Réalisation Divine vol 11.3

Baba Hariharananda sur fond de ciel bleu
Baba Hariharananda

Sommaire

Discours Pascal de Baba par téléphone avril 2001

Mes chères âmes respectables, c’est Swami Hariharananda. J’avais le cœur brisé pour Jésus. Je n’ai pas pu parler pendant trois jours. Je n’ai fait que méditer sur Jésus. Ce matin c’est le dimanche de Pâques et je peux de nouveau parler parce que Jésus est revenu.

La Bible raconte comment Marie s’est rendue au tombeau pour découvrir que le corps de Jésus avait disparu. Puis elle vit à l’extérieur quelqu’un dont le visage était recouvert d’un voile. Elle lui demanda s’il savait que le corps de Jésus avait été déposé dans ce tombeau et où il se trouvait maintenant. Pour toute réponse, l’homme se dévoila et immédiatement elle reconnut Jésus. Alors elle se précipita pour toucher le genou de Jésus et elle se prosterna. Jésus lui demanda d’aller chercher ses disciples.

C’est donc aujourd’hui un jour béni, un jour divin, parce que Jésus nous a été rendu. C’est au delà de toute imagination. Jésus était là. Beaucoup de gens étaient heureux et mangeaient avec Jésus. Seul Thomas n’était pas venu. Il ne croyait pas que ce puisse être Jésus car il avait vu Jésus sur la croix et il ne pensait pas qu’il soit possible qu’il revienne.

Et le lendemain, Jésus se rendit chez Thomas et lui demanda: “Pourquoi ne crois-tu pas? Pose ta main sur mes blessures. Tu verras, il n’y a pas de sang.” Alors Thomas fut extrêmement heureux et suivit Jésus. Il y avait beaucoup de gens avec lui et ils méditaient ensemble, mangeaient ensemble et parlaient de la Réalité.

Au début de son ministère, Jésus avait été invité à un mariage à Cana. Il y avait un grand festin. Il demanda à sa mère: “Femme,” – il ne dit pas mère – “Femme, est-ce qu’il y a assez de vin dans la salle?”

Elle répondit que non. Il quitta donc la salle du festin et trouva trois jarres remplies d’eau, et il toucha l’eau la transformant immédiatement en vin.

En Inde, on représente Krishna dansant sur un cobra à mille têtes. L’histoire raconte que, alors qu’il n’était encore qu’un jeune garçon, Krishna s’égara près d’un lac où vivait un énorme serpent venimeux. Plus tard les gens se mirent à sa recherche mais ils ne pouvaient le trouver nulle part autour du lac et ils se demandaient tous où il était passé.

De même, en ce premier jour de Pâques, ils étaient tous à sa recherche, inquiets et tristes de ce que Jésus ait été crucifié et que son corps sacré ait été déposé au tombeau. Mais, comme nous le savons, ils découvrirent que le corps de Jésus n’y était pas.

Concentrez votre attention au sommet.

Dans l’Évangile de Matthieu chapitre 4, verset 4, il est écrit: “L’homme ne vit pas que de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.” Vous ne pouvez pas voir le Seigneur Suprême et Tout Puissant ni Jésus qui demeurent au sommet. Mais si vous observez la fontanelle, vous pouvez voir que la parole vient du Seigneur Suprême et Tout Puissant. Ainsi, ne perdez votre temps avec personne d’autre que Dieu et votre temps ne sera pas perdu. Vous l’obtiendrez. Il vous faut méditer. Il vous faut la technique du Kriya Yoga car, par les cinq organes des sens, vous ne pouvez pas connaître Dieu. Il vous faut Le connaître.

Dans le Hata Yoga Pradipika (4:14) il est écrit:

yavan naiva pravishati caran maruto madhya marge
yavad bindur na bhavati dridhah prana vata prabandhat
yavad dhyane sahaja sadrisham jayate naiva tattvam
tavaj jnanam vadati tad idam dambha mithya pralapah

Ce qui veut dire: “Tant que votre votre attention ne demeurera pas concentrée exactement à la fontanelle au dedans du sommet de votre tête, tant que votre technique de méditation ne sera pas d’une facilité extrême, votre méditation sera inutile. Le souffle est vie, la maîtrise du souffle est la maîtrise de soi.”

Fixez tous votre attention au sommet, inspirez très légèrement et cherchez-le au dedans de la tête. C’est une méditation très simple: prenez votre souffle le plus court (c’est facile), observez-le calmement au sommet: il est dit que si l’on ne peut pas se débarrasser de tout le mal, de tous ses torts, de toute son immoralité et de toute sa débaucherie et de toutes ses sensations corporelles et matérielles, on ne peut pas atteindre la réalisation de Dieu. C’est ce qu’enseigne le Kriya Yoga. Fixez votre attention au sommet, prenez un très petit souffle, votre souffle le plus court et voyez que le Seigneur Suprême et tout Puissant y demeure. Si vous mettez le doigt sous vos narines, vous ne sentirez pas de souffle: ce genre de souffle. Extrême simplicité. Avec le souffle le plus court vous ne pouvez pas connaître la colère, l’orgueil, la cruauté, le manque de sincérité, l’hypocrisie ni le sexe pervers. Le Kriya Yoga repose sur le souffle le plus court. Jésus est là, il inhale depuis le sommet avec amour, amour, amour, amour.

Donc, aussi bien au dedans qu’au dehors, vous devez sentir que votre corps tout entier est le corps de Dieu; c’est la raison pour laquelle vous pratiquez le Kriya Yoga. Vous ne pouvez pas atteindre la réalité en chantant, en criant ni en écoutant des discours ou en lisant. Fixez votre attention, prenez votre souffle le plus court et cherchez-Le constamment dans la fontanelle. Automatiquement, vous allez entendre le son divin et aussi, plus vous fixez votre attention à la fontanelle, plus vous verrez la lumière, sentirez la pulsation. Aimez-Le, remerciez-Le et cherchez-Le à chaque souffle, à chacun de vos souffles courts. A chacune de vos actions, c’est Lui qui fait le travail: s’il n’inhale pas, vous ne pouvez faire aucun travail. Nous enseignons kri et ya. Kri veut dire que vous faites votre travail, que quelque soit le travail que vous faites, vous le faites et observez dans la fontanelle avec votre souffle le plus court. Vous atteindrez alors la réalité et l’amour extrême.

Je l’ai déjà dit et je le répète: à moins que vous ne soyez constamment conscients à la fontanelle et que vous n’inspiriez d’un souffle court et que vous Le cherchiez, vous ne pourrez connaître le calme. Le calme est divin. L’isolement est le prix de la grandeur.

Dans la Bhagavad Gita (2:50) il est dit: yogah kamashu kaushalam – “Le Yoga est la technique en action.” Le Kriya Yoga est la technique. Faites votre travail lentement et cherchez Jésus. Tous ne sont qu’un.

(Baba Chante) : Ishwar allah tere nam, sabko sanmati de ghagwan. Jo hi ram sho hi rahim. Ram, rahim, Jesus, karim. Bhagwan ram rahim.

Tous ne sont qu’un. Dieu. Observez-le dans la fontanelle, cherchez-le avec le souffle le plus court, éprouvez le néant avec amour, allez de l’avant et pratiquez le Kriya. La technique est là. Vous devez suivre la technique. Vous avez besoin du souffle le plus fin, vous avez besoin que tout soit affranchi de la sensation du mental. Vous ne verrez plus qu’une illumination tout autour de votre tête qui est le corps du Seigneur Suprême et tout Puissant. Faites très attention, pratiquez le Kriya correctement, respirez d’un souffle très court, cherchez-le à l’intérieur de la tête et vous verrez alors le spectacle divin d’une lumière d’un blanc de lait se répandant sur tout. Cherchez Dieu calmement à la fontanelle et vous atteindrez sûrement la réalisation de Dieu. Pratiquez correctement le Kriya.

Pratiquez en ce moment favorable ou Jésus est ressuscité. L’un de mes disciples, Swami Vidyadhishananda, va vous expliquer la technique et pratiquez tous selon ses instructions. Vous connaîtrez alors la réalité.

Merci beaucoup. Je veux transmettre mon amour à tous. Je veux aussi m’incliner devant vous tous parce-que le Seigneur Suprême et Tout Puissant demeure en chaque corps humain. C’est écrit dans la Bible, au livre de la Genèse chapitre 2 verset 7: “Et le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière du sol et insuffla dans ses narines le souffle de vie et l’homme devint une âme.”

Je vous donne mon amour, ma considération et mon respect. Je veux m’incliner devant vous tous. Merci beaucoup. Que Dieu vous bénisse tous. Au revoir.

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Une lettre de Baba Homestead, floride. 27 janvier 2001 le témoin silencieux

Mon cher respectable et divin Kameshwara Rao,

Je vois votre famille et votre belle maison avec son cocotier. Je les ai toujours devant les yeux. J’en suis si heureux.

Votre lettre, votre photo et votre donation sont bien arrivées quoi qu’avec beaucoup de retard car l’adresse n’était pas bonne. Quelqu’un me l’a apportée.

J’ai vu les photos; elles sont si belles. Le cocotier est la seule chose que je n’ai pas vue dans la pièce. Votre beau visage et votre beau corps, vos bons services et le magnifique présage de votre spiritualité m’ont procuré une joie extrême. Votre photo est si belle.

Dieu est un. Les religions sont nombreuses. Pratiquement toutes les religions s’affairent avec des mantras, des tantras et des yantras et pratiquent des cérémonies du culte, surtout en Inde. Cela prend beaucoup de temps.

Il vaut mieux ne gratter qu’une seule fois la boîte d’allumettes et voir jaillir la lumière. Mais la gratter à maintes reprises sans qu’aucune lumière n’apparaisse est inutile. Le souffle est notre vie. Sans souffle, nous ne sommes tous que des cadavres.

Dans la Bible, au livre de la Genèse, il est écrit qu’Il fit l’homme et la femme à Sa propre image et insuffla dans leurs narines le souffle de Sa vie. Tous les gens que vous voyez sont le Seigneur Suprême. Là où vos yeux se portent, c’est Lui. Votre corps tout entier est la demeure de Dieu mais vous ne le savez pas. Vous avez de la chance: Dieu inhale. Le jour ou Dieu n’inhale plus, c’est la mort. Le souffle est notre vie. Avant, pendant et après l’accomplissement de toute action, observez-le. Tout est accompli par le souffle, par le Seigneur Suprême et Tout Puissant. Jusqu’à ce que vous vous libériez du mental, de la pensée, de la sensation corporelle et matérielle, vous ne pouvez atteindre le calme. Le calme est divinité. Il vous faut donc pratiquer et pratiquer et pratiquer constamment, toute la journée, à chaque pas franchi dans la vie.

C’est Son corps. Il vous aime, Il y demeure et s’y cache. Vous avez donc tous de la chance. Vous êtes nés du pouvoir de votre père et dans le sein de votre mère. Tout est divin.

Votre femme ne gagne pas d’argent mais elle vous donne un amour extrême. C’est de l’attachement à Dieu, à une âme. Dieu a créé ainsi l’univers entier. Ce n’est donc qu’en cherchant avec le souffle court dans la tête que vous percevrez la lumière, la vibration et le son divins. C’est une technique très rare.

Je suis heureux qu’en dépit de votre travail prenant vous soyez allé à Balighai et ayez vu la vérité, la divinité. Hariharananda acheta ce terrain et le donna a Paramahamsa Prajnanananda.

Cherchez-Le constamment et alors vous atteindrez certainement l’état de samadhi.

Votre cocotier est si beau. Je ne peux l’oublier.

Je suis allongé. Je ne peux pas faire plus d’un pas. Mais mes facultés mentales sont parfaites. C’est la grâce de Dieu.

Recevez tous mon affection la plus profonde, ma considération, mon amour sacré et mes bénédictions.

Humblement,

Hariharananda.

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Ma vie est pour vous tous

Un message rédigé par Gurudev Baba Hariharanandaji à l’occasion de son 94ème anniversaire, le 27 Mai 2001.

Mes chères âmes divines,

Je suis extrêmement heureux d’écrire cette lettre à vous tous. Dieu est bon. Dieu nous a donné l’opportunité de changer notre vie en amour et pureté. Lorsque j’étais jeune, j’ai lu ce verset Sanscrit:

kahamaya dayaya premna sunritena arjavena ca
vashi kritva jagat sarvam vinayena ca sevaya.

Ce qui veut dire: “Le pardon, la compassion, l’amour, les paroles douces et véridiques, la simplicité, l’humilité et une attitude serviable conquièrent le monde entier.”

Je l’ai pratiqué toute ma vie. Des années passées dans l’isolement et en silence, en méditation profonde, m’ont donné des expériences divines. Je vous ai dédié ma vie entière. Mon souffle même est pour votre développement. L’amour conquiert tout. Chaitanya Mahaprabhu transforma la vie de beaucoup de gens par son amour divin. Le Mahatma Gandhi conquit le cœur de tous grâce à l’amour.

Pratiquez une vie d’amour dans chaque souffle. Ne permettez à aucune qualité négative d’entrer dans vos pensées, paroles, ou actions. Demeurez toujours dans la vérité.

N’allez pas croire que je suis loin. Je suis très près de vous tous. Ma vie n’est pas pour moi: elle est pour vous tous.

J’ai maintenant 94 ans. Mais malgré tout je fais tout mon possible pour aider les gens. Je ne sais pas combien de temps encore Dieu va me maintenir dans ce corps. J’aime Dieu dans chaque souffle et je vous apprends tous à en faire autant.

Méditez chaque jour avec la dévotion la plus profonde.

Recevez tous l’amour que je ressens du fond du cœur et soyez comblés des bénédictions de Dieu et des Gourous.

Humblement,

Hariharananda.

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Montrez vous sous votre vrai jour


Par Swami Hariharananda

LE CHAT ET LES OISEAUX

Cette histoire est tirée du Panchatantra. Il y avait un chat au pied d’un arbre, les yeux fermés. Dans l’arbre il y avait des oiseaux et leurs petits et ils demandèrent au chat ce qu’il faisait là, car ils avaient remarqué qu’il se tenait immobile sous l’arbre depuis un bon moment. Le chat répondit dans un Sanscrit parfait: “aham atra Gangaatire nitya snaayi niramishaasi bramacharyena chaandrayana vrata palayami: Je prends un bain tous les jours dans le Gange, je ne mange pas de viande, d’oeuf ni de poisson. Je pratique bramacharya, chantant le nom de Dieu sous l’arbre et observant Chandrayana Vrata, un vœux spécial d’austérité.” Les oiseaux furent très heureux d’entendre cela et demandèrent au chat de surveiller leurs œufs et leurs petits qui ne pouvaient pas encore voler. Le chat accepta et s’installa pour rendre ce service.

Tous les oiseaux s’envolèrent pour aller chercher de la nourriture pour leurs petits, sûrs qu’ils seraient en sécurité sous la garde d’un être si spirituel. Dès qu’ils furent partis, le chat monta dans l’arbre et mangea tous les petits et les œufs. Puis il redescendit et s’installa à nouveau au pied de l’arbre, tout content car il y avait longtemps qu’il n’avait pas fait un repas si copieux.

Dans la soirée, les oiseaux rentrèrent chargés de nourriture pour leur progéniture et trouvèrent le chat toujours parfaitement immobile au pied de l’arbre. Ils furent horrifiés lorsqu’ils se mirent à chercher leurs petits: ils avaient disparu sans laisser de trace. Ils demandèrent au chat de leur dire où ils étaient passés. Le chat bâilla, à moitié endormi après un tel repas et dit: “J’étais en méditation très profonde et par le pouvoir de ma méditation ils prirent tous leur envol et s’en allèrent dans un autre arbre. Je ne sais pas où ils sont. Je me contente de chanter le nom du Seigneur.”

Et tous les oiseaux pleurèrent les disparus et se lamentèrent amèrement de leur bêtise.

LE CHACAL PEINTURLURE

Cette histoire est également tirée du Panchatantra.

Un chacal passait prés d’un bourg lorsque les chiens du quartier l’aperçurent et se mirent à sa poursuite. Le chacal se mit à courir et à courir et se retrouva finalement dans la cour d’une boutique de vêtements ou s’alignaient en rangées impeccables de grandes cuves de différentes teintures. Le chacal sauta sur le mur du fond mais dans son empressement, il glissa et tomba dans une cuve pleine de teinture bleue. Lorsqu’il s’en extirpa, il était complètement bleu… et les chiens se sauvèrent effrayés.

Le chacal retourna dans la jungle et les autres animaux se demandaient qui ou quoi il pouvait bien être. Se souvenant de la peur qu’il avait créée chez les chiens, il déclara donc qu’il était le roi de la jungle. Il ordonna que tout animal qui trouverait de la viande la lui apporte et il en ferait le partage entre tous. Les animaux s’inclinèrent avec révérence devant cet animal à l’allure redoutable et le laissèrent régner sur eux.

Mais peu à peu les autres chacals se rendirent compte que ce “roi” n’était rien d’autre qu’un chacal exactement comme eux. A la pleine lune ils se mirent donc à hurler près de lui “ka-wa, ka-wa” et, comme de bien entendu, le chacal bleu fit de même. Les autres animaux réalisèrent alors qu’il n’était qu’un chacal et le tuèrent.

La morale de ces deux histoires est la même: méfiez-vous de l’hypocrisie spirituelle.

BABA ET LES DOCTEURS MYSTÉRIEUX.

Maintenant, un histoire vraie qui m’arriva aux environs de ma quatrième ou cinquième année de réclusion et de silence au Karar Ashram de Puri, alors que j’avais presque atteint l’état de samadhi. Un monsieur et sa femme vinrent à Puri et y louèrent une maison. Ils étaient tous deux de jeunes docteurs: il avait entre 33 et 35 ans et sa femme avait environ 30 ans. Ils se renseignèrent pour savoir qui, à Puri, pratiquait la méditation très profonde.

Certains leurs répondirent que Hariharananda avait passé des années dans sa chambre en silence, dans l’isolement le plus strict. Le docteur se rendit donc à l’ashram, à seulement douze minutes à pied environ de leur maison, et demanda au moine responsable, Swami Sevananda, la permission de voir Hariharananda. Sevanandaji lui demanda quel niveau de méditation il pratiquait et le docteur répondit qu’il avait atteint l’état de samadhi. Sevanandaji l’autorisa donc à venir à ma porte.

Là, le docteur dit: “J’ai atteint l’état de samadhi, quel est votre niveau de méditation?”

J’ouvris la porte, le fit entrer et lui dit que bien qu’ayant pratiqué je n’avais pas atteint l’état de samadhi. Alors le jeune docteur se mit à proférer des paroles obscènes et vulgaires et me demanda pourquoi je gardais cette belle femme dans ma chambre. Il parlait de la statue de Saraswati que j’avais faite et à laquelle je rendais un culte quotidien. Je me mis à penser que c’était un fou et je me demandais comment m’en débarrasser. Puis il s’assit et entra en nirvikalpa samadhi, l’état sans pouls. Je le sentais; il n’avait pas de battement de cœur, pas de respiration.

Lorsqu’il reprit conscience il prit dans sa main droite du kheer (une sucrerie indienne composée de lait, noix, épices et sucre) que j’avais confectionné pour la déité qui était dans ma chambre. Il en prit dans sa main droite, se mit en face de la statue et la supplia comme un simple enfant: “Mère Saraswati, s’il te plaît, mange-le, mange-le, fais-en du prasad (nourriture consacrée) et je le mangerai.” Je vis un très légère volute de fumée sortant des yeux et de la bouche de Saraswati qui alla se poser sur la nourriture qu’il tenait dans ses mains. Elle avait accepté son offrande. Puis le docteur me quitta en me laissant son adresse.

Plus tard je demandais à Sevanandaji de m’emmener à son appartement en pousse-pousse, recouvert d’un voile pour que personne ne puisse me voir. J’entrais dans son appartement et lui demandais comment atteindre l’état de samadhi. Il répondit qu’il y avait un défaut dans ma pratique de la méditation: je n’étais pas très profondément dans la fontanelle. Il continua: “Lorsque vous y serez très profondément et verrez l’illumination constante, vous atteindrez la réalisation.”

J’atteignais l’état de samadhi en 1948. En 1953 ou 1954, les ashramites décidèrent de me faire sortir de ma chambre parce que j’étais tout le temps absorbé en méditation et extrêmement émacié et ils craignaient que je meure. Ils me firent sortir et me donnèrent un peu de fromage, des noisettes et d’autres aliments et me firent prendre le soleil.

BABA S’ÉCHAPPE DE JUSTESSE

A la même époque, un monsieur se présenta à l’ashram et dit qu’il savait où se trouvaient les deux docteurs. Il proposa de m’y emmener. Ils vivaient dans l’état d’Orissa, dans un petit village, à cinq minutes par bus de la gare de Khurda Road. Je m’y rendis avec lui mais lorsque j’entrai dans la maison, je ne vis pas le docteur ni sa femme mais trois jeunes femmes entre 20 et 30 ans. Leur poitrine était nue et elles faisaient cuire de la viande. Le monsieur me dit: “Elle vont préparer votre repas et méditer avec vous toute la nuit.”

J’étais extrêmement surpris et je pâlis. Puis la plus jeune s’avança vers moi et dit: “On va faire l’amour ensemble. D’accord?”

Je dis: “Non , jamais. Je n’ai jamais eu de relation sexuelle de toute ma vie.”

“Je vais vous aider” répondit-elle “à vous échapper d’ici. Faites semblant d’aller aux toilettes avec un simple linge autour des reins, passez par la fenêtre et sauvez-vous en courant.”

C’est donc ce que je fis et je me mis à courir et à courir jusqu’à ce que je n’en puisse plus. Il faisait nuit et je me cachais dans un arbre. Ils me cherchèrent partout mais ne purent me trouver… bien que je puisse les voir de ma cachette. Le lendemain matin je courus jusqu’à une boutique au coin de la rue ou nous nous étions arrêtés la veille. “Vous souvenez-vous de m’avoir vu hier? L’homme avec qui j’étais m’a emmené voir trois femmes. Je n’ai pas d’argent. Je vous en prie, donnez moi à manger et un peu d’argent pour le bus, et je vous payerai double.” Ils me donnèrent du parathas (pain frit), des pommes de terre au curry et de l’argent. Je pris le bus pour Khurda Road et me rendis chez un disciple près de là qui me donna à manger. Plus tard je pris le train pour Puri et le lendemain j’envoyais de l’argent à l’aimable commerçant.

Comme vous voyez, cet homme avait fait semblant de m’emmener chez le docteur mais au lieu de ça, il m’emmena voir ces femmes. C’était un escroc.

Plusieurs années plus tard le commerçant vint au Karar Ashram et n’en revenait pas de voir que j’en étais le responsable. Mais je ne revis jamais le docteur ni sa femme.

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L’état maternel et monastique

1 ère Partie
Par Paramahamsa Prajnanananda

Retranscription d’une conférence donnée à l’ashram de Miami le 23 Septembre 2000.

Un jour, l’une de mes disciples alors adolescente et que je connaissais depuis qu’elle avait cinq ans m’écrivit une lettre. Elle me demandait pourquoi les mères n’aimaient généralement pas voir leurs enfants se préparer à la vie monastique alors que tant de gens aimaient les moines. Le lendemain, j’entrais, ainsi que plusieurs autres personnes dans cette lignée monastique. J’étais hébergé dans une maison où je pouvais entendre au rez de chaussée les pleurs des mères des nouveaux moines. Trois ou quatre d’entre elles pleuraient ensemble de plus en plus fort. Je descendis et demandais à ma mère physique pourquoi elle pleurait. Je me demandais si sa détresse venait de ce que j’étais devenu moine.

Toutes les mères répondirent à l’unisson qu’elles étaient heureuses. Je ne comprenais pas et je redemandais donc à ma mère pourquoi elle pleurait. Elle m’expliqua qu’elle versait ces larmes parce que les autres pleuraient.

L’Attachement.

Lorsque le bébé est dans le sein de sa mère, il est attaché à sa mère. C’est une loi de la nature. Comment le fœtus pourrait-il grandir autrement? Lorsque le bébé quitte le sein maternel, il reste émotionnellement attaché à sa mère, ses parents, ses frères et sœurs parce qu’il ne se sent pas en sûreté, en sécurité. Si vous regardez bien vous verrez que cet attachement grandit et s’accroît lentement.

Observez un manguier. Une fleur pousse attachée à l’arbre, puis une petite mangue apparaît, toujours attachée au grand arbre. Si le fruit tombe trop tôt, petit et pas encore mûr, on ne peut rien en faire. Lentement, le fruit grossit et un jour vous vous apercevrez qu’il n’est plus attaché. Le fruit ne peut plus être rattaché. Lorsqu’un fruit est mûr, comme c’est dans le cas des mangues, sa couleur, son goût et son odeur changent au dehors et au dedans. Le petit bébé mangue ne sent rien mais la mangue mûre a un parfum agréable.

L’attachement est essentiel au début de la vie, mais nous devons avec le temps acquérir le détachement. La couleur, l’odeur et le goût de la mangue changent de concert avec l’accroissement de son niveau de détachement. Comme une mangue pas mûre, les gens restent attachés même à leurs précepteurs, mais nous devrions nous souvenir que l’attachement est la cause de l’asservissement et la cause de la souffrance. Le détachement est la cause de la libération. Nous devrions, en dirigeant l’attention au dedans, aller vers le détachement.

L’attachement vient de ce que vous pensez que vous ne pouvez pas être seul. Vous êtes attachés à votre corps parce que vous pensez qu’il n’y a pas d’existence s’il n’y a pas de corps. Vous êtes attachés à vos amis et vous vous demandez comment vous pourriez passer le temps sans eux. Vous êtes attachés à votre travail, à des gens, à des lieux. Les gens sont attachés à leur lit, à un genre de cuisine, à un endroit particulier dans la salle de méditation parce qu’ils aiment cet endroit.

L’attachement laisse la peur s’infiltrer en nous, ce qui bloque notre croissance. C’est un parasite intérieur qui dévore le charme de la vie. Il nous rend malade. Être moine est bien plus que de porter ces vêtements. C’est un état de maturité humaine, de détachement intérieur et de dédication complète à la Divinité. Tout le monde devrait essayer de grandir, de mûrir dans cet esprit.

Un disciple demanda à son maître ce qui se passe lorsqu’on est réalisé. Il parlait en Bengali et le mot réalisé se dit siddha, comme le mot Sanscrit qui signifie réaliser, avoir un pouvoir spirituel, mais qui signifie également bouillir comme le riz ou les légumes. Siddha désigne aussi la petite feuille verte d’une plante avec laquelle on peut faire une boisson légèrement intoxicante qui est utilisée dans certains temples dédiés a Shiva. Le disciple demande donc ce qui se passe lorsqu’on est siddha. Le Gourou répond: “Ne savez-vous pas ce qui se passe lorsqu’on fait bouillir une pomme de terre? Lorsqu’une pomme de terre est cuite elle devient tendre. Lorsqu’elle n’est pas cuite, on ne peut pas retirer la peau. Pour retirer la peau facilement, sans abîmer l’intérieur, il faut la faire bouillir.” C’est le détachement. C’est siddhi. Siddhi veut également dire tendre. Lorsqu’un légume est bouilli il devient tendre. Tendre veut dire que votre colère et votre attachement ont disparu et c’est l’état que nous devrions essayer d’atteindre.

Le corps est né et mourra un jour. De même le mental est né mais il ne mourra pas aussi vite. Par comparaison le corps meurt très rapidement et dure une centaine d’années peut-être. Un siècle passe vite. Si vous regardez en arrière, comme les années ont passé rapidement. Beaucoup de gens ont peur de la vie. Ils ne veulent pas renaître. Les gens ne veulent pas retourner dans le sein de leur mère mais souhaitent au contraire être libérés. Mais c’est une mauvaise façon d’envisager la vie. La vraie façon de vivre c’est de vivre dans la joie. Si je suis né des milliers et des milliers de fois ce n’est que pour manifester l’Amour et rien d’autre. Lorsqu’il y a un corps, il y a de la souffrance et lorsqu’il y a un mental, il en sera témoin. Mais si je renais et renais encore avec l’amour de Dieu, alors ou est la peur? La peur affaiblit et un moine avec le véritable esprit de renoncement est intrépide.

Le Bâton De La Connaissance

Autrefois les gens voyageaient avec un bâton à la main pour se protéger des animaux sauvages. Les moines aussi se déplaçaient avec un bâton mais métaphoriquement c’était le bâton de la connaissance que l’attachement engendre la peur. Je me promène dans la forêt de la vie avec le bâton à la main et je n’ai pas peur des animaux. Il me faut un bâton pour les animaux qui errent au dehors mais pour les qualités animales intérieures de la colère, de l’ego, de la jalousie, il me faut le bâton de la connaissance. Si j’ai le bâton de la connaissance à la main, quelle peur peut m’atteindre? Tel est l’esprit de renoncement, l’esprit monastique.

Un vrai moine est celui qui ne se plaint jamais. On peut lui servir un bon ou un mauvais repas, mais il (ou elle) ne se plaint pas. Celui qui se plaint est celui qui est attaché. Il est attaché à un goût particulier. Lorsque la nourriture n’est pas savoureuse, la langue se révolte et ce n’est pas bon. Quiconque est en route sur la voie spirituelle essaye consciemment ou inconsciemment de développer le détachement. Lorsqu’on ne le développe pas c’est qu’on essaye sans succès. Lorsqu’on est sur la voie spirituelle, qu’est-ce qui est le plus important: de changer ses vêtements extérieurs ou de changer au dedans les vêtements du mental? Ce sont les vêtements intérieurs qui ont besoin d’être changés. Essayez de développer ce genre d’attitude quotidiennement dans votre pensée, votre comportement, vos paroles, vos habitudes et vos repas.

Une Vie De Service

J’aime servir et pas seulement des repas. Ma vie est une vie de service. J’étais comme ça dès l’enfance. Le véritable esprit monastique est de rendre service et non pas de se faire servir, de donner, sans penser à soi et sans rien espérer en retour. Lorsqu’on donne, on donne à la multiplicité de Dieu. Quelque soit l’endroit ou l’on se trouve, on n’est en présence que de Dieu seul, rien d’autre. Sans aucune peur, sans rien espérer en retour, sans attachement, nous devrions donc donner et donner.

Il y a l’histoire d’un homme qui essaye de couper un grand arbre. Il fait chaud et humide comme à Miami et l’homme se sent fatigué. Il s’assoit donc à l’ombre de l’arbre qu’il est en train de couper. L’arbre lui dit: “Détends-toi et repose-toi un peu. Ne t’inquiètes pas, tout va bien et ça ne me dérange pas que tu me coupes. Ecoute-moi bien. J’aime bien être ici à te donner de l’ombre. Je serais heureux de devenir le toit de ta maison ou le feu de ta cheminée. Ne sais tu pas que toute ma vie consiste à donner? J’utilise tous tes déchets: tu rejettes de l’oxyde de carbone. Je le récupère et en fait de l’oxygène. Tu jettes des détritus qui deviennent du fumier. Je m’en sers pour faire des fruits et des fleurs. Je rends service à tout le monde, aux oiseaux, aux animaux et aux insectes. J’aime. C’est ma vie.” Tel est le véritable esprit monastique.

Il y a une autre histoire à propos de service. Un moine faisait sa toilette dans une rivière lorsqu’il vit flotter un scorpion emporté par le courant. Voulant le sauver il essaya de le tirer de l’eau et lorsqu’il l’attrapa, la créature le piqua. La douleur était si cuisante que le moine laissa retomber l’insecte dans l’eau. Mais il essaya de nouveau d’attraper le scorpion pour lui sauver la vie et le scorpion le piqua de nouveau. Il y avait un homme assis sur la berge qui vit le moine réussir finalement à sauver le scorpion des eaux. “Je ne comprends pas” dit le spectateur, “quel genre de moine êtes-vous? N’avez-vous pas le moindre bon sens? Cet insecte est vénéneux. Il peut blesser les gens. Non seulement ça, mais il vous a blessé vous-même. Qu’est-ce que vous faites?”

Le moine répondit: “Ne voyez-vous donc pas? Même au risque de perdre sa vie cet animal n’abandonne pas sa propre nature qui est de piquer. Pourquoi abandonnerai-je la mienne qui est de servir et d’aimer les autres même si ça fait un peu mal. Je ne risque pas ma vie.”

Le véritable esprit monastique ou spirituel est de servir et d’aimer sans rien en attendre, jusqu’au dernier souffle. Mais ce n’est pas si facile. Y-a-t’il quelque chose de facile dans la vie? Rien ne vous vient-il a l’esprit? Vous pourriez vous dire que manger est très facile. Manger est même agréable. Mais si vous analysez le processus il peut arriver que vous vous forciez à trop manger et lorsque c’est finalement descendu vous vous retrouvez avec une indigestion ou des crampes d’estomac et l’évacuation aussi peut s’avérer pénible ou difficile. Dans la vie rien n’est facile à l’exception d’être amoureux et d’aimer. C’est clair? Tout le reste est pénible.

On me demande souvent pourquoi il y a des obstacles lorsqu’on essaye de faire le bien. Lorsque vous êtes debout sur le sol et que vous n’êtes ni un bébé ni une personne très très faible, vous n’avez aucun risque de tomber et de vous faire mal. Un bébé qui ne sait pas encore bien marcher peut tomber. Il n’est pas en équilibre. Si vous n’avez aucune faiblesse la possibilité de tomber est inexistante. Mais si vous escaladez une montagne abrupte et que vous regardez autour de vous, vous vous rendez compte que vous êtes très haut et que la pente en dessous de vous est vertigineuse. Vous pourriez alors être pris par la peur de tomber. Lorsqu’on est en bas, on n’a pas peur de tomber. Mais lorsqu’on a atteint une certaine altitude on peut avoir peur de tomber, surtout si on regarde en bas. Tant qu’on regarde vers le haut, on n’a pas peur. On regarde en bas à cause de l’attachement au dedans de nous. Il y a donc davantage d’obstacles, comme la possibilité de tomber, lorsqu’on est au sommet de la montagne et qu’on regarde vers le bas. Mais lorsqu’on est au sommet on peut admirer tout autour de nous la beauté de la nature et ses vastes horizons. Notre vision, notre expérience et notre réalisation sont maximisées lorsqu’on est au sommet. En bas, on ne peut pas voir très loin. Lorsque vous êtes au sommet, ne regardez pas vers le bas. Regardez vers le haut. Regardez vers le haut c’est contempler le divin. Regardez vers le bas c’est se complaire dans nos vieux attachements et nos vieilles habitudes. Ça entraîne la peur et la vie spirituelle est la voie de l’intrépidité. Vous ne pouvez pas grandir si vous avez peur. C’est le plus grand obstacle. Nous devrions être libre de toute peur et naturels dans l’amour. Si nous grandissons dans cet esprit, notre vie sera plus belle, plus agréable et douce comme la mangue.

La Mère Et Son Fils

Lorsque j’étais petit garçon je passais la plupart de mon temps avec ma mère. Elle aimait chanter. Elle chantait de très longs chants, parfois de cent ou deux cent versets. L’un de ces chants raconte l’histoire d’un jeune roi et de ses 99 reines. Un jour, la mère du roi l’avertit que s’il n’acceptait pas à compter de ce jour la voie du renoncement il mourrait dans un an. Mais, lui dit-elle, s’il acceptait une vie de renoncement et de détachement, il vivrait éternellement. Le jeune roi, marié à tant de reines, vivant une vie de plaisir, de confort, de pouvoir et de gloire, était très effrayé. Il demanda à sa mère pourquoi elle lui avait dit de se marier sachant que tel devrait être son destin.

Sa mère entreprit alors de lui expliquer quels étaient ses antécédents. “Ton père n’avait pas d’enfants et j’étais sa première femme, la reine. N’ayant pas de succès avec moi, il se maria avec trois autres reines mais il n’avait toujours pas d’enfant. Il était tout le temps triste et déprimé de n’avoir personne pour lui succéder. Je priais Dieu et grâce à la sincérité de mes prières tu vins au monde. J’eus la révélation du temps que tu aurais à vivre. Maintenant il ne te reste plus qu’un an. Je t’aime et c’est pourquoi je te le dis. Ton père n’est plus là. Au cours de ma vie, j’ai beaucoup lutté dans la prière et la méditation et ce que je te dis vient de mon expérience intérieure et de ma sagesse: abandonne toutes ces choses et lance toi dans la pratique de la méditation.”

“Qui” demanda-t’il “m’enseignera la méditation?”

“Je sais qui va te l’enseigner. Viens avec moi. C’est un balayeur de rue; peut-être le connais-tu” (En Inde les balayeurs faisaient autrefois partie de la caste des intouchables.)

Le prince s’exclama: “Qu’est-ce que tu racontes? Comment pourrait-il être mon gourou et m’enseigner le renoncement alors qu’il n’est qu’un simple balayeur? Il est mon serviteur.”

“Ne parle pas comme ça. Viens avec moi lorsqu’il fera nuit et personne ne te verra. Alors tu comprendras.” Dans la nuit noire, la mère emmena le jeune roi avec elle en dehors du palais et ils arrivèrent finalement à proximité de la maison du balayeur où ils le virent avec son fils de quatre ans. L’enfant demandait à son père de lui donner du lait de coco. Celui-ci ordonna donc à un cocotier de s’incliner et il cueillit une noix de coco sur l’arbre. Le jeune roi était surpris de voir qu’un arbre pouvait obéir aux ordres d’un homme. Puis il vit l’homme ordonner à son balai de balayer les rues et cet objet inanimé se mit à nettoyer les rues comme guidé par une main humaine.

Le jeune roi et sa mère s’approchèrent et s’inclinèrent devant lui. Il connaissait la mère et lui demanda pourquoi elle était venue à une heure si tardive. La reine répliqua qu’elle donnait au balayeur la responsabilité de son fils pour qu’il puisse continuer à grandir.

Le balayeur quitta la ville et le royaume avec son jeune protégé et changea son apparence en lui faisant revêtir un habit de moine.

Le balayeur lui apprit à méditer mais dans les semaines qui suivirent il prévint le jeune homme qu’avec le peu de temps qui lui restait à vivre il fallait qu’il fasse des progrès très rapides dans sa méditation et sa vie spirituelle et il lui rappelait: “Quel genre de préparation est nécessaire lorsque la mort est si proche?” Le jeune homme se mit donc à faire tous ses efforts et progressa rapidement.

Pour l’éprouver, le balayeur l’installa dans la maison d’un homme riche et lui dit qu’il s’en allait en pèlerinage mais qu’il reviendrait et qu’en attendant il devait rester là et méditer. Les tentations furent nombreuses mais il ne céda pas et leur fit face. Plusieurs années plus tard son gourou revint et vit qu’il avait réussi.

Il le renvoya donc à sa mère. Le fils se mit en chemin et arriva chez sa mère à minuit. Il lui demanda quelque chose à manger car il avait faim. La mère était heureuse de voir que son fils était toujours vivant après avoir prédit sa mort prématurée s’il restait marié à sa vie matérialiste. Mais elle lui donna à manger sans sel. Il fit remarquer à sa mère qu’elle avait oublié de saler sa nourriture mais elle répondit fermement: “retourne d’où tu viens, retourne d’où tu viens, ce n’est pas la peine de manger. Si tu n’as pas le moindre contrôle de ta langue, tu as perdu ton temps. Quel genre de méditation as-tu pratiqué? Celle de l’estomac?” Cela poussa le fils à se demander pourquoi sa langue lui disait qu’il y avait trop ou trop peu de sel et grâce à cette réflexion sa conscience grandit peu à peu.

Il pratiqua pendant de nombreuses années et devint l’un des grands maîtres réalisés de l’Inde antique.

Telle est cette chanson très populaire que ma mère me chantait lorsque j’étais enfant.

Lorsque j’étais encore jeune ma mère me demanda un jour: “ne veux-tu vraiment pas te marier?” Je lui rappelais cette chanson qu’elle m’avait si souvent chantée. Elle posa son regard sur moi et ce fut la première et la dernière fois qu’elle me posa cette question. Elle était contente.

Nous devons grandir. Nous devons nous libérer de la peur, de l’attachement. Un jour je disais que la plupart des gens qui boivent du vin ne s’attachent pas au verre dans lequel ils le servent. Le précepteur est comme le verre. Ce qu’il contient c’est l’intoxication divine. Buvez-la. Oubliez le verre. Quelqu’un fit astucieusement remarquer que tant qu’on n’a pas tout bu on ne lâche pas le verre. Les étudiants qui pratiquent le Kriya deviennent réellement intelligents. Nous voulons boire jusqu’à ce que nous soyons complètement ivres et nous ne voulons pas lâcher l’intoxication divine.

Le Dieu d’Amour

Il y a beaucoup d’obstacles sur la voie du développement spirituel. Dans la mythologie Indienne, il y a un dieu pour chaque aspect de la vie. Si vous voulez étudier, il y a un dieu de l’éducation. Si vous voulez construire quelque chose, il y a un dieu de la construction. Si vous voulez planter quelque chose il y a un dieu des plantations. Si vous voulez qu’il pleuve, il y a un dieu de la pluie. Si vous voulez allumer une bougie, il y a un dieu de la lumière. Si vous voulez avoir un enfant, il y a une déesse de la progéniture. Le dieu de l’amour s’appelle Kamadeva, le fils de Vishnou qui entretient la création. Kamadeva a une épouse qui s’appelle Rati qui veut dire “attachement au plaisir”. Méfions-vous du pouvoir que la déesse de l’attachement a sur nous.

Le dieu de l’amour se déplace avec un arc et des flèches faites de fleurs mais il n’a que cinq flèches. Il ne tire qu’une flèche sur le fermier; deux flèches suffisent pour l’homme d’affaire, trois pour les rois, quatre pour l’étudiant qui étudie et cinq pour le yogi qui médite. Il utilise toutes ses flèches pour les yogis et ceux qui pratiquent une vie spirituelle. Lorsqu’elles vous touchent les fleurs qui les composent ont un effet rassurant mais elles percent profondément. L’amour fait mal et ne crée que de la souffrance lorsqu’on est attaché.

On pourrait comparer l’attachement à une blessure. Lorsque vous vous coupez, le processus de cicatrisation commence par la formation d’une croûte en quelques jours. Si vous l’arrachez la blessure se met à saigner et peut s’élargir. A l’état sauvage, le singe à la queue noire meurt de toute blessure si petite soit-elle parce que, dès qu’il est au repos il se met à la gratter. Même une petite coupure s’élargit au point qu’il en meurt.

Comment peut-on soigner la blessure? Il faut tout d’abord être détaché mais il faut aussi retirer la croûte. Pour cela il faut être patient. Si l’on veut guérir encore plus vite, il faut utiliser une pommade ou un remède. Dans la pratique spirituelle, le remède est la maîtrise de soi, l’amour et la méditation.

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Une lettre de swami Vidyadhishananda Giri

14 Avril 2001

Chère âme d’ami et bienheureux fidèle.

Merci pour votre patience, vos merveilleuses lettres et vos pensées amicales pendant mon voyage en Inde en Février et Mars. Je suis arrivé en Floride en pleine forme après un pèlerinage sur le sol sacré de l’Inde et ses myriades de berceaux de spiritualité.

L’ambiance méditative de l’Inde me permit de voyager fréquemment de longues heures pendant la journée et ne dormir que trois heures par nuit. J’ai visité des villages et des monastères reculés dans quatre provinces différentes. Je vous avais tous à l’esprit dans mes prières, en particulier lorsque je me suis baigné au confluent des rivières sacrées au Kumba Mella, le jour de la pleine lune du 8 Février.

J’ai eu la chance de pouvoir visiter l’ashram de Swami Satyananda, Sevayatan, dans le district de Midnapore au Bengale. L’héritage spirituel et la beauté de l’environnement me remplirent d’une joie abondante au contact de la présence palpable des Maîtres. Comme vous le savez peut-être, notre bien-aimé Gurudeva Baba Hariharananda se rendit à cet ashram en 1950 et y fit la démonstration de son état méditatif suprême, non seulement aux résidents de l’ashram, mais aussi au village tout entier. Ce séjour à Sevayatan fut donc pour moi chargé d’une signification toute spéciale.

A Calcutta j’eus de très touchantes satsangas avec des disciples de longue date de Gurudeva. Parmi mes plus remarquables rencontres pendant mon séjour à Calcutta furent celles que j’eus avec le neveu de Yogananda et le neveu de notre Gurudeva. Ces deux âmes partagèrent librement des histoires et documents sur les interactions des vies de nos Maîtres. C’est avec le plus grand émerveillement que je peux en témoigner et je souhaite partager avec vous ces joyaux très bientôt. J’ai aussi eu la chance de passer une journée entière aux temples de la Mère Divine à Calcutta, ce qui fut pour moi un retour à mes souvenirs d’enfance. Je fus touché par le service et les activités charitables que les autorités du temple et les fidèles y accomplissent indistinctement envers tous.

A chacune de mes pauses pensives au lieux de pèlerinage du Sud de l’Inde, je fis un retour en arrière à travers le labyrinthe du temps. Ce voyage fut un marathon entre d’innombrables arrêts dans les villages ou je pris mes repas avec les chercheurs et les fidèles les plus modestes sur la route des lieux de pèlerinage. A chaque temple je fus accueilli à bras ouverts par les prêtres. Après le darshan je méditai pour vous tous devant les autels, rempli de ferveur mystique, réalisant les bénédictions accordées en silence et émanant de ces saints lieux vivants. Des hymnes précieux aux mélodies sublimes résonnaient de toutes parts sur les murs des temples rendant ces chants inoubliables. Des centaines d’âmes assistèrent aux satsangas organisés à Bangalore et Mysore. Je m’extasiai devant cette foule de chercheurs alors que nous partagions nos convictions et notre amour pour la communion Divine.

Par là, je vous apporte la vigueur. Par là, je vous apporte la paix des lieux sacrés de l’Inde. Puissiez vous demeurer pour toujours dans mon affection sublime.

Dans le service et la gratitude,

Swami Vidyadhishananda Giri.

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De la poussière à la Divinité

Par Swami Sarveswarananda Giri

Prière d’introduction: “Dieu demeure sur la terre. Dieu demeure dans le ciel. Dieu demeure dans l’espace de toute la création. Dieu donne au soleil sa lumière pour qu’il brille. Que cette lumière vienne illuminer nos esprits. Aum, Amen”

Gyati Mantra

L’Ornière Boueuse

Un diamant tomba dans une ornière et se retrouva complètement recouvert de boue. Il resta là, semblable à tous les autres cailloux: une boule de terre. Personne n’y prêta attention bien que les gens passaient régulièrement à côté. On l’oublia jusqu’au moment ou quelqu’un s’approcha, saisit ce caillou particulier, se mit à le frotter un peu, à le laver un peu jusqu’à pouvoir apercevoir la luminosité intérieure du diamant enfoui dans cette petite motte de terre.

Telle est l’histoire de notre vie. Nous sommes tombés du ciel. C’est à dire nous sommes tombés du royaume de Dieu, nous avons perdu sa grâce. Nous sommes tombés de notre état de conscience divine dans la boue du monde et nous nous sommes retrouvés couverts de chair. Cette boue est mystérieuse et très très trompeuse. Nous sommes ce diamant tombé dans l’ornière boueuse et personne ne remarque la pierre précieuse cachée dans la boue. Qui est cette personne qui se penche pour ramasser ce joyau et se met à le gratter et à le laver un peu et aperçoit la luminosité intérieure sous les couches de boue? C’est le gourou ou l’âme – c’est la même chose. Le gourou ramasse le disciple et se met à le frotter un tout petit peu, à le laver un tout petit peu. C’est le processus d’initiation, la transmission des trois qualités divines, le son, la lumière et la vibration, pour que nous commencions à expérimenter concrètement notre Réalité, non pas la réalité ordinaire. Tel est le rôle du gourou.

Mais il ne va pas laver et nettoyer tout le diamant lui-même. Il le frotte juste un peu, il le lave juste un peu puis il le met au soleil. Le disciple doit faire le reste. Nous devons nous laver nous-mêmes mais au départ nous avons besoin de l’aide divine parce que cette boue est si solide et nous y avons été incrustés si longtemps que nous n’avons pas la moindre idée de ce qu’il y a au delà de la boue ni comment s’en débarrasser. C’est donc ce qu’est l’initiation au Kriya Yoga, le travail du gourou: le processus de transfert du pouvoir spirituel dans le corps du disciple pour qu’il commence à se laver lui-même.

La luminosité cachée du joyau enfoui dans la boue est aussi l’histoire de la chute du Paradis Terrestre racontée dans la Genèse. Au début nous étions nus. Nous n’avions même pas de chair ou de corps, nous étions esprit. Mais, parce que nous avons mangé les fruits de l’arbre du bien et du mal, nous avons été recouverts de boue. Nous avons été disgraciés. Nous sommes tombés de l’état de conscience de l’unité dans le monde de la dualité, devenant des exilés sur terre jusqu’à ce que nous en tirions la leçon, jusqu’à ce que nous réalisions l’unité dans la diversité.
Cette histoire est racontée virtuellement dans toutes les écritures. Il y a une chute, un éloignement, une cassure et une souffrance en découle. Puis il y a une réconciliation, une redécouverte et finalement un retour à l’état de grâce originel. Mais entre les deux, entre le moment où on était dans cet état d’illumination et le moment ou y retourne, on passe notre vie dans la boue.

Cette boue n’est pas de la terre ordinaire, elle est enchantée. Elle est si attirante pour nous. On ne peut pas imaginer qu’il y ait autre chose de mieux que cette boue. Une histoire Hindoue illustre à quel point cette boue peut être attrayante.

Le Cochon Qui Était Un Dieu

Il y a de nombreux dieux dans le Panthéon Hindou: 330 millions, et ils sont régis par un seul roi, le roi des dieux. Il n’est pas le Seigneur Suprême et Tout Puissant, il est simplement le dirigeant de ces dieux et il s’appelle Indra.

Un jour il décida de venir rendre visite à la terre et de s’incarner en cochon. Il prit donc le corps d’un cochon et fut élevé dans une bonne famille de cochons avec leur propre petite fosse à boue privée et il grandit dans la boue, se roula dedans et se fraya son chemin dans la vie en grognant d’une joie extrême. Il se maria, eut des enfants et vécut au milieu des grognements perçants de pourceaux qui jouaient dans la boue. Pendant ce temps, il y avait des problèmes dans les cieux et les dieux avaient vraiment besoin que leur roi revienne. Mais il s’amusait toujours à la joie de ses pourceaux. Ils se réunirent donc et décidèrent de le faire revenir en lui disant qu’il y avait une urgence là-haut. Il était vital qu’il revienne.

Ils envoyèrent donc une délégation de dieux. Ils se matérialisèrent devant Dînera, le cochon, et s’inclinèrent en disant: “Oh, Seigneur, il est temps que vous repreniez votre forme divine et que vous reveniez pour nous guider.Nous sommes attaqués par les Assurais, les démons. Nous avons besoin de vous pour nous défendre et organiser notre résistance.” Le petit cochon Dînera les regardait avec ses petits yeux de cochon en faisant onk, onk sans la moindre idée de ce dont il s’agissait. Il pensait: “Ça ne va pas aujourd’hui. Ça doit être une hallucination.” Et il s’enfuit en courant, terrifié, vers sa fosse à boue. Mais l’un des dieux avait du réflexe et il l’attrapa par sa petite queue en tire bouchon avant qu’il puisse s’échapper et le tira en arrière tandis qu’Indra grinçait, effrayé: “Onk, onk, onk, laissez-moi, laissez-moi!”

Les dieux le soulevèrent du sol et lui dirent: “Vous n’êtes pas un cochon, vous êtes notre Seigneur! S’il vous plaît, reprenez vos esprits et réveillez-vous.” Mais Indra ne faisait que gémir: “Onk, onk, onk, laissez moi retourner avec ma femme. Elle va s’inquiéter.” Les dieux le secouèrent et le secouèrent mais il continuait à se conduire en cochon.

Alors, en dernier recours ils se regardèrent et après quelques instants de délibération ils décidèrent qu’ils n’avaient aucun choix. Ils le déchirèrent en deux et de la carcasse du cochon sortit Indra qui riait d’un rire incontrôlable et disait: “Ah mes amis! Vous n’avez aucune idée du drôle de rêve que je viens de faire!”

C’est une histoire bien connue qu’on utilise en Inde pour démontrer le pouvoir de cette boue, le pouvoir de cette incarnation porcine, qui est si limitée, si ridicule, si insignifiante par rapport à ce que nous possédons réellement, notre vrai royaume, notre vrai nature. Fascinés par notre vie de mortel, même si nous avons des dieux, des guides, des gourous, l’âme et la vie elle-même pour essayer d’ébranler notre illusion en disant: “Tu n’es pas un cochon! Tu n’es pas un être humain qui fait une expérience spirituelle mais un esprit qui fait une expérience humaine”, nous n’en croyons rien! Nous essayons un certain temps, mais en y croyant qu’à moitié. Nous n’y croyons pas réellement. Nos n’y mettons pas toute notre foi et notre cœur n’y est pas parce que cette boue est magique. C’est maya.

Cette boue est le royaume de maya, l’illusion, le mensonge et l’erreur qui recouvrent notre sensibilité, voilent notre conscience et nous fait complètement oublier notre origine divine, notre but divin. Dans la Baghavad Gita, le Seigneur Krishna explique à son disciple bien-aimé, Arjuna, que cette maya est très difficile à vaincre. Gurudev dit que Dieu est très intelligent et a créé une création très complexe. Si complexe qu’on peut facilement s’y perdre! En fait Baba est l’une de ces âmes très rares qui ne s’y soit pas perdue.

Le Message de Dieu à Job

Dans les écritures et la poésie sacrée il y a de nombreuses références à cette existence faite d’argile et d’eau. Dans l’Ancien Testament, ce corps est décrit comme une “maison d’argile”. Au livre de Job par exemple il y a ce beau passage ou Job est soumis aux épreuves d’un test divin. Il est sévèrement éprouvé et tourmenté et jeté au milieu des éléments et il a un tas de problèmes. Mais il garde néanmoins sa foi en Dieu. Une nuit il entend un son terrifiant qui le réveille.

“Le mortel est-il plus juste que Dieu? L’homme est-il plus pur que son créateur? En vérité, Il ne met pas sa confiance dans Ses serviteurs et il accuse Ses anges de folie. Il la mettra encore moins dans ceux qui demeurent dans des maisons d’argile fondées sur la poussière et destinées à l’anéantissement avant le papillon de nuit. L’excellence qui demeure en eux ne disparaît-t’elle pas? Ils meurent avant même d’avoir atteint la sagesse.” (Job 4:17-21)

Une déclaration sinistre, mais c’est exactement ce que l’existence humaine est devenue. Nous vivons dans des maisons d’argile “poussière qui retournera en poussière” comme il est dit dans l’ancien livre de prières. Mais nous sommes devenus si arrogants, si fiers, comme si nous étions les rois de l’univers. Nous pouvons tout accomplir. C’est la beauté de la contradiction. Nous sommes fait du matériau le plus humble de la terre, la poussière, mais nous sommes devenus incroyablement arrogants et fiers de nos accomplissements, oubliant complètement, comme le dit cette cette citation, que nous sommes fondés dans la poussière et qu’à tout moment nous pouvons retourner en poussière.

A-t’on Besoin De Dieu?

La science a fait beaucoup de progrès. Le plan génétique a par exemple été complètement décodé. La séquence de l’ADN du corps humain tout entier a été établie ce qui veut dire que les scientifiques peuvent maintenant recréer un être humain car ils connaissent l’enchaînement du matériel génétique, On m’a raconté que les scientifiques avaient formé un comité et qu’ils ont décidé qu’il n’y avait plus besoin de Dieu car l’humanité avait maintenant démonté le mystère de l’univers. Ils envoyèrent donc une déléguée à Dieu pour lui dire d’aller prendre des vacances et que nous pouvions maintenant assumer par nous-mêmes.

Dieu dit alors: “Merci ma fille. Je suis heureux d’avoir de vos nouvelles. Puisque vous prétendez que vous n’avez plus besoin de moi, que vous pouvez maintenant faire tout ce que je fais, vous n’auriez sans doute aucun problème à ce que je propose une petite compétition avant de me retirer?”

La scientifique, pleine d’orgueil humain et de confiance en soi répondit: “Absolument. Choisissez. Nous pouvons tout faire.”

“Très bien. voyons-voir” dit Dieu en réfléchissant. “Que penseriez-vous d’un petit concours de fabrication d’un être humain? J’ai entendu parler de vos grandes recherches génétiques. Faisons comme au bon vieux temps. Vous savez bien, on prend une poignée de poussière, on souffle dessus et ça fait un homme.”

Et la scientifique de répondre: “Pas de problème. Il y a des traces de tous les éléments dans les minéraux, dans la terre. Nous pouvons recombiner tous ces matériaux génétiques et créer un homme.”

“Très bien, je suis heureux de vous l’entendre dire. Je vous en prie, je vous laisse commencer.”

La scientifique s’accroupit donc pour ramasser une poignée de poussière avec l’intention de retourner a son laboratoire, de l’analyser, de la recombiner et de créer un homme. Mais Dieu l’arrêta immédiatement: “Non , non, allez chercher votre propre poussière.”

Telle est l’arrogance humaine. Nos fondations sont dans la poussière et nous pensons avoir tout conquis. Nous avons une bonne connaissance de l’univers matériel mais c’est une partie intégrante de la croissance spirituelle que de réaliser qu’avec toute cette connaissance, y compris spirituelle, nous sommes ignorant.

L’Enseignement du Seigneur Bouddha

“Nombreuses sont les maisons de la vie
Qui m’ont abrité, à la recherche constante de celui qui a forgé
Ces prisons des sens, accablé par la peine.
Combien pénibles furent mes conflits incessants.
Mais maintenant, Toi, le constructeur de ce tabernacle,
Toi!
Je Te connais! Plus jamais Tu ne construira
Ces murs de souffrance
Ni n’assemblera cette charpente en bois de l’arbre du mensonge, ni ne posera
De nouvelles solives sur les murs d’argile.
Ta maison s’est effondrée et le poteau de support du toit est fendu en deux!
L’illusion les avait créés!
Je suis alors en sécurité: la délivrance est atteinte.”

Le Seigneur Bouddha

“La maison s’est effondrée” veut dire que ma conscience corporelle est détruite. Je ne suis plus limité par la sensation de mes limites physiques. Je sais que mon existence ne se confine pas à l’enveloppe de ma peau et j’ai fendu en deux le poteau de support du toit. Qu’est-ce que cela vous rappelle pour ceux d’entre vous qui pratiquent le Kriya? J’ai fendu en deux le poteau de support du toit. J’ai séparé Ida et Pingala, je flotte maintenant dans la conscience du sushumna. Le Seigneur Bouddha donne ici des directives claires et mystiques sur la solution à notre condition.

Les Poèmes De Rumi, Le Mystique

Rumi, le grand saint Soufi, a maintes fois brodé sur le thème du potier ou du pot de terre ou de la maison d’argile dans sa poésie mystique. Voici quelques passages pour illustrer ce concept:

“Regarde! Voila l’amour pour s’envoler vers les cieux,
Pour déchirer cent voiles à chacun de tes clins d’yeux,
Pour déchirer cent voiles au départ,
Pour voyager à la fin sans se servir de tes pieds
Et pour voir ce monde comme quelque chose qui se cache,
Ne plus voir avec tes propres yeux!
Je dis: “Oh mon cœur, bénis sois tu
D’être admis au cercle des amoureux.
De regarder au loin, hors de portée des yeux,
D’errer dans tous les recoins de ta poitrine!
Oh mon âme, d’où te viens ce souffle nouveau?
Oh mon cœur, d’où te viennent ces puissants battements?
Oh l’oiseau, parle maintenant le langage des oiseaux
Car je suis enfin capable de comprendre tes secrets.”
L’âme répondit: “Sache que j’étais dans l’atelier de Dieu
Lorsqu’Il avait encore au four la maison d’eau et d’argile.
Je m’enfuis de cet atelier juste
Avant qu’il soit conçu et créé.
Je ne pouvais plus résister. Ils me traînèrent ici
Et commencèrent à me façonner comme un ballon!”

D’après la traduction anglaise par Anne-Marie Schimmel de Regarde, Voila l’amour!

C’est un très beau dialogue entre l’Âme et la conscience ordinaire liée à notre ego, liée à notre corps. “Je m’enfuis de cet atelier juste avant qu’il soit conçu et créé…”
Quel est cet atelier? La maison d’argile est le corps physique et elle est construite dans l’atelier de l’univers. L’âme imprégnait tout. L’âme avait toujours été unie à Dieu avant même la création. L’âme était là. Ce moment terrible où l’âme se rend compte qu’elle va être passée au four et confinée et emprisonnée dans cette stupide petite maison d’argile est décrit ici métaphoriquement. Elle s’enfuit. Elle voulait être une avec l’essence, complète, illimitée, mais ils la traînèrent et commencèrent à “ me façonner comme un ballon”, la poussant à l’intérieur par ce trou au sommet (la fontanelle) et y enfonçant un bouchon. Mais il y a toujours une âme qui crie pour qu’on la laisse sortir. Dieu merci. C’est ce qui nous motive dans notre recherche spirituelle parce que l’âme sait que c’est mal, que ce n’est pas la réalité, et elle essaye constamment de nous réveiller parce que nous sommes les seuls à pouvoir retirer le bouchon. L’âme est unique, l’âme est tout, l’âme est déjà libre mais nous n’avons pas réalisé notre liberté. C’est pourquoi l’âme nous pousse à le faire.

Du Métal ordinaire à l’Or

Rumi écrit un autre poème:

“De moi-même je suis du cuivre, par Toi, mon ami, je suis de l’or.
De moi-même je suis une pierre mais par Toi je suis une joyau!”

D’après la traduction anglaise par Anne-Marie Schimmel de Regarde, voila l’Amour!

“Ami” dans la poésie de Rumi a deux significations: c’est ou bien l’un de ses trois gourous ou c’est la divinité elle-même. Parfois il est clair à qui il s’adresse, parfois c’est ambivalent, il pourrait s’agir de Dieu, il pourrait s’agir du Gourou. Donc, de nouveau: “De moi-même je suis du cuivre. Mais par Toi, mon ami, je suis de l’or, De moi-même je suis une pierre mais par Toi je suis un joyau.” C’est entrer en contact avec la réalité de l’âme, se transformer de cuivre en or, de pierre en joyau.

Cette transformation de métal ordinaire en or est un mythe qu’on retrouve sur tous les continents du monde, généralement sous la forme de la pierre de touche ou de la pierre philosophale. Toute la science alchimique reposait sur ce désir de transformer les matériaux ordinaires en cette forme purifiée. Il s’agissait bien évidemment d’un processus métaphorique. Il ne s’agissait pas simplement de changer du plomb en or bien qu’ils aient effectivement essayé de le faire. C’était la transformation intérieure correspondante qu’ils recherchaient: purifier la conscience pour qu’elle redevienne de l’or, qu’elle devienne Dieu.

Maintenant, cet argile, cette boue, cet atelier sont à la fois notre prison et notre libération et il y a de nombreuses écritures et poèmes sacrés qui évoquent la double fonction de cette boue. Baba dit: “sans Maya la réalisation de Dieu n’est pas possible. Maya est essentiel pour l’évolution spirituelle. C’est le moteur de la création.

Dans un autre poème Rumi écrit:

“Le tambour de la réalisation de la promesse roule,
Nous balayons la voie du ciel,
Votre joie est ici aujourd’hui, qu’attendre de demain?
Les armées du jour ont chassé l’armée de la nuit.
Le ciel et la terre sont remplis de pureté et de lumière.
Oh! joie pour celui qui s’est échappé
De ce monde de parfums et de couleurs!
Car au delà de ces couleurs et de ces parfums
Il y a d’autres couleurs dans le cœur et dans l’âme.
Oh! joie pour cette âme et ce cœur
Qui ont échappé à ce monde d’eau et d’argile.
Bien que cette eau et cet argile
Contiennent l’essence de la pierre philosophale.”

Ode Mystique 473 tirée de la traduction anglaise de Manuela Dunn Mascetti de Rumi, La Voie de l’Amour.

L’argile illusoire a une double fonction. Il est le problème mais il est aussi la solution et c’est dans l’argile que nous allons trouver la réponse divine. C’est dans le monde que nous allons réaliser Dieu: ce n’est pas en échappant au monde, ce n’est pas en faisant des voyages astraux comme certains aiment à le penser, ni en évitant les problèmes du monde. C’est au contraire aujourd’hui, dans cet argile que la pierre philosophale, que Dieu, va se révéler.

Dans le poème suivant, Rumi parle directement à Dieu en disant:

“Là où Tu poses ton pied sur la terre, ma vie,
Les tulipes, les violettes et le jasmin éclosent.
Si Tu prends de l’argile et souffle dessus,
Il devient un faucon, une colombe, un corbeau!
Si Tu laves Tes mains dans un bol de terre,
Il devient grâce à Tes mains de l’or pur.
Si Tu dis une prière sur une tombe…
Regarde, un homme heureux relève la tête!
Si Ton vêtement touche les griffes d’un buisson d’épines,
Elles deviennent une harpe aux sons les plus doux.
Toute idole que tu pulvérises, Oh mon Ami,
A reçu de Toi son âme et son intellect.
Si Ta lumière se pose sur un homme sous une mauvaise étoile,
L’étoile de la fortune le soulage de toute souffrance!
J’aimerais chanter cinquante versets,
Mais je ferme la bouche. La Tienne s’ouvre!”

Tiré de la traduction anglaise par Anne marie Schimmel de Regarde, voila l’Amour.

En Inde il y a la tradition des sadhus, les moines errants. Il y en a de nombreuses sortes. Certains portent des vêtements de soie ou se déplacent dans des chariots incrustés de pierres précieuses, mais il s’agit là d’une exagération. Beaucoup d’entre eux errent complètement nus. Leur seul vêtement est de la boue et des cendres (provenant souvent de bûchers funéraires) qui leur rappelle leur origine mais aussi que cette boue est sacrée.

Dans le Rig Veda, le plus ancien des quatre Vedas et l’écriture la plus ancienne qu’on ait trouvée dans le monde aujourd’hui, il est dit: “Revêtus par le vent, ils ont mis leur vêtement de boue ocre, dès que les dieux sont entrés en eux, ils suivent les ailes du vent, ces ascètes silencieux.” C’était il y a des milliers d’années. Aujourd’hui encore, on peut voir ces ascètes, revêtus par le vent et portant de la boue pour vêtement. Il n’est pas utile de chercher Dieu dans les grandes choses, supérieures ou glorieuses. Sa gloire est partout même dans l’élément le plus humble.

Les Paraboles de Ramakrishna

Ramakrishna créa de belles paraboles tirées de l’observation de la vie simple des villages et voyait la divinité des plus humbles aspects de la nature. Tous ses exemples venaient simplement de la vie des gens qui l’entouraient. Il utilisait des images concrètes qui frappaient l’esprit immédiatement, exactement comme les paraboles de Jésus.

“Dieu est à l’homme ce que l’aimant est au fer. Pourquoi n’attire-t’il pas l’homme? Comme le fer enfoui dans la boue n’est pas mis en mouvement par l’attraction de l’aimant, de même l’âme profondément enfouie dans maya ne ressent pas l’attraction du Seigneur. Mais lorsque la boue est lavée avec de l’eau, le fer peut se mouvoir librement de même que lorsque l’âme lave la boue de maya qui l’attache à la terre par les larmes constamment versées dans la prière et le repentir, elle est bientôt attirée par le Seigneur.”

C’est parce que nous sommes recouverts de boue que nous ne pouvons ressentir que Dieu nous appelle ou que nous n’en avons qu’une vague idée. Nous nous mettons alors à penser que Dieu nous a abandonnés alors qu’en fait c’est nous qui l’avons abandonné.

Il y a une autre image que Ramakrishna utilise souvent:

“Vivez dans le monde comme l’oiseau aquatique. L’eau colle à l’oiseau mais il se secoue pour s’en débarrasser. Vivez dans le monde comme le poisson de vase. Le poisson vit dans la boue mais ses écailles sont toujours propres et scintillantes.”

Ne pas être affecté par la boue du monde veut dire que nous devons vivre dans le monde mais ne pas être affectés par ses attirances illusoires et tous ces sens qui nous crient après: “nourris-moi, nourris-moi, prend du plaisir… donne-moi, donne-moi, donne-moi.” Gardez vos écailles scintillantes. Soyez anti-boue.

Il y a un image bien connue utilisée dans le Vedanta: celle du lotus. Le lotus a ses racines dans la boue de l’étang. Mais il a une très longue tige qui perce la surface de l’eau si bien que le bourgeon peut s’ouvrir sous les rayons du soleil. C’est la condition humaine dans son état de réalisation complète. Nous devons essayer de garder nos racines dans la boue ou, en d’autres termes, nous gardons notre maison d’argile, nos pieds sur terre, toujours dans ce monde, mais notre fontanelle est constamment imprégnée de l’éclatante lumière de Dieu, sachant parfaitement que notre nourriture physique vient de la terre mais que notre nourriture spirituelle vient du Soleil (le soleil étant Dieu ou l’éclat de l’âme). Tel est l’équilibre parfait à garder dans la vie au lieu d’aller d’un extrême a l’autre, d’essayer d’échapper au monde ou de rester complètement enfoui dans la boue.

Ramakrishna utilise la métaphore de l’enfant et sa mère.

“C’est la nature de l’enfant d’aller se rouler dans la poussière et la boue, mais la mère ne veut pas qu’il reste sale. Elle le lave de temps en temps. De même c’est la nature de l’homme de commettre des péchés, mais s’il est sûr que l’homme commette des péchés, il est encore deux fois plus sûr que Dieu crée des méthodes pour sa rédemption.”

Cette responsabilité de la mère envers l’enfant est semblable à la responsabilité de la Mère Divine envers sa petite créature sans défense qui se roule dans sa fange, l’homme. La capacité illusionniste de Maya est si forte que Dieu est obligé d’apporter son aide sinon tout serait inutile, l’intrigue ne pourrait plus progresser davantage. Elle se résumerait ainsi: “Ils tombèrent dans la boue et restèrent dans la boue. Fin.” Non, Dieu avait en tête quelque chose d’un peu plus subtile. Constamment, l’aide Divine vient, la Grâce Divine. Un peu de boue est enlevée ici et là, un peu de salissure est nettoyée.

Pourquoi Est-il Si Difficile De Changer?

Dans l’Ancien Testament de la Bible, Adam était le premier homme.. Adam veut dire boue, terrien, issu de la terre. Nous sommes des mottes de terre. L’histoire de la Bible commence avec Adam et atteint son apogée avec Jésus. C’est la pleine divinité entre les deux pôles, Adam le terrien et Jésus l’incarnation de Dieu qui est descendu pour infuser l’esprit dans la boue, dans l’argile. Mais évidemment, son message ne plût pas à tout le monde parce que nous nous habituons à notre souffrance et nous sommes prêts à tout dans ce monde pour défendre et justifier notre souffrance plutôt que de changer. C’est la chose la plus étrange chez l’être humain. Une conseillère maritale s’en rendit compte très clairement au cours de ses trente années de pratique. La même histoire se répétait à chaque fois. L’un des partenaires poussait l’autre malgré lui dans son cabinet. Elle pensait que celui qui poussait l’autre était celui qui voulait vraiment sauver ce mariage et se changer. Mais elle se rendit compte que c’était exactement le contraire. Elle ne vit pratiquement jamais quelqu’un qui voulait se changer lui-même ou elle-même mais ils étaient tout prêts à changer leurs époux: “S’il pouvait simplement être comme moi. Chéri, il n’y aurait plus de problème.”

C’est la même chose avec la religion. Les prophètes viennent nous dire que notre royaume n’est pas ici, que notre royaume est au paradis. Et la réponse humaine est universellement: “Oui, peut-être pour vous. Mais ça c’est notre royaume. Ne venez donc pas nous titiller. C’est facile à dire pour vous.” Pourquoi avons-nous tendance à répondre de cette façon? Après avoir vécu dans l’erreur assez longtemps, nous en être convaincus assez longtemps, en avoir convaincu nos enfants assez longtemps, nous nous retrouvons avec un besoin intégré vital et absolu de justification de nos erreurs. Sinon, on s’effondre. Et nous trouvons des justifications à n’en plus finir pour ne pas changer, bien plus fortes que pour changer. Et nous avons besoin d’un énorme, énorme coup sur la tête pour nous faire commencer à changer. C’est le pouvoir de la boue. Elle colle et obscurcit tout.

Souvenez-vous donc du lotus, souvenez-vous du poisson de vase, souvenez vous du petit enfant et de sa tendre mère, souvenez-vous de l’aimant et du morceau de fer enfoui dans la boue. Souvenez vous de la pierre précieuse tombée dans l’ornière boueuse. Souvenez-vous d’Indra et de ses petits porcelets. C’est notre vie. Ce n’est pas très glorieux, mais c’est réel.

Nous Sommes Des Pots De Terre

Lahiri Mahasaya avait aussi une très belle expression au sujet de l’image de la poterie. Au cours de l’initiation monastique on utilise un gatha, un pot, comme symbole de la vie corporelle. Ce pot, généralement d’argile, est rempli d’eau sur laquelle flottent cinq feuilles de manguier représentant les cinq sens. Le pot de terre représente le corps physique et l’eau représente l’âme. Si le pot n’a pas été correctement passé au four, s’il n’est qu’à moitié cuit, l’eau va passer à travers. En d’autres termes, il y aura constamment des remous à l’intérieur. Il faudra constamment le remplir à nouveau, une agitation constante. Une vie spirituelle est une vie d’immobilité intérieure totale. Le pot doit être parfaitement cuit pour que l’eau soit parfaitement immobile. Elle peut alors refléter la lumière du Soi.

Telle est notre existence. Nous avons tellement de trous dans notre pot. Chaque organe des sens est un trou. Chaque fois que nous nous servons d’un de nos organes des sens, en particulier les yeux, la force vitale s’échappe au dehors. Et une fois de plus nous oublions notre état divin de calme intérieur. Ce sont les trous dans notre pot, créant constamment des perturbations mentales. On voit quelque chose… boum… un désir est né dans le mental, ou un regret, ou une peur, ou une attente, ou un fantasme. On veut plus. Ou on ne veut pas ça. Le nez est une distraction très efficace. Il fut un temps ou à l’Ashram de Miami on méditait près de la cuisine. Généralement la préparation du dîner commençait à huit heure moins le quart, juste lorsqu’on était en paravastha. Devinez ce qui se passait. Lorsque je dirigeais la méditation, je voyais des narines qui reniflaient et l’état de paravastha, l’état de méditation, était parti. Il était parti directement dans la cuisine, surtout les jours où on faisait cuire le pain. Un autre trou créé dans notre petit pot de terre.

Il n’y a pas que les cinq sens. Chaque pore de notre peau est un trou, un récepteur pour des stimuli variés. Nous avons donc des millions de petits trous dans notre pot. Des millions. C’est pourquoi nous vivons en permanence une vie de stress et de détresse, d’agitation intérieure. Lahiri Mahasaya utilisa donc cette belle métaphore: il dit qu’il faut cuire le corps du yogi dans le feu de la sadhana, dans le feu de la pratique yogique. Ainsi, vous devenez complètement imperméable aux influences extérieures et vous n’avez pas de fuite de divinité intérieure. Il pousse même la métaphore un peu plus loin. Si le pot de terre n’est pas cuit, encore à l’état d’argile malléable qui n’a pas été passé au four, et si vous jetez alors sur lui des graviers, ils vont rester collés. Si nous n’avons pas purifié notre conscience, si nous n’avons pas cuit notre corps-mental-esprit dans le feu de la réalisation, dans le feu du yoga, alors, toute chose négative qui se présente reste collée à nous.On n’arrive pas à s’en défaire. Par exemple, si l’on entend un commentaire négatif, on va le rabâcher pendant des années. Quelque chose se produit que nous percevons comme étant mauvais et nous en sommes perturbés pendant des jours. Nous avons par exemple eu une dispute avec un ami il y a vingt ans et on veut encore être payé cent dollars de l’heure pour en parler. Nous sommes fait de cet argile malléable et tout y colle.

Ce n’est pas en en parlant que ça disparaîtra. C’est en brûlant, en purifiant, en se mettant dans le four divin, dans le feu divin. Le feu c’est la lumière de l’âme, c’est le souffle, le souffle de la réalisation. Alors votre corps et votre conscience seront transformés. Comme le dit Lahiri Mahasaya, pour le yogi réalisé, les petits cailloux du monde ne font que rebondir et produisent un son merveilleux. Ils ne collent plus et au contraire, ils créent une belle vibration tandis que l’eau de l’esprit reste bien contenue.

Si donc, ceux qui vivent ici à l’ashram et ceux qui viennent nous voir souvent pensent parfois qu’il fait un peu trop chaud ici, qu’ils sachent exactement pourquoi: Baba est en train de nous faire cuire. C’est la seule façon d’être libre. Nous devons passer au feu.

Merci. Que Dieu vous bénisse tous. Soyez dans le monde mais pas du monde. Ne soyez qu’un voyageur qui rentre à la maison. Je m’incline devant vous tous.
Jai Guru.

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Attachement au Maître

Par Swami Shuddhananda

Retranscription d’une conférence à l’Ashram de Miami en Octobre 2000

Il y a une chose qu’il ne faut pas perdre de vue dans la vie spirituelle: notre attachement au maître, au gourou. Dans la tradition Indienne on croit le gourou, le maître comme s’il était tout, comme s’il était Dieu, car avant la réalisation on ne sait pas ce qu’est l’âme, ce qu’est Dieu et on n’a pas de réalisation. Vous ne pouvez pas percevoir avant de réaliser comment percevoir. Mais nous pouvons percevoir le gourou. De même dans les écritures il est dit: “Dieu, l’âme et le gourou, ces trois ne font qu’un.” Vous avez besoin d’un gourou et le gourou est celui qui peut vous apprendre comment trouver votre propre identité et comment trouver Dieu.

Comment apprendre.

Maintenant, la deuxième étape: l’apprentissage spirituel. Enseigner et apprendre sont deux choses différentes. La plupart des étudiants dans la vie spirituelle, la plupart veulent recevoir un enseignement. Ils ne veulent pas apprendre. Le gourou est celui qui enseigne et c’est à l’étudiant d’accepter, de comprendre ce que dit l’enseignant et de le mettre en pratique.

La première étape est donc finie, l’enseignement. La seconde étape est l’apprentissage. Lorsque vous apprenez et que vous commencez à percevoir, alors le gourou devient l’âme. Le gourou vous enseigne et au bout d’un certain temps vous apprenez que l’enseignement du gourou est l’enseignement de votre propre âme parce-que vous devez vous enseigner vous-même. Cette personne, cet être humain n’est pas le gourou; voyez comme il ou elle change. Au départ vous percevez quelque chose et a la fin vous réalisez que le gourou est Dieu. Donc le gourou enseigne, l’âme apprend et la réalisation est Dieu. Jusqu’à ce que nous réalisions cela, oui il y a l’âme ou Dieu, mais nous devons accepter le gourou et ce qu’il dit, de tout notre cœur. Puis nous devons pratiquer.

Comment donc approcher le gourou? Il est dit dans de nombreuses écritures comme la Bhagavad Gita et les Upanishads que le disciple devrait être auprès du gourou, auprès du maître. Lorsqu’un étudiant approche le gourou pour acquérir la connaissance spirituelle, la perception spirituelle, il doit s’offrir complètement aux pieds du gourou. C’est ce qu’on appelle s’abandonner. Vous avez tous un ego. Dans la vie spirituelle il ne devrait pas y avoir d’ego, nous devrions ressentir que “je ne sais rien”. C’est pourquoi nous venons aux pieds du maître. L’ego doit donc capituler. On dit que le disciple devrait capituler ou s’abandonner aux pieds du maître comme un arbre qui tombe. C’est à dire vous vous offrez aux pieds du maître comme un arbre mort. Vous n’avez rien. Il n’y a plus d’ego.

Que se passe-t’il dans la vie spirituelle? Au départ nous avons un peu de vairagya (détachement) et nous avons aussi un intérêt pour la vie spirituelle. Lorsque vous avez rencontré le maître, après un certain temps, à cause du manque de pratique ou d’un manque de dévotion envers le le gourou, votre pratique diminue. L’ego revient. Vous vous mettez à juger le gourou, à vous demander pourquoi il vous demande de faire ceci ou cela ou pourquoi il agit de telle ou telle façon. Nous jugeons les autres lorsque l’ego est là. C’est à dire que vous croyez que vos facultés mentales sont quelque peu supérieures, que votre intelligence, votre intellect sont supérieurs à ceux du gourou. Puis vous vous mettez à penser: “Pourquoi ne fait-on pas cela, on devrait faire comme ça.” L’ego entre en jeu. Dans la vie spirituelle, lorsqu’on accepte le gourou du fond du cœur, quelque soit ce qu’il dit, et qu’on l’accepte simplement, on atteint alors le succès. Et souvenez-vous mes amis, la vie spirituelle est très difficile. Il y a des situations, des circonstances où il faut fermer la porte à votre ego, où il faut le réduire en poussière.

Ce mental, cet ego, ces pensées, cette intelligence s’appellent le moi (ahamkara). Ces quatre choses seront utiles dans toutes les circonstances de la vie sauf une: lorsque vous voudrez être spirituel. Alors elles ne vous aideront pas, elles vous tireront vers le bas. Nous devons donc avoir assez de force intérieure pour accepter de tout cœur. Lorsqu’on manque de confiance dans le gourou, on oublie son enseignement spirituel et on ne se souvient que de ce qu’il a dit à quelqu’un d’autre. Oubliant l’essence on s’interroge sur ses autres qualités. Dans les écritures, il est clairement dit que le précepteur enseigne à son disciple: “Mon cher enfant, si ce que je dis te convient, pratique-le. Si d’après toi ce que je prêche est incorrect (bien que ce ne le soit pas), si d’après toi c’est incorrect, oublie-le. Pratique comme tu le ressens.”

Que se passe-t’il dans notre vie lorsque le facteur de l’ego entre en jeu? Nous nous mettons a juger et analyser, non pas les qualités positives du gourou telles qu’on les comprend, mais ce qu’on perçoit comme étant des qualités négatives C’est notre mental, nos perceptions des sens qui nous disent que le gourou a tort. Lorsque l’ego entre en jeu nous nous mettons à juger les qualités négatives alors qu’à un niveau supérieur, il n’y a pas de qualités négatives chez le précepteur. Il est libre.

Faites confiance à votre gourou.

Je vais vous raconter une belle histoire que Swami Shivananda avait l’habitude de raconter. Il y avait quatre disciples avec leur maître. Il les fit venir et leur dit de monter au sommet du toit et de s’en jeter. Il pointa du doigt le premier disciple et lui dit d’obtempérer immédiatement. Le premier disciple demanda au maître pourquoi il lui demandait de grimper au sommet du toit et de s’en jeter. Il pensait qu’il allait se casser les jambes. Le gourou lui dit de rester là où il était et se tourna vers le second disciple. Il lui ordonna la même chose, d’aller sauter du haut du toit. Le second accepta de sauter mais demanda pourquoi il voulait qu’il le fasse. Lui aussi analysait et questionnait le gourou. Il se tourna vers le troisième qui se rendit immédiatement en haut du toit mais ne sauta pas. Il avait peur de se faire mal et redescendit. Le maître se tourna alors vers le quatrième et lui dit de sauter. Ce disciple, sans la moindre hésitation, grimpa sur le toit, sauta et atterrit sain et sauf, sans problème.

Examinons l’état d’esprit des quatre disciples. Ils vivent tous à l’ermitage et ont tous un certain niveau de croyance. Les trois premiers se mettent à analyser la raison pour laquelle le gourou leur donne un ordre aussi étrange. Le quatrième s’offre complètement aux pieds du gourou et a pris la décision de faire tout ce que le gourou lui demande, peu importe à quel point la demande paraît bizarre. Il a abandonné son ego. Lorsqu’on se met à analyser, on a un ego. Lorsque je n’ai pas d’ego, tout ce que j’avais, je l’ai déjà offert au maître. Je n’ai plus qu’à obéir à tous ses ordres. C’est tout. Que ce soit bien ou mal, c’est son problème, pas le mien. C’est comme un maître et son serviteur dans la vie normale. Si le serviteur fait quelque chose de mal, c’est le maître qui sera tenu pour responsable et non le serviteur. Faites donc simplement, sans l’analyser, ce que le maître vous demande et vous réussirez. C’est très pratique. Si vous vous mettez à analyser pourquoi, comment et pourquoi pas, ça aide à renforcer votre ego, et plus l’ego se renforce, plus vous vous eloignerez de la vie spirituelle. Vous verrez les aspects négatifs et non pas les aspects positifs. Dans la vie spirituelle nous devrions voir positif, agir positivement, rester positif, nous devrions ne penser qu’au positif et ne contempler que le positif pour devenir positifs. Nous devrions pratiquer cela.

Le facteur le plus important de la croissance de notre progrès dans l a vie spirituelle est vairagya. Bien que nous pratiquions tous certaines techniques pendant quelques années pour progresser dans la vie spirituelle, le fait de pratiquer quelque chose n’est pas suffisant. Il ya deux choses qu’il faut s’efforcer de faire dans la pratique spirituelle: l’une est la pratique de votre technique ou quelque chose que le gourou vous dit de pratiquer et qu’on appelle abhyasa, et l’autre, qui est la plus importante, est ce qu’on appelle vairagya. Il faut garder à l’esprit le mot vairagya. Vairagya veut dire détachement. Lorsque notre attitude de détachement se renforce, le progrès sur la voie spirituelle devient facile.

Savoir, pratiquer ou être détaché?

Il y a deux questions que je pose partout et tout le temps. Voulez vous devenir spirituels où voulez vous savoir quelque chose sur la vie spirituelle? Au départ, lorsque nous approchons la vie spirituelle, il va de notre intérêt de devenir spirituels. Nous ne nous approchons pas de la vie spirituelle dans le vrai sens du terme. Pratiquement nous voulons simplement apprendre quelque chose sur la spiritualité sans devenir spirituels. Dans la vie pratique, , bien que nous voulions devenir spirituels, nous n’avons pas autant d’intérêt dans notre vie spirituelle que dans notre vie matérielle, et nous accordons donc plus d’intérêt à notre vie mondaine qu’à notre vie spirituelle. Lorsqu’on accorde plus d’intérêt à la vie mondaine, même si on pratique une technique de méditation, la vie s’écoule sans progrès dans la vie spirituelle parce qu’on n’y prête pas attention. On s’intéresse à la vie matérielle. Ils y a deux types de personnes qui recherchent la spiritualité: il y a ceux qui recherchent la spiritualité pour la spiritualité et ceux qui recherchent la spiritualité pour en tirer des avantages matériels. Ce sont les deux types qu’on rencontre. Certains diraient qu’il y a un troisième groupe auquel appartiennent la plupart d’entre nous qui veulent les deux: un développement spirituel et matériel. Mais faites attention, il n’y a pas de troisième type. Si vous voulez le matériel et le spirituel, vous êtes dans le deuxième groupe, ceux qui veulent le matériel. La plupart d’entre nous recherchent la spiritualité pour obtenir quelque chose de matériel. Nous ne recherchons peut-être pas un objet, mais le simple fait de penser que nous pratiquons une technique, et que par conséquent nous sommes des gens biens, que nous sommes meilleurs, meilleurs que les autres, même cette simple pensée a pour but le matériel. L’ego est là et nous voulons nous faire un nom et une réputation. Nous voulons que les gens sachent que nous sommes spirituels. ceci est également matériel bien que nous ne demandions pas une belle maison ou une belle voiture ou tout autre objet. C’est comme ça que nous ne progressons pas tout en pratiquant.

Une personne qui pratique n’est donc pas spirituelle, une personne est spirituelle lorsqu’elle pratique vairagya, le détachement. Vous devriez être plus détachés dans le monde matériel et avoir de moins en moins d’intérêt pour le monde matériel et alors, si vous pratiquez une technique, vous avancerez. Sinon c’est très, très difficile. Il est facile de se maintenir dans la vie spirituelle mais très difficile de progresser.

Quel niveau d’intérêt avez-vous dans la vie spirituelle et quelle importance accordez-vous à la vie matérielle, à votre vie normale? Posez vous la question et reposez-vous la encore , et encore, et encore. Vous vivez dans une institution spirituelle pour votre développement spirituel, pour votre rapide développement, mais qu’est ce qui vous intéresse? Vivez-vous simplement pour travailler? Seva, le travail n’est là que pour vous purifier. Vous devriez avoir une attitude de détachement lorsque vous travaillez. Sachez que vous faites le travail, non pas pour le travail lui-même mais pour vous purifier, pour la purification de l’âme. Nous devrions embrasser cette attitude et ne jamais l’abandonner.

Dans le Kriya on dit que dans tout ce que l’on fait on devrait demeurer intérieurement connecté si l’on veut progresser dans la vie spirituelle. Cette connexion intérieure doit être maintenue quel que soit ce que nous faisons, quel que soit le travail, l’action, et à chaque mouvement. Nous ne sommes ici que pour Dieu, non pas pour des satisfactions mentales mais pour le progrès spirituel. Pour progresser dans la vie spirituelle vous devez écraser votre ego, le réduire en poussière. Tant qu’il est là, vous aurez l’impression d’avoir des satisfactions mentales, que vous faites quelque chose et vous en serez momentanément satisfaits. Plus vous voudrez progresser dans la vie spirituelle plus vous rencontrerez de difficultés au niveau mental. Si vous continuez à vous reposer sur ces quatre choses: l’ego, le mental, l’intelligence, et vos pensées, vous ne pourrez pas alors progresser dans la vie spirituelle. Nous sommes ici pour pratiquer, pour réaliser et non pas seulement pour apprendre quelque chose, non pas seulement pour avoir des satisfactions mentales.

Observez la vie de votre gourou

Les enseignements spirituels ont deux aspects pratiques. Lorsque le maître enseigne, vous pouvez suivre son enseignement. Vous pouvez alors suivre ce que le précepteur pratique ou ce qu’il a pratiqué. Regardez la vie de Baba Gurudev. Baba enseigne à partir de sa propre expérience. Il a pratiqué et il a réalisé et maintenant il nous dit comment réussir. Lorsque vous écoutez ce que dit le maître, et que vous essayez de pratiquer, il faut également vous souvenir d’examiner ce que le maître a pratiqué dans sa vie, examinez l’intense sadhana qu’il a pratiquée pendant dix ou vingt ans avant d’atteindre la réalisation. C’est pratique. Nous devons pratiquer ce que le précepteur nous dit et aussi pratiquer ce qu’il a pratiqué. Vous progresserez alors dans la vie spirituelle. Baba a passé dix ou douze ans en séclusion au Karar ashram. Il s’assit dans sa chambre, médita profondément et atteignit la réalisation.. Vous devez pratiquer cela vous aussi. Si vous lisez l’histoire de la vie des saints, vous verrez à quel point ils ont dû se battre dans la vie, souvent dans le besoin au niveau de la nourriture, du logement et du vêtement. Lorsque Baba était au Karar ashram il mangeait du riz de dernière qualité, de très gros grains dont il fallait mâcher chaque bouchée pendant longtemps, et il n’y avait pas d’argent pour acheter des légumes sauf des feuilles de citrouille. Souvenez-vous qu’il venait d’une famille riche et qu’il a dû être tenté de se demander ce qu’il faisait là. Il aurait pu utiliser de l’argent de sa famille et manger du riz de bonne qualité, plein de légumes, du lait et du miel.

De bonnes relations avec tout le monde sont de bonnes relations avec Dieu

Dans la vie spirituelle, lorsqu’on veut progresser, il faut accepter tout ce qui nous arrive dans la vie: tout est bon, rien n’est mauvais. Lorsqu’on se met à penser que quelque chose ou quelqu’un est mauvais, on se met à juger et il n’y a pas alors de véritable amour entre nous. Celui qui pense qu’il est meilleur est le pire. Si l’on ne peut pas aimer quelqu’un, comment peut-on aimer Dieu? Si vous ne pouvez pas coopérer avec cinq ou dix personnes, comment allez-vous coopérer avec Dieu? On ne peut pas vraiment aimer Dieu avant la réalisation. Comment peut-on aimer Dieu? Vous allez dire: “Aimez Dieu, Dieu est amour.” C’est une phrase mais ce n’est pas une perception ni quoique que ce soit d’autre. Le fait de le dire n’est pas suffisant. Il faut le pratiquer à chaque mouvement. Tout ce dont vous vous servez, servez vous en avec amour. Si vous vivez avec quelqu’un, vivez avec amour, vivez avec affection, et davantage de compréhension. Si vous vivez avec cent personnes et ne pouvez garder de bonnes relations avec tout le monde, alors il n’y a plus de vie spirituelle. Aimer tout le monde c’est aimer Dieu. De bonnes relations avec tout le monde sont de bonnes relations avec Dieu. Coopérer avec tout le monde c’est coopérer avec Dieu.

Demandez vous avec combien de gens vous ne vous entendez pas bien et changez cela. C’est très, très pratique. Jésus a dit d’aimer ses voisins et d’aimer ses ennemis. Si vous ne pouvez pas coopérer avec les autres c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas chez vous et non pas avec les autres. Peu importe la situation, si vous ne pouvez pas vivre avec les autres, il y a quelque chose qui ne va pas chez vous. Ne dites pas qu’ils font quelque chose de mal. C’est votre propre faute si vous ne pouvez pas coopérer avec les autres. Vous ne pouvez pas rendre responsable le physicien, le précepteur ou personne d’autre pour votre vie ni en vouloir à Dieu. C’est pourquoi on dit que dans la vie spirituelle il ne devrait pas y avoir de mauvaises relations avec les autres, du moins en ce qui vous concerne. Vous ne pouvez pas rendre tout le monde heureux et vous ne devriez pas espérer l’amour des autres. Vous devriez aimer mais ne pas espérer d’amour en retour. Si vous espérez l’amour des autres , vous n’y parviendrez pas. Avec cette attitude d’amour vous allez broyer votre ego. Même si les autres ne vous aiment pas, vous devriez les aimer. C’est l’attitude d’amour. Ayez cette attitude d’amour avec tout le monde et toute chose.

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Rencontre avec Swami Mangalanandaji

Une interview de Swami Mangalanandaji le 24 Octobre 2000 par Krishna Srinidhi (KS) et Gouri Srinidhi (GS)

Om Sri Gurubhyo namaha

Om namo bhaghavatay Hariharanandaya

KS – Est-ce que l’Autriche, votre pays natal, vous manque?

Swamiji – Non . Ce corps est né en Allemagne et vint en Autriche en 1993 parceque Baba voulait que j’aille avec lui à Vienne. Je ne suis attachée à aucun endroit. Là ou est Baba, c’est le meilleur endroit.

GS – Qui vous a influencée vers le Kriya?

Swamiji – C’est ma soeur, Jutta Ma. Au départ, Jutta ne pratiquait pas encore le Kriya mais elle connaissait quelqu’un qui pratiquait et elle me dit que le Kriya était la meilleure technique et qu’on pouvait même atteindre la réalisation de Dieu par sa pratique. Je saisis donc la première occasion pour me faire initier et me rendis à un endroit éloigné où je fus initiée par Peter Baba. Un peu plus tard Jutta reçut aussi l’initiation.

GS – Quelle fut votre première expérience avec Baba?

Swamiji – C’est à l’aéroport d’Amsterdam en Hollande, en Avril 1993, que je rencontrais Baba pour la première fois dans cette vie. J’avais dans les mains une guirlande de rose pour lui. Mais lorsqu’il posa son regard sur moi – j’étais arrivée un peu trop tard et tous les disciples se tenaient déjà en demi-cercle autour de Gurudevji – je me raidis sans pouvoir bouger et ressentis son immense amour. Immédiatement je sus que je venais de rencontrer mon satguru et je le fixais du regard. Avec compassion Peter Baba me prit des mains la guirlande de rose oubliée et la mit autour du cou de Baba.

GS – Est-ce que Baba vous a demandé de devenir moine?

Swamiji – Non, pas directement. Mais il pouvait se rendre compte pendant ces quelques dernières années que ma vie subissait une transformation et que ma recherche de Dieu s’intensifiait et que le désir d’une vie de méditation, de renoncement et de travail désintéressé grandissait en moi.

KS – Qu’apprenez-vous à travers votre éducation monastique?

Swamiji – Baba me dit maintenant que je devrais lire la Bhagavad Gita très en profondeur et que je devrais apprendre le chapitre 15 par coeur. Il m’a aussi dit que je devais mémoriser toutes les autres écritures spirituelles et bien sûr que je devrais pratiquer la méditation. C’est le point le plus important.

GS – Vous sentez-vous privilégiée d’être la première femme moine dans notre lignée?

Swamiji – Je suis très heureuse que le temps soit venu où les femmes aussi sont acceptées dans cette lignée en tant que moines. Je sais qu’il y a des femmes en Amérique, en Europe et en Inde qui veulent vivre la vie spirituelle d’une brahmacharini (une religieuse ou une soeur). Ce n’est que le début. Nous verrons ce que l’avenir réserve. Merci beaucoup.

GS – Qui étaient vos héros lorsque vous étiez enfant?

Swamiji – J’ai aimé Jésus dès mon enfance et jusqu’à ce jour. J’ai lu la Bible et quelques livres sur Saint Francois dans ma jeunesse et j’étais fascinée par son idéal de vie reposant sur la pauvreté volontaire et une simplicité complète issues du plus profond amour pour le Christ et de la plus profonde foi en lui. Il a eu beaucoup d’influence sur ma vie religieuse et spirituelle. Gandhi aussi: j’ai lu ses livres un peu plus tard.

KS – Trouvez-vous l’éducation monastique difficile?

Swamiji – J’ai vécu avec Baba et Prajnananandaji et les autres moines pendant ces 7 dernières années. Leurs vies furent mon enseignement. D’une certaine façon, je sais ce que signifie vivre une vie de moine. Les difficultés vont certainement se présenter comme il y en a dans n’importe quel genre de vie pour notre croissance physique, mentale et spirituelle. Elles nous stimulent à rester forts et fidèles. Jusqu’au mois dernier je n’étais pas sûre de recevoir de Baba l’initiation monacale.

KS – Qu’est-ce qui vous a poussée à vouloir devenir moine au lieu de poursuivre une carrière médicale?

Swamiji – Bonne question. J’espère que ce que j’ai appris dans mes études médicales s’avérera utile. Je dois aller en Inde prochainement où je sais qu’il y a besoin d’assistance médicale. Il y a deux “Centre Charitable de Santé Hariharananda” à Balighai et Cuttack dans l’état d’Orissa et ils ont besoin de docteurs. Où et comment je peux être un instrument de la volonté divine, seuls Dieu et les Gourous le savent. Intérieurement je suis moine et il y a en moi le désir profond de vivre uniquement à la recherche de Dieu. Dieu passe en premier. Mais comment cette vie pourra rendre un service utile à la volonté divine, c’est entre les mains de Dieu et des Gourous. Baba dit que c’est notre droit de naissance de réaliser Dieu et j’ajouterais que c’est le devoir le plus important de tout le monde.

GS – Avez-vous toujours eu ce désir de devenir moine, même dans votre enfance?

Swamiji – Oui j’ai cette idée en tête depuis longtemps. A 14 ans j’écrivis que je voulais suivre la voie de moine errant, non pas dans un monastère, mais de moine errant, peut-être en compagnie d’un chien et d’un âne. C’était un rêve, un beau rêve. En plus je n’ai jamais voulu me marier. Ce fut très tôt une certitude.

KS- Est-ce que Baba vous a dit lorsque vous étiez plus jeune que vous deviendriez moine?

Swamiji – Oui, nous en avions parlé et il m’avait dit que je ferai mes voeux de sannyas après avoir fini mes études de médecine.

GS – Quel était votre sujet préféré à l’école?

Swamiji – A l’école, c’était les arts, la peinture.

GS – Quelle est la forme divine que vous préférez?

Swamiji – C’est Krishna.

KS – Quel est votre but pour cette planète?

Swamiji – Que tous les gens vivent en paix et dans l’amour, et comme dans l’ancien temps, que tous les gens pratiquent une technique comme le Kriya Yoga. Ce serait bien et il est nécessaire que tout le monde pratique quelque chose pour le progrès et le développement universel. C’est notre responsabilité à tous de prendre le plus grand soin de notre planète, notre Mère la Terre, qui est un formidable cadeau de Dieu.

KS – Quel est le but que vous souhaitez atteindre au cours de votre vie monastique?

Swamiji – Mon but est de réaliser le Soi, de vivre ma vraie nature en tant que Dieu sous forme humaine et d’aider les autres à ressentir aussi cette véritable âme intérieure présente également en eux, à avoir un aperçu spirituel plus profond.

GS – Vos parents vous ont-il laissée devenir moine ou avez-vous dû les persuader?

Swamiji – Ils acceptèrent ma décision avec amour. Je les en remercie de tout coeur. Ils pratiquent tout deux le Kriya Yoga et sont dédiés à Gurudevji.

KS – Est-ce que l’environnement Européen vous a incité à devenir moine?

Swamiji – Oui, peut-être d’une façon négative. Mais l’environnement Indien qui m’est parvenu sous la forme de Baba et des autres moines a créé une très forte impulsion positive dans ma vie. Je ne suis pas allée en Inde mais l’Inde est venue a moi et son influence fut décisive dans ma vie. Par chance la Bhaghavad Gita m’est tombée très tôt dans les mains. La mère d’une de mes camarades d’école m’a présenté ce livre rare et, dans la joie interieure, je me retirais souvent dans un lieu isolé pour le lire et méditer dessus.

GS- Voyez-vous une différence entre les Kriyavans Européens et Américains?

Swamiji – Non. Au départ je pensais que les Américains ne voulaient pas s’asseoir très longtemps en méditation mais maintenant je vois qu’ils aiment ça.

GS – Quelle est votre lecture spirituelle favorite?

Swamiji – La Bhagavad Gita et aussi la Bible. Mais en ce moment c’est plutôt la Bhagavad Gita.

GS – Quelles langues parlez-vous?

Swamiji – L’Allemand est ma langue maternelle et je parle un peu Anglais. J’essaye d’apprendre maintenant le Sanscrit. J’ai aussi appris le Latin et le Grec ancien.

KS – Je suis très strictement végétarien et je n’aime pas la dissection. Qu’est-ce que vous en pensez?

Swamiji – Je n’ai pas eu à tuer ou disséquer d’animaux. En Allemagne on peut faire ses études de médecine sans tuer ou disséquer d’animaux. Les étudiants regardent un film. Je n’ai disséqué que des cadavres humains. Je n’y vois aucun problème éthique. Il est nécessaire pour un docteur de comprendre l’anatomie du corps humain. Pour le chercheur spirituel, être confronté à l’inévitabilité de la mort du corps a aussi une certaine valeur.

KS – Pensez vous que le cloning est moral?

Swamiji – Je pense que ce ne serait pas immoral s’il y avait des lois spéciales et bien définies. Il faut d’abord créer au niveau mondial les paramètres de ce que l’on veut et de ce que l’on ne veut pas, de ce qui est permis ou pas. Mais en attendant, les scientifiques expérimentent en tous sens, sans lois bien définies et c’est vraiment dangereux et n’a pas de justification au niveau éthique.

KS – Est-ce que la pratique qui consiste à tester les médicaments sur des animaux de laboratoire contredit la règle d’ahimsa?

Swamiji – Oui.

KS – Quelle autre méthode envisageriez-vous pour tester les médicaments?

Swamiji – Je pense qu’il faut se tourner vers d’autres types de recherches médicales et de traitements. Il y d’autres alternatives. Par exemple les médecines Homéopathiques et Ayurvédiques où il n’y a pas besoin de tuer ni de torturer d’animaux.

KS – Qui à votre avis est le plus grand dans le monde spirituel?

Swamiji – Jésus Christ et ensuite ceux qui l’ont suivi tels que St François d’Assise. Il découvrit le vrai trésor, la pauvreté volontaire, il aima Jésus, il aima et pratiqua l’Évangile de Jésus et raviva par sa pratique sincère la présence de Dieu. C’est comme le Kriya Yoga. Il était le fils d’un homme riche mais il quitta la maison de son père et abandonna tout. Puis il vécut dans de petites chapelles branlantes, errant et prêchant. Il se rapprocha des malades, des lépreux et s’occupa d’eux. Il était constamment absorbé dans l’amour de Dieu.

KS – Quel est le premier centre ou vous allez vous rendre?

Swamiji – Oh! Ce n’est pas à moi de décider. Baba ou Swami Prajnananandaji en décideront. J’irai où ils m’enverront.

KS – Est-ce que vos connaissances médicales vous aident à localiser exactement les chakras dans la colonne vertébrale et le cerveau lorsque vous pratiquez le Kriya Yoga?

Swamiji – Elles ne m’ont aidé qu’un tout petit peu parce que la position anatomique des plexus nerveux ne coïncide pas avec celle des chakras. Les chakras ne sont pas des structures anatomiques mais astrales. Il y a une association entre les plexus nerveux et la glande pituitaire mais à un niveau plus subtil. Il est aussi parfois gênant pour la concentration de penser ou d’imaginer où est la glande pituitaire.. Il vaut mieux écouter pendant la méditation et l’on peut alors entendre le son divin, percevoir la lumière intérieure divine et avoir la vraie sensation intérieure qui est la vraie connaissance.

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Accéder à la voie spirituelle

Par Alfredo Delregato

Lorsque l’aspirant est prêt, Dieu, dans sa sagesse et sa clémence infinies, se manifeste sous la forme du Gourou. Le Gourou est le Soi ou Dieu. Tout est Gourou, parfois le gourou se manifeste simplement comme un livre, ou une révélation, mais le mot signifie littéralement “lourd” ou “professeur”.

Les gens n’accèdent pas à la voie spirituelle, on les y fait accéder. Bien qu’il y ait de nombreux revers, lorsqu’on y a accédé, il n’y a pas de retour en arrière. Au début, l’aspirant joue comme un enfant qui joue au docteur ou à l’explorateur. Il n’est pas encore la chose elle-même mais il y aspire. C’est la période ou la voie spirituelle est décrite comme le tranchant du rasoir. Reposant sur l’ego, le jeu se borne à s’éloigner répétitivement de ses frontières. Advienne que pourra, imperceptible au départ, petit à petit, le sens du petit soi se trouve lentement privé de ses droits et la vision d’un but plus large s’empare de l’aspirant, le poussant en avant. A ce point un trou béant est ressenti, un sens de vide horrible tandis que l’ego lâche prise. La sensation est semblable à celle d’un homme qui a été jeté d’un avion sans parachute et qui sait que la terre approche rapidement. Mais si cette homme savait seulement que tout se passera bien… C’est ce qu’on appelle la foi. Cette souffrance est douce et apporte souvent des changements physiologiques énormes. Cela a aussi été décrit comme l’éveil du kundalini.

Ces jeux enfantins sont l’ascétisme (tapas), tel que le jeûne, yama et niyama et d’autres pratiques. Ils ne sont qu’un moyen d’atteindre le but et seront abandonnés en temps voulu.

Ce n’est pas l’individu qui fait cela mais Lui sous forme de Grâce. C’est Lui qui en est l’épicentre. L’ego se révèle comme n’étant qu’un fantôme, quoique que nécessaire. Cest lui qui fait l’expérience et sans lui il n’y aurait pas cette première phase d’exploration de la conscience. C’est par cette sensation de soi que nous pouvons “lire” Dieu jusqu’au moment où Dieu se lit Lui-même et l’ego est abandonné. Notre épicentre c’est Lui. Cependant ce serait une erreur de croire que l’homme est Dieu car Dieu est insondable. L’homme est Sa manifestation et la plénitude de l’homme est de découvrir cet épicentre. C’est le Purificateur, la Flame, le Destructeur, l’Amant, l’Époux et le Lien. C’est une bombe centrifuge qui fait voler l’ego en éclats et, par sa force centrifuge, rassemble les morceaux de la personnalité et va de l’avant et dirige l’orchestre à partir de là.

Lorsque cet homme très rare se débarrasse de l’ego, il devient un jivanmukta, ce qui signifie libéré de son vivant. A nos yeux, cette personne semble engagée dans l’action, mais elle ne fait rien. Il n’y a pas de nouveau karma qui s’accumule car il n’y a pas d’ego. Cette personne est un jnani, un héraut des choses futures.

Les messages sont présents à travers le monde et le temps, depuis Baba, en passant par Ramana Maharshi, jusqu’à St Jean de la Croix. Dieu ne peut pas être partiel. Il est partout.

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La Bhagavad Gita

Interprétation Métaphorique par Paramahamsa Hariharananda

Verset 5

davi sampad vimokshaya
nibandhaya suri mata
ma shuchah sampadam davim
abhijato si pandava

Traduction

On dit que le destin divin mène à la libération, les qualités démoniaques à l’asservissement. Oh Pandava (Arjuna) ne t’afflige pas! Tu es né avec des talents divins.

Interprétation Métaphorique

Ceux qui recherchent la spiritualité recherchent le Dieu sans forme. Ils veulent la vérité, ils sont divins. Lorsque le soleil se lève, la lumière se répand partout. La chaleur du soleil vivifie et stimule tout, l’obscurité disparaît. Lorsqu’une personne recherche Dieu, sa vie rayonne de vérité, de lumière et de connaissance. L’ignorance et la faiblesse disparaissent. C’est la libération, être fermement établi dans la vérité. La libération est appelée moksha, être libre d’illusion, de mensonge et d’erreur. La vérité est Dieu.

Ceux qui sont absorbés dans l’extrême activité désirent les qualités démoniaques. Le mensonge est le fondement de leur vie. Ils mentent tout le temps. Ils veulent l’argent, la prospérité matérielle, le sexe, la nourriture, l’alcool et les drogues nocives. Ils aiment les qualités démoniaques.

Garder son attention au dessus de la glande pituitaire jusqu’à la fontanelle et observer le divin est le fondement de la vie spirituelle, le moyen de goûter la Vérité. Au dessus de la glande pituitaire est le domaine des bonnes qualités et de la réalisation divine. Demeurer dans la glande pituitaire et au dessus est l’absorption dans la conscience divine. Dans cet état, si l’on observe constamment le souffle court, touche l’âme impérissable et donne son amour au Dieu tout-puissant, on progresse très vite spirituellement et on atteint l’état de réalisation divine. Ceux qui demeurent dans cet état et restent dans cette humeur divine sont toujours dotés de qualités divines et sont libres pour toujours.

D’un autre côté, ceux qui sont rajasic sont tellement absorbés dans leurs activités qu’ils en oublient le soi intérieur qui respire constamment à travers eux. Ils sont extrêmement attachés à l’argent, le sexe, la nourriture, l’ego, le mensonge etc. et en conséquence sont atteints par la maladie. Ils souffrent beaucoup de leur mauvaise condition physique et peuvent même confronter la mort prématurément. L’extrême attachement entraîne l’asservissement qui est un gros obstacle sur la voie du progrès spirituel.

Ici le Seigneur appelle Arjuna “Pandava”. Ceux qui demeurent dans la connaissance, la conscience, la super-conscience et la conscience cosmique sont les Pandavas. Les Pandavas sont les amis de Krishna et de l’âme. Ils ont des qualités divines. Ce verset assure la vérité à tous les chercheurs car le Seigneur dit: “Oh Arjuna! Ton destin est divin. Tu es à ma recherche, la Vérité. Ne t’interroge pas. Tu atteindra la libération.”

L’homme est né pour la réalisation divine. Le merveilleux pouvoir de Dieu est dormant et caché dans toute la création. Comme le nuage cache le soleil, les qualités démoniaques cachent l’âme-soleil. Pour être absorbé dans la lumière intérieure du Soi et être libéré de toutes les qualités négatives, toute le monde devrait nourrir et protéger ses qualités spirituelles. Une nourriture et un mode de vie spirituels et une pratique spirituelle comme la méditation Kriya, accéléreront l’évolution spirituelle. On peut être libre de toute peine, inquiétude, anxiété, peur, hauts et bas. Demeurant au dessus de la glande pituitaire et observant Dieu, on peut ressentir la paix, la béatitude et la joie. Alors, de façon certaine, on s’élèvera vers le Nord infini, vers Sa présence, réalisant la présence vivante du Dieu sans forme, divinité et libération, la victoire sur tout.

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Yoga Sutras de Patanjali

Commentaires de Yogiraj Shri Shri Lahiri Mahasaya – Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Prajnanananda

Sutra 19

bhava- pratyayo videha-prakritilayanam

Traduction

Videha (celui qui est dépourvu de conscience corporelle) et prakritilaya (celui qui a une complète maîtrise de soi) fait l’expérience (de ce samadhi).

Commentaires de Shri Lahiri Mahasaya

Ceux qui ont abandonné leur identité avec le corps et ont dissous leur propre nature en même temps que la connaissance du monde, entrent dans l’état de samadhi. Pour ceux dont la mémoire est absorbée dans la nature (prakriti), par la pratique du Kriya et l’arrêt du souffle, citta (la mémoire) reste dissoute jusqu’à leur retour.

Interprétation Métaphysique

Dans cette sutra et la suivante, le sage souligne les différences dans les manifestations d’asamprajnata samadhi chez différents yogis. Un chercheur sincère peut atteindre toutes les sensations de ces rares états.

Asamprajnata samadhi peut se manifester de deux façons:

1- bhavapratyaya (connaître la cause de l’ignorance) apporte graduellement la libération.

2- upayapratyaya (suivre les principes ou les moyens) produit l’état de complète libération.

3- L’asamprajnata samadhi résultant de la première, bhavapratyaya, est expliqué dans cette sutra. Bhava veut dire ce qui se produit ou naît spontanément. Pratyaya veut dire connaissance,connaissance, expérience et ici, asamprajnata samadhi, qui se produit chez certains en cours de progrès sur la voie de la libération et de l’émancipation.

Qui atteint réellement cet état? Pour y répondre la deuxième partie de la sutra explique: ceux qui sont (1) videha ou (2) prakritilaya.

1- videha: celui qui a éliminé sa propre identification avec le corps physique. Ceux qui ont atteint l’état de béatitude de samprajnata samadhi sont libérés de la conscience corporelle.

2- prakritilaya: celui qui a éliminé son identification avec le corps astral. Ceux qui ont atteint asmitanuguta samprajnata samadhi, c’est à dire l’état de pur ego ou d’égoïsme non qualifié, ont dissous l’attirance de la nature.

C’est la voie de la libération progressive. En cours de route, ils ressentent un état de béatitude et de joie inexprimables.

Mais ceux qui sont mumukshu (à la recherche sincère de la libération) ne veulent ni l’un ni l’autre. Ils veulent être constamment libres de tout ce qui est en travers du chemin.

Cher chercheur! Souviens-toi constamment du but de la vie. N’oublie pas ton but même si tu atteins un état de bonheur et de joie. Un chercheur sincère ne dévie jamais de son but. Même s’il quitte son corps avant d’atteindre le but, il atteindra le suprême état de divinité. Pratique jusqu’au dernier souffle. Progresse, rempli d’enthousiasme et d’énergie. Celui qui suit les instructions du maître et discipline sa vie strictement atteint le but suprême sans l’ombre d’un doute.

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