Réalisation Divine Vol 14.2

Paramahamsa Hariharananda fait un signe de salut de la main
Paramahamsa Hariharananda

Sommaire

Quel est le but de la vie humaine?

Par Paramahamsa Hariharananda – extrait du Volume 3 de Kriyaban, 1982.

Nous devons retourner d’où nous sommes venus, tel est le but de la vie humaine.

Nous venons tous de Dieu et nous devons retourner à Dieu. Nous devons rester en Dieu à chaque instant de notre vie. C’est le but de la vie humaine. Avant la création Dieu était sans forme, imprégnant tout, omniprésent, omniscient et omnipotent.

Il est écrit dans le Taittirya Upanishad que ce fut le désir du Seigneur de l’Univers que de devenir nombreux. Donc, le Dieu Sans Forme, selon Son désir, créa cinq éléments fondamentaux: en premier lieu, le vide, en deuxième, l’air, en troisième, le feu, en quatrième l’eau et en cinquième, la terre. Partout dans sa création vous trouverez ces cinq éléments.

Le couronnement de la création de Dieu est l’être humain. La rationalité est présente dans l’être humain. C’est pourquoi seul l’être humain peut connaître Dieu.

Dans l’épine dorsale de chaque être humain, il y a les cinq éléments fondamentaux. Dans le centre cervical, Vishuddha chakra, il y a le vide. La déité de ce chakra est Shiva. Dans le centre dorsal, Anahatta chakra, il y a l’air et les déités de ce centre sont Krishna, Vishnou, Rama, Jagannath et Narayana. Ces déités appartiennent toutes à la même catégorie. Dans le centre lombaire, Manipura, il y a le feu. La déité de ce centre est Surya (Soleil). Dans le centre sacré, Swadhisthana, il y a l’eau. Les déités de ce centre sont Shakti, Durga, Kali, Jagaddhatri, Annapuma et Saraswati. Elles appartiennent à la même catégorie. Dans le centre du coccyx, Muladhara, il y a la terre et la déité de ce centre est Ganesha.

L’être humain a aussi cinq organes des sens: l’oreille correspond au centre de l’éther, la peau au centre dorsal, les yeux au centre lombaire et le nez au centre du coccyx.

Dieu a donné ces cinq organes des sens à chaque être humain. Il leur a aussi donné l’état d’extraversion c’est à dire d’illusion, d’imagination et d’erreur. Nos cinq organes des sens sont nos ennemis et ils nous éloignent constamment de la vérité.

Bien que ces déités demeurent dans nos cinq organes des sens et dans nos cinq éléments fondamentaux de l’épine dorsale, tous les êtres humains sont malgré tout sous l’emprise des démons, les asuras. Il est écrit dans le Chandi que toutes les déités sont sous l’emprise des asuras.

Les Hindous rendent un culte à ces cinq déités: Shiva, Jagannath, Surya (Soleil), Shakti et Ganesh. Tous sont des déités mais ils ne sont pas Dieu. Ils sont les agents de Dieu. Les Brahmanes Hindous rendent quotidiennement un culte à ces déités. Malgré cela ils n’atteignent pas le but de la vie humaine.

La question se pose donc: pourquoi n’atteignent-ils pas le but de la vie? Parce qu’ils ne pratiquent pas systématiquement. Leur façon de rendre le culte est un jeu religieux accompagné de vues dogmatiques et ils ne ressentent donc pas intérieurement l’Âme qui est le pouvoir de Dieu. Ils ne ressentent pas que c’est l’Âme qui dirige les cinq organes des sens et les cinq éléments fondamentaux. Il est le Seigneur du corps de chaque être humain. Si L’Âme qui demeure au dedans n’inspire pas le souffle par le nez, alors tous les organes des sens, toutes les cinq déités et le corps humain tout entier sont morts. Si l’âme n’inspire pas, il n’y a pas de Shiva, pas de Krishna, pas de Soleil, pas de Sakti et pas de Ganesha. Ces cinq agents de Dieu sont inactifs sans le pouvoir de Dieu qui inspire et expire constamment. Ces cinq agents de Dieu font partie intégrante de Dieu. Personne ne peut tuer Dieu. Personne ne peut toucher Dieu. Personne ne peut couper Dieu en morceaux.

Dans la religion Hindoue il y a de nombreuses techniques dont l’emploi est prescrit avant de rendre un culte aux déités telles qu’anganyasa, karanayasa, bnutshuddi, matrikanyasa, pranayama. Mais aujourd’hui les Hindous se contentent de lire des livres et ne pratiquent plus ces techniques. S’ils suivaient vraiment ces techniques, ils atteindraient l’état d’introversion et leur pouvoir spirituel latent qu’on appelle aussi Kundalini Shakti s’élèverait de leurs centres inférieurs vers leurs centres supérieurs. Si vous vous contentez de lire un livre sur la natation, pouvez-vous nager? Si vous vous contentez de lire un livre sur le pilotage des avions, pouvez-vous le faire décoller et le diriger en toute sécurité au bon endroit? Pour piloter un avion, il faut à la fois apprendre la technique sur le plan pratique avec un instructeur et suivre parallèlement les instructions du livre. De même, vous devriez apprendre avec un Yogi réalisé la technique qui peut vous aider à élever votre pouvoir spirituel latent des centres inférieurs vers les centres supérieurs. Il faut vous élever au dessus des cinq organes des sens.

Au cours de la période Védique, tous les êtres humains, en pratiquant le Yoga, atteignaient l’ultime état divin qui est la vérité, qui est avyakta, l’état sans forme. Au cours de la période Arienne, les êtres humains atteignaient aussi le même état.

Puis vint la période Hindoue, la période où l’être humain devint très social. Beaucoup d’êtres humains hautement spirituels se mirent à penser que si Dieu s’était matérialisé sous forme humaine, il serait facile de parler avec cette forme vivante de Dieu présente parmi eux. L’un des adeptes fixa son attention sur l’oreille et le son et comme son imagination trottait sur des formes, celle de Shiva se présenta à lui. Il se mit alors à écrire le Shiva sanhita et un grand nombre de mantras sur cette déité. Puis il proposa un enseignement selon lequel, si vous méditez sur cette forme, vous ressentirez un plaisir divin, la paix intérieure et la libération. Un deuxième adepte fixa son attention sur la vibration de la peau et du corps tout entier et imagina Krishna, Vishnou, Rama et Narayan. Il écrivit de nombreux puranas et dit que si vous chantez le nom de Dieu et lisez tous les livres vous atteindrez la concentration et le plaisir divin. De nombreux chants des écritures du vaishnava furent composés. Les Vaishnavas hurlent, chantent, dancent et croient qu’ils sont très évolués alors qu’en fait, ils se confinent aux cinq organes des sens. Ils sont un ensemble de contradictions. Un troisième adepte fixa son attention sur la lumière et les yeux. Il dit que le Soleil (Surya) est le Dieu vivant visible. et que si vous pratiquez tratak sadhana, ce qui signifie regarder le Soleil sans interruption du matin au midi, vous atteindrez la concentration.

Il a aussi été dit que si vous lisez l’adya atotra, vous ne serez jamais malade et vous atteindrez la réalisation du Soi. Mais ceux qui le font restent également absorbés par les cinq organes des sens ce qui ne peut pas conduire un être humain à Dieu. Dans le Kena Upanishad il est écrit que les yeux ne peuvent pas voir mais qu’il faut savoir que ce qui fait que les yeux voient, cela seul est Dieu et non pas ce à quoi les gens rendent un culte ici.

Un autre adepte fixa son attention sur le sens du goûter, sur la bouche et la parole et imagina la mère Divine, Durga. Si, suivant ses conseils, vous chantez Durga, Durga, et lisez entièrement le chandi, vous recevrez les bénédictions de la mère Divine. Mais dans le Kena Upanishad il est dit que la parole ne peut rien révéler mais qu’il faut savoir que ce qui révèle la parole et le goût, cela seul est Dieu et non pas ce à quoi les gens rendent un culte.

Un adepte fixa son attention sur l’odorat, le nez et le centre du coccyx. Il médita profondément et imagina la perception que Ganesha est le pouvoir de Dieu. Il enseigna que si vous méditez profondément sur lui, vous aurez l’esprit en paix et vous réussirez dans la vie. Tous les commerçants de l’Inde affichent donc une image de Ganesha dans leur boutique pour la faire prospérer. On trouve ce culte de Ganesha plus particulièrement dans le Sud de l’Inde. Les Perses de Bombay sont plus enclins à rendre un culte au Soleil ou au feu. Les êtres humains du Rajasthan, du Surat et de l’Orissa sont Vaishnavas. Ils accordent davantage d’importance à Krishna et à Vishnou. Les habitants des collines célèbrent davantage Shiva.

Mais la chose la plus importante c’est que les cinq déités sont dirigées par l’Âme. Si L’Âme n’inspire pas, l’être humain meurt et les cinq déités, Shiva, Krishna, Surya, Shakti et Ganesha sont inactives. Nous percevons les cinq déités grâce au pouvoir de L’Âme. Par exemple, il y a de la lumière dans cinq pièces, mais lorsque le disjoncteur est disjoncté, il n’y a plus de lumière dans aucune pièce. Le disjoncteur est comme les 220 volts de la maison-corps et la centrale électrique est comme Dieu avec son voltage illimité. Chaque maison-corps et chacune des cinq pièces de la maison sont branchées sur la centrale. De même que le même courant électrique est partout, tout est le pouvoir de Dieu.

Mais ne perdez pas de vue que le but ultime de toute religion est nirguna avyakta, c’est à dire l’état sans forme. Tant que vous n’êtes pas capable d’introvertir les cinq sens, vous ne pouvez pas percevoir la réalité.

Jésus dit que tous les êtres humains restent au niveau des centres inférieurs. C’est pourquoi ils ne peuvent pas aller à Dieu. Jésus dit: « je demeure toujours dans le centre supérieur, au dessus du crâne. C’est le royaume de Dieu. C’est le ciel. Si vous ne me suivez pas, vous ne pouvez pas aller à Dieu. »

Jésus dit: « vous êtes nés de la chair et vous recherchez donc tout le temps la chair. Vous devez renaître. Vous devez renaître d’en haut par l’eau et l’esprit. Il n’est pas nécessaire d’aller d’abord dans la tombe. Le royaume de Dieu est à portée de main. Si vous désirez Dieu, méditez maintenant et vous atteindrez Dieu. Vous atteindrez la libération constante et l’état sans forme. »

On trouve la même chose dans l’Hindouïsme. On doit être dvija ce qui veut dire être né deux fois. La première fois vous êtes nés du sein de votre mère et la deuxième fois vous devez naître de la glande pituitaire.

Dans les écritures il est écrit:
pindam kundalini shahtim hamsa iti udahritam
rupam bindum iti jnevam rupatitam niranjnam

Cela veut dire que notre corps physique est Kundalini shakti, d’où découle l’illusion, l’imagination et l’erreur mais que nous sommes L’Âme toute puissante.

La forme de notre Âme véritable est « atom » ce qui veut dire sans forme. Donc, en pratiquant la technique, nous pouvons aller avec notre corps, notre mental, notre intellect et notre ego des centres inférieurs au centre supérieur, à L’Âme. Alors, de façon certaine, notre culte, notre méditation et notre dévotion porteront leurs fruits. Nous dépasserons l’ego, l’orgueil, la colère et le vice. Nous atteindrons la pureté, la perfection, l’amour, la douceur, l’équilibre mental, la bonne entente, l’affection, l’union et nous ressentirons que l’être humain est en Dieu et que Dieu est dans l’être humain.

Dans la Bhagavad Gita, au chapitre 4, verset 18, il est dit: agyana samghutam etc… Sri Krishna disait: Oh Arjuna, à l’aide de l’épée de la conscience tranche l’ignorance née de ton cœur. Tu pourras alors te libérer du doute. Ne reste pas là, le cœur brisé. Pratique la technique du Kriya yoga et élève-toi au dessus du crâne, à l’Âme. Sri Krishna dit aussi que le mental humain descend vers les centres inférieurs de l’épine dorsale à cause de l’attachement au choses du monde et parce que nous sommes accaparés par les objets matériels. Si vous réussissez à dissiper cette vague mentale par le contrôle du souffle et la magnétisation de l’épine dorsale, alors votre mental sera libéré des pensées terre à terre.

Prenons un exemple. Pendant le sommeil, notre souffle est d’un type différent qui nous aide à atteindre le calme extrême. Alors, notre mental, nos pensées, notre intellect, notre passion, notre colère, nos vices et nos peines disparaissent complètement. Le Kriya yoga utilise un type de souffle similaire. Par la pratique du Kriya yoga, vous atteindrez la maîtrise complète du souffle. Votre mental, votre intellect, votre ego et votre perception du monde seront complètement transformés en connaissance, conscience et conscience cosmique.

Tout le pouvoir des centres inférieurs s’élèvera vers l’Âme et vous ne ressentirez plus que le son divin, la lumière divine, la vibration divine, l’amour divin et l’état sans forme.

L’état sans forme est le but ultime de tout être humain. Plus vous méditez et vous élevez de plus en plus haut, plus vous aurez de sagesse. Sagesse signifie prajnan: prajnanam brahma. Celui qui connaît Brahma devient Brahma. Cela veut dire que l’adepte atteint le nirvikalpa samadhi c’est à dire l’état d’absence de pouls. Dans cet état, l’adepte va au delà du son divin, de la vibration divine et de la lumière divine. Ce n’est qu’à ce niveau que l’adepte se fond en Dieu. C’est l’état sans forme. C’est l’état d’avyakta. C’est le but final de toute vie humaine.

Dans l’antiquité, durant la période Védique, tous les êtres humains, hommes et femmes, filles et garçons, avec ou sans éducation, riches ou pauvres, pratiquaient cette technique du Kriya Yoga à l’aide de laquelle ils acquéraient la force et la réalisation. Bien qu’ils vivaient en famille, ils pouvaient ressentir que ce que je fais, c’est le soi qui demeure en moi et lui seulement qui le fait. Ainsi, ils restaient constamment libres de toute illusion et étaient en permanence dans l’état de libération et de samadhi conscient: savikalpa samadhi.

Tous les êtres humains sont nés pour la réalisation du Soi. Ce Soi de la réalisation du Soi est l’Âme qui demeure en permanence dans le corps. L’Âme est l’auteur des actions du corps.

Si vous êtes vraiment cultivé, vous pouvez sentir que l’Âme n’est pas le corps. De même que le conducteur est une entité distincte de la voiture, de même votre âme n’est pas votre corps. Grâce au courant électrique, vous pouvez utiliser la radio, la télévision, les lampes et le batteur électrique. Dès que vous l’éteignez, vous ne pouvez plus écouter de chanson à la radio ni voir de film à la télévision. De même, sans le courant de l’Âme, vous ne pouvez pas jouir des choses matérielles. C’est pourquoi Dieu descendit gracieusement du ciel et demeure sous la forme d’une âme dans chaque être humain.

L’Âme reste toujours détachée; elle n’est pas absorbée par l’argent dans le centre du coccyx, ni dans le plaisir sexuel au centre sacré, dans les plaisirs de la table au centre lombaire et ainsi de suite. L’Âme reste toujours détachée de tout.

Si, par la pratique du contrôle du souffle, vous éveillez votre pouvoir spirituel à l’état dormant dans vos centres inférieurs, vous resterez en permanence circonspects au niveau de vos cinq organes des sens. A chaque pas, tout au long de votre vie, vous serez dans la béatitude divine, l’amour divin, remplis de reconnaissance envers Dieu.

La chose la plus importante sur laquelle je veux insister est que notre souffle est notre vie. Sans souffle, l’oreille ne peut pas entendre, les yeux ne peuvent pas voir, la bouche ne peut pas parler et nos mains et nos jambes ne peuvent pas fonctionner. Ce souffle est inspiré par L’Âme de l’intérieur, depuis la glande pituitaire.

Vous devez fixer votre attention à cent pour cent sur la glande pituitaire et, calmement, observer comment L’Âme inspire le souffle de l’intérieur. Si vous observez comment cet air va toucher le corps sans forme de votre âme, alors, de façon certaine, vous entrerez dans l’état de calme extrême, l’état d’introversion, et vous entendrez automatiquement le son divin. Mais pour cela vous devez avoir un désir extrême pour la culture de L’Âme. C’est la fondation de base de votre culture de L’Âme.

Avant d’aller aux toilettes, vous en ressentez le besoin, puis vous y allez et faites ce que vous avez à faire. De même, avant d’atteindre la culture de L’Âme, il faut d’abord observer calmement le souffle qui va et qui vient. Ce souffle est inspiré par L’Âme et a été la source de votre vie depuis votre première enfance. Dieu a été doux avec vous depuis votre naissance. Il inspire votre souffle constamment et vous donne le plaisir total. Vous devez donc être reconnaissant envers le pouvoir de Dieu, c’est à dire envers votre âme. Sans âme, vous n’avez rien. Vous devez donc lui rester reconnaissant à toutes les étapes de votre vie.

Sri Krishna parla d’abord au chapitre 4 de la Bhagavad Gita du Yoga de la Connaissance, puis au chapitre 5 du karma sannyasa, ou le Yoga de l’Action. Cela veut dire que si vous ne connaissez pas la technique de la culture de l’Ame et ne la pratiquez pas correctement, en suivant les instructions d’un maître réalisé, vous ne pouvez pas atteindre le Yoga de la Connaissance. Au chapitre 6 de la Bhagavad Gita, Sri Krishna parla en détail de la nourriture spirituelle. De la nourriture on tire l’énergie, la vie et la vie divine. Il indiqua aussi comment on doit s’asseoir et où l’on doit concentrer son attention pour la culture de L’Âme. Il décrivit également comment respirer, où le souffle doit se diriger et ce qu’il doit toucher. Il expliqua également comment équilibrer le souffle de telle sorte qu’il se déplace en quantité égale dans les narines, comment donner du repos au cœur, comment atteindre l’état d’absence de souffle qui est l’état d’absence de mort, comment atteindre la libération constante et l’état sans forme, comment atteindre le véritable amour de Dieu qui inspire et expire constamment et vous apporte le développement à tous niveaux.

Ainsi, si vous la cherchez vraiment sur la voie royale de votre épine dorsale, vous ressentirez réellement une âme. Un agent de Dieu travaille dans chaque centre. Shiva travaille dans votre centre du vide et vos oreilles; Krishna dans votre centre de l’air et votre peau; le Soleil dans votre centre du feu et vos yeux; Shakti dans votre centre du sexe et votre bouche; et Ganesha dans votre centre de l’argent et votre nez. Dieu travaille non seulement dans votre épine dorsale et vos organes, mais aussi dans votre corps. Le corps est une sorte de monde miniature et le pouvoir de Dieu imprègne le monde de votre corps tout entier. Si vous méditez profondément et le ressentez, vous atteindrez le but supérieur de tout être humain.

Le but de la vie n’est pas loin. Il est toujours en vous car Dieu est partout. Si vous Le recherchez au dedans et suivez scrupuleusement la Bhagavad Gita, vous atteindrez en permanence la divinité, la libération, l’état de savikalpa samadhi et le nirvikalpa samadhi qui est l’état sans forme et le but ultime de toutes les religions.

Dieu a créé l’homme à son image. L’homme ne peut donc connaître Dieu que par la réalisation de soi. Mais ceci n’est pas possible dans l’état d’esprit agité par les vagues d’inquiétude qui naissent de l’identification du soi avec les états changeants du corps et du mental. Cet état produit une image déformée de Dieu comme l’image du soleil reflétée sur la surface des eaux agitées.

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Message du Maître

Par Paramahamsa Hariharananda

De même que l’océan reste calme bien que les eaux de nombreux fleuves s’y jettent de tous côtés, l’adepte réalisé fusionne les divers aspects de sa vie dans L’Âme et trouve la paix. Mais ce n’est pas le cas de celui qui est esclave de ses désirs, de ses ambitions et de ses passions. La personne dont la spiritualité s’éveille évite toute les qualités négatives. La vie d’une telle personne est remplie et complète bien que vivant dans le monde matériel des objets des sens. Une telle personne reste toujours la même malgré les nombreux fleuves turbulents de la vie qui se jettent dans sa conscience inébranlable.

Les yogis réalisés, ceux qui ont atteint le Shambavi mudra, un niveau supérieur du Kriya, sont toujours absorbés par L’Âme, même lorsqu’ils ne sont pas dans l’état de méditation. Ils ont le contrôle de soi, la confiance en soi, la connaissance de soi et sont en possession de soi. Dans cet état, l’adepte voit L’Âme partout et reste détaché des choses négatives, tandis que le mental de ceux qui ne méditent pas est toujours agité, désagréable, maladif, de plus ils passent leur temps à vouloir posséder tout ce qu’ils voient dans le monde.

Sthita Prajna est celui dont les sens sont complètement détachés des objets des sens.

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Extrait de goutte de nectar

De Paramahamsa Hariharananda rédigé par Paramahamsa Prajnanananda

Il est difficile de monter mais très facile de descendre.
Si vous méditez tous les jours sincèrement vous demeurerez constamment avec l’Âme.

Extrait et traduction du livre « Nectar Drops » de Paramahamsa Hariharananda rédigé par Pramahamsa Prajnanananda.

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Extrait de fleuve de compassion

Extrait d’une biographie de Paramahamsa Hariharananda par Paramahamsa Prajnanananda

Chapitre 2 (suite): Évolution Spirituelle

On peut comparer le guru à une vache laitière toujours prête à donner son lait aux autres. Le guru est comme une tendre mère dont l’esprit et l’attention sont toujours centrés sur ses disciples, ses vrais enfants. Le guru retire un plaisir extrême de l’avancement de ses disciples.

Shriyukteswar avait de nombreux disciples avancés. Rabi était le plus jeune d’entre eux. Avec le plus grand soin et la plus grande attention il fit tout pour l’aider à grandir dans la spiritualité. Il était non seulement un maître réalisé en Kriya Yoga, mais aussi un érudit dans le domaine de la philosophie orientale et occidentale, ayant acquis une connaissance profonde de la Sainte Bible, aussi bien que de l’anatomie humaine, de l’astronomie et de l’astrologie. Il créa un nouveau système d’analyse astrologique appelé Astrologie Cosmique. Il enseigna peu à peu à Rabi tous ces domaines de connaissance. Les Upanishads parlent de deux types de vidya (connaissance): para (suprême) et apara (matérielle). Chacun doit essayer d’exceller dans les deux.

Rabi désirait ardemment pouvoir observer son maître bien-aimé dans l’état de nirvikalpa samadhi et il ne pouvait s’en cacher. Le guru omniscient, pour donner confiance à son cher disciple, accorda à Rabi la révélation de l’état de nirvikalpa samadhi n’hésitant pas à le prendre sous son aile pour que puissent s’exprimer les qualités divines qu’il avait en puissance.

Rabi passa des jours et des nuits à servir son maître avec amour et dévotion et à méditer en sa présence divine.

*

Lorsque Shriyukteswar marchait dans la rue, son regard était toujours fixé à l’infini. Son corps droit, grand et robuste et son allure ferme faisaient naître dans le cœur des passants une crainte inconnue. On le considérait comme un lion parmi les humains et beaucoup le surnommaient le tigre royal du Bengale. Son attitude était toujours celle du détachement.

Un jour Shriyukteswar et Rabi se promenaient à pied dans la rue pour prendre l’air. Un char à bœufs chargé de sacs passait par-là. Le conducteur était assis à l’avant. Il ne remarqua pas qu’un gros sac était tombé derrière lui. Shriyukteswar et Rabi marchaient derrière. Shriyukteswar conserva son attitude détachée devant la scène, mais Rabi ne put résister. Il se mit à courir vers le conducteur du char à bœufs pour l’informer de l’incident. Le conducteur remercia Rabi et ramassa son sac. Rabi retourna vers son maître l’air satisfait.

Shriyukteswar lui dit: « Je ne peux pas me permettre, ne serait-ce qu’un moment, de m’écarter de mon but, l’immersion dans l’océan de béatitude cosmique.  » Avec compassion, soit détaché dans ce monde matériel afin de rester libre de la force trompeuse de la nature. « 

Shriyukteswar instruisait ainsi Rabi de maintes façons sur la voie de la maîtrise de soi, et l’encourageait à mener une vie de renoncement.

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Moments mémorables avec Paramahamsa Yogananda

« Cet enfant n’est pas un enfant ordinaire. Il sera un moteur spirituel entraînant de nombreuses âmes vers le Divin. » Telle fut la prédiction de Shri Lahiri Mahasaya sur l’enfant qu’il tenait sur ses genoux en le bénissant. Cet enfant qui allait raviver la flamme de l’amour dans des millions de cœurs devait être plus tard connu sous le nom de Paramahamsa Yogananda.

Yoganandaji, le plus cher disciple de Shriyukteswar, eut dès son enfance un désir ardent pour l’évolution spirituelle et la réalisation de soi. Il passa de nombreuses nuits sans sommeil, les larmes aux yeux, priant Dieu du fond du cœur. Les conseils de son père divin Bhagavati Charan, les instructions de son premier guru Hamsa Swami Kevalananda et finalement l’enseignement spirituel strict et discipliné de Shriyukteswar, modelèrent sa vie pour faire de lui un yogi accompli, prêt à propager le message du Kriya Yoga en Occident.

Swami Vivekananda, le spiritualiste Indien profondément enivré de Dieu, proclama à la fin du siècle dernier qu’il avait établi les fondations de la spiritualité en Occident et qu’un changement révolutionnaire dans la façon de penser des Occidentaux s’était produit. Il prédit également qu’après lui un autre grand yogi apporterait la réconciliation entre toutes les religions par la méditation et le mode de vie yogique.

Yogananda était une dynamo spirituelle. Comme il le disait lui-même: ‘Ma vie est un tourbillon d’activité et un combat pour le travail. » Il passa la majeure partie de ses 59 ans d’existence physique en Occident, plus particulièrement aux États-Unis. Après une longue période ininterrompue de 15 ans passée aux États-Unis, Yoganandaji rentra en Inde pour une courte durée en 1935 et 1936. L’allégresse était à son comble, particulièrement pour les Kriyavans, lorsqu’ils reçurent leur messager en Occident qui avait encouragé et inspiré des milliers de gens sur la voie du Kriya.

Rabi avait beaucoup entendu parler de Yoganandaji par divers Kriyavans et surtout par son bien-aimé Guruji, Swami Shriyukteswarji. Il avait une envie irrésistible de rencontrer cette grande âme. En 1935, alors qu’il logeait à Calcutta dans sa maison parentale, Rabi parvint à le rencontrer. Il se prosterna et s’assit à ses pieds.

Au cours de leur conversation, Yoganandaji dit à Rabi: « En soi, voir ne permet ni d’acquérir ce pouvoir divin ni d’assouvir le désir ultime de sa propre vie. »

Rabi répondit avec humilité: « Je veux expérimenter ce pouvoir de la pratique spirituelle et apprendre de vous les techniques avancées de la phase supérieure du Kriya Yoga. »

Yoganandaji: « Combien d’heures peux-tu consacrer à la pratique spirituelle? »
« Ce n’est pas une question d’heures, de jours ni d’années. Pour entrer en contact avec un tel pouvoir je suis prêt à sacrifier toute ma vie à la pratique spirituelle dans un ermitage et j’ai fait le vœu de célibat à vie et de consécration à ce but. J’aimerais beaucoup vous voir dans l’état de samadhi. »

Yoganandaji fut satisfait et emmena Rabi dans une pièce voisine où il s’assit dans la posture de méditation et, en très peu de temps, il atteignit l’état de samadhi. Rabi fut ébloui par la vue de son corps illuminé par la lumière divine, sans aucun signe de battements cardiaques, de pouls ni de respiration. Lors-qu’après environ une demi-heure, il regagna peu à peu sa condition physique normale, Rabi se prosterna devant lui avec une entière dévotion et un amour total.

Rabi voulait recevoir de lui une initiation spirituelle et il exauça son vœu avec gentillesse et sympathie. Lorsque Rabi lui demanda ce qu’il devait apporter pour la cérémonie d’initiation, il répondit en souriant que l’offrande d’un cœur plein d’amour était la plus belle qu’on puisse faire au gourou.

L’initiation fut fixée au lendemain. Après son initiation au deuxième Kriya, Yoganandaji embrassa Rabi. A ce contact tendre et surhumain tout le corps de Rabi se remplit de vibration divine le transportant dans un état extatique.

Une autre fois il toucha la tête de Rabi en disant qu’un jour, grâce à la pratique spirituelle, il éveillerait en lui le Pouvoir suprême et atteindrait l’état surhumain. Toutes les paroles de ce grand yogi étaient des prophéties. Pendant son voyage en Inde, Shriyukteswarji honora Yoganandaji du titre supérieur de Paramahamsa. Dès lors il fut connu sous le nom de Paramahamsa Yoganandaji. Sa voix exaltante, sa claire conscience et son amour suprême eurent un effet durable sur la vie du jeune Rabi.

Rabi n’allait pas pouvoir profiter encore bien longtemps de la compagnie de gurus de l’envergure de Swami Shriyukteswarji et Paramahamsa Yoganandaji. Alors que Rabi travaillait encore dans la société textile, Swami Shriyukteswarji, son guru bien-aimé, quitta son corps en 1936 au Karar Ashram. Il ne pouvait être aux côtés de son Guruji. Paramahamsa Yoganandaji prit en charge l’accomplissement de tous les rites après le mahasamadhi de Shriyukteswar. Il désigna Swami Sevananda comme Swami en charge du Karar Ashram de Puri. Pour un véritable chercheur, une telle séparation est très pénible. Son association physique directe avec ces deux grands maîtres manquait à Rabi: l’un avait quitté son corps physique et l’autre était loin, aux États-Unis.

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Les conseils du Mahatma

Ce nom est bien connu de ceux qui sont sur la voie spirituelle, qu’ils soient nés en Orient ou en Occident. Il n’était pas un leader spirituel. Il n’était pas un saint ou un moine. Il vécut 78 ans au milieu d’ennuis et de tortures, de hauts et de bas. Il était communément connu sou le nom de Mahatma (grande âme) Gandhi. Son vrai nom était Mohan Das Karam Chand Gandhi, l’un des grands hommes de ce siècle.

« Ce que je veux accomplir, ce que j’ai essayé d’accomplir, ce pour quoi j’ai tant peiné pendant ces 30 dernières années, est la réalisation de soi, la vision de Dieu face à face, la réalisation de moksa. Je vis, me meut et agit de tout mon être à la poursuite de ce but. Tout ce que je fais lorsque je parle et que j’écris, et toutes mes entreprises dans le domaine politique sont dirigés vers la même fin. Mais j’ai toujours cru que ce qui est possible pour un est possible pour tous; mes expériences n’ont pas étés conduites en cachette mais à la vue de tous et je ne pense pas que cela diminue leur valeur spirituelle. Il y a des choses qui ne sont connues que de soi-même et de son Créateur. Elle sont clairement incommunicables. Les expériences que je m’apprête à décrire n’appartiennent pas à cette catégorie. Mais elles sont spirituelles ou plus exactement morales, car l’essence de la religion est la moralité. » Ainsi s’exprime le Mahatma Gandhi dans l’introduction de son autobiographie.

Mahatma Gandhi était non seulement le leader de millions de pauvres, il était aussi la voix de la moralité et de la vérité. Il changea et transforma les vies d’une multitude par son style de vie ordinaire, sa pensée élevée, sa vie empreinte de maîtrise de soi et de discipline.

Un jour de 1930, ce saint leader de l’Inde moderne voyageait par train au Bengale dans la région de Bardwan. Rabi âgé alors d’une vingtaine d’années, était un beau jeune homme, habillé d’une façon moderne, avec des lunettes aux montures d’or et un chapeau. Dû à son teint très clair il ressemblait à un Européen et les gens s’écartèrent pour le laisser passer vers le Mahatma.

Il alla vers Gandhiji, s’inclina devant lui et toucha ses pieds. Le train se remit en route. Gandhiji se mit à parler à Rabi en anglais, le prenant pour un étranger. Rabi, jeune, intelligent et dynamique, poursuivit la conversation. Gandhiji apprit alors qu’il n’était pas Européen mais un jeune homme du Bengale. La charmante personnalité et le comportement agréable de Rabi touchèrent le coeur de Gandhiji. Rabi parlait rapidement comme les Britanniques. Gandhiji était un homme d’une intuition et d’une intelligence profondes. Il bénit Rabi il lui donna des conseils pratiques pour mener une vie spirituelle et patriotique.

Il conseilla à Rabi d’écrire et de parler anglais en phrases courtes et simples pour que même les gens du commun puissent comprendre ses idées. « Le langage est pour communiquer » dit-il. Cette courte mais mémorable conversation fit une impression durable sur Rabi.

Ceux qui ont étés en contact avec lui savent que jusqu’à ce jour il parle et écrit d’une façon très simple. Il a voyagé tout autour du globe prêchant la doctrine scientifique du Kriya Yoga, mais il n’oublia jamais le conseil de Gandhiji.

Le Mahatma Gandhi était non seulement un grand leader national de l’Inde, il était aussi un symbole de la culture Indienne, de l’harmonie religieuse et de la spiritualité. Il éleva constamment la voix contre l’injustice et essaya de supprimer le déséquilibre et les malversations en Inde. Ayant été initié au Kriya Yoga par Paramahamsa Yogananda, il fut aussi un Kriyavan sincère jusqu’à son assassinat le 30 Janvier 1948.

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La vie de Bouddha

D’après un exposé de Paramahamsa Prajnanananda le 18 Avril 1998

« Ce que je vois est la vérité. Ce sur quoi je médite est la vérité, Ce que je dis est la vérité, La vie que je mène est la vérité. »

Telles sont les paroles d’un grand maître spirituel, l’âme illuminée née il y a plus de 2500 ans, connu par la plupart d’entre vous sous le nom de Bouddha. La pleine lune du mois de Mai est un jour trois fois béni: c’est le jour de la naissance de Bouddha, le jour de son illumination et le jour où il quitta son corps.

Il naquit en 563 av.J.C. Il abandonna sa vie de famille, sa vie princière, à l’âge de 29 ans. En 534 av.J.C., à la pleine lune du mois de Juillet, le jour où on célèbre Guru Purnima, il quitta son palais.

Allant d’un lieu à l’autre, il passa près de six ans auprès de nombreux maîtres dans des états de méditation et de contemplation, menant une vie spirituelle très intense et très stricte. En 528 av.J.C. il atteint l’illumination, la réalisation. Il avait alors 35 ans et il vécut ensuite une vie de moine errant pendant 45 ans. Il se déplaça tout autour de l’Inde, prêchant la sagesse spirituelle qu’il avait atteinte, puis il quitta son corps.

Tels sont les événements dans l’ordre chronologique de la vie du maître réalisé Bouddha. On lui donna de nombreux noms. Celui de Bouddha lui fut donné après sa réalisation.
Bouddha signifie le réalisé, l’illuminé. Bouddha n’est donc pas son vrai nom, comme Jésus qu’on appelait communément le Christ, c’est à dire celui qui a reçu l’onction. Le vrai nom de Bouddha était Gautama, mais après sa réalisation on l’appela Bouddha.

La vie de Jésus et la vie de Bouddha ont de nombreux points communs. Au début, Jésus se rendit au Temple et observa comment la religion était pratiquée. C’est aussi ce que fit Bouddha. Jésus ne supportait pas les croyances aveugles ni le sacrifice d’animaux dans le temple. Jésus dût apporter lui-même un agneau au temple pour être sacrifié et lorsqu’il fut circoncis le huitième jour, deux colombes furent sacrifiées. De même, à l’époque de Bouddha il y avait une secte de tradition Hindoue qui encourageait le sacrifice animal au nom de la pratique spirituelle. Jésus réagit contre cette soi-disant vie religieuse dominée par les prêtres et Bouddha fit de même. Tous deux entreprirent de changer ces fausses conceptions et ces mauvaises habitudes religieuses.

Jésus fut crucifié et bien que Bouddha quittât son corps, il fut en fait indirectement assassiné et tous deux furent trahis. Bouddha était un moine au sens très strict du mot, mendiant pour sa nourriture et ne préparant jamais son repas. Un de ses cousins, également moine, était l’un de ses disciples. Mais dès l’enfance, il n’avait jamais aimé Bouddha il était incapable de changer son état d’esprit ni sa vie. Il encouragea une personne chez qui Bouddha allait mendier sa nourriture à lui donner du porc mal cuit. Bouddha avait pour règle d’accepter toute nourriture qui lui était offerte. Bouddha était végétarien mais c’est ce qui lui fut offert en nourriture et il pria et la mangea. Il fut incapable de la digérer et fut pris de maux d’estomac aigus, de dysenterie, de souffrances intolérables et il quitta son corps à cause de cette nourriture empoisonnée. Avant de quitter son corps il dit à celui qui lui avait donné le plat empoisonné de ne pas se sentir coupable. Et il continua en disant: « mais je me réjouis que le jour de quitter ce corps soit arrivé et je me réjouis avec toi ». Jésus dit la même chose à ses disciples y compris Judas.

Bouddha était un prince, le fils unique d’un roi. A sa naissance un moine du nom d’Asita, un astrologue réputé, prédit que l’enfant serait un grand monarque ou un grand maître spirituel qui quitterait tout. Mais les parents veulent toujours que leurs enfants embrassent leur mode de vie et le roi voulait donc s’assurer que son fils deviendrait roi.

Un jour je reçus une lettre d’une petite fille Indienne de douze ans qui me posait cette question: « Baba, en Inde les gens vont voir les moines et se prosternent devant eux. Ils les aiment et les respectent. Pourquoi les parents n’acceptent généralement pas que leurs enfants se fassent moines? » En Inde, lorsque quelqu’un exprime le désir se faire moine, ses parents essayent de le marier et ils disent à leur enfant que le moment de se faire moine n’est pas encore venu, qu’on se fait moine quand on est vieux.

La mère de Bouddha mourut à la naissance de l’enfant. Bouddha fut élevé par sa tante. Le père voulait donc que son fils devienne un empereur, pas un moine. Il prit soin de créer un environnement autour de lui tel que l’idée de la sagesse spirituelle, du détachement ou le dégoût de la vie mondaine ne lui vienne même pas à l’esprit. Il fit bâtir pou lui trois palais, l’un de neuf étages, un autre de sept étages et le troisième de cinq étages, pour chacune des trois saisons, l’été, la saison des pluies et l’hiver. Quarante quatre mille jeunes danseuses et servantes formaient sa cour. L’histoire est sans doute quelque peu exagérée, mais il était confiné dans un environnement matérialiste de grande beauté.

A l’âge d’environ vingt-huit ans, Bouddha fut marié à une très belle jeune femme du nom de Yashodara. Ils vécurent ensemble et eurent un fils du nom de Rahula. A l’époque, le roi était persuadé que Bouddha était complètement accaparé par le monde matériel, son fils, sa femme séduisante et le confort d’une vie de famille royale. Le jeune prince exprima alors le désir de visiter la capitale de son royaume et le père accepta mais il ordonna qu’on décore la ville le mieux possible. Il ne devrait y avoir partout que de magnifiques grilles et portes d’accès, de la musique et des jeunes femmes parfumées.

Bouddha était sur son char et ils passèrent devant un vieil homme. Il ne pouvait comprendre ni croire que ce qu’il voyait pouvait être un homme, courbé qu’il était sous le poids de l’âge, incapable de marcher sans une canne, ridé, les cheveux gris, les yeux enfoncés dans les orbites. Le jeune prince trouvait cela étrange. Il demanda au conducteur d’arrêter le char.

Bouddha: « Quel est ce genre d’animal? »
Le conducteur: « Vous ne savez pas? C’est un homme et non pas un animal. »
Bouddha: « C’est un homme? Que lui est-il arrivé? »
Le conducteur: « Il est vieux. »
Bouddha: « Que voulez-vous dire? »
Le conducteur: « Vous ne savez donc pas que tout le monde vieillit? Lorsqu’un homme devient vieux, quel que soit le luxe ou le confort dans lequel il vit, ses cheveux deviennent gris, sa vision baisse, ses dents tombent et sa peau se ride. Quelque soit le soin que vous apportez à votre peau, l’effet de l’âge se fera sentir. »
Bouddha: « Je deviendrai vieux? »
Le conducteur: « Oui, vous deviendrez vieux. »
Bouddha: « Vous deviendrez vieux? »
Le conducteur: « Oui, je deviendrai vieux. »
Bouddha: « Et mon père? »
Le conducteur: « Oui votre père deviendra vieux. »
Bouddha: « Tout le monde devient vieux? »
Le conducteur: « Oui. »

Bouddha retourna au palais et entra dans un état de réflexion intérieure. Il se sentait quelque peu déprimé. Son père essaya de le réconforter, de le consoler et d’orienter ses pensées sur des choses agréables pour l’aider à oublier ce qu’il avait vu. Quelques jours plus tard, Bouddha exprima le désir de retourner en ville. Cette fois, le père donna des instructions très strictes et engagea un superviseur pour s’assurer qu’il ne verrait pas d’autres personnes âgées. Mais le jeune prince vit un homme malade. Il n’en avait jamais vu et demanda ce qui lui arrivait et pourquoi il y avait tant de gens qui le portait. Le conducteur expliqua qu’il souffrait d’une maladie et qu’on l’emmenait chez le docteur. Le prince se mit alors à poser d’innombrables questions sur la maladie et la vieillesse. Il se sentit à nouveau déprimé et malheureux.

Puis il demanda à visiter la ville une troisième fois et cette fois-ci il vit un vieil homme qu’on transportait couvert d’un linceul et dont on ne pouvait pas voir le visage et plusieurs parties du corps. Quatre personnes le portaient sur leurs épaules et d’autres suivaient en chantant: « Le nom de Dieu est la vérité, tout le reste est faux. »

Le conducteur expliqua de nouveau la situation. Il s’agissait d’un cadavre qu’on transportait au four crématoire. Le prince comprit que tout le monde devait mourir et ce fut un choc car il n’avait jamais vu de mourant. Il réfléchit longuement sur ces trois pensées: la vieillesse, la maladie, la mort. Au cours de notre vie nous avons vu de nombreux vieillards, nous avons vu de nombreux malades, nous avons même peut-être vu de nombreux cadavres, mais nous n’en retirons pas cette pensée sérieuse, intuitive, sur la vie.

Pour la quatrième fois il se rendit en ville et son père donna des instructions extrêmement strictes pour qu’il ne voit plus ces choses. Mais le fils découvrit un autre genre d’homme vêtu d’une robe d’ocre. Il marchait avec tant de joie, tant de plaisir et de bonheur que Bouddha demanda à son conducteur de s’arrêter pour voir qui c’était. Il descendit du char et s’approcha du moine.

Bouddha: « Puis-je vous poser quelques questions? »
Le Moine: « Je vous en prie. »
Bouddha: « Qui êtes-vous? »
Le Moine: « Je suis un moine. »
Bouddha: « Où vivez-vous? »
Le Moine: « Partout. Là où je vais, c’est là que je vis. »
Bouddha: « Vous n’avez pas de maison? »
Le Moine: « Non. »
Bouddha: « Que possédez-vous? »
Le Moine: « Rien à l’exception de mes vêtements. »
Bouddha: « Avez-vous une famille? »
Le Moine: « Je n’ai pas de famille, pas de femme, pas d’enfant, rien. »
Bouddha: « Que faites-vous? »
Le Moine: « Je médite sur Dieu, j’aime Dieu, j’ai foi en Dieu, je vis en Dieu. »
Bouddha: « Que mangez-vous? »
Le Moine: « Je mange ce qu’on me donne. Je ne m’inquiète pas de ma nourriture. »

Même aujourd’hui, ce genre de moine existe toujours en Inde. Ils n’ont rien avec eux. Ils ne se posent pas de question sur ce qu’il vont manger le soir venu. Ils ne s’inquiètent pas sur ce qui arrivera le lendemain. Certains ont deux robes et d’autres sont complètement nus et n’ont aucune possession. Plus nous possédons, plus nous avons de problèmes.

Bouddha rentra au palais et décida de s’en aller le soir même. C’était la pleine lune de Juillet de l’année 534 avant J.C. Bouddha dut attendre que sa femme s’endorme car elle faisait très attention sachant que son mari pensait sérieusement à s’en aller. Lorsqu’elle fut endormie, il regarda le visage de sa femme et lui dit au revoir mentalement. Il regarda son fils, lui fit un baiser et quitta la maison silencieusement. Beaucoup de servantes et de danseuse étaient endormies et il les regarda. Elles étaient si belles lorsqu’elles dansaient pendant la journée mais lorsqu’elles dormaient, la bave au coin de la bouche ouverte, elles étaient moins jolies. Il les regarda et réfléchit à la beauté.

Il se rendit chez le même conducteur. Il était minuit lorsqu’il frappa à sa porte. Il lui demanda de se lever, de ne rien dire à personne et de simplement l’accompagner. Il obéit et comme l’avait demandé Bouddha, apporta simplement un cheval sans char. Le conducteur voulait savoir où ils allaient mais Gautama lui demanda de simplement le suivre à l’extérieur du palais.

Ils s’en allèrent silencieusement sans se faire remarquer. Lorsqu’ils pénétrèrent la forêt dense Gautama dit au conducteur de retourner au palais: « Ma vie » lui dit-il « est destinée à la méditation et à la réalisation. » Il empoigna l’épée du conducteur et coupa ses cheveux. Il retira ses vêtements royaux. Le conducteur pleurait: « Que vais-je dire à votre père? Comment pourrais-je retourner? Gardez-moi avec vous et je resterai avec vous pour toujours. » Bouddha refusa et il s’éloigna à grands pas.

Après six années de vie spirituelle rigoureuse il atteignit la réalisation. Il suivit différentes voies, essaya de nombreuses choses et alla même jusqu’à torturer son corps. Il passa de nombreux jours sans manger au point qu’il était devenu incapable de marcher.

Un jour Bouddha raconta à certains de ses disciples la vie spirituelle qu’il avait menée. « Je n’avais pas mangé depuis plus de trois semaines. Mon corps était si maigre que lorsque je touchais mon ventre je pouvais sentir ma colonne vertébrale. Ma peau était si ridée que lorsque je touchais mes cheveux, ils tombaient. Mon corps avait perdu son système immunitaire; mes yeux étaient incapables de voir. Je ne pouvais plus marcher. Je pensais que j’allais simplement mourir. Mais une jeune et belle femme du nom de Sujata qui vivait à la périphérie du village, près du four crématoire, en lisière d’un petit bois, fit un rêve. Elle rêva de moi et le matin suivant elle m’apporta du riz au lait. Elle venait tous les jours me faire manger et elle m’instruisait : la vie spirituelle ne consiste pas à pratiquer une austérité si rigoureuse. La vie spirituelle est la vie de la voie du milieu. Si vous torturez votre corps, vous ne pouvez pas méditer et si vous vivez dans les plaisirs, le confort et le luxe, vous ne pouvez pas méditer non plus. J’étais roi, élevé dans un confort et un luxe extrêmes, et n’avais aucune chance d’arriver à la connaissance de la vérité. Puis je me jetais dans une vie de complète et rigoureuse austérité, je me torturais et je ne pouvais pas méditer. Cette jeune femme, Sujata, ma seconde mère, m’apprit à ne pas me torturer. La voie du milieu, la modération dans le mode de vie, vous aidera à atteindre la réalisation. C’est ce que j’ai pratiqué et j’ai atteint la réalisation. »

Le jour de la pleine lune de Mai, qui avait été aussi le jour de sa naissance, il atteignit la réalisation. Sa vie est une vie de pureté, de perfection, de vérité et de réalisation. Nous devrions lui donner notre amour, comme nous donnons notre amour à Jésus. Nous devrions aimer Bouddha dont la vie était pour nous. Sa vie est le plus bel exemple de spiritualité.

Pensez à Bouddha, complètement paisible, calme et tranquille, plein de compassion, plein d’amour, complètement détaché, même pour sa nourriture. Il vécut une vie de renoncement, une vie de détachement, une vie de modération.

Avec à l’esprit cette pensée de Bouddha, inclinons-nous devant Bouddha. Prions Dieu : « Oh Dieu, donne-nous le cœur de Bouddha, donne-nous l’amour de Bouddha, donne-nous la compassion de Bouddha, donne-nous la réalisation et l’illumination de Bouddha. Oh Dieu, Oh Bouddha, nous nous inclinons devant vous. Donnez-nous la lumière, donnez-nous la vérité, donnez-nous la réalisation. »

Om, Amen.

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La voie de l’amour

Une Conférence de Paramahamsa Prajnanananda, le 12 Juillet 2003 à la Maison Mère de Floride.

Première d’une série de deux parties.

Il y a environ cinq cent ans vivait en Inde une sainte, poète, du nom de Mira, née d’une famille royale. Lorsqu’elle n’était encore qu’une petite fille des moines lui donnèrent une statue de Krishna. Elle accepta cette idole, la garda et l’aima. Pour elle c’était plus qu’une idole, c’était une personne qu’elle aimait. Elle devint vivante. Elle lui parlait, lui chantait des chansons et sa vie était enivrée de Dieu. Elle écrivit des centaines de chansons et les chantait. Dans l’une de ces chansons, l’une des favorites de Gurudev, elle chantait »

sadhana karana chahi re manua bhajan karana chahi re
Oh mon mental, pratique la voie de la discipline spirituelle.

Discipline Spirituelle

La discipline spirituelle est pour le mental, pas pour le corps. Souvenez-vous que bien que si nous disciplinons le corps, c’est dans le but de discipliner le mental. Le but est l’entraînement du mental. Le mental est la cause de la souffrance, la cause du bonheur, du plaisir et de la libération.

Elle nous parle du mental; Oh mon mental suit la voie de la discipline: bhajan karana chahi. Mais maintenant elle nous dit:

prema lagana chahi re manua prita karna chahi re

Ce n’est qu’à travers l’amour. Il faut diriger tout son amour vers l’être aimé. Vous avez peut-être entendu Baba chanter à l’un de ses anniversaires:

dhae jena mor shakal bhalo basa prabbhu tomar pane tomar pane

C’est une chanson de Tagore : que tout mon amour en totalité se dirige vers toi, Oh Dieu.

Nous vivons en ce monde mais notre mental est si éparpillé. Lorsqu’on fait quelque chose, immédiatement d’autres pensées se présentent et interrompent nos activités. Notre vie est éparpillée. Elle n’est pas dirigée vers une dimension unique. Si le fleuve ne s’écoule pas dans une direction, il ne peut pas arriver à destination. Si le mental n’est pas canalisé vers un but unique d’une manière concentrée, nous ne pouvons pas réussir. Notre amour, bien que nous vivions en ce monde, est donc éparpillé: vie éparpillée, mental éparpillé, personnalité éparpillée et amour éparpillé. Mais comment aimer complètement de telle sorte que tout ce que nous faisons soit saturé d’amour et de rien d’autre? Pour grandir en amour, il faut faire attention à la façon dont on se comporte avec notre ego. Là où il y a de l’ego, il n’y a pas d’amour. et là où il y a de l’amour, il n’y a pas de distance, il n’y a pas de différence et il n’y a pas de conflit. L’amour apporte l’unité, l’entente, l’union et là où il y a de l’ego, il y a division, diversité et des difficultés en tout genre.

sadhana karana chabi re manua bhajan karana chahi re
prema lagana chahi re manua prita karna chahi re

Il y a un très beau livre que vous pourriez lire ou étudier à l’occasion, le Narada Bhakti Sutra, des aphorismes sur l’amour divin. Narada y décrit merveilleusement comment grandir dans la voie de l’amour. Cette voie d’amour est décrite dans les écritures, tout particulièrement dans le Bhagavatam et le Ramayana où il y a une très belle description de la façon de cultiver cet amour. Dans le Ramacharita Manasa, lorsque le Seigneur Rama parle d’amour divin avec Sabari, une femme respectée dans sa tribu, il dit:

prathama bhagati santana kara sanga.

L’amour naît d’abord en vous grâce aux bonnes fréquentations.

L’amour naîtra en vous en premier lieu à travers les bonnes fréquentations car lorsqu’on est en bonne compagnie, on a un exemple, un modèle. Devant ce modèle, votre vie s’orientera davantage dans la direction qu’il indique. Il est vrai que nous vivons dans un monde, dans une société où il n’est pas facile d’être en bonne compagnie. Mais celui qui est sincère, qui essaye, la trouvera.

Prema lagana chahi re manua prita karna chahi re: les gens ordinaires, au nom de la spiritualité, s’occupent des apparences au lieu de la transformation intérieure. On joue un jeu superficiel en changeant de vêtement, d’aspect et de langage. On fait semblant d’être spirituel et d’être doux, mais qu’en sera-t-il lorsqu’on demandera à notre conscience: où en est mon mental? Comment sont mes actions? mes réactions? Comment vis-je? Quelle est la qualité de ma vie? Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous découvrirons qu’il y a deux poids deux mesures. Souvenez-vous que dans la vie spirituelle, il ne devrait pas y avoir de duplicité, rien que l’unité. Si je veux être en union avec Dieu, il ne devrait pas y avoir de duplicité, d’hypocrisie.

Idolâtrie

Dans sa chanson Mira nous dit:  » les gens vont au temple, mais qu’y a-t-il à voir au temple?  » Pathar puje hari mile to me puju pahad; elle tient une idole dans ses bras, elle est remplie d’amour pour cette idole. Elle ajoute que si en adorant une statue de pierre on peut atteindre Dieu, elle adorera la montagne car la montagne est une pierre énorme. Elle critique l’adoration des idoles au temple tout en agissant de la même manière mais, pour elle, la statue de Krishna n’est pas une statue.

Au départ, Vivekananda ne croyait pas à l’adoration des idoles mais plus tard il se convertit complètement à l’idée que Dieu est partout. Un jour, il était invité par un roi en Inde. Le roi croyait au Dieu sans forme. Le roi disait que Dieu est omniprésent, sans forme et il pensait que ceux qui adorent des idoles au temple ne faisaient que perdre leur temps avec leurs pratiques rituelles. Le roi fit un beau sermon sur le Dieu absolu et sans forme tandis que Vivekananda l’écoutait silencieusement avec le sourire. Il y avait dans la salle un grand portrait du roi précédent, le père du roi actuel, merveilleusement peint dans ses vêtements royaux et portant une couronne sur la tête. Swami Vivekananda demanda à l’un des ministres qui ce tableau représentait. Le ministre expliqua qu’il s’agissait du roi précédent, le père du roi actuel. Vivekananda lui demanda de décrocher le tableau, de cracher dessus et de le piétiner. Le ministre était horrifié et le roi était rouge de colère à la pensée qu’un moine, un invité, ait l’audace d’insulter son père.

Vivekananda posa son regard sur lui et lui demanda poliment pourquoi il changeait de couleur et s’il ressentait de la tristesse. Le roi reprocha à Vivekananda sa mauvaise conduite. Vivekananda demanda en quoi il s’était mal conduit. Il ne s’agissait que d’une toile bariolée. Pourquoi le roi y était-il si attaché? Comment une remarque à son sujet pouvait-elle créer tant d’agitation? Le roi resta silencieux. Vivekananda continua et dit au roi que lorsqu’il regardait ce portrait, il lui rappelait son père, son amour et l’héritage qu’il lui devait. Une toile et un peu de peinture pouvaient engendrer tant d’amour, de respect et d’adoration envers son père et qu’en conséquence, lorsque quelqu’un ressentait le même amour envers Dieu au vu d’une image ou d’une statue, qui était-il pour se permettre de critiquer?

Lorsque Mira dit partha puje hari mile to me puju pahad, dans cette première ligne elle dit « avec amour ». Prema lagana chahi re: quoi que vous fassiez, associez-y votre amour. Lorsque vous lisez un livre, lisez-vous avec amour? Vous travaillez au jardin, le faites-vous avec amour? Vous cuisinez. le faites-vous avec amour? Vous travaillez au bureau, le faites-vous avec amour? Ou trouvez-vous que le travail est une corvée, une responsabilité, un devoir, et vous oubliez l’esprit d’amour? Comment vivre dans l’amour à chaque instant, à chaque souffle? On espère toujours que l’amour viendra lorsque tout sera parfait. Mais cette chance ne se présentera jamais. Jamais, jamais, jamais. Le moment ne se présentera jamais où vous pourrez dire que maintenant tout est en ordre et que le temps est venu de s’occuper de Dieu, de faire le bien. Non, jamais.

Pathar puje hari mile to me puju pahad tulsi puje hari mile to me puju tulsi jhad

En Inde les gens adorent la plante de tulsi, le basilic sacré. Mira nous dit que si Dieu peut être atteint en adorant la plante de tulsi, je planterai une forêt de tulsi et je l’adorerai et j’atteindrai Dieu. Peu importe ce que vous faites, s’il n’y a pas d’amour, c’est mécanique.

Dans l’ancien temps les gens transportaient de l’eau du Gange depuis Nord de l’Inde et allaient l’offrir au temple de Shiva de Rameshwaram au Sud de l’Inde. Maintenant encore, si vous allez en Inde au mois de Juillet ou au mois d’Août, vous verrez des milliers de gens, hommes et femmes, transportant de l’eau sur leur dos, chantant les louanges de Dieu et parcourant à pied des milliers de kilomètres. Un jour un moine transportait de l’eau en compagnie d’autres personnes sur la route du Sud de l’Inde vers le temple de Rameshwaram. Il était presque arrivé, à une distance d’un kilomètre au plus. C’était l’été et il faisait chaud. Son âne avait soif et il n’y avait pas d’eau à proximité. L’âne souffrait tellement de cette chaleur qu’il ne pouvait plus faire autre chose que de chercher de l’eau. Alors le saint homme, au lieu d’amener l’eau au temple, s’agenouilla, ouvrit la bouteille et versa l’eau dans la bouche de l’âne. Les autres lui demandaient ce qu’il faisait. Il avait parcouru à pied des milliers de kilomètres pour transporter cette eau au temple qui n’était plus qu’à un kilomètre. Pourquoi gâchait-il tous ses efforts? Il ne prêta aucune attention aux remarques des autres et leur dit de continuer à avancer. A leur grande surprise, lorsqu’ils arrivèrent au temple ils y trouvèrent leur compagnon qu’ils croyaient en arrière en train de verser de l’eau sur le Seigneur Shiva et de prier Dieu. Ils étaient abasourdis. Comment était-il arrivé avant eux?

Donc, combien aimons-nous? Croyons-nous vraiment en Dieu? Essayons-nous vraiment d’aimer Dieu ne serait ce qu’un tout petit peu? Et croire en Dieu signifie-t-il seulement savoir qu’il est omniprésent en théorie et oublier que lorsqu’on voit quelqu’un, Dieu est présent dans cette personne? Je n’aime peut-être pas telle ou telle personne mais Dieu est présent en elle malgré tout. Lorsque je regarde une fleur, y vois-je la présence de Dieu? Dieu est aussi dans cette fleur. Lorsque je vois des oiseaux puis-je voir que Dieu est aussi dans ces oiseaux? Essayez donc de cultiver l’amour à chaque instant. Souvenez-vous qu’emprunter le sentier d’amour est vraiment difficile. La voie spirituelle elle-même est difficile mais vous l’avez déjà acceptée et vous y avez déjà fait quelques pas.

Marcher sur le fil du rasoir.

Les maîtres spirituels disent souvent que ce n’est pas aussi facile qu’il y paraît. Dans les déclarations des Upanishads on trouve: kshurasya dhara, il faut marcher sur le fil du rasoir. Une simple étourderie peut créer tant de difficultés. N’imaginez pas que la vie spirituelle est la vie en rose, une vie de luxe et de confort. Non. La vie de moine ou d’ashram n’est pas facile.

Un jour, j’attendais le train dans une gare de l’Inde et il y avait là quelques moines et des disciples. Un jeune homme s’approcha de moi et se prosterna devant moi. Je priai Dieu et il me dit: « je veux vivre dans un ashram. » Je lui demandai son nom qu’il me donna et je lui dis: « Que faites-vous? » « Je prépare un doctorat en physique. » « Pourquoi voulez-vous vivre dans un ashram? » Il répondit: « Parce que je pense que c’est une bonne chose. » Puis je dis: « Etes-vous déjà allé dans un ashram et y avez-vous passé quelque temps? » « Oui, je suis allé avec ma grand-mère dans un ashram au Bengale, à Mayapur, près du lieu de naissance de Sri Chaitanya. Je suis allé là et c’était si bien. » « Qu’y avait-il de si bien? » « Les gens étaient très gentils, ils chantaient des chants spirituels et la nourriture était aussi très bonne. » Je dis: « Est-ce tout ce que vous avez vu ou y a t’il autre chose? » « C’est tout ce que j’ai remarqué. » Je lui dis: « Vous n’avez vu que l’extérieur. Vous n’avez pas vu l’intérieur. Vous avez simplement vu que la nourriture était bonne, que les gens étaient bons, mais vous n’avez pas vu l’intérieur. Un ashram est vraiment un endroit difficile. Savez-vous que vous allez devoir travailler au point que vous en aurez par dessus la tête? Vous penserez que vous êtes en prison, dans un camp de concentration. Vous penserez qu’ils vous torturent, qu’ils vous exploitent. Vous penserez qu’il n’y a pas d’amour. Souvenez-vous, c’est une bonne voie mais elle est difficile. »

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Sadhana Panchakam – Cinq versets sur la spiritualité par Adi Shankaracharya

Troisième partie d’une série de quatre exposés sur le texte mentionné ci-dessus par Swami Shuddhananda au Kriya Yoga Institute, le 21 Octobre 2000.

Je m’incline devant mon Guru, je m’incline devant mon Maître encore et encore, constamment, tout au long de la vie de cette Ame, vie après vie.

Nous avons terminé le premier verset de la Sadhana Panchakam. Il n’en reste plus que quatre.

Les textes sacrés sont si merveilleusement écrits par les sages, les rishis et les saints, qu’il n’est pas nécessaire de tout lire. Il suffit de prendre un verset au hasard, de le contempler en profondeur, de méditer à son sujet et sa vraie signification vous vient de l’intérieur. Une seule phrase des écritures contient l’essence du tout. Prenez une seule ligne, pratiquez-la et vous atteindrez la vérité.

Nous passons maintenant au deuxième verset.

Verset 2:
Sangam Satsu vidhiyatam bhagavato bhaktirdrdha dhiyatam
Santyadih pariciyatam drdhataram karmasu santyajyatam
Sadvidvanupasrpyatam pratidinam tatpaduka sevyatam
Brahmaikaksaramarthyatam srutisirovakyam samakarnyatam

Le deuxième verset commence donc avec le neuvième conseil: Sangam Satsu vidhiyatam.

9- Recherchez la compagnie des Saints

Recherchez la compagnie de ceux qui demeurent dans la vérité sat. Ceux qui demeurent dans la vérité sont ceux qui ont le désir d’atteindre la vérité. Nous avons donc deux groupes:

1) Ceux qui sont réalisés demeurent dans la vérité, sont conscients de la vérité. Recherchez donc la compagnie des grands maîtres. Mais dans la vie il n’est pas toujours possible d’être en leur présence physique.

2) Nous pouvons alors rechercher ceux qui n’ont peut-être pas encore atteint cet état mais qui au moins pratiquent pour l’atteindre. Ils n’ont plus qu’un seul désir, celui de connaître la vérité, d’être conscients de la vérité, de réaliser le Soi ou de réaliser Dieu.

Nous avons donc deux groupes, ceux qui sont réalisés et ceux qui aspirent à la réalisation avec un seul désir, le désir de réaliser la vérité. Satsanga signifie donc association avec sat. C’est sa signification générale.

Sat, Asat et Mitya

Voyons maintenant sa signification profonde. Qu’est-ce que sat? Sat est ce qui demeure partout, tout le temps. Sat est la vérité qui existe en permanence. Ce qui n’est pas vrai, asat, n’a pas d’existence.

Dans le Vedanta, ce que l’on perçoit par les sens s’appelle mitya. Mitya donne l’impression d’être vrai parce que l’on perçoit quelque chose et que l’on a un contact direct avec les objets du monde matériel. Mais ces choses changent et n’oubliez pas: ce qui change est assujetti au temps et à l’espace. Ce qui suit les lois élémentaires de la nature, n’est pas la vérité. Ce n’est pas sat et on l’appelle mitya. Ce n’est pas faux, on ne peut pas dire que ça n’existe pas, mais, en même temps l’apparence n’est pas réelle. Prenez l’exemple d’une maison. Elle est là aujourd’hui mais il y a quelques temps elle n’était pas là et dans quelques temps elle ne sera plus là parce qu’elle se sera détériorée et se sera effondrée. Ce genre de choses qui appartiennent au monde des objets s’appellent mitya et non pas sat ou asat. Shankaracharya nous conseille de ne rechercher que la compagnie de la vérité, de sat. Seule l’existence de Dieu est sat et cette présence de Dieu en vous est l’Ame. L’Ame et Dieu existent constamment. Dieu est omniprésent. Il imprègne tout, partout. Au milieu de ce monde changeant demeure l’essence d’une entité immuable. Cette essence immuable est sat.

Donc, au départ, on dit que tout est asat, mitya et maya. On rejette tout, neti, neti, pas cela, pas cela. Puis vous pratiquez la discipline spirituelle selon les instructions de votre maître. Puis vous réalisez qu’il n’y a rien d’autre dans le monde que l’existence de l’esprit dans la matière, que l’existence de Dieu dans le monde des objets. Alors pour vous il n’y a pas de maya, pour vous il n’y a pas d’asat ou de mitya. Quel que soit ce que vous voyez, quel que soit ce vers quoi votre mental se dirige, tout est Dieu. Donc, rechercher cela, rechercher l’Ame, rechercher la présence de Dieu, rechercher la présence éternelle, l’existence éternelle, que Dieu est présent en moi, en tout, cela est satsanga, cela est la vérité. Ce n’est pas facile.

Passons maintenant à la fin de la première ligne du verset 2:
bhagavato bhaktirdrdha dhiyatam

10- Avoir de la Dévotion envers Dieu

Définir la dévotion, bhakti, est très difficile. Si vous donnez un met délicieux à un muet et que vous lui demandez comment il l’a aimé, comment va-t-il pouvoir vous répondre? Mais, ici, il est écrit : bhakti est la dévotion totale envers Dieu. On peut aussi appeler ce bhakti prema, amour ou shraddha, foi. Lorsqu’on parle d’amour, il s’agit d’un état d’union. un état d’existence. Cet amour peut s’exprimer de deux manières: matérielle ou spirituelle. Lorsque l’amour s’exprime matériellement, il est empreint d’affection (sneha). Lorsque cet amour s’exprime spirituellement, on l’appelle dévotion, bhakti.

Examinons maintenant ces deux aspects. Lorsque l’amour s’exprime au plan matériel, il est lié à quelque chose ou à quelqu’un, quelque part, à un moment donné. Cet amour est conditionnel. On l’appelle affection.

Lorsque l’amour s’exprime au plan spirituel, il s’exprime en permanence, partout, Cette conscience d’amour que vous pouvez exprimer constamment, partout et envers tout devient donc de la dévotion.

Normalement, dans la vie matérielle, lorsqu’on utilise le mot amour, on parle d’affection envers quelqu’un, quelque part, à un moment donné. Lorsque l’on change d’endroit, l’amour change. Lorsque le temps passe, l’amour change. Lorsque la personne change, l’amour change. L’amour changeant est donc de l’affection; il n’a qu’un temps, il n’apportera pas la béatitude éternelle. La dévotion envers Dieu n’est pas une matière qui peut s’exprimer par des mots. C’est une question de perception, une question de sérénité permanente. L’amour continuel en tous lieux s’appelle bhakti. Vous devriez donc être fermement établi dans la dévotion envers les maîtres et envers Dieu. Cette conscience interne devrait être toujours présente et entretenue.

Dans la Narada Bhakti Sutra, Narada écrivit de très beaux aphorismes au sujet de bhakti:
sa bhakti parama premarupa. Ici, il décrit bhakti comme étant l’amour suprême.

Bhakti a aussi été décrit comme l’attachement suprême. Si vous êtes attaché à Dieu constamment et en tous lieux, vous êtes alors avec Dieu. C’est ainsi que la dévotion s’exprime: tout le temps et en tous lieux. On ne peut aimer rien d’autre de cette façon. Supposons que j’aime un livre. Au bout d’un certain temps je ne l’aurai plus avec moi. Je ne l’ai pas tout le temps avec moi. Il n’y a que la présence de Dieu qui peut être avec nous tout le temps et cette présence de Dieu en vous est l’Ame; c’est votre propre identité. Lorsque vous atteignez cet état de dévotion constant, on l’appelle alors conscience intérieure continue. C’est la vraie pratique spirituelle.

Lorsque vous développez cette conscience continue, lorsque vous atteignez cet état de conscience permanent, les jnani disent que c’est la sagesse, les bhakta disent que c’est la dévotion, les yogis disent que c’est l’état de yoga. Il s’agit donc de la même chose. Une personne spirituelle dans le vrai sens du mot doit se maintenir fermement dans cet état de dévotion. Il ne s’agit pas simplement de savoir, il s’agit d’un état.

Nous arrivons maintenant au début de la ligne 2 du deuxième verset: Santyadih pariciyatam.

11- Cultivez les Vertus telles que la Paix, etc…

Quelle est la forme de Dieu? Il est sans forme. Mais ici nous prions Dieu sous une forme, la forme de la paix. Si Dieu a une forme c’est la forme de la paix. Qu’est-ce que la paix? La paix n’est pas le bonheur ordinaire. La paix est ce bonheur qui vous vient tout le temps et en tous lieux. C’est une chose qu’il ne faut pas oublier. Vous ne pouvez pas dire que parfois je me sens en paix et parfois je me sens en « non-paix ». Le mot « non-paix » n’existe pas. Ce qui existe c’est le bonheur et le malheur. La paix est un état de bonheur ressenti en permanence et en tous lieux; shanti est la paix. Lorsque vous atteignez cet état en permanence, alors vous êtes en paix. Le bonheur n’a qu’un temps parce que le bonheur est du domaine du mental comme le plaisir est du domaine des organes des sens et du corps. La béatitude, la paix, la joie éternelle ou ananda sont le vrai vous et du domaine de l’esprit. Lorsqu’on se rattache consciemment à l’éternité, à la présence de Dieu, on réalise sa propre identité. A ce niveau de conscience, on ne fait plus qu’un avec Dieu, on est l’Ame constamment avec Dieu. C’est l’état de yoga, jnana, bhakti. C’est un état qui s’éprouve par une pratique plus approfondie, avec l’amour le plus profond.

Nous passons maintenant à la suite de la ligne 2 du verset 2 qui contient le conseil suivant: karmasu santyajyatam

12- Evitez toute Action qui Mène à l’Asservissement

Il faut s’interdire ces actions qui nous empêchent d’avancer sur la voie de la dévotion. Quelque soit votre action, observez-en les conséquences et déterminez si elles vous aident ou non dans la vie spirituelle. Si la réponse est non, ne le faites plus.

Divisez la journée en trois périodes de huit heures. Huit heures pour sattva, pour rajas et pour tamas. Nous avons déjà examiné comment transformer les actions rajasiques en actions sattviques. Ici, il s’agit donc de considérer vos actions et leurs conséquences. Si, après mûre considération, vous voyez que c’est bon pour votre développement, pour votre spiritualité, continuez. Si ce n’est pas bon, faites une croix dessus, ne le faites pas.

Nous avons aussi discuté de la manière d’accomplir ces actions lorsque, parfois, on ne sait pas si leurs conséquences seront bonnes pour nous. On ne peut pas savoir et on dit alors: ishwara prasad buddhi ou ishwara arpana buddhi. Avant d’accomplir une action offrez-la à Dieu: « Oh Seigneur, je ne sais rien. Je veux faire telle ou telle chose. Si cette chose fait partie de vos plans, elle s’accomplira. »

Acceptez le résultat de l’action comme un cadeau de Dieu. Faites votre devoir et acceptez-en le résultat quel qu’il soit. Oh Seigneur, quel que soit ce que tu donnes, je l’accepte. Mais ici, il faut faire très attention; lorsque vous voyez qu’une action vous attache au monde matériel et que vous en retirez de plus en plus de qualités rajasiques au lieu de sattviques, abandonnez-la.

A la première partie de cet exposé on a vu que lorsque vous n’êtes pas sûr qu’il faille ou non faire quelque chose, ne la faites pas. Soyez donc prudent sur ce point.

La troisième ligne du deuxième verset donne ce conseil: sadvidvanupasrpyatam pratidinam.

13- Rapprochez-vous du Maître.

Vidvan désigne un érudit dans le domaine de la philosophie, de la spiritualité qui en parle et écrit à leur sujet. Vidvan est donc un sage ou un érudit. Il a la connaissance et l’exprime de maintes façons. Mais ici le terme employé est sadvidvan: celui qui non seulement connaît la vérité mais qui également demeure dans la vérité. Il y a un très beau verset dans le Mundaka Upanishad qui indique comment reconnaître un guru :

Srotryam brahmanishtam,

Ces deux mots nous disent deux choses: le vrai maître est vidvan, il connaît les écritures, il sait comment les étudier et il peut enseigner. En même temps, il est brahmanishtam, il est conscient en permanence de la présence intérieure de Dieu. Ici, Shankaracharya nous dit ce qu’il faut faire: rapprochez-vous de cette personne qui est sadvidvam, il est votre maître.

Sur le plan pratique, supposons que notre maître vit en Amérique et que nous vivons en Inde ou en Europe. Vous ne pouvez pas être physiquement en présence du maître. Ce que Shankaracharya nous dit ici est d’être conscient de la présence du maître et d’être conscient de ses enseignements. Les enseignements sont le vrai maître. Le maître n’est pas le vrai maître. C’est une chose à garder à l’esprit. Ces enseignements du maître peuvent vous suivre en permanence, partout. Sadvivan: recherchez cette présence, recherchez ce saint homme qui sait et a réussi, celui qui possède à la fois la réalisation et la connaissance.

Dans la vie spirituelle, la connaissance en elle même n’est pas suffisante. Pour se développer spirituellement il faut demeurer constamment conscient de cette connaissance. C’est important. Lorsque vous demeurez continuellement conscient de votre connaissance, vous atteignez alors l’état de conscience permanent partout. Vous ne devez jamais l’oublier. Si vous avez de l’argent en banque, même si vous l’oubliez, il vous appartient toujours. Mais ce n’est pas le cas de la vie spirituelle. Si vous avez quelque chose dans votre banque spirituelle et vous l’oubliez, vous en êtes inconscient, cela devient inutile. Dans la vie spirituelle, on doit rester continuellement conscient de tout ce que l’on sait, à tout moment. Dans toutes nos actions extérieures, matérielles, on doit rester relié intérieurement, constamment. Lorsqu’on reste constamment connecté intérieurement, on atteint l’état de yoga, qui est la même chose que l’état que bhakti, jnana, etc…

tatpaduka sevyatam

14- Servez le Maître Quotidiennement

En Inde les gens préfèrent et donnent généralement beaucoup plus d’importance aux pieds du guru qu’à son visage. Nous rendons un culte aux pieds du guru ou aux sandales du guru. Dans la salle du puja il y a un coin spécial où on garde les sandales de Gurudev et on leur rend un culte avec des fleurs etc…

Lorsque vous voyez le visage du guru et que vous baissez votre regard vers ses pieds, vous gagnez en humilité. L’humilité est le pilier et le fondement de la vie spirituelle. Pour servir aux pieds du maître acceptez tout ce qu’il dit. Acceptez-le, faites-le, pratiquez-le. C’est très difficile de suivre le maître, parce qu’il faut écraser son ego. Tant que l’ego est présent il est très difficile de suivre le maître à cent pour cent. Parfois on peut refuser ce que dit le maître. Pourquoi? Parce qu’on se met à analyser avec nos facultés mentales limitées. On se demande pourquoi il fait ceci, pourquoi il dit cela. Nous ne connaissons pas ses raisons.

Supposez que le maître vous dise de tuer un animal. Allez-vous le faire? La moralité suggérerait de pratiquer ahisma. Mais souvenez-vous qu’avec le guru, il n’y a pas de moralité, ce qu’il dit fait force de loi.

Il y a deux belles histoires, l’une tirée des Puranas et l’autre du Mahabharata, qui en révèlent le vrai sens. Dans les Puranas, un homme très doux mais très malheureux en mariage, Jamadagni Renuka, avait un enfant du nom de Parashurama. Il demanda à Parashurama de tuer sa mère. Immédiatement, le fils alla tuer sa mère et la coupa en deux morceaux. Le père avait maintenant retrouvé le bonheur et il dit à son fils qu’il pouvait lui demander tout ce qu’il voulait. Le fils demanda à son père de redonner la vie à sa mère.

Dans le Mahabharata, Ganga se maria avec Santanu et tua ses sept enfants en les noyant dans le fleuve à la naissance. Où est la moralité? Lorsqu’une femme tue ses propres enfants, où est la moralité? Ganga était un être céleste vivant dans les cieux. C’est une longue histoire, mais il y avait huit personnes célestes qui avaient reçu la malédiction d’un rishi, selon laquelle ils devaient s’incarner sur terre. Ces êtres célestes en étaient très mécontents et ils prièrent le sage de les pardonner. Le sage leur offrit une alternative: Ganga irait sur terre et elle les enfanterait et ils pourraient alors lui demander de les tuer de telle sorte qu’ils retourneraient au ciel immédiatement. Le rishi expliqua que ce que dit un maître réalisé ou un saint doit se produire et qu’ils étaient par conséquent condamnés à s’incarner sur terre mais qu’à la naissance, Ganga les assassinerait, grâce à quoi ils pourraient retourner au ciel.

Si vous ignorez le cadre dans lequel l’histoire se déroule et ne voyez que la situation où la mère tue ses enfants, vous vous demandez de quel genre de mère il s’agit. Lorsque nous faisons quelque chose, nous ignorons les événements qui ont précédé aussi bien que ceux qui suivront. Je vous donne donc ce conseil pratique: si le maître vous dit de tuer un animal, ne vous mettez pas à penser qu’il s’agit d’un meurtre. Pensez que vous libérez l’animal. Il n’y aura pas alors de déséquilibre en vous. Vous serez libre. Vous devriez donc rester très pratique. Ne jugez pas. Si vous voulez juger, jugez-vous vous-même. Demandez-vous quels sont vos côtés négatifs. Changez-vous vous-même.

Tatpaduka sevyatam : asseyez-vous aux pieds du maître et quel que soit ce qu’il vous dit, acceptez-le et faites-le.

Maintenant, la quatrième ligne du deuxième verset:
Brahmaikaksaramarthyatam srutisirovakyam samakarnyatam

  1. Recherchez le Dieu Absolu
  2. Ecoutez le Son Om en Profondeur

Ici Shankaracharya nous dit : cherchez, répétez, contemplez brahmaikaksara. Brahma est le Dieu absolu, et aksara signifie immuable, ce qui ne se détériore pas, qui reste constant en permanence, c’est à dire Dieu.

Recherchez tout d’abord le Dieu sans forme et essayez d’en rester conscient constamment. Aksara a une deuxième signification: dans la vie spirituelle, lorsque vous pratiquez la méditation, vous écoutez le son constant, immuable, ininterrompu. Sur le plan pratique, essayez d’écouter le son, le son Om au dedans de vous; écoutez ce son constant tout le temps. C’est anahata dwani. Anahata est aksara, le son continu; écoutez-le. C’est important dans la vie spirituelle. Il y a de nombreuses formes de méditation où celui qui pratique écoute ce son. Ce son est ce qui vous met en contact avec Dieu. Lorsque vous écoutez ce nada brahma de même qu’omkara dwani, il s’agit de Dieu. Si vous voulez creuser la question, le Manduka Upanishad traite le sujet en détail.

Ecoutez donc constamment ce son. C’est ce qu’on appelle la tonalité universelle. Si vous décrochez le téléphone et qu’il n’y a pas de tonalité, la ligne est coupée. On ne peut établir de communication que s’il y a une tonalité. Il y a donc une tonalité universelle. Il y a un son constant. Il ne vient pas d’un objet. C’est le son de l’absence de son, le son du silence. Lorsque vous vous concentrez au dedans et que vous écoutez cette tonalité universelle, vous pouvez entrer en conversation avec Dieu. Si vous n’écoutez pas et que la ligne est coupée, vous êtes débranché sur le plan spirituel.

Verset 3:

Vakyarthasca vicaryatam srutisirah paksah samasriyatam
Dustarkat suviramytam srutimatastarko nusandhiyatam
Brahmasmiti vibhavyatam aharahargarvah parityajyatam
Dehahammatistyajyatam budhajanairvadah parityajyatam
Vakyarthasca vicaryatam

17- Méditez Constamment sur la Signification des Grands Enseignements des Upanishads

Les Upanishads constituent la fin des Vedas qu’on appelle Vedanta. Quatre vingt dix pour cent de ces textes traitent d’agni karma, les cérémonies du feu. La fin des Vedas est la partie de la connaissance et s’appelle Vedanta. L’agni karma est comme le souffle kriya, lorsqu’on offre le souffle. A la fin du souffle kriya on atteint l’état de paravastha; c’est le Vedanta, les Upanishads. Il y a quatre Vedas: rig, sama, yajur, atharva. Il n’est pas nécessaire de lire tous les Vedas. Ce sont des livres énormes, des milliers de versets. Les saints et les sages ont donc sélectionné seulement quatre lignes, une ligne de chaque Veda. Cela s’appelle mahavakyas, les enseignements principaux. Ces quatre phrases sont considérées comme les plus importantes. Vous devriez les contempler constamment. Les mahavakyas sont considérées comme les gurus ou Dieu. Si vous les contemplez, vous les comprendrez. Dans la religion Sikh, ils rendent hommage au livre, leurs écritures sacrées qu’ils appellent Granth Sahib. Ils croient que leur guru et les écritures sont tout.

La première mahavakya vient du rigveda: prajnananm brahma. Cela signifie « La Conscience est Dieu » Quel est cet état de conscience? Par la pratique régulière, lorsque vous atteignez un état de conscience continu en tous lieux et en tous temps, vous êtes en union avec lui. Dans cet état vous ne pouvez pas oublier Dieu, même si vous le vouliez, parce que oublier Dieu est devenu beaucoup plus difficile que de le garder à l’esprit. Cet état de conscience est Dieu.

Tat tvam asi vient du samaveda: « Tu Es Cela ». Lorsque le disciple pratique et demeure dans la conscience, il est conscient tout le temps. Le guru dit alors que ce dont vous êtes conscient, c’est ce que vous êtes, tat tvam asi. Vous êtes la conscience elle-même. C’est le deuxième mahavakya.

Le troisième mahavakya, tiré du yajurveda est aham brahmasmi. C’est l’état dans lequel on réalise que le ‘Je’ en moi est ‘Dieu’. Dans les psaumes il est dit: « Reste immobile et sache que Je suis Dieu. » C’est l’état de réalisation.

Et finalement, tiré de l’athurveda, on a ayam atma brahma: « Je suis l’Ame qui est Dieu. » Je suis conscient de ma propre identité, je suis l’Ame au dedans de moi et cette Ame est la présence de Dieu et cette Ame est Dieu.

Contemplons maintenant ces quatre phrases un plus en profondeur; la première phrase est une conception complète, constante, un concept de vie clair, prajnanam brahma. La seconde est une indication; le guru donne une indication au disciple: Tu es Cela. La troisième, ayam atma brahma, est une révélation; la vérité vous est révélée « Je suis Cela, le Soi est Cela. » La quatrième est l’état de réalisation: l’essence au dedans de moi est Dieu.

Les quatre étapes indiquées par les mahavakyas sont donc : conception, indication, révélation, réalisation. En même temps, ces quatre étapes ne font qu’une. Il s’agit pratiquement de la même chose. Lorsque vous atteignez l’état de conscience tout le temps, tout le temps, le guru dit alors « vous êtes cela ». Puis vient l’étape suivante. Mais bien qu’il s’agisse de la même étape, on la divise en quatre. Le maître indique que vous êtes ce dont vous êtes conscient. Lorsque le disciple écoute le maître et entend: « Je suis Cela », alors il contemple profondément en méditation et la révélation vient du dedans que ce que je suis, c’est Dieu. Je suis le Soi au dedans de ce corps et ce soi est la présence de Dieu. Le Soi est Dieu, ayam atma brahma. Je suis l’âme et je vis dans ce corps dans cette vie, mais de tout temps, éternellement, je vis en Dieu. Telle est la révélation. Réaliser Dieu, réaliser qu’en tous temps, éternellement, je vis avec Dieu, que je ne vis dans ce corps que pour un certain temps, s’appelle la réalisation du Soi. Et lorsque le Soi est révélé, vous atteignez l’état de réalisation. Je suis Cela. je suis Dieu, l’union; on ne fait plus la distinction.

Les quatre étapes ne font donc qu’une. Il n’y a pas de temps au niveau de la conscience, c’est au de la du temps et de l’espace. Ce Soi est Dieu et c’est ce que vous êtes.

Shankaracharya dit donc ici: contemplez les grands enseignements des Upanishads et des Vedas.

La deuxième partie de la première ligne est: srutisirah paksah samasriyatam

18- Abandonnez-vous à Dieu

Abandonnez-vous aux écritures, à la vérité, abandonnez-vous à la vérité de l’éternité, abandonnez-vous à Dieu. Mais parler de l’abandon est très difficile. C’est un état qu’on ne peut pas atteindre par l’effort personnel. Lorsque vous voyez qu’il n’y a pas d’autre moyen, que tout votre travail ne vous permet pas d’aboutir, alors vous vous abandonnez complètement, automatiquement, sans effort et, lorsque vous vous abandonnez réellement en sachant que vous n’avez rien, que vous ne savez rien, rien de rien, l’abandon complet, alors vous recevez les bénédictions de Dieu. Alors l’effort disparaît de votre pratique spirituelle.

C’est donc une question de pratique. Nous devrions nous reposer sur cela de plus en plus. Nous devrions le croire, nous devrions avoir confiance, nous devrions avoir davantage de foi, davantage de dévotion. La dévotion poussée à l’extrême est l’abandon, l’histoire ancienne a disparu. Vous réalisez que je ne suis rien, que je ne sais rien, que je n’ai rien. Alors vous ressentez la dévotion poussée à l’extrême et vous vous abandonnez aux pieds du maître. Vous vous abandonnez aux écritures, à Dieu, aux gurus de la même façon.

Ressentez la présence de Dieu à chaque souffle. Dieu est votre vie, votre énergie, votre conscience. Atteignez l’état de conscience. Tout le temps, en tous lieux, partout, restez dans la vigilance continuelle. C’est votre état personnel. Vous êtes l’âme, c’est votre identité. Vous êtes l’âme et vous vivez dans ce corps pour cette vie. Mais tout au long de l’éternité vous vivez avec Dieu dans l’union. Pour réaliser cette éternité. cette union avec Dieu, Dieu vous a donné ce corps et cette vie. Elevez-vous au dessus de l’inconscience et atteignez l’état de conscience. La conscience vous apportera la sagesse. La sagesse est dévotion et c’est l’état de yoga. Suivez le maître a cent pour cent. Restez dans l’état de conscience, c’est votre état personnel. Vous êtes ce dont vous êtes conscient, tat tvam asi. Te basu, Tu Es Cela. Découvrez la vérité, je suis le Soi, je suis l’Ame, c’est la présence de Dieu au dedans. Ayam atma brahma, le Soi est Dieu. Alors réalisez l’absolu, aham brahmasi. Pratiquez davantage. Percevez la réalité. Découvrez la vérité, réalisez l’absolu. Demeurez dans l’état de conscience interne, d’amour et de dévotion. Soyez consciemment actifs et activement conscients.

Merci à tous et bénis soyez-vous tous.

Je prie Dieu pour vous tous.

Om, Amen

Suite au prochain numéro.

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Yoga la voie du Divin

extrait du livre de Paramahamsa Prajnanananda

Chapitre 3 – suite
Approches du yoga: Ashtanga Yoga de Patanjali et Kriya Yoga

Différentes sortes de Yoga

En fonction du nombre de branches ou de parties qu’ils contiennent, il y a:

Ashtanga yoga de Patanjali comprenant huit branches, yama, niyama, asana, pranayama, pratyahara, dharma et samadhi.
Sadanga yoga comprenant six branches, les six dernières d’ashtanga yoga.
Caturanga yoga comprenant quatre branches, les quatre dernières d’ashtanga yoga.
Ekanga yoga comprenant une seule branche, l’écoute continuelle du son Om, le son éternel de Dieu.

Le yoga discipline nos vies. Nous avons besoin d’un style de vie yogique. Nous avons besoin de cultiver les valeurs dans notre vie quotidienne. Certaines règles morales et éthiques sont nécessaires grâce auxquelles la maîtrise de soi peut être pratiquée.

Les Huit Branches d’Ashtanga Yoga

La signification des huit branches d’ashtanga yoga est la suivante: yama est la maîtrise de soi, niyama est la discipline, asana est la posture, pranayama est la technique du souffle, pratyahara est la modération, dharana est la concentration, dhyana est la méditation et samadhi est la réalisation.

Yama: Yama comprend cinq aspects, à savoir satya, ahimsa, asteya brahmacarya et aparigraha.

Satya consiste à dire la vérité. Ne dire que ce que vous pouvez sentir et percevoir. Un jour, en Inde, une enfant de six ans me demanda: « Est-ce que tout le monde dit la vérité? » Je répondis: « C’est bien de dire la vérité et beaucoup de gens disent la vérité. » Six ans plus tard, elle m’écrivit: « Je croyais que vous disiez la vérité, mais maintenant je suis sûre que vous dites des mensonges. Lorsque vous avez quitté l’Inde vous avez dit que vous reviendriez. Si vous aimez l’Europe, restez-y, mais ne dites pas de mensonges. » Qui peut toujours dire la vérité? C’est possible mais difficile.

Ahisma est la non-violence ou plus exactement ne pas blesser, ne pas infliger de souffrance aux autres. Un chirurgien qui opère un malade ne commet pas himsa car il agit pour le sauver. Le but détermine si une action est himsa ou ahimsa. Un jour quelqu’un demanda au Mahatma Gandhi: « Vous parlez de satya et d’ahimsa mais il y a des situations où l’on ne peut pas dire la vérité sans causer de tort. » Gandhi le regarda et dit: « De quelle situation parlez vous? » L’homme lui raconta l’histoire d’un moine qui était assis en méditation, les yeux ouverts, à l’intersection de deux routes. Un cerf passa près de lui. Peu de temps après un chasseur arriva et lui demanda dans quelle direction le cerf s’était dirigé. Si le moine disait ce qu’il avait vu le cerf serait tué et s’il ne le disait pas, il ne dirait pas la vérité. Que fallait-il donc faire? Gandhiji sourit et dit: « vous n’êtes pas obligé de répondre à toutes les questions. Vous êtes libre de répondre ou non. Dans une situation critique vous pouvez garder le silence. Si vous devez parler, vous pouvez être diplomatique comme Satyavrata (7) qui avait fait le voeu de ne dire que la vérité.

7- Dans la mythologie Indienne, il y a l’histoire du Devi Bhagavatha, écrite par le sage Vedavyasa, où Satyavrata avait fait le voeu de ne dire que la vérité. Un jour un porc qui avait été atteint par la flèche d’un chasseur passa en courant près de lui et alla se cacher derrière des buissons à proximité. Bientôt, un chasseur qui le cherchait apparut. Lorsqu’il vit Satyavrata il lui demanda s’il avait vu l’animal qui se dirigeait dans sa direction. Satyavrata qui ne pouvait pas mentir mais voulait en même temps sauver la vie du pauvre animal répondit:
ya pasyati na sa brute, yo brute na sa pasyati /
aho vyadha svakaryardhin, kim prcchasi punah punah //

« Oh chasseur, ce qui peut voir ne peut parler et ce qui peut parler ne peut voir. Je t’en prie laisse moi en paix et suis ton chemin. »

La vérité a deux aspects, absolu et relatif. L’aspect absolu est Dieu ou l’Ame.

Asteya: Ne pas dérober ce qui appartient aux autres. Les gens peuvent voler, non seulement physiquement mais aussi mentalement s’ils sont cupides.

Aparigraha: Ne pas accepter de nombreux cadeaux. Vivre une vie simple avec un minimum de besoins.

Brahmacharya: Célibat. Si le célibat est une condition préalable du yoga, que peuvent faire ceux qui vivent en famille? Célibat signifie modération et contrôle du plaisir des sens. Les gens mariés peuvent également être célibataires en suivant certaines règles. Il y a une autre signification de brahmacharya, brahma = Dieu, chara = se mouvoir. Se mouvoir en Dieu ou vivre en Dieu est brahmacharya. Tels sont les cinq aspects de yama.

Niyama: Niyama est la deuxième branche du yoga, qui comprend les principes éthiques et moraux nécessaires pour mener un style de vie yogique. D’après Patanjali les cinq principes de niyama sont sauca (propreté), santosa (contentement), tapah (pénitence), svadhyaya (étude) et Iswara pranidhana (abandon à Dieu).

Sauca: comprend quatre types:

1- Sthana sauca – Pureté ou propreté de l’endroit utilisé pour la méditation. Choisissez un endroit propre et net pour vous asseoir et méditer.

2- Diksauca est la pureté des directions. Les Yogis s’accordent sur le fait que faire face à certaines directions comme le Nord ou l’Est aide à la méditation. Certains disent qu’il faut faire face à l’Est pendant la journée et au Nord pendant la nuit. Yoganandaji recommande aussi le Nord ou l’Est. Mais je pose la question: lorsqu’on ferme les yeux, fronce les sourcils et se concentre au sommet, où est la question de direction? D’une façon générale il y a peut-être des règles à suivre, mais pour une vraie vie spirituelle, restez simplement au sommet.

3- Deha sauca est la pureté du corps, se laver les dents et prendre une douche tous les jours. En Inde où il fait chaud et humide, les gens se douchent même trois fois par jour. Cela s’appelle trisandhya snana, le matin, à midi et le soir. Mais ce n’est pas nécessaire ici.

4- Manah sauca est la pureté du mental et des pensées. C’est avoir des pensées propres, pures, dans la conscience divine.

Santosa est le deuxième principe de niyama: être toujours content. La question pourrait se poser: « Si je suis toujours content, comment vais-je progresser? » Etre content ne veut pas dire abandonner tout effort pour avancer. Faites au mieux pour atteindre votre but mais soyez contents avec les résultats que vous obtenez.

La Gita dit santustah satatam yogi (la Baghavad Gita 12-4). Le yogi est toujours content. Par exemple soyez content de la nourriture qu’on vous donne, sans vous plaindre de la façon dont elle est épicée ou salée. En Inde, une mère venait pour méditer à l’Ashram et elle apportait toujours avec elle du sel et des cornichons pour les ajouter à ce qu’on lui servait à l’Ashram.

Certaines herbes sont amères mais bonnes pour la santé. Nous sommes tellement attachés à nos sens. Il faut pratiquer davantage la maîtrise de soi et être content de ce qu’on a. Il y a deux semaines au gurupurnima de Vienne, une mère me demanda: « Pourquoi êtes vous tout le temps si heureux? » Je n’avais rien à répondre. C’est lorsque qu’on est malheureux qu’on devrait s’inquiéter.

Tapah est pénitence ou la pratique d’une discipline stricte telle que jeûner pendant une journée, garder le silence, observer le souffle. Tapa veut dire température. La température de notre corps se maintient grâce à la présence de l’âme au dedans.

Svadhyaya est l’étude des écritures comme la Gita ou les Upanisads. Svadhyaya veut également dire l’étude de soi. Etudiez ou analysez-vous, soyez conscients de vous-mêmes.

Ishwara pranidhana veut dire se rapprocher de Dieu ou vivre en Dieu.

Asana: Yogasanas sont devenues une mode en occident. Le Yoga n’est pas seulement des postures yogiques. Quel type d’asana est bon pour la méditation? L’asana devrait être sthira et sukha, ferme et confortable permettant de rester assis pour une longue durée. C’est une bonne idée de s’asseoir sur un matériau non conducteur comme une couverture. N’essayez pas de position difficile telle que la position du lotus. Toute position confortable où la colonne vertébrale reste droite est bonne. La véritable asana est au sommet de la tête où devrait être votre concentration.

Pranayama est contrôle du souffle. Le hata yoga enseigne comment contrôler le souffle. Le contrôle du souffle ne se fait pas par force. La façon la plus simple de traduire pranayama est contrôle de prana. Le Kriya Yoga enseigne trois types de pranayama ou techniques de respiration:

1- Souffle conscient.

2- Inspiration et expiration lentes et profondes.

3- Inspirez, retenez le souffle, expirez, retenez le souffle.
Au cours du Kriya pranayama il n’y a pas de retenue inconfortable du souffle mais l’atteinte du contrôle complet du souffle.

J’en connais les avantages par expérience. J’étais en effet asthmatique dès l’enfance jusqu’à dix neuf ans, incapable de respirer régulièrement ou de monter quatre marches sans me sentir mal. Grâce à la pratique régulière du Kriya, ma maladie a disparu.

Pratyahara consiste à détourner son esprit des sens ou à déconnecter le mental des sens. Pendant la méditation il vous est demandé de fermer les yeux et les oreilles et de rouler la langue en arrière. Cela aide à passer d’un mental actif à un mental concentré.

Dharana consiste à rester concentré pendant longtemps sur une seule pensée. Dharana peut être interne ou externe. Lorsqu’il y a concentration avec les yeux ouverts, elle est externe et avec les yeux fermés fixés au dedans, elle est interne.

Dhyana est la méditation, le processus de dissolution du mental.

Samadhi est la réalisation.

Telles sont les huit branches d’ashtanga yoga ou le yoga à huit niveaux. Quel que soit ce que l’on fait dans la vie, on utilise ces huit branches du yoga. Toutes les huit sont nécessaires pour tout type de travail comme faire la cuisine ou le ménage.

Le Kriya Yoga

Le Kriya yoga est caturanga yoga. Il repose principalement sur les quatre dernières branches: pratyahara, dharana, dhyana et samadhi. Vous vous demandez peut-être: « Si je veux être un yogi, dois-je suivre toutes ces étapes une par une? » Si vous voulez nager, sautez à l’eau et apprenez en essayant de pratiquer toutes les techniques au mieux. Commencez par la méditation et tout le reste vous sera donné par surcroît. Ceux qui pratiquent en connaissent la beauté. En continuant à pratiquer vous acquérrez le contrôle de soi, le contrôle de votre mental et de vos sens. Vous serez contents et heureux.

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Questions réponses

1- Qu’est-ce que l’accord avec Dieu?

Dans nos vies nous pouvons changer beaucoup de choses. Il y a aussi beaucoup de choses que nous ne pouvons pas changer. Vous pouvez changer ce qu’il est possible de changer. Ce que vous ne pouvez pas changer, acceptez le. C’est une attitude pieuse. Se mettre en accord avec Dieu prend du temps. Par la pratique régulière de la méditation, on peut y arriver.

On peut agir en toute liberté jusqu’à un certain point, mais nous sommes entre les mains de Dieu. Si j’étais complètement libre, je ne serais pas ici. Acceptez ce que Dieu vous donne. Méditez et harmonisez votre vie. Lentement vous vous mettrez en accord avec Dieu et entendrez clairement sa musique et ses instructions.

2- Qu’est-ce que la grâce de Dieu?

Avez vous entendu parler des points de grâce? En Inde, lorsque quelques points seulement manquent à un étudiant pour passer un examen, on lui donne des points de grâce. Votre effort vient en premier et la grâce de Dieu suit. Dieu accorde sa grâce lorsqu’on est prêt. Lorsqu’on fait quelques pas vers lui, il en fait bien davantage vers nous. Il y a deux façons d’obtenir la grâce de Dieu: être bon et obtenir la grâce de Dieu ou être mauvais et obtenir la grâce de Dieu comme Kamsa, Ravana etc… Se souvenir constamment par amour ou par haine. N’essayez pas de haïr. Aimez Dieu. Passez votre temps dans la conscience du souffle.

3- Parlez nous de la pratique spirituelle.

La vie spirituelle est à la fois facile et difficile. En Allemagne, une mère vint se plaindre à moi en disant: « Vous êtes à la fois très simple et très compliqué: vous dites que tout est bon; je ne sais pas quoi vous servir à manger. » La vie spirituelle est comme ça.

Si vous avez un but précis, il devient alors plus facile de progresser régulièrement dans sa direction. Vous aurez toujours présentes à l’esprit les raisons pour lesquelles vous méditez et dans quel but. Jusqu’à maintenant, nous nous sommes agités en tous sens. Pour quoi faire? Ceux qui connaissent leur but de bonne heure n’hésitent pas. A un moment ou à un autre, chacun doit revenir sur la voie spirituelle. Plus tôt vous connaissez votre but, mieux c’est. Le but ultime doit être connu. En route, d’autres choses peuvent se présenter. Si je sais que je veux aller à Badrinath, je peux m’arrêter en chemin à d’autres endroits tels que Delhi ou Rishikesh et faire d’autres choses, mais le but ultime restera Badrinath.

Vous avez tous de la chance. Vous avez le désir de vous engager sur la voie spirituelle. Vous pratiquez le Kriya Yoga et vous posez toutes ces questions à votre précepteur et vous en obtenez les réponses.

Jusqu’à ce jour je n’ai jamais posé de question à mon guru. J’ai médité par moi même et me suis contenté de pratiquer la technique répétitivement. Lorsque vous continuez à pratiquer, tout s’éclaire. Toutes les réponses que je vous donne viennent également de la méditation. Pratiquer la technique régulièrement est essentiel pour la vie spirituelle. Pour accomplir n’importe quelle tâche correctement il faut connaître la technique. Vous trouverez alors votre propre façon d’atteindre le but. Paravastha est le but mais il ne peut pas être expliqué. Toutes ces techniques conduisent à paravastha.

Ceux qui méditent assez longtemps ont des expériences merveilleuses. Parfois rien ne se produit pendant un certain temps. C’est comme jouer à cache-cache avec le Divin, il faut chercher davantage.

Il y a un moine réalisé en Orissa qu’on appelle Baya Baba (le baba fou). Si vous lui demandez quel type de pratique spirituelle est la sienne, il répond: « Mon guru ne m’a demandé de faire qu’une seule chose et c’est tout ce que je fais. Il m’a dit que, comme au bon vieux temps, lorsque les gens utilisaient leurs boeufs pour tourner et retourner le riz pour le séparer de la paille, je devais pratiquer et pratiquer encore ma technique. Je travaille comme ces boeufs qui ne prêtent aucune attention à la quantité de riz produite sous leurs sabots. Tout siddhi ou toute réalisation que j’ai pu atteindre est entièrement sous mes sabots. Je continue de faire avec amour ce que mon guru m’a appris. »

Comment pratiquer avec amour? Qu’est-ce que cela signifie? Il y a deux façons de faire. Prenons un exemple. Supposons que vous êtes au bord d’un lac et qu’un ami arrive par derrière et vous pousse dans l’eau. Vous tombez à l’eau. Vous en sortez contrarié et mécontent. Le lendemain vous avez envie d’aller nager dans le lac. Vous y allez fin prêt en maillot de bain, vous profitez bien de votre baignade et en sortez content. Dans les deux cas votre corps a été mouillé mais le premier jour vous étiez mécontent et le deuxième jour vous êtes content. La différence est votre attitude mentale. De même lorsque vous pratiquez le Kriya Yoga, le fait de ressentir que la technique que vous pratiquez est si belle et qu’elle a apporté la libération à tant de grandes âmes, cette conscience interne éveille l’amour et l’abandon. Cet amour de Dieu et cet abandon à Dieu ne s’apprennent pas. Ils ne vous viendront que par la méditation et la pratique.

Supposez que vous êtes sur une autoroute. Il y a des panneaux pour vous indiquer où entrer et où sortir ce qui rend la conduite plus facile. Lorsque vous méditez, vous recevez des directions intérieures vous indiquant si vous progressez ou non. C’est comme une auto-critique. Observez votre mental et vous saurez ce que vous êtes. Au fond, nous savons tous ce que nous sommes en observant l’état de notre mental.

Il y a un dicton dans les écritures yogiques:
yatna krte yadi na siddhyati kutra dosha (Hitopadesa).

Si l’effort est sincère mais le résultat ne vient pas, examine où est le défaut.

Vous pouvez vous en rendre compte par vous mêmes, sinon vous pouvez venir en parler à votre précepteur. Il peut vous aider.

Vous aurez des expériences spirituelles mais ne vous y attachez pas. Si vous vous y arrêtez, vous ne progresserez plus.

Suite au prochain numéro…
Extrait et traduction du livre Yoga, Pathway to the Divine de Paramahamsa Prajnanananda. Copyright 1999 Prajnana Mission. Tous droits réservés.

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La Baghavad Gita

Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Hariharananda

Suite du numéro précédent de Soul Culture, extrait de la Bhagavad Gita in the light of Kriya Yoga, troisième Volume, de Paramahamsa Hariharananda, en vente au Kriya Yoga Institute, U.S.A.

Chapitre 17 – Verset 5 a 7

Verset 5 et 6:

asastravihitam ghoram
tapyante ye tapo janah
dambhahamkarasamyuktah
kamaragabalanvitah

karsayantah sarirastham
bhutagramam acetasah
mam cai va ntahsarirastham
tan viddhy asuraniscayan

Traduction:

Les hommes qui s’adonnent à l’excès à l’austérité et à la pénitence d’une façon arbitraire et non sanctionnée par les écritures sont des véhicules d’hypocrisie, d’égoïsme, de désir, d’attachement, d’orgueil et de pouvoir et celui qui, sans y réfléchir, émacie et torture les éléments qui constituent son corps, Me torture aussi à l’intérieur du corps. Ces hommes ont des dispositions démoniaques.

Interprétation Métaphorique:

Le Seigneur donne à Arjuna une réponse claire à la question qu’il lui pose au premier verset: « Quel genre de foi est celle de ceux qui s’adonnent à certaines pratiques religieuses sans suivre les commandements des écritures?’

Le Seigneur explique: « Les écritures disciplinent et divinisent les gens. Les écritures sont un ensemble de règles divines destinées à contrôler les activités des hommes. »

Il y a des gens qui essayent de tirer profit d’un grand nombre de cultes, de choses imaginaires, d’hallucinations ou de magie etc… Il ne s’agit pas de voies spirituelles. Certains d’entre eux ne connaissent pas les écritures et ne veulent rien en savoir. Ils torturent leur corps. Ils jeûnent pour de longues périodes. Ils restent sous l’eau ou au milieu d’un cercle de feu. Ils vont même jusqu’à couper des petits morceaux de leur corps et à offrir leur propre sang aux démons, aux fantômes ou aux esprits. Leur corps s’émacie. Ces terribles austérités torturent les éléments du corps de telle sorte que le corps se révolte ce qui entraîne de nombreuses maladies physiques et mentales. Certains prennent des aliments malsains comme du vin, du poisson, de la viande, des œufs, … et offrent le poisson et la viande en oblation au feu, ce qu’on ne trouve pas dans les écritures. Ils se croient très avancés au niveau spirituel mais en fait, ils sont extrêmement primitifs.

Sans aucun doute, ces qualités sont anti-spirituelles et créent de nombreux problèmes pour le corps et le mental. Les gens qui possèdent des pouvoirs maléfiques ne font en fin de compte que de se faire souffrir eux-mêmes et les autres avec eux. Leur prétendue méditation n’est qu’un culte vain. Manquant de toute véritable pratique spirituelle, ils ne s’engagent dans une multitude de pratiques rigoureuses, une vie de stress, de privations, de jeûnes, que pour réaliser leurs ambitions maléfiques et matérielles. Tout cela va à l’encontre de la spiritualité et des écritures.

Ces pratiques ne les amènent pas à éprouver les qualités divines décrites dans la Baghavad Gita (chapitre 13, versets 7 a 11 et chapitre 16, versets 1 a 3). Au lieu de cela, ils éprouvent la vanité, l’ego, la passion, la luxure et le désir, l’attachement extrême et l’orgueil du pouvoir. Le gonflement de leur ego, de leur vanité et de leur hypocrisie, ne leur permet pas d’entendre les paroles des écritures et des sages. Jour et nuit, ils chantent et font des en offrandes, tout en vain.

« Je suis le Soi qui vit au dedans, mais nombreux sont ceux qui ne sont pas à Ma recherche. Ils n’essayent pas de Me percevoir dans la vraie méditation. En M’ignorant et pire encore en torturant le corps qui est Mon temple, ils mènent une vie d’aveugle. »

Verset 7:

aharas tv api sarvasya
trividho bhavati priyah
yajnas tapas tatha danam
tesam bhadam imam srnu

Traduction:

Il y a trois types de préférences alimentaires basées sur les dispositions innées. Il y a aussi trois types de sacrifices (yajna), d’austérités (tapas) et de charité (danam). Ecoute maintenant ce qui les distingue.

Interprétation Métaphorique:

C’est le mystère de la création divine. Chaque homme est différent en fonction de ses qualités innées. Le comportement, les goûts, le tempérament, les habitudes, l’alimentation, le vêtement, l’éducation et même le culte sont différents et distincts.

On trouve trois types de qualités chez les êtres humains (sattva, rajas, tamas) ainsi que trois types d’alimentation. L’alimentation d’une personne sattvique est différente de l’alimentation d’une personne rajasique ou tamasique. Ceux qui sont spirituels aiment une nourriture spirituelle saine, divine et facile à digérer. Ceux qui sont rajasiques, en raison de l’extrême matérialisme de leurs activités et de l’égocentrisme de leur vie, aiment une nourriture rajasique. Ceux qui sont tamasiques, vivant dans l’oisiveté, la paresse et l’inertie, aiment la nourriture tamasique. Ceux qui appartiennent à un groupe n’apprécient pas la nourriture d’un autre groupe.

La cérémonie du feu, le sacrifice et l’offrande (yajna) sont aussi de trois types. Les austérités, la pénitence et la charité sont également pratiquées différemment selon les qualités innées. Toutes ces différences et distinctions au niveau de la nourriture, des offrandes, des austérités et de la charité sont expliquées dans les versets suivants.

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Les Yoga sutras de Patanjali

Commentaires de Yogiraj Shri Shri Lahiri Mahasaya
Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Prajnanananda
Suite du numéro précédent de Soul Culture, extrait du livre à paraître bientôt: Les Yoga Sutra de Patanjali à la Lumière du Kriya Yoga (titre provisoire), par Lahiri Mahasaya, interprété par Paramahamsa Prajnanananda en consultation avec Paramahamsa Hariharananda.

Sutra 30

Vyadhi styana samsaya pramadalasyavirati
bhrantidarsanalabdha bhumkatvanavasthitatvani
cittaviksepaste’ntarayah

vyadhi = maladie
styana = paresse mentale
samsaya = doute
pramada = inattention, manque d’enthousiasme, confusion
alasya = paresse
avitari = soif du plaisir des sens
bhrantidarsana = fausse notion ou fausse perception
alabdha bhumikatva = désespoir dû à l’impossibilité d’atteindre la concentration
anavasthitatvani = instabilité
cittaviksepah = cause de la distraction mentale
te = ces
antarayah = obstacles (à la connaissance du Soi, à la vie yogique)

Traduction:

La maladie, la paresse mentale, le doute, la confusion, l’oisiveté, la soif du plaisir des sens, les fausses perceptions, le désespoir d’atteindre la concentration, l’instabilité, tels sont les obstacles (à la réalisation du Soi).

Commentaires de Lahiri Mahasaya:

Les obstacles ci-dessous sont les causes de l’agitation mentale:

1) Maladie (mouvement inégal, déséquilibré du souffle, du prana).
2) Paresse (manque d’intérêt).
3) Doute.
4) Confusion.
5) Oisiveté (due à la lourdeur du corps et du mental, le manque d’intérêt dans la pratique du yoga)
6) Soif du plaisir des sens (particulièrement le fait que le mental ne soit pas tourné vers le yoga)
7) Fausses perceptions.
8) Ne pas atteindre la concentration (ne pas aller vers le samadhi)
9) Instabilité (même lorsqu’on atteint un état, ne pas être capable de s’y maintenir, persistance de la mémoire).

Interprétation Métaphorique:

Le sage Patanjali a clairement souligné les obstacles qu’on rencontre sur la voie spirituelle. Lorsqu’ils sont compris et que leurs causes ont été énumérées, on peut éliminer ces obstacles intelligemment.

1. Maladie. C’est un état de manque d’harmonie du corps et du mental. Les maladies physiques sont dues au déséquilibre de trois humeurs (doshas) dans le corps à savoir vata (vent), pitta (bile), kapha (toux). Elles résultent aussi du mauvais fonctionnement des glandes et d’habitudes irrégulières.

Beaucoup de gens souffrent également de maladies mentales. Un mental agité, une nature extrovertie, un processus de pensée déséquilibré et dépressif et des idées de découragement engendrent des problèmes psychologiques.

Un yogi, à l’aide d’exercices yogiques, de techniques de respiration et d’un mode de vie
en harmonie avec la conscience divine, essaye de supprimer ces obstacles. S’élever vers le but n’est pas possible lorsque le corps souffre et que le mental est malade.

2. Paresse: Le manque d’intérêt et l’incapacité de poursuivre son travail d’une façon continue est un autre obstacle pour un yogi. Lahiri Mahasaya insistait toujours sur l’importance de garder le but de l’existence à l’esprit d’une manière vibrante à chaque instant de votre vie. Par la pratique du prana-kriya, cette paresse disparaîtra.

3. Doute: Le mental doute constamment et on l’appelle aussi la faculté du doute. Le doute entraîne la stagnation dans la vie spirituelle. Puis-je atteindre le but? Est-ce la bonne voie pour moi? A quoi sert ce genre de pratique? Si je n’arrive pas à atteindre le but, que vais-je faire? Ce genre de pensée engendre le découragement intérieur. La bonne compagnie, le service rendu au tuteur et l’étude des écritures aident à surmonter cet état.

4. Confusion: La confusion intérieure développe le laisser-aller. C’est un état de manque d’intérêt. La bonne compagnie est une source d’inspiration continue. La pratique du pranayama aide aussi à garder le mental ferme et clair.

5. Oisiveté: Dû à la lourdeur du corps et à l’agitation du mental on manque d’un intérêt suffisant pour poursuivre une vie spirituelle. C’est l’inertie du corps et du mental.

6. Soif du plaisir des sens: Forcer le mental à s’introvertir et supprimer le désir sans une compréhension correcte entraîne une révolution intérieure. Le mental développe une soif de plaisir et de jouissance. On s’éparpille. La pratique de l’art de la discrimination et du détachement accompagnée de l’analyse correcte de soi aide à surmonter cet état matérialiste.

7. Fausse perception: Au cours de la pratique spirituelle un chercheur peut avoir des hallucinations qui le portent à penser qu’il est parfait, avancé et hautement évolué. Le mental déraille. Il est essentiel de prier régulièrement et de cultiver l’humilité.

8. Manque de concentration: si, en dépit de la pratique on ne fait pas de progrès substantiel, on se sent frustré et on se désintéresse. Cela entraîne l’irrégularité dans la pratique.

9. Instabilité: Même après avoir fait quelques progrès certains ne peuvent pas s’y tenir. La régularité dans la pratique et la conscience continue aident à maintenir stabilité et fermeté dans la vie spirituelle.

Grâce à son intuition pragmatique, le sage Patanjali nous révèle ces obstacles et mentionne aussi la voie à suivre pour les surmonter.

Oh chercheur! Souviens toi du but. L’oubli est le plus grand ennemi. Trouve la voie qui te conduira au but. Accepte un guide, le guru. Pratique ses enseignements avec une foi, un amour et une loyauté implicites. Pas à pas tu surmonteras tous les obstacles et tu atteindras le but divin.

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