître et c’est bien. Ce que tu suis, qui correspond aux enseignements de ton enseignant et de ton maître, c’est bien aussi. » Il ne devrait pas y avoir de querelles, il ne devrait pas y avoir d’échange de pensées négatives. Acceptez tout. Ce que votre maître vous dit est veda vakya, c’est-à-dire mantra. Ce que vous pratiquez et qui correspond à ce que vous avez appris, à l’enseignement de votre maître, de votre tuteur, pratiquez le. Il ne devrait pas y avoir de critique des autres dans la vie spirituelle, pas de disputes.

Tout est bon. Shankaracharaya dit que de telles disputes ne devraient pas exister dans la vie spirituelle. Acceptez votre maître de tout votre cœur, de toute votre âme. Ce qu’il dit, pratiquez le.

Srutimatastarko nusandhiyatam

20. Trouver Les Réponses à Vos Questions En Suivant La Logique Des Ecritures.

Etudiez les écritures telles que les Upanishads, la Baghavad Gita ou la Bible. Lorsque vous les lirez davantage, une logique émergera des écritures. Parfois vous vous demandez pourquoi les écritures disent telle ou telle chose. Si vous contemplez la question en profondeur, la réponse vous viendra et vous en retirerez l’équilibre intérieur. C’est une chose importante dans la vie spirituelle.

Au cours de la vie spirituelle, tant qu’on n’a pas atteint l’état de réalisation, on a des doutes. Comment alors doit-on poser les questions et comment trouver les réponses? Dans la plupart des cas, lorsqu’on a un doute, on demande. On obtient alors une réponse de l’enseignant. Là, vous voyez le déséquilibre : la question est votre question et la réponse est la mienne. Pourquoi ne trouvez-vous pas la véritable réponse au dedans? C’est votre question. Vous voulez savoir quelque chose et vous recevez la réponse de quelqu’un d’autre, pour un certain temps. L’affaire est résolue pour le moment. Mais comme il ne s’agit pas de votre réponse, la question va refaire surface.

Comment le disciple doit-il donc poser la question au gourou? En silence. Lorsque le disciple questionne ses doutes en silence, le gourou explique. Comment? En silence. Alors seulement les doutes du disciple sont clarifiés. Lorsqu’un doute est clarifié, c’est pour toujours, il ne reviendra pas. Il faut trouver ses réponses dans la contemplation profonde des écritures ou dans celle du maître.

C’est du domaine pratique. Il ne s’agit pas d’une théorie. C’est ce que je pratique moi-même. J’ai vécu dans un ashram à Bhishindipur qui est complètement isolé. Il n’y a pas de moyens de communication, pas de téléphone, pas de courrier, rien. Baba était à Vienne ou en Amérique. J’ai vécu presque deux ans dans l’isolement et pendant ces deux années j’ai eu de nombreux doutes. Mais je ne pouvais pas téléphoner ni recevoir de lettre. Si j’avais écrit une lettre, elle aurait mis un mois avant de parvenir à Baba et sa réponse aurait mis un mois à me revenir. Je me suis donc contenté de croire et de pratiquer avec une entière confiance, une foi totale. Toutes les réponses me sont venues : comment pratiquer, toutes les techniques, tout. C’est ainsi que j’ai reçu l’enseignement du maître. Ne pensez donc pas que c’est impossible. Si vous avez un doute, simplement asseyez-vous et contemplez votre gourou, et je peux le garantir à cent pour cent car j’en ai fait l’expérience personnellement. Vous obtiendrez la réponse. Lorsque vous obtenez la réponse de vous-même, la question est résolue pour toujours. Si vous cherchez la réponse dans des livres ou ce qui sort de la bouche de quelqu’un d’autre, la question sera résolue pour un certain temps, mais elle se reposera plus tard.

Brahmasmiti vibhavyatam

21. S’Immerger Dans l’Attitude « Je Suis Brahman. »

C’est une très belle phrase à la fois théoriquement pratique et pratiquement théorique. Vous conservez simplement l’attitude : « Je ne suis pas ceci. Je suis cela. » Vous n’êtes peut-être pas réalisé mais restez conscient que : « Je suis cela. Je suis quelque chose d’autre que ce corps et ce mental. » Essayez de contempler cela profondément jusqu’à ce que vous atteignez l’état de réalisation. Tant que vous n’avez pas atteint ce niveau de conscience, gardez à l’esprit que je suis quelque chose d’autre que ceci, je suis cela. Simplement pratiquez et pratiquez.

Aharahargarvah parityajyatam

22. Renoncer à l’Orgueil.

Dans la pratique spirituelle, il ne devrait pas y avoir d’orgueil ou de fierté. L’orgueil ou la fierté consistent à oublier la présence de Dieu, oublier qu’il y a un pouvoir suprême et tout puissant qui agit au dedans de nous. On est fier lorsqu’on croit qu’on possède quelque chose ou qu’on est quelqu’un. Par exemple on se dit: « Je suis docteur, ingénieur, j’enseigne ou je suis un disciple. » On est fier de posséder quelque chose : une voiture, une maison, des biens matériels ou mentaux: « J’ai un nom, je suis célèbre. » On doit en finir avec : « Je suis ceci, j’ai ceci, je sais ceci. » Faites une grande croix dessus, trois grandes croix dans votre vie: je ne suis rien, je n’ai rien, je ne sais rien. Plus question d’orgueil.

Dans la vie pratique, à quoi rime l’orgueil? Si le souffle s’arrête, si Dieu ne veut pas respirer, on meurt et alors à quoi rime l’orgueil? Lorsqu’on a l’impression de n’avoir aucun contrôle de sa vie, à quoi bon l’orgueil? Comment peut-il être question d’ego? Si l’on s’attache de plus en plus à la présence de Dieu et qu’on ressent de plus en plus qu’il n’y a que la présence de Dieu, alors on n’a plus d’existence, on n’a rien, on ne sait rien. Lorsqu’on réalise cet état de néant, on a réalisé quelque chose.

Le verset continue:

Dehehammatististyajyatam

23. Abandonner l’Idée Que Je Suis Le Corps.

Jusqu’à présent nous nous sommes identifiés avec ce corps et cette identification avec la matière vient quand nous sommes inconscients de notre personnalité infinie. Vous avez deux personnalités : l’une est la personnalité infinie et l’autre est la personnalité finie. La plupart du temps, nous sommes inconscients de notre personnalité infinie. Nous vivons avec cette personnalité finie, ce corps, ces organes des sens et ce mental. Nous pensons que c’est ça la vie. Cette idée fausse que je suis ce corps, que je suis ce mental, doit être changée en faisant une grande croix dessus. Je suis quelque chose d’autre que ces choses-là. Cela demande davantage de pratique.

Budhajanairvadah parityajyatam

24. Abandonner Les Discussions Avec Le Sage.

La vie dans ce corps est courte. A quoi bon perdre son temps en discussions inutiles avec les autres? Contentons-nous simplement de voir le bien en toutes choses et de pratiquer cela. Vivons en douceur. Toutes ces discussions ne sont pas nécessaires, ce n’est qu’une perte de temps. Nous voulons savoir un tas de choses. Mais il n’y a pas de fin, pas de limite au savoir. Il faut se rendre compte que ce n’est que le mental qui veut savoir. Le mental veut savoir beaucoup de choses et plus vous lui apportez d’informations, plus votre connaissance réelle diminue. Plus vous savez de choses, plus la vraie connaissance se réduit. Si donc vous voulez vraiment connaître de plus en plus, à partir de maintenant, essayez d’en savoir de moins en moins. C’est important.

Passons au quatrième verset :

Ksudvyadhisca cikitsyatam

25. Il Faut Soigner La Maladie.

Il y a deux choses à soigner : l’une est la faim et l’autre la maladie. Lorsqu’on a faim, on mange, ou on va chercher de la nourriture ou on l’achète. Parfois c’est le mental qui a faim. Le mental veut savoir quelque chose, il veut des émotions, du bonheur, on veut parler avec les autres, on veut voir certaines choses, goûter quelque chose. A travers les organes des sens, le mental rassasie sa faim. On connaît donc ces deux types de faim et on les pratique.

Il y a un type de faim dont nous ne sommes pas conscients, la faim spirituelle. C’est la faim dont il est question ici. On doit soigner son corps spirituel. De même que nous soignons notre corps physique, que nous soignons notre corps mental, nous devrions aussi soigner notre corps spirituel qui a continuellement faim. Généralement, les gens ne s’en soucient pas. On donne une telle importance au corps mental et au corps physique. Pour maintenir le corps physique, on a besoin de nourriture spirituelle : de prière, d’amour pour Dieu et de pratique constante. C’est une chose dont il faut se souvenir : la faim est une maladie, une maladie de l’âme. Lorsque vous ressentez le besoin d’énergie, que votre corps a besoin d’énergie, c’est une petite maladie qui ne dure qu’un temps limité. Alors vous prenez immédiatement de la nourriture. Mais dans la vie spirituelle, nous ne sommes pas conscients de cette faim. Nous oublions constamment la présence de Dieu, nous ne faisons pas attention au souffle et nous ne nous en soucions pas. Nous n’y prêtons pas assez attention. Si vous ne nourrissez pas le corps physique, il meurt. Mais quand nourrissons-nous notre corps spirituel? Beaucoup d’entre nous ne pratiquent aucune discipline spirituelle d’une façon régulière. Si vous ne nourrissez pas votre corps spirituel, vous serez vivant physiquement mais spirituellement, vous serez mort.

Faites y donc plus attention. Nous souffrons tous de la maladie spirituelle. Nous donnons beaucoup d’importance au corps et au mental mais nous ne donnons pas la même importance au corps spirituel. La faim spirituelle doit être traitée et la maladie spirituelle doit être soignée continuellement et partout. Il ne faut pas l’oublier : la faim du corps parfois et à certains endroits, la faim spirituelle tout le temps et partout. Lorsque vous restez conscient, vous atteignez cet état de conscience. C’est la clé du succès : pratiquez tout le temps. Comme le disait Baba, simplement observez depuis le sommet, Dieu fait tout, point final. Tout le temps.

Parfois je demande aux moines si un grand nombre de pensées leur viennent à l’esprit, même lorsqu’ils prient ou lorsqu’ils méditent. Ensuite je leur demande si les pensées leur viennent ou s’ils pensent. Ils réfléchissent un peu et admettent que c’est les deux. Les pensées leur viennent et ils pensent. Si vous pouvez penser à des choses matérielles lorsque vous priez Dieu et que vous méditez, pourquoi ne pouvez vous pas penser à Dieu lorsque vous faites des choses matérielles? C’est cela votre vie spirituelle : quoi que vous fassiez, vous devez en même temps garder le contact intérieurement. Il faut s’y tenir. C’est ce qu’on appelle le traitement spirituel.

Première ligne du verset 4 :

Pratidinam bhiksausadham bhujyatam

26. Prenez Votre Médicament Quotidien: La Nourriture.

Bhiksa est la nourriture. Lorsque le moine mange, il dit qu’il prend du bhiksa. Bhiksa veut dire que dans la vie ascétique il faut faire très attention à la nourriture. Lorsque la nourriture se présente, je la prend, c’est ce qu’on appelle bhiksa bhuti, mais je ne la demande pas. C’est une chose que vous pouvez pratiquer : ne demandez pas à manger et vous verrez que lorsque le besoin s’en fait sentir, cela vient automatiquement.

Il y a une très belle histoire sur la vie d’Avadhuta, un des saints dont on parle dans le Bhagavatam. Avadhuta avait vingt-quatre gourous. L’un de ses vingt-quatre gourous était un gros serpent, un python, et ce qu’il avait appris de lui c’est qu’un python ne fait jamais d’effort pour trouver sa nourriture. Si de la nourriture passe près de sa bouche, il la mange. Sinon, il ne mange pas. C’est une attitude très pratique. Ne vous inquiétez pas de la nourriture, ne recherchez pas la nourriture. Vous verrez qu’automatiquement vous aurez à manger. Dieu donne la vie à travers le souffle continuellement et partout. Dieu donne la nourriture et au moment voulu elle sera là. Vous pouvez pratiquer cela. Il y a l’histoire de l’astrologue qui prédit à un homme qu’il allait manger le jour même beaucoup de rasgulas, une délicieuse sucrerie indienne. Mais cet homme n’avait jamais cru à l’astrologie. Il répondit : « aujourd’hui, je vais jeûner, je ne mangerai rien. Voyons voir comment je vais pouvoir manger des rasgulas. » Il y avait beaucoup d’activités se déroulant chez lui ce jour-là. Il savait que s’il restait là il serait tenté de manger et il décida donc d’aller dans une forêt et d’y rester jusqu’au lendemain. Tout ça pour éviter de manger des rasgulas. Il se dirigea donc vers la jungle, entra dans la forêt et s’assit en haut d’un arbre. Près de là, dans la jungle, se trouvait un petit temple. Des prêtres s’y rendirent avec des rasgulas et du prasad et les y laissèrent. Le soir venu, des voleurs arrivèrent. Ils se demandèrent pourquoi il y avait tant de rasgulas. Ils se dirent qu’il devait y avoir quelqu’un dans les parages qui avait empoisonné les rasgulas pour les tuer. Ils décidèrent alors de se mettre à la recherche de la personne qui avait empoisonné les rasgulas. Ils cherchèrent et trouvèrent notre ami en haut de son arbre. Ils le firent descendre persuadés qu’il était l’empoisonneur qui voulait les tuer. Ils le forcèrent à manger tous les rasgulas. Dieu s’occupe constamment de notre nourriture. Nous ne devrions même pas nous en préoccuper, tout nous arrive au bon moment.

On dit que les moines, ceux qui portent une robe orange, ne devraient même pas faire la cuisine. Donc, ne mendiez pas pour votre nourriture, ne demandez pas de nourriture, ne préparez pas votre nourriture et elle sera là au moment voulu.

Passons à la ligne 2 du verset 4:

Svadvannam na tu yacyatam

27. Ne Pas Rechercher Des Mets Délicieux.

Svadvannam veut dire nourriture délicieuse. C’est important pour la vie de brahmachari. Le corps a besoin de se nourrir, mais il n’a pas besoin d’une nourriture spéciale. Nous disons: « J’aime ceci et je n’aime pas cela. » Dans la vie de brahmachari, la langue doit être domptée. C’est important, il faut se nourrir mais pas pour le goût.

Essayez de manger davantage de choses que vous n’aimez pas. C’est bon, équilibré et très strict en permanence. Il dit donc clairement, ne demandez pas de mets délicieux. Prenez de la nourriture pour l’estomac mais pas pour la langue. C’est important, cela vous aidera à plus vous purifier parce que la langue doit être contrôlée. Il faut la contrôler à deux niveaux: la nourriture et la parole. Ces deux aspects doivent être contrôlés.

La dernière partie de la deuxième ligne du verset 4 nous dit:

Vidhivasat praptena santusyatam

28. Se Contenter De Tout Ce Qui Vous Vient.

C’est aussi un bon conseil : l’acceptation universelle, c’est à dire être heureux et satisfait de tout ce qu’on reçoit dans la vie. Tout est bon pour vous. Dieu fournit tout au bon moment. Lorsqu’on décide que l’on veut quelque chose, on a certaines attentes. Et lorsqu’on ne l’obtient pas ce qu’on attendait, on est déçu. Les écritures sont très claires à ce sujet : vous avez le droit d’agir mais vous n’avez aucun droit d’en attendre des résultats. Par vos actions vous mettez une graine en terre, et vous espérez voir pousser un arbre et avoir des fruits. Mais que la graine produise un arbre ou non n’est pas de votre ressort. Il y a la nature du sol, l’environnement, l’ensoleillement , il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu. Vous n’avez aucun contrôle sur le résultat. Parfois, les conditions ne remplissent pas vos attentes et vous n’obtiendrez pas le fruit désiré. Malgré cela, tout ce que nous faisons, nous devons le faire de notre mieux, et sans s’attendre à aucun résultat. Cette attente se transforme en déception. Comme le dit Bouddha, les désirs et les attentes sont la cause de l’asservissement et de la souffrance et se libérer de ses désirs c’est atteindre la libération. C’est la loi ultime. Dans le contexte de cette loi, Shankaracharya nous conseille d’être content à chaque instant. Ceux qui pratiquent le yoga ou n’importe quelle autre discipline spirituelle devraient cultiver leur sensation de satisfaction et d’épanouissement intérieur : « Tout ce qui m’arrive à chaque instant, me satisfait pleinement. C’est la grâce de Dieu. Ô Dieu, bénis-moi. »

Nous passons à la troisième ligne du verset 4:

Sitosnadi visahayatm

29. Supporter Les Paires d’Opposés.

Supportez les paires d’opposés, comme le chaud et le froid, le bonheur et le malheur, le positif et le négatif, la perte et le gain. Acceptons tout ce qui arrive dans nos vie. Dieu ne veut jamais que nous souffrions. C’est notre karma, c’est de nos propres actions passées que nous récoltons les fruits. Ne dites pas : « Ô Dieu, pourquoi me punis-tu? » Dieu ne veut jamais punir ses enfants. Nous sommes tous les enfants du même Père céleste. Tout ce qui nous arrive est dû à notre propre karma. Grâce à nos actions passées, nos bonnes œuvres, nous sommes heureux. A cause de nos actions passées, nos mauvaises actions, nous sommes malheureux. Acceptez tout. Lorsqu’on accepte tout ce qui vient du karma passé, il s’éteint, doucement, doucement, doucement.

Na tu vrtha vakyam samuccaryatam

30. Eviter Les Paroles Inutiles.

Vrtha vakyam veut dire les paroles inutiles. La plupart des gens parlent pour ne rien dire. Parlez lorsque c’est nécessaire ou lorsque les autres ont besoin que vous parliez. Ne dites pas ce que vous avez envie de dire parce que vous n’en finiriez pas. Pratiquez khechari mudra, la langue roulée, l’absence de parole. Les paroles inutiles doivent être maîtrisées. Nous perdons la majeure partie de notre énergie en paroles. Lorsqu’on parle moins, on atteint un niveau de conscience plus élevé.

C’est une chose que vous pouvez pratiquer : pas de paroles inutiles.

La dernière ligne du verset 4 commence par:

Audasinyamabhipsyatam

31. Etre Indifférent.

La signification de ce mot est « se redresser ». Lorsqu’on se redresse, c’est à dire lorsqu’on observe depuis le sommet ou qu’on demeure à la glande pituitaire ou au-dessus, on a moins conscience du corps et davantage conscience du Soi. On est moins préoccupé par le corps ou tel ou tel problème. Soyez indifférent. Beaucoup de choses se produisent autour de nous, chez nos voisins, mais ne soyons pas si attachés. Si vous en avez la faculté et que vous pouvez le faire, aidez les. Mais ne soyez pas si attaché et émotionnellement déséquilibré. Soyez indifférent. C’est ce qu’il veut dire. Essayez de garder vos distances vis-à-vis de l’attachement. On se crée tout un tas d’émotions soi-disant pour aider les autres surtout en vieillissant. Au début, il y a un désir naturel d’aider, mais plus tard on s’encombre de trop d’affection et de servitude. Restez donc indifférent. Liez-vous moins aux autres et immiscez-vous moins dans leurs affaires. Essayez d’être un peu plus conscient intérieurement et moins extérieurement, d’être plus attentif intérieurement qu’extérieurement.

La dernière partie du verset 4 nous dit:

Janakrpanaisthuryamutsrjyatam

32. Se Protéger De La Gentillesse Des Autres.

Les gens recherchent l’aide des autres. Dans la vie spirituelle, ne recherchez pas l’aide, l’appréciation ni l’amour des autres. Les gens veulent être appréciés pour tout le travail qu’ils pensent faire. Oui, si vous travaillez jour et nuit vous méritez qu’on vous apprécie, mais si vous le faites pour être apprécié, c’est une tendance négative. Elle vous fera rétrograder dans la vie spirituelle. Cela doit être très clair pour un brahmachari. Travaillez, travaillez, travaillez, mais n’espérez pas que les autres vous apprécie pour autant. Vous ne faites que votre devoir. N’ayez aucune attente car Dieu vous donnera la richesse spirituelle. Tout vous viendra au bon moment. N’attendez donc rien des autres.

Nous passons maintenant au verset 5:

Ekante sukhamasyatam

33. Vivre Joyeusement Dans La Solitude.

Demeurez dans la joie avec votre propre soi car lorsque vous trouvez la joie en vous, c’est une joie qui vous apportera la joie permanente. L’autre joie, le plaisir et le bonheur qu’on trouve dans les autres, au contact des objets, des gens, des choses qui font partie de notre environnement, cette joie du plaisir et du bonheur ne dure qu’un temps, ne se trouve qu’à certains endroits. Elle ne vous apportera pas le bonheur et la béatitude éternels. Si vous voulez le bonheur éternel, il faut vivre avec votre propre soi.

eka, unique, union,

anta, au bout, à la fin.

Allez jusqu’au bout où vous trouverez l’Un. Cette unité, s’appelle ekante, la fin, rien, fini, seulement l’unité, c’est votre conscience, c’est vous, c’est la présence de Dieu, c’est l’âme, l’unité uniquement. C’est l’état de yoga. Lorsque vous ne ressentez plus que l’unité, bien que vous perceviez beaucoup de choses à travers vos organes des sens, à travers votre œil spirituel vous ne voyez que la présence du père céleste unique, Dieu. Lorsque je ressens cette unité au dehors et au dedans de moi, elle m’apporte la joie, la béatitude, ananda. C’est l’ananda de son propre soi, c’est ekante.

La signification première est vivre seul. Vivre seul n’est pas vivre dans la solitude. On dit que les gens vont dans la jungle ou la forêt ou dans les montagnes et vivent seuls et pratiquent la méditation, mais il ne s’agit pas de la vraie solitude. La solitude est partout où vous êtes; vous êtes avec votre propre soi. Lorsqu’on perçoit à travers les organes des sens, il y a toujours une distance. Même ici dans cette pièce, nous disons que nous sommes près les uns des autres, mais il y a une certaine distance, un ou deux mètres. Si je vis dans la forêt, je serai peut-être à mille kilomètres de vous, il y aura encore une distance. Vous vivez avec votre propre soi, le je en vous, c’est vous, c’est votre propre conscience. C’est eka, unité. Lorsque vous vivez là, dans cette unité, vous atteignez l’état de béatitude. Vous recevez la béatitude de vote propre Soi, vous recevez la joie, et non pas un peu de plaisir provenant d’objets matériels. C’est la béatitude éternelle, la béatitude infinie.

Lorsque vous atteignez la béatitude infinie, il n’y a plus besoin de courir après les plaisirs et le bonheur limités. Il n’y a plus besoin parce que vous recevez la béatitude infinie, une infinité de dollars. Il n’y a plus besoin de courir après un ou deux centimes.

paratare cetah samadhiyatam

34. Maintenir Continuellement La Conscience de Dieu.

Restez continuellement attentif au Suprême. Bien que vous ne soyez pas réalisé vous pouvez pratiquer le désir de la réalisation. C’est ce qu’on appelle être attentif, conscient. Je veux connaître Dieu, je veux être conscient de Dieu, et je pratique. C’est ce qu’on appelle la conscience. Il faut la maintenir continuellement. Je veux aimer Dieu, je veux réaliser Dieu. Je veux ressentir Sa présence. Il faut se maintenir dans cet état constamment. On appelle cela la conscience, cetah.

Restez-en continuellement conscient : le Seigneur Suprême et Tout Puisant est au dedans de moi. Maintenez en permanence cette vigilance intérieure.

Passons à la deuxième ligne:

purnatma susamiksyatam

35. Voir Partout La Présence De Dieu.

Lorsqu’on se maintient continuellement dans cette vigilance intérieure, on atteint un état où l’on ressent qu’il n’y a rien. Il n’y a que la présence de Dieu, que la présence de votre propre soi. On dit que, dans la vie spirituelle, on accepte tout le monde comme un membre de sa famille, que le monde entier fait partie de sa famille. Vous aimerez donc tout le monde comme un membre de votre famille. Vous devriez aimer tout le monde comme vous aimez votre Soi. Vous pouvez aimer tout le monde parce que tout n’est qu’un. Dans la vie spirituelle, on appelle cela la conscience supérieure. Lorsque vous vous maintenez à ce niveau de conscience supérieure, vous voyez que tout n’est qu’un. Essayez de vous y maintenir. Il n’y a qu’une seule chose, le Soi, l’âme, l’esprit, ou, comme on dit, Dieu, ou une sorte d’énergie comme disent les scientifiques. Tout cela n’est qu’un.

Il y a un très beau mantra dans les Vedas et les Upanishads:

om purnanadah purnamidam purnat purnamudacyate
purnasaya purnamadaya purnamevavasisyate

Vous savez ce qu’il veut dire: « Ceci est plein, cela est plein et ceci vient de cela et si ceci est venu de cela, ce qui reste est également plein. »

Et lorsque vous vous rendez compte qu’il est vrai que vous êtes le Soi et que le Soi est Dieu, vous ressentez alors la plénitude. « Je suis l’âme, Je suis entier et complet. » Dieu est toujours entier et complet. « Je viens de Dieu. Cette plénitude-ci vient ce cette plénitude-la et lorsque cette plénitude-ci émerge de cette plénitude-la, que reste-il? Ce qui reste est également plénitude. » C’est l’état de réalisation. « Je suis l’âme, je suis entier et complet. Dieu est entier et complet. » C’est purnatma. Vous êtes comblé. La vie a atteint son aboutissement. Vous êtes ici pour faire aboutir votre vie bien avant qu’elle n’arrive à sa fin. Vous ne savez pas quand la vie doit arriver à sa fin. Donc, avant qu’elle n’arrive à sa fin, avant que le souffle ne cesse, faites aboutir la vie, essayez d’atteindre l’état de conscience, l’unité, qui vous apportera la plénitude.

La dernière partie de la deuxième ligne nous dit:

jagadidam tadbadhitam drysyatam

36. Reconnaître Que Le Monde Est Une Projection Du Soi.

Lorsque vous ressentez la plénitude, vous êtes conscient, vous voyez que tout n’est que vous. Vous voyez que chaque personne n’est que vous. Je peux vous aimer lorsque je ressens ma présence en vous ou votre présence en moi. Ce n’est qu’alors que le véritable amour est possible. Lorsqu’il y a une distance, on peut avoir de l’affection mais pas de véritable amour. L’affection se développe pour une certaine personne, à un moment donné, à un endroit particulier. Mais l’amour est ce genre d’affection qui existe toujours, partout, pour tout le monde, pour toutes choses. L’amour est éternel. Il faut contempler cela.

Tout ce que je vois, c’est moi. Je vois votre présence en moi. Un seul souffle qui nous relie tous. Vous expirez l’air que j’inspire. J’expire l’air qu’il inspire. L’air qu’il expire est inspiré par la vache, la vache expire, le serpent inspire. Il n’y a qu’un seul souffle qui vous relie tous, c’est l’unité. Une vie pour un grand nombre. Physiquement, nous sommes séparés, mais spirituellement nous sommes un. Une âme, une présence de Dieu, une essence, une vie, un souffle qui relie tout. C’est ce qu’on appelle le lien éternel. Unité. Volez plus haut, ressentez et réalisez l’unité.

Nous passons maintenant aux lignes 3 et 4 du verset 5:

prakkarma pravilapyatam citibalannapyuttaraib slisyatam
prarabdham tyiha bhujyayam atha

37. Conquérir Les Effets du Karma Passé Par Les Bonnes Actions Présentes,

38. Se Détacher Des Karmas Futurs Grâce à La Sagesse,

39. Accepter Calmement Les Germes De Karma (prarabdha) Qui Ont Déjà Commencé à Porter Des Fruits.

Nous avons fait beaucoup de choses dans notre vie et dans nos vies passées. Lorsqu’on accomplit une action quelle qu’elle soit, on laisse une semence de ce karma dans le corps causal. Il faut ensuite un certain temps pour que cette semence se mette à germer, devienne un arbre et donne des fruits. Certaines graines sont déjà en train de germer et d’autres sont restées à l’état de graine. D’autres ont germé et sont devenues des arbres. Certaines sont devenu des arbres et commencent à porter des fruits. Il y a deux types de fruits, sucré et amer. Les fruits sucrés sont votre bonheur, votre bon karma. Les fruits amers sont votre négativité, votre mauvais karma.

Avec plaisir ou à contrecœur, acceptez l’agréable et le désagréable. Acceptez les parce que c’est nous qui les avons créés. Tout ce qui nous arrive est notre karma passé. Les autres n’y sont pour rien. Lorsqu’il y a quelque chose qui ne va pas, on en attribue la faute aux autres. Ce n’est pas bien. S’il y quelque chose ne va pas, il faut trouver ce qui ne va pas au dedans de nous-mêmes. Supposons que vous faites quelque chose et que, bien que vous n’ayez rien fait de mal, il y a des difficultés. Vous ne pouvez pas dire, j’ai tout fait comme il faut, comment se fait-il que j’arrive à ce genre de résultat? Vous ne voyez que le moment présent et vous ne prenez pas en considération ce que vous avez fait dans le passé qui influence également les circonstances présentes. Mais si vous êtes conscient que tout ce qui vous arrive dans la vie est un effet secondaire de vos propres actions, vous vous rendez alors compte que tout est bon. Plus je souffre, plus vite ce sera fini. Il n’y aura plus de semence dans le corps causal, plus de pensées, plus de négativité et vous serez complètement libéré. La liberté consiste à se libérer du corps causal. C’est ça la liberté. Vous êtes donc libre.

La plupart du temps, les disciples font du bon travail au niveau spirituel mais ils en tirent des difficultés et se retrouvent dans des situations qui paraissent négatives selon leur propre façon de penser. Pourquoi? C’est un effet secondaire de notre propre karma. Lorsque les gens vous font des reproches et vous réprimandent, vous devriez ressentir que c’est pour votre purification. Et si, bien que vous n’ayez rien fait de mal, vous êtes puni, un certain nombre de vos semences ont maintenant disparu. Cela devrait être clair. Les souffrances sont des bénédictions déguisées. Tout ce qui arrive dans la vie n’est que pour notre bien. Pratiquez cela.

Finalement, il nous dit:

parabrahmatmana sthyitam

40. Etre Tout Le Temps Conscient Et Divin.

C’est à dire restez en contact avec le Soi Suprême. Soyez conscient et divin tout le temps, c’est le dernier point. Par la pratique régulière, en profondeur, et la discipline spirituelle telle qu’elle vous a été donnée par votre maître, en essayant de vous y tenir, faites l’effort de rester conscient de cette éternelle existence de Dieu en vous. Lorsque vous êtes conscient de cette existence, vous voyez que rien n’existe dans ce monde si ce n’est l’existence de Dieu. Tout n’est qu’un. La vie atteint sa plénitude.

Nous sommes tous sans nous en rendre compte les enfants divins du même Dieu céleste. Soyez en conscient. Tant que vous n’avez pas atteint cet état de conscience, essayez de rester constamment attentif au dedans : c’est votre effort personnel. Pratiquez les techniques avec le plus profond désir et vous atteindrez un état où vous réaliserez que vous n’êtes rien et que vous n’avez pas d’existence, que vous ne savez rien et que vous n’avez rien. Lorsque vous réalisez cet état de néant, vous recevez alors la grâce et les bénédictions de Dieu. Grâce à ces bénédictions vous serez alors libéré de l’illusion, libéré de maya.

Grâce à ces bénédictions votre pratique sera sans effort et votre vie atteindra sa plénitude. Restez dans l’état intérieur de vigilance, d’amour et de dévotion intérieurs. Dans chaque action, gardez le contact intérieur. Tout en vivant dans la société, tout en vivant avec les autres, vivez dans l’unité. Soyez conscient et soyez divin.

om purnamadah purnamidam purnat purnamudacyate
purnasya purnamadaya purnamevavasisvate
om santih santih santih.

Ceci est plein, cela est plein. Cette plénitude vient de la plénitude. Bien que la plénitude soit soustraite de la plénitude, la plénitude reste entière.

Om, paix, paix, paix.

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Yoga Sutras de Patanjali

Commentaires de Yogiraj Shri Shri Lahiri Mahasaya
Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Prajnanananda

Suite du dernier numéro de Soul Culture, extrait du livre à paraître bientôt Les Yoga Sutras de Patanjali à la Lumière du Kriya Yoga (titre provisoire) par Lahiri Mahasaya, interprété par Paramahamsa Prajnanananda en consultation avec Paramahamsa Hariharananda.

Sutra 31

Dukha daurmanasyangamejayatva svasa prasvasa viksepa sahabhuvah
dukha = peine, souffrance, malheur
daurmanasya = découragement, désespoir
angamejayatva = tremblement du corps
svasaprasvasah = inspiration et expiration
viksepa = de la distraction mentale
sahabhuvah = compagnons

Traduction :

La souffrance, le désespoir, les tremblements nerveux, l’irrégularité de la respiration sont les compagnons de ces distractions mentales.

Commentaires de Lahiri Mahasaya:

Ce genre de problèmes, qu’ils soient physiques ou proviennent d’autres êtres vivants et d’éléments extérieurs, l’agitation mentale, les sueurs, l’irrégularité respiratoire, toutes ces choses vont de pair avec la distraction mentale. Eliminez les et, libérés du désir, restez ancrés dans le samadhi.

Interprétation Métaphorique :

Dans la sutra précédente, le sage Patanjali a décrit de nombreux aspects que les distractions peuvent prendre sur la voie spirituelle. Il fait maintenant un pas de plus et parle de quelques autres compagnons qui peuvent apparaître dans la vie du chercheur. Ici quatre de ces obstacles sont indiqués:

1- Les souffrances : (il y a trois types de souffrances auxquels on doit faire face dans la vie.) La vie est une aire de jeu pour le plaisir et la souffrance. Ces souffrances proviennent soit de déséquilibres physiques ou mentaux qui entraînent des maladies ou bien d’autre êtres vivants comme des insectes, des serpents, etc… ou encore d’éléments extérieurs comme la pluie, les inondations, les ouragans et les tremblements de terre.

2- Le désespoir : Sur la voie spirituelle, on peut perdre espoir, se sentir découragé après un certain temps, ce qui entraîne une stagnation dans l’évolution spirituelle.

3- Les tremblements nerveux : Pendant la pratique régulière, lorsque le calme intérieur commence à se faire sentir et que le corps entre dans l’immobilité, on peut, dans cet état, ressentir un tremblement ou des secousses dans le corps ou des sueurs inhabituelles qui créent des distractions.

4- La respiration irrégulière : Le souffle est la clé menant au calme et à la paix intérieure. Par la pratique régulière du souffle, le mental devient tranquille. Le souffle devient si faible qu’il ne se déplace plus que dans les voies nasales. Mais le souffle irrégulier réapparaît parfois avec le déséquilibre intérieur.

Ces quatre conditions sont les signes extérieurs et visibles d’un état d’agitation et de distraction.

O chercheur! La voie spirituelle n’est pas toujours simple et facile. Elle est glissante. Sur le chemin intérieur de la culture de l’âme où vous devez avancer avec sincérité et régularité, faites attention à ces obstacles. Par la prière et la pratique, éliminez les entraves pas à pas et atteignez le sommet de la réalisation. Aimez Dieu. Priez du fond du cœur. Essayez sincèrement avec une foi implicite. Le succès sera alors à portée de main.

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La Baghavad Gita

Interprétation métaphorique de Paramahamsa Hariharananda

Suite du numéro précédent de Soul Culture et tiré de  » La Bhagavad Gita à la Lumière du Kriya Yoga: Vol. 3  » (disponible uniquement en anglais)

Chapitre 17, versets 8 et 9

Verset 8:

ayuhsattvabalarogya-
sukhapritivivardhanah
rasya snigdhah sthira hrdya
aharah sattvikapriyah

Traduction :

Les aliments qui sont de nature à promouvoir la vie et la longévité, la vitalité, la vertu, l’intelligence, la force et la vigueur, la santé, le bonheur et la satisfaction sont juteux, doux, fermes, plaisants à l’estomac et naturellement agréables. Ces aliments sont chers à la personne bonne et spirituelle.

Interprétation Métaphorique :

Il y a beaucoup de débats et de discussions au sujet des aliments spirituels et bons pour la santé. Dans ce verset, le Seigneur parle de l’alimentation spirituelle à l’aide d’une métaphore et l’interprétation littérale n’est donc pas suffisante. Chaque mot doit être expliqué en détail en se reposant sur des considérations ayurvédiques et hygiéniques. Ce verset passe en revue tous les aspects d’une nourriture saine et spirituelle.

Le Seigneur dit que l’alimentation qui apporte la longévité, le calme mental, la vitalité, la vigueur, la force, la santé, la gaieté et le bonheur et qui est à la fois savoureuse, nourrissante, substantielle et naturellement agréable est chère aux personnes spirituelles. L’alimentation se doit d’être saine et de promouvoir la santé.

1. Ayuh (longévité): ayur vai ghritam. L’alimentation ne devrait inclure que peu de matières grasses (comme le ghee ou le beurre). Pour vivre longtemps, les matières grasses ne devraient être consommées qu’avec modération.

2. Sattva (paix intérieure, intelligence): phale sattva. Les fruits contiennent beaucoup de vitamines et de minéraux. La consommation quotidienne de quelques fruits est bonne pour l’intelligence et la paix intérieure.

3. Balam (force et vigueur): dugdhe balarn. Le lait est un aliment complet qui contient un grand nombre de substances nutritives indispensables. Buvez du lait tous les jours.

4. Arogyam (corps sain, en bonne santé): tikte arogyam. En mangeant un peu de nourriture amère tous les jours, on restera en bonne santé.

5. Sukha (bonheur): madhurena sukham. On devrait aussi prendre quelques friandises ou desserts.

6. Priti (satisfaction). Un peu de nourriture fermentée (eau de riz qu’on appelle kanji)

7. Rasya: juteux

8. Snigdha: un peu de crème

9. Sthira (protéine). Les protéines peuvent être d’origine animale ou végétale et devraient être consommées avec modération. Les protéines sont bonnes pour la santé, l’intelligence, l’agilité et l’activité. Elles doivent être mangées avec des hydrates de carbone qui faciliteront la digestion des protéines.

10. Hridya. Un peu de yaourt quotidiennement est bon pour calmer l’estomac.

Ceci constitue une alimentation spirituelle mais il ne faut pas perdre de vue le dicton de l’ayurveda: jirnamanam prasamsriyat, « La meilleure alimentation pour une personne donnée est celle qu’elle digère le mieux. »

L’alimentation de celui qui est spirituel est bonne et spirituelle. Elle aide à méditer. Notre état mental est affecté par la nourriture. Lorsqu’on arrive à se mettre dans une humeur spirituelle par une bonne alimentation en quantité modérée, le prana et le mental s’écoulent à travers le canal du sushumna ce qui permet de s’améliorer.

Verset 9 :

katvamlalavanatyusna
tiksharuksavidahinah
ahara rajasaye ‘sta
duhkhasokamayapradah

Traduction :

La cuisine très relevée (désagréable), amère, salée, trop épicée, acide, corrosive, desséchante et brûlante et qui cause des douleurs, des problèmes et des maladies est le genre de cuisine qu’aiment les gens de nature rajasique.

Interprétation Métaphorique:

Dis-moi ce que tu manges, je te dirai comment tu te portes. La nourriture est la base du développement à tous niveaux. La nourriture est la vitalité, la force et la santé. La nourriture développe la puissance cérébrale et aide à la méditation et au progrès spirituel. La nourriture est la beauté et le lustre. La nourriture permet de vivre longtemps et crée les conditions favorables à la réalisation divine. Une alimentation sattvique et pure engendre le calme mental et une bonne concentration. Une alimentation rajasique crée l’agitation et l’inquiétude. Elle est trop relevée. La première catégorie de nourritures rajasiques est katu. Beaucoup le traduisent par « amère », mais, dans le verset précédent on a vu qu’un peu de nourriture amère est bonne pour le foie et pour la santé en général. Katu ne peut donc signifier « amère ». Tikta veut dire « amer ». Dans l’ayurveda il y a une description détaillée de rasa (goût ou jus). Il y a sad rasa (six types de goûts) dont katu et tikta qui sont catégoriquement différents. Katu est un goût fort et désagréable.

Le deuxième type de nourritures rajasiques est amla (nourriture acide et alcoolique). Elles sont extrêmement aigres et beaucoup de gens agités les apprécient.

Puis il y a lavana qui veut dire salé. Un excès de sel n’est pas bon. Il crée un goût relevé. La nourriture et les boissons très relevées ne sont pas bonnes pour la santé. La nourriture très épicée ne peut pas être mâchée comme il faut. Lorsqu’on avale trop vite, ça crée des problèmes de santé.

Tiksna est le goût qui emporte la bouche du piment et des poivrons. Les gens rajasiques aiment ça.

Ruksha est la nourriture frite ou grillée dans du beurre, de l’huile ou du ghee.

Vidahina est la nourriture qui crée une sensation de brûlure comme la moutarde, l’asafoetida, etc…

La cuisine huileuse, riche, épicée, grillée et frite coûte cher et est difficile à digérer et à assimiler. Elle endommage le foie et le colon. Un grand nombres de calculs, de cancers, de problèmes de la rate et des reins sont causés par une alimentation rajasique qui abîme aussi la vue. Les plats rajasiques très irritants créent l’agitation et la passion et perturbent la paix intérieure.

Ce genre de nourriture cause des douleurs, des souffrances et la maladie. Des mouvements réduits de la langue en mangeant ainsi que l’absorption de mauvais aliments au mauvais moment et en mauvaise quantité entraînent des maladies, de la souffrance et l’insatisfaction mentale.

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